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Colette, Trait pour trait

Colette publie en 1950 un recueil de divers articles qu’elle a consacré aux artistes, de 1923 à 1950. Il y a des musiciens, des écrivains, des acteurs, des décorateurs… Tous ne nous sont pas connus, déjà oubliés, mais certains restent célèbres comme Debussy, Proust, Fargue, Courteline, la comtesse de Noailles, Sarah Bernhardt. Il y a même un personnage imaginaire, la Madame Marneffe de Balzac.

Ces portraits de circonstance, publiés au fil des événements, sont regroupés en un certain ordre par l’écrivaine, tout en restant éclectiques. Ce sont des hommages, des souvenirs personnels, des commandes alimentaires remaniées pour faire « œuvre ».

Ainsi Debussy devient « faunesque », sur Proust plane déjà l’ombre de la mort, le médecin Henri Mondor est reculé au XVIIe siècle, l’actrice Polaire (qui joua Claudine) est faite ambiguë. Des notes incisives, un choix de mots précis, une évocation picturale des gens est tout l’art de Colette qui fait lever un caractère par ses seules phrases. Elle déchiffre, elle dévoile, elle médite sur les personnalités, avec cet arrière-fond constant : mais qu’est-ce donc que « l’art » ?

Quand elle parle des autres, elle parle aussi d’elle, Colette. Ainsi de l’art de Proust dans Du côté de chez Swann : « Le dédale de l’enfance, de l’adolescence rouvert, expliqué, clair et vertigineux… Tout ce qu’on aurait voulu écrire, tout ce qu’on n’a pas osé ni su écrire, le reflet de l’univers sur le long flot, troublé par sa propre abondance… »

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Colette, En pays connu, suivi de Trait pour trait, Journal intermittent, La Fleur de l’âge, et A portée de la main, 1950, Livre de poche 1998, 315 pages, occasion €2,14

Colette, Œuvres tome 4 (1940-54), Bibliothèque de la Pléiade 2001, 1589 pages, €76,00

Les œuvres de Colette déjà chroniquées sur ce blog

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De Sauzon à la plage de Donnant

Longue étape ce jour, nous sommes prévenus. Plus de 21 km à faire en montée et descente. Nous prenons le bus des Cars bleus à neuf heures en direction de Sauzon d’où nous poursuivons le circuit là où nous nous sommes arrêtés hier.

Nous montons et descendons les criques par la plage de Deuborch jusqu’à la pointe des Poulains où se dresse la maison-phare blanche à tête rouge. Nous faisons une pause devant le spectacle offert par le panorama. Quelques personnes dont un préado se baignent dans la crique au pied du phare. Le garçon rentre et sort de l’eau plutôt fraîche, 19° selon Meteocity.

Un zodiac vient du large avec un bruit de mixeur, il a peut-être longé la côte ou est venu d’un bateau à l’ancre. Il contient six personnes, papy, mamie, papa et deux gamins. Le plus grand a 6 ou 7 ans et, avant même d’arriver, se met déjà torse nu. Papa ôte son T-shirt à son tour et plonge directement. Le gamin hésite, puis se lance à l’encouragement paternel « 1, 2, 3 ! ». Il barbote plutôt que nage mais n’a pas peur de l’eau ni de n’avoir pas pied. Le zodiac a jeté l’ancre à une cinquantaine de mètres de la crique, dans l’anse protégée. Papa crawle, gamin plonge, puis tout le monde remonte sur le bateau, la peau hérissée, se rhabille à la diable et repart ; cela n’a pas duré dix minutes. Le plus petit des enfants est resté en gilet de sauvetage et ne s’est pas baigné, tout comme les grands-parents. Il était trop jeune pour nager.

Nous faisons le tour du phare des Poulains, sur la lande rase, observant les goélands posés sur une arête, et voyons l’ancien fort devenu la maison de Sarah Bernhardt en 1894.

Cette fille de pute éduquée par l’amant de sa tante, le duc de Morny, un peu pute elle-même, est morte en 1923 d’une insuffisance rénale. Grande tragédienne emphatique de Ruy Blas, de Phèdre et d’Hernani, elle adorait les tempêtes et les orages à la Victor Hugo, séduite par les jets et bouillonnements de la vague sur les rocs et entre les blocs. Ce genre de climat empli de mouvements et d’ions négatifs m’exaltait dans mon adolescence. Il fait calme et beau aujourd’hui mais il faut imaginer les jours d’ouragan. Les branches desséchées des cyprès marquent combien le vent peut être violent et constant.

Nous poursuivons vers la côte sud sur un plateau à l’herbe rase qui me rappelle le Club des cinq. L’action se passait au sud de l’Angleterre mais le paysage est très proche de celui de la Bretagne. Trous de ver, de campagnol, de lapin, de renard, c’est le gruyère breton sur lequel la chienne Pixie court allègrement. Un golf s’est installé sur la falaise de la Pointe du Vieux château et certains pratiquent malgré le vent.

Nous pique-niquons sur une plage de sable bordé de tamaris vers Bortifaouen. Nous nous trempons les pieds dans l’eau.

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