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Le petit-déjeuner d’œufs frits, de toasts et de thé au lait nous leste pour la (demi)-journée. L’étape début par une descente en forêt jusqu’au monastère de Nage Gompa (gompa veut dire monastère) où nous accueille une nonne bouddhiste en robe grenat. Elle s’est faite moniale à l’âge de treize ans.

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Un vieil édenté tourne inlassablement autour du monastère, un moulin à prières tournoyant lui-même à la main, en marmonnant une suite presque inintelligible des syllabes sacrées qui tournoient : « Aum mani padme aum ». « Aum » est la fin et le commencement, le cosmos. « Je salue celui qui est assis sur la fleur aux mille pétales ». Dans le monastère, derrière une vitre, figurent Bouddha, le Sakyamouni historique, Padmasambhava qui a porté le bouddhisme au Tibet et est représenté avec de fines moustaches, et le Karmapa, chef d’une secte tibétaine bouddhiste. Les temples comprennent toujours une multitude de figures sacrées. Tara nous dit que dans les Vedas il y aurait « trois milliards » de dieux ! (Je n’ai pas vérifié, c’est un peu long à compter).

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Elle nous explique un peu le bouddhisme, à cette époque, je n’y connaissais presque rien. Le Bouddha historique est né au Népal, dans le sud du pays. Sakyamouni est son nom, il signifie le maître (mouni) du clan Sakya. Son prénom est Siddartha. « Bouddha » signifie l’Éveillé, celui qui a pris conscience, « bodi » est l’intelligence. Il était prince et a eu une illumination à seize ans en découvrant la réalité de la vie : la maladie, la vieillesse et la mort. Il n’a eu alors de cesse de découvrir la vérité de l’existence et de méditer sur la sagesse qui permet de sortir du cycle des renaissances et des morts. Quant à Krisna, le bel adolescent représenté en bleu qui séduit les bergères, il est la huitième incarnation de Vishnou. On le fête au Népal mais la secte connue en occident est une invention américaine, selon Tara. Les fidèles effectuent dans le temple une offrande de beurre de yack qu’ils font brûler dans des bols à l’aide d’une mèche. C’est fumeux et nauséabond, surtout lorsque le beurre a ranci. Mais la lumière est belle, petite et animée comme une âme, flamme vivace qui symbolise l’espérance.

Dans le temple, avant de le quitter, Tara allume une bougie pour chacun d’entre nous, devant les bols à offrande emplis d’eau pure, offrandes miroirs où chacun fait venir ce qu’il veut.

nepal panorama

À la pause de midi, Tara poursuit sur le bouddhisme et ses monuments. Nous irons voir le grand stupa de Bodnath. Autour du stupa il y a beaucoup de moinillons. Ils vont à l’école au Népal jusque vers 13 ou 14 ans et choisissent ensuite s’ils veulent devenir moines ou pas. L’intérieur n’est pas creux malgré ses dimensions imposantes. On ne peut pas y pénétrer, c’est le domaine de Bouddha. Mais on peut en faire le tour et même monter dessus. Avant, on fait une offrande à Arati, déesse mère qui protège les enfants des maladies, et à Ganesh, le dieu à la tête d’éléphant qui plaît beaucoup à Christine pour son air débonnaire. Fils de Shiva, Ganesh est dieu du savoir, de la vie, de la famille. Il est heureux, ventre rebondi, bonne tête de pachyderme souvent entourée de fleurs. Sa fête est la plus importante de l’année pour les hindouistes. Il est alors emmené en procession sur un char décoré de feuilles et de fleurs. On jette devant lui des noix de coco. Symboles de persévérance, ces fruits évoquent aussi les difficultés que l’on doit briser. L’hindouisme, comme Gide, recommande de faire craquer ses gaines.

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Le repas est préparé par nos cuisiniers qui suivent le trek à pied en emportant sur leur dos tout leur matériel. Ils nous ont préparé ce midi une assiette traditionnelle de riz et de légumes mijotés au curry, de fanes vertes cuites à l’eau comme des épinards, et la viande. Le soir, il s’agit de vrais morceaux ; à midi elle consiste en provision apportée depuis la France : saucisson, jambon séché ou fromage. Les plats repassent toujours, la tradition est de deux services coup sur coup. Christine en reprend à chaque fois et je lui en fais malicieusement la remarque. Son tour de taille et sa carrure sont déjà marqués par l’embonpoint et elle risque de finir son existence sous la forme d’une barrique, lui dis-je avec emphase. Elle rit et reprend du dessert, ce qui ne porte pas à conséquence puisqu’aujourd’hui ce sont des quartiers d’oranges épluchés par nos cuisiniers aux petits soins mêlés à des quartiers de pommes. La marche donne soif. Nous buvons du thé avant le repas, puis après. À ce régime et avec l’humidité ambiante, l’eau de la gourde est presque inutile la journée. Les étapes de marche sont courtes et faciles. Dans ce trek, nous sommes gâtés. Les sherpas qui nous accompagnent la journée vont devant et derrière le groupe pour que nul ne se perde. Si quelqu’un a envie de pisser, il est attendu.

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Nous descendons vers Katmandou par la crête du Dana Dara. Le bassin où se situe la ville est dans la brume. Le soleil la fait lever peu à peu, à mesure que la journée avance. Un soleil fort lorsque nous sommes au-dessus des nuages. Nous traversons quelques fermes réduites à un bâtiment d’habitation devant lequel s’étend une cour sur terrasse. Nous pouvons sacrifier aux photos typiques de gamins et de paysannes. Je ne peux cependant m’empêcher de songer que la prise de vues en ligne à cinq ou six à la fois, fait un peu vautour. Seule Françoise est plus naturelle. Elle parle, elle sourit, elle caresse les enfants, fait des gouzis-gouzis aux bébés, flatte les mères – et prend la photo. Cela passe mieux. Mais Françoise est une maîtresse femme, elle est plus âgée que nous, dirige une boutique de mode masculine chic dans Paris, place de la Madeleine, et finance la scolarité d’un enfant népalais dans un village international du pays.

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Je me contente de sourire et c’est déjà plus détendu. Je pratique comme je peux cette forme de relation-minute à mesure que nous passons. C’est ainsi que je capte la photo d’un petit en tongs, manches arrachées, col déchiré et pantalon informe, mais l’air grave et le teint caramel. Il est nu sous ces hardes, mais chaud et heureux. Heureux d’exister, tout simplement. Cette évidence me pénètre tandis que je lui souris et que je vois son visage soudain s’éclairer comme l’aurore sur la montagne.

nepal temple gokarneswar

Le temple bouddhiste de Gokarneswar est très simple, élevé au bord de la rivière Bagmati, eau sacrée où se font les crémations parce qu’elle se jette dans le Gange. Une bande d’enfants rieurs nous accompagne. Un gamin assez beau d’à peu près dix ans porte une boucle en or à l’oreille gauche. Non sur le lobe, mais au sommet. Tara me dit que c’est un porte-bonheur que l’on met aux enfants très tôt et qui est réputée chasser les maladies.

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Le temple est soutenu par des poutres de bois sculpté et entouré de statues en pierre de divinités. On fait le tour de l’édifice dans le sens des aiguilles d’une montre pour aider la création à tourner dans les normes. Ce bois ouvragé est superbe. Tara raconte chaque scène, mais on se perd vite dans ce foisonnement innombrable du panthéon local.

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