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Chapelle des Marchands de Turin

Nous visitons ensuite, sur rendez-vous, la chapelle des Marchands au 25 de la via Garibaldi, une congrégation laïque mais pieuse de banquiers et mercanti constituée en 1663. C’est du baroque 17e avec de grands tableaux d’histoire sainte, des statues monumentales en bois peint de six pères de l’église qui ont l’air de marbre mais qui sont de bois (peint). Ainsi qu’un autel tout doré aux putti tout nu réalisé par Juvarra puis par Emanuele Buscaglione, l’architecte de cour de la Maison de Savoie. Il semble que les hommes d’église adoraient les jeunes garçons nus : il y en a partout autour d’eux. De quoi susciter toutes les tentations pour ceux qui s’étaient interdit de femmes. Des reliquaires de saints flanquent l’autel dont le crâne d’un des saints Philippe (il y en a beaucoup !). Ils sont flanqués de putti dorés, à poil comme de bien entendu.

Ce décor de couleurs et de faste est très matériel et je songe que les Italiens semblent n’accéder au sacré que par la somptuosité de la matière. Ils sont loin de l’intellectualisme des pères de l’Eglise ou d’un Pascal, par exemple. Il leur faut de la chair, du marbre, de l’or, de quoi voir et toucher, des peintures de la vie. Au plafond, une fresque de ciel de Stefano Maria Legnani où triomphe le Paradis avec Dieu le Père en majesté, comme distribuant les choses à ses enfants. Sur les murs onze tableaux de même taille mais réalisés par des peintres différents qui mettent en scène la naissance du Bambin et l’adoration des Rois mages. La congrégation célèbre sa fête annuelle le jour de l’Epiphanie, le 6 janvier.

Le douzième tableau est conservé dans la sacristie. C’est le plus vieux tableau peint pour la congrégation par Guglielmo Caccia dit Moncalvo, une Présentation du bébé Jésus aux mages.

Il y a aussi un calendrier « perpétuel » (sur 4000 ans en fait), créé en 1832 par un Italien qui fit Polytechnique à Paris, Giovanni Amedeo Plana. Son secret réside dans des cylindres de mémoire qui tournent, cachés dans le cadre, et que l’on nous montre en le retournant.

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Galerie Sabauda de la pinacothèque de Turin 3

Plusieurs saint Jérôme sont collectés, dont celui du maniériste Moncalvo en 1598 ; il présente un vieillard au corps bien dessiné entouré d’anges nus voletant dans ses pensées comme autant d’inspirations pour traduire les quatre Evangiles.

Un autre saint Jérôme de Valentin de Boulogne, peint vers 1620, le montre plus ascétique et plus studieux, le Christ en croix devant lui et la plume à la main. Les détails du corps et de la barbe font tout le sel de ce portrait inspiré.

Celui de Matthias Stomer vers 1635, en écrivant la Vulgate, est illuminé d’un rayon qui provient de derrière la croix du Christ. Sa chair flasque montre son âge tandis que son vêtement rouge exhibe son ardeur. Le lion couché à ses pieds s’est endormi, confiant.

L’Annonciation de Gentileschi, de 1623, est inspirée du Caravage en même temps que de la peinture florentine. L’ange Gabriel est cependant bizarrement coiffé et a le visage d’un mauvais garçon à la curieuse culotte jaune traître, tandis que Marie toujours vierge arbore une face de pudeur offensée avec un geste de refus en même temps que de salut de sa main droite. L’enflure mythique est donnée par les couleurs, le rouge du formidable rideau de lit et la robe bleu nuit de la Vierge. Ce n’est pas l’une de mes Annonciations préférées.

L’Adoration des mages de Luca Cambiaso vers 1550 est couverte de corps dans tous les sens. L’Enfant est retenu mais comme poussé par sa mère vers les lèvres des vieux Messieurs mages. L’un lui baise le peton, l’autre se pâme sous son regard, le troisième lorgne sa poitrine par-dessus ses épaules. C’est plus sensuel que mystique, et le Bambin, gras comme un petit cochon, semble prêt à être dévoré par les dévots venus de loin.

La Madone à l’Enfant avec les saints du Sodoma, a été peinte en 1513 pour Sienne et volée par les troupes espagnoles lors du siège de la ville. La Madone siège en majesté avec le Bambin nu à ses pieds, qu’elle retient par l’épaule gauche, révélée par deux putti qui titrent le rideau, tandis que se montrent devant elle, en représentation, les saints Jean et Jérôme et les saintes Catherine d’Alexandrie et Lucie.

La Vierge à l’Enfant et les saints de Mantegna est un tableau plus interactif. Tous les personnages placés sur le même plan gardent la Vierge et Jésus au centre. L’Enfant nu resplendit en majesté et captive son cousin Jean-Baptiste, un peu plus âgé et à peine vêtu de pauvres bêtes. Je l’aime bien, ce gamin enamouré.

La Sainte Famille de Van Dyck, vers 1625, montre une sainte Anne à l’initiative. C’est elle qui crée les relations de regards entre la Vierge sa fille, et le petit Jean-Baptiste, lequel est ardemment regardé par Jésus bébé qui s’élance vers lui, tandis que le père Joseph pose sur lui un œil attendri.

Matthias Stromer peint Samson le juif capturé par les Philistins (actuels Palestiniens). Tout un symbole.

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