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Basilique de la Superga de Turin

Le car nous emmène vers la basilique Superga, un bâtiment du XVIIIe siècle perché à 670 m d’altitude sur les contreforts des Alpes au-dessus de Turin. Elle fut commandée par le prince Victor–Amédée II après un vœu qu’il avait fait à la Vierge, si les princes gagnaient la bataille durant le siège de Turin en 1706 par les armées de Louis XIV. Vœu qui fut réalisé. L’architecte est Filippo Juvarra une fois de plus. Il a fait du baroque : deux clochers de 60 m, rotonde à coupole de 75 m, chapelles latérales à hauts-reliefs de marbre et maître-autel central surmonté d’un haut-relief de la Vierge en marbre de Carrare par Bernardino Cametti, sculpté à Rome en 1729. Le groupe de chérubins en marbre est d’Antonio Tandardini.

Nous commençons par visiter les tombeaux des rois et reines de Savoie, situés en sous-sol et accessibles avec un billet particulier. Il est « interdit de photographier » mais personne ne contrôle. Une débauche de gamins nus en marbre s’ébattent joyeusement parmi les cercueils. Ils sont symboles de vie. À l’inverse, des crânes grimaçants, en marbre eux aussi, rappellent la mort. Quatre statues des quatre vertus cardinales humaines (prudence, tempérance, force et justice) flanquent le tombeau central. Elles rappellent les sept vertus catholiques avec ces trois autres que sont la foi, l’espérance et la charité. Des garçons de pierre d’âge scolaire et des éphèbes flanquent parfois les tombeaux en plus des bébés putti – tous fort beaux évidemment, issus de l’antique.

Nous ne sommes que quelques-uns à monter au dôme car les quelques centaines de marches de l’escalier à vis étroit rebutent nombre de troisième âge. Il nous faut acheter un billet spécial, puis faire la queue à l’extérieur en attendant de constituer un groupe d’une dizaine de personnes, enfin d’attendre que le groupe précédent soit redescendu car l’escalier est trop resserré pour que l’on puisse s’y croiser.

Nous avons depuis le haut un panorama sur toute la ville. Il fait grand soleil et faible brume, c’est magnifique. Nous distinguons le fleuve Pô et la rivière Dora, la tour rectangulaire de la banque San Paolo qui domine tout et, plus discrètement, la flèche couleur de muraille de la Môle. Des cloches se mettent à sonner dans le campanile lorsque nous sommes tout près.

Sur le parking se rassemblent de vieilles Lancia, ainsi que des cyclistes tous habillés de collant noir et jaune fluo, flanqués d’une grosse moto dont le conducteur fait l’important. Il s’agit probablement d’un rallye de dimanche.

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Palais Madame à Turin

Le palais Madame est ainsi nommé en référence aux deux Mesdames royales que furent Christine de France, descendante d’Henri IV par Gabrielle d’Estrées, et Jeanne de Savoie–Nemours. Le palais est un ancien château-fort en briques rouges du XVe reprenant deux tours polygonales du XIIIe sur les restes de la porte Documana des remparts d’Auguste, dont la façade a été ajoutée en placage par Juvarra en 1721 pour y loger un escalier d’honneur à double révolution.

Ce palais contient le musée municipal d’art ancien. Le rez-de-chaussée est gothique et renaissance, le premier étage baroque et le troisième étage donne une vue sur la ville en plein soleil avec les Alpes enneigées au fond : un décor magnifique.

La chambre de Madame Royale a son plafond décoré d’un Triomphe par Domenico Guidobono et des vertus en stuc dans les coins. Les allégories de l’Autorité, la Bienveillance, la Fidélité et la Charité ornent les panneaux des portes.

La « tour des trésors » recèle le Portrait d’homme d’Antonello da Messina et les Très belles heures de Notre Dame de Jean de Berry, entre autres.

Parmi les œuvres, une délicate branche de corail rouge sculptée d’une Crucifixion, une peinture de la Vie turinoise par Giovanni Michele Graneri de 1752 pleine de détails vivants, un Jugement de Salomon sculpté en ivoire et bois de rose de 1741.

Un Sacrifice d’Isaac, du même et dans les mêmes matériaux est superbe. Le bras du père trop obéissant au Père est retenu par un ange filant depuis le ciel dans un contrapposto osé tandis que l’adolescent destiné au sacrifice est empoigné par son abondante chevelure bouclée et livre sa jeune poitrine finement dessinée. Il y a de l’ardeur et du mouvement dans cette scène cruciale de la foi ancienne.

Un Martyre de sainte Rufina de Julio Cesare Procaccini, en 1625, montre une sainte pâmée qui va être torturée pour avoir refusé de sacrifier aux païenneries de Vénus tandis qu’un ange nu, Eros blond, lui désigne les délices du ciel.

La Généalogie de la Vierge par Gandolfino da Roreto, en 1503, montre des femmes entourées de bambins nus – sauf le bébé Jésus et deux anges qui sont habillés, les hommes autour, dans une architecture de palais.

La Crucifixion de Jean Bapteur en 1440 montre Jésus sur la croix et les deux larrons au-dessus d’une marée de soldats et de civils mêlés. Le Christ est torse nu mais on a laissé aux larrons leur chemise ; Marie se pâme entre les bras du jeune Jean tandis que des femmes du peuple juif viennent badauder avec leurs enfants.

Une scène sculptée en bois du Maître de Sainte-Marie Majeure, peut-être Domenico Merzagora, montre un Christ déposé, mort et comme en lévitation au-dessus du sol, entouré des mères pleureuses Marie, Madeleine et une autre à genoux, et de trois hommes debout, Joseph, Nicodème et Joseph d’Arimatie.

Plus émouvante dans sa simplicité est la Pietà de 1470 d’Antoine de Lonhy, la Mère tenant sur ses genoux le corps nu de son Fils adulte, les deux mains dressée en supplique et le regard perdu sur celui de Jésus, comme s’il allait renaître à la vie (ce qu’il a fini par faire).

Un sculpteur sur bois de 1500 sans nom a réalisé une Madone en trône avec Bambin fort expressive ; l’enfant nu tient un globe d’or tandis que Marie, voilée sur les cheveux, porte un manteau doré.

Parmi les modernes, un étonnant Beethoven jeune, bronze de Giuseppe Grandi, en 1874. Le musicien est encore adolescent, pris de puberté avec le col largement ouvert et les grands yeux inspirés.

Demetrio Cosola a peint en 1893 un paysage de Gressoney-la-Trinité fort réaliste, et si montagnard que l’on s’y croirait.

Cocasserie : un vieux du groupe s’est écroulé en embrassant une Madame en robe de bal parce qu’il n’avait pas vu son support et avait buté dessus. Il est vrai qu’il est peint en noir. Il s’est étalé sur le mannequin de tout son long, comme s’il voulait posséder la femme. Rien de mal mais la gardienne n’a pas pris l’initiative de bouger la robe à terre, elle a appelé une autorité. Des fois que ça morde.

La retraitée thésarde de l’éducation nationale reste benêt. Dans le coin repos du palais Madame, elle « m’offre un café »… avec mon argent. Elle a oublié son porte-monnaie dans sa veste au vestiaire. D’ailleurs sa clé ne rentre pas dans la serrure du casier… jusqu’à ce que je la prenne et que je la tourne : elle fonctionne parfaitement. Drôle de façon de draguer.

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Pinacothèque de Turin, suite

Dans les appartements royaux des rois de Sardaigne et de Savoie, commencés en 1645 et complétés jusqu’en 1733, le guide nous montre l’escalier à ciseaux de Juvarra construit pour le mariage de Charles-Emmanuel avec Anne-Christine de Sulzbach afin qu’ils puissent accéder à leur appartement nuptial. Les courtisans croyaient irréalisable de faire tenir les marches par des arcs sur les murs et l’architecte a malicieusement représenté des ciseaux sous le second palier pour couper court aux insinuations.

Le salon des Suisses était éclairé jadis de faisceaux de bougies dressées.

Suivent la salle des Cuirassiers, la salle des Pages aux tapisseries XVIIIe. Dans la salle du trône, le fauteuil royal est bien petit sous son immense dais. La guirlande de putti sculptés dans le bois de la balustrade donne un air moins solennel à l’apparat social. Il y a encore salle du Conseil, cabinet Chinois conçu par Juvarra avec ses panneaux de laque noire décorés d’or, chambre à coucher et salle à manger où la table est dressée suivant les rites.

Suivent toujours le cabinet de travail de Marie-Thérèse, le cabinet des miniatures, la salle de l’Alcôve qui était la chambre à coucher de Charles-Emmanuel II, toute en or sur boiseries et porcelaines chinoises. Enfin la grande salle de bal. J’avoue ne pas trop aimer ce faste conçu plus pour la montre sociale que pour le confort de vivre.

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