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Boukhara 1

Boukhara s’est bâtie au 1er siècle après dans la vallée de la Zeravshan, région productrice de gaz naturel, de coton et de soie. Mais elle existait déjà sur un territoire couvert de lacs et de roseaux, où vivaient une multitude d’oiseaux et d’autres animaux. Cette oasis a été occupée dès avant le 6ème siècle où les rois de Perse l’envahirent, avant les Grecs d’Alexandre, en 329 avant. Ces derniers y restèrent un siècle.

En 709, la ville fut prise par les Arabes et devint alors « ville aux 360 mosquées ». Elle est resserrée autour du centre historique ; au total, elle abrite 300 000 habitants. Toute la ville est façonnée d’argile rouge charriée par le fleuve Amou-Daria. La brique est chaude, lumineuse, carrée, tout comme se veut la ville. Boukhara, bien placée sur les routes des caravanes, a gardé une tradition d’artisanat depuis Tamerlan. A notre arrivée, il est annoncé officiellement 38° centigrades de température au pire de la journée (à l’ombre) et 43° après-demain.

Nous visitons le Labkhause, « les lèvres du bassin », le réservoir d’eau du centre-ville. Les restaurants touristiques se dressent tout autour. Kamaka et des medersas du 16ème siècle s’étendent de part et d’autre.

Un mûrier de 1477 est toujours debout mais en ruines ; ne reste de lui qu’une souche. En face, un autre est toujours vivant. Une statue d’Effendi sur un âne a été érigée en 1979. Effendi est un personnage rusé, dur aux avares et cher aux pauvres. Des gavroches du coin, épaules solides et court vêtus, entreprennent d’y grimper pour s’asseoir dans son giron. Ils dominent le bassin et sont tout fier de cet exploit. Sourire au photographe qui l’immortalise sur l’instant. L’oiseau légendaire Humo porte bonheur figure sur une mosaïque du fronton des medersas.

La mosquée Magok Attor, dont le nom signifie « souterrain marchand », date du 12ème siècle ; elle a été reconstruite en 1547. Dans son unique salle à 6 piliers couronnée de 12 coupoles, un tapis représente La Mecque. Il est venu d’Iran au 20ème siècle. Le portail de la façade sud est décoré de lyres en chapiteaux qui soutiennent l’arc de niche. Le décor de brique ciselé a été conservé car il s’est retrouvé vite sous la terre, le sol s’étant élevé de près de 8 m destruction après destruction des tremblements de terre et des invasions.

Toutes les visites de Boukhara se font dans le même étroit rayon autour du centre. Tous les monuments sont voués au commerce, tapis, babioles, artisanat, souvenirs. C’est un retour aux traditions caravanières, sans doute.

Nous prenons le dîner au bord du bassin, à l’air libre, la foule d’ambulant alentour. Des jeunes à plusieurs observent et commentent les étrangères, des familles entières se promènent, prennent une boisson ou une glace. Le tout fait très Côte d’Azur ou bords de la mer Noire. Le repas est banal, tellement que je n’en ai rien retenu.

Les matrones qui déambulent en soirée, tenaient commerce dans la ville l’après-midi. Elles font la rituelle promenade en famille avec mari et marmaille. Comme ailleurs dans le pays, elles se portent bien et s’enveloppent de robes imprimées à grosses fleurs. Une jeune fille aux cheveux noir corbeau a recourbé une mèche derrière l’oreille. Cela lui donne un air mutin si l’on songe à en croissant de lune, un air presque agressif si l’on voit le cheveu pointer comme un crochet.

Nous allons au matin suivant voir les coupoles marchandes d’Abdullah Khan. Ce sont des pavillons du 16ème siècle dont il subsiste trois : l’un servait au troc, l’autre aux chapeliers, le dernier aux bijoutiers.

A côté se dressent d’antiques bâtiments autour d’un bassin, le khaouz. Le khanaka (couvent) de Nadir Divan Beghi s’étend, rectangulaire, derrière un étroit portail. La medersa du même nom s’élève en face. Elle est décorée de mosaïque fine représentant des oiseaux simourg et des biches. La medersa Koukeldach est entre les deux. Datant du 16ème siècle, son rez-de-chaussée était voué aux études, le premier étage aux logements. Dix medersas étaient en fonction en Ouzbékistan, d’après Rios. Chaque cellule contenait deux ou trois étudiants. Aujourd’hui, quand elles ne sont pas en restauration, elles sont occupées par des boutiques.

 

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Samarcande, mausolée Gur-Emir et medersas

L’après-midi, nous allons au mausolée Gur-Emir, celui même où repose Tamerlan dès 1405. Il l’a fait construire lui-même avant sa mort pour son petit-fils préféré Mohammed Sultan, mort deux ans avant, pendant l’expédition d’Asie mineure. Les deux fils de Timour y sont inhumés, Oulougbek aussi. Le mausolée complète autour d’une cour une medersa et la khanaka, le couvent des derviches. La coupole, de mosaïque glacée bleu azur moucheté de jaune d’or et d’outremer, est cannelée de 64 rainures. Cela lui donne une légèreté visuelle étonnante.

Les murs intérieurs sont ornés de reliefs dorés géométriques et de peintures bleu ciel sur des bossages en papier mâché. Les fenêtres à vitraux clairs s’ouvrent comme des grottes aux stalactites de stuc.

L’épitaphe de Timour, sur sa pierre tombale en néphrite vert foncé, maudit quiconque qui dérangerait le mort. Celui qui ouvrirait la tombe attirerait l’invasion sur son pays. Des archéologues soviétiques athées ont exhumé le cadavre pour tenter de reconstituer ses traits. C’était en mai-juin 1941 et, le 21 juin, l’Allemagne nazie entrait brusquement en Union soviétique avec des intentions rien moins que pacifiques…

Trois medersas du Registan sont à voir : Chir-Dor, Oulougbek et Tilla-Kari. Elles datent du 15ème siècle, celle d’Oulougbek – appelée Mirza – des années 1417-1420. Sur Registan Square, la porte de la mosquée indique la direction de La Mecque. Son plafond est décoré à la feuille d’or.

Ici règnent les marchands du temple, il y a des boutiques partout qui vendent des tapis, des vêtements, des souvenirs de pèlerinage. Le Registan était par tradition le centre marchand, artisanal et culturel de la ville depuis le 11ème siècle. Ce lieu public central de la ville montrait les exécutions capitales, criait les ordonnances du Khan et accueillait les fêtes populaires.

C’est toujours le cas : sur l’esplanade a lieu une grande fête des étudiants, musique locale à fond dans les haut-parleurs et danses rituelles de la jeunesse. C’est une occasion de badauder pour les spectateurs qui, dans ce pays, adorent ça.

Autour jouent les gamins, tout à leur imagination. Un petit dur en bermuda et torse nu, le corps pain d’épice et les cheveux blond ras, a la poitrine toute griffée par ces jeux violents. Un plus grand l’entreprend d’ailleurs et ne le ménage pas.

Nous n’avons qu’à peine le temps de souffler que, vers 19 h, nous devons quitter l’hôtel où nous venons de revenir, une demi-heure avant, pour aller dîner « chez l’habitant ». Il s’agit d’une extension de ces restaurants privatifs, mis à la mode à Moscou dans les dernières années soviétiques. Nous sommes accueillis dans une grande maison d’hôte. Un particulier loue son cadre et vend ses repas traditionnels. Sa grande terrasse, qui domine la cour, est fort agréable. Nous sommes servis sur une longue table et les plats montent directement de la cuisine par l’escalier. Salades diverses, samosas et le fameux « plof » qui est du riz pilaf au mouton gras, agrémenté de carotte et de raisins secs comme dans un couscous.

 

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