Articles tagués : polluants

Patrick Houlier, Maman j’ai rétréci mon microbiote !

Le microbiote, ce sont les bactéries qui colonisent l’intestin. Depuis quelques années, les médecins disent de cet appendice qu’il est notre « second cerveau » (et pas seulement lorsque nous avons « la tête dans le cul », selon l’expression des lendemains de cuite). Patrick Houlier, docteur en pharmacie et membre trésorier de la Fondation Catherine Kousmine, s’amuse à décrire tous les bienfaits du microbiote dans ce livre écrit simple, avec humour, et non sans une certaine tendresse.

Il parle en effet de lui-même. Les « mille et un jours racontés par bébé », depuis sa conception jusqu’à ses deux ans révolus (9 mois de grossesse plus deux années de bébé). En dix chapitres, l’auteur décline ses fiches en les organisant par thèmes. Il commence par distinguer trois « Moi » : le génétique issu des gènes parentaux, l’épigénétique qui les transcrit avec une mémoire transgénérationnelle, et le microbiote, véritable « organe en plus ».

Suit la grossesse et les ennemis du microbiote de maman. Là, plein d’horreurs ! Courantes mais nocives sans le savoir : tabac, alcool, chlordécone (sur les bananes des Antilles), nitrites (dans les charcuteries) glyphosate (herbicide dans champs et des villes), médicaments (les Français sont très adonnés aux médocs), les polluants organiques persistants, perturbateurs endocriniens (dans les bonbons, les conserves, les emballages), produits ménagers, micro-plastiques, air ambiant pollué… Tout un chapitre est consacré à l’alimentation non seulement transformée mais « ultra-transformée ». Comme pour le libéralisme, le mot ne suffit plus, tout est devenu « ultra ». Les déséquilibres s’auto-alimentent dans un « bal des vicieux » car un petit poison par-ci ou par-là est peu de chose, mais leur combinaison, recombinaison, alliance, sont bien pires ! Maman, bon, mais la planète ! Car maman comme bébé vivent (en général) sur la même planète, et là : horreur ! Tout est pollué, appauvri, invasif, lessivé, inflammatoire, stressant, oxydatif. Rupture écologique du microbiote, la planète se dégrade, il rétrécit !

Arrive l’heureux moment de la naissance. C’est « la ruée vers l’air » et l’invasion immédiate du microbiote personnel. « Bébé maltraité, adulte en danger ». Le moi microbiotique est un moi génétique enrichi. Le lait maternel est « mon aliment idéal numéro 1 », il aide au développement cognitif par les interactions avec maman, il est écologique et économe (l’allaitement est une consommation « de produit local en circuit court »), il évite les allergies. Mieux ! L’allaitement fait baisser de moitié la mort subite du nourrisson – ce n’est pas rien.

A 4 mois, il est temps de goûter des aliments solides. « Grâce à maman » qui éduque (ou devrait éduquer…) son bébé dès la grossesse, l’enfant « connaît déjà plein de goûts », son cerveau les a mémorisés, son deuxième cerveau s’y est adapté. « L’important, c’est que la diversification soit introduite entre 4 mois révolus et 6 mois révolus » p.187. Trop précoce, il y a des risques (surpoids et maladies chroniques une fois adulte). Avec l’alimentation solide, le microbiote explose, c’est « une véritable éducation immunitaire ». Les préparations maison sont meilleures, car dans la suite de l’allaitement et des habitudes maternelles. Ajouter des Oméga-3 (huile d’olive), « ensuite vers 7 ou 8 mois la consommation de poisson gras type saumon, sardine ou maquereau (… MAIS :) Les prédateurs type brochet, lotte, bar, daurade, raie, thon… et ceux qui sont particulièrement contaminés par des dérivés du mercure comme le requin ou l’espadon » sont à proscrire. Entre 8 et 10 mois, il faut varier les textures pour entraîner la bouche et le palais.

Rappelons que l’autoritarisme du « finir son assiette » et autres punitions de frustrés est inefficace. « Il convient de garder à l’esprit que les parents sont des modèles par imitation : un comportement alimentaire parental sain est un exemple favorable à la diversification alimentaire de l’enfant » p.194. Donc insister un peu mais pas trop, quitte à revenir à l’aliment boudé un autre jour. Et associer l’enfant aux courses, à la préparation des repas, en jouant.

A noter que l’auteur est depuis 23 ans Directeur général chez Parinat, qui vend des compléments alimentaires, après avoir été Pharmacien responsable 14 ans chez Lactéol, médicament bien connu des grands-parents. « Lactéol est un produit naturel qui contient des souches de bactéries inactivées issues du microbiote humain. Il traite les symptômes de la diarrhée et restaure la flore intestinale en complément de la réhydratation et des mesures diététiques », dit le site. Une expérience longue et enrichissante dans sa continuité qui donne à ce livre écrit léger – mais pas légèrement – son poids de sérieux. Pour les futurs parents.

Patrick Houlier, Maman j’ai rétréci mon microbiote ! 2024, Librinova, 203 pages, €16,90, e-book Kindle emprunt ou €3,99

(mon commentaire est libre, seuls les liens sont sponsorisés Amazon partenaire)

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Catégories : Livres, Science | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , ,

Protestations à Tahiti

En Mai, les Protestants de la côte Est de Tahiti ont célébré le Me (les offrandes). On collecte des fonds pour l’église protestante ma’ohi, les fonds sont reversés au siège de l’église protestante. Il s’agit d’une fête annuelle où tous les protestants se réunissent pour donner de l’argent et aider leur Église. L’objectif est double : l’aspect financier mais aussi l’occasion pour les jeunes de l’école du dimanche de présenter à l’ensemble des paroissiens ce qu’ils ont appris durant cette année. Les catholiques appellent cela « catéchisme ». Les cultes lors du Me sont suivis de ma’a tahiti ! Ta ma’a maita’i (bon appétit).

fruit trahiti

Tout ce monde se bouscule pour fêter un évènement à l’église adventiste. C’est que… l’église prend en charge les repas des mariés et de leurs invités, plus de cent personnes ! L’église prend en charge le ma ’a (la bouffe) des baptisés et de leurs invités. Même procédé quand on enterre : rien à payer, on se goinfre sans bourse délier. Cela veut donc dire que pour toutes les cérémonies, quelles qu’elles  soient, on annonce son nombre d’invités – et basta. La décoration florale, les repas, tout est gratuit. Une curieuse manière de pratiquer le prosélytisme au bénéfice (?) de l’église adventiste.

En juillet, c’était le 129ème synode de l’Église protestante ma’ohi. Au cœur des débats la « réinscription » de Maohi Nui (Polynésie française indépendante). Tous les ans se tient, à Tahiti, depuis 1887, un synode qui regroupe les responsables des arrondissements de l’Église protestante ma’ohi, appelée avant 2004, Église évangélique de Polynésie française. Cette église réformée de culte protestant, autonome depuis 1963, accueille pendant une semaine les membres de son conseil supérieur, les principaux responsables de ses huit arrondissements, auxquels se sont joints ceux de l’arrondissement de Nouméa (Nouvelle-Calédonie).

Le conseil supérieur de l’Église a affirmé son opposition à la prison de Papeari, à l’ouverture de casinos, à l’extraction de phosphate à Makatea (Tuamotu), au mariage de deux personnes de même sexe. Il exhorte le Pays à abandonner les projets cités ci-dessus, considérant qu’ils ne participeront pas à l’épanouissement de la population polynésienne. Il réaffirme toutefois son soutien au dispositif de la réinscription de Maohi Nui à l’ONU. Amen.

fleur rouge tahiti

En juillet, une centaine de personnes a marché pour dire non à la prison de Papeari et non aux poulets. Attention, là je parle des volatiles ! Le ciel était gris mais n’a pas découragé les marcheurs dont beaucoup d’enfants, vacances scolaires obligent. Les voisins du futur poulailler s’inquiètent des nuisances olfactives que cette installation pourrait provoquer. Il y a quelques 200 logements à proximité. Certains dénoncent que Papeari  soit systématiquement choisi pour des projets polluants (moto-cross, enfouissement des poubelles de tout Tahiti, porcherie, maintenant poulailler). Je ne sais pas s’ils comptent la prison comme polluant.

Le collectif a voulu empêcher l’accès aux travaux du Centre de détention par le chemin du cimetière. Les membres étaient peu nombreux, le capitaine de la gendarmerie nationale n’a pu leur faire entendre raison. Ils voulaient parler aux Autorités à savoir le Haussaire (Haut commissaire) en déplacement aux Tuamotu, ensuite au colonel de la gendarmerie. Ce dernier est venu, a donné 5 minutes de réflexion aux membres du comité avant de… A 10h35 les engins de chantier empruntaient le chemin – et depuis lors nous avons poussière et bruits toute la semaine.

Au fait, le Haussaire quitte ses fonctions dans quelques jours « appelé à faire valoir ses droits à la retraite ». Paris a trop de préfets ? Ou ici on en use trop ? Jean-Pierre Laflaquière n’a pas fait un an. Comme son prédécesseur, on l’a prié de faire ses valises et pourtant il était ravi d’être en Polynésie, a fait du bon travail et était fort apprécié des Polynésiens. Celui qui arrive sous peu s’appelle Lionel Beffre et était préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie, Religions | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,