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Île d’Ortigia à Syracuse 1

Notre hôtel est bâti au-dessus des latomies, ces carrières antiques, dans un parc isolé de la rue. Il est très calme, au luxe aristocratique 19e mais avec l’air conditionné en plus et une piscine. Mirande et son mari ont été nager une demi-heure hier soir.

Je lis Les Désarçonnés de Pascal Quignard, trouvé à l’hôtel de Raguse et échangé contre un mauvais Ludlum. Pour lui, tous ceux qui ont fait une chute grave, de cheval pour la plupart, sont nés à nouveau, comme neufs. Ils voient la vie autrement. Le style est aride et pourtant assez prenant. Il y a des fulgurances, des chocs d’événements, d’images et de mots.

Le bus nous emmène sur l’île d’Ortigia, une presqu’île devenue île par le percement d’un canal pour relier les deux petits ports antiques. Cette île est la ville grecque originaire, bâtie en 734 avant par les Corinthiens.

Piazza Pancali, dans l’axe du port, le temple d’Apollon du VIe siècle est devenu église byzantine puis mosquée musulmane et basilique normande ; il n’en reste que des vestiges. Des gens déguisés reviennent de quelque part, peut-être des acteurs de film ; c’est assez cocasse.

Le corso Matteotti, du nom d’un résistant au fascisme, conduit à la piazza Archimède, du nom d’un célèbre inventeur grec qui mourut ici en 212. Perdu dans ses calculs, il n’avait pas répondu à un centurion romain qui, impatient et direct, lui a passé son épée au travers du corps. Place Archimède, la fontaine représente Artémis portant l’arc, entourée d’une famille de tritons, un couple et trois enfants, un garçon, une fille et un bébé ; tous ruissellent fraîchement sous le soleil du climat réchauffé d’octobre. Autour de la place, des palais de banque, celle d’Italie, celle de Sicile.

Au musée Bellomo, galerie régionale, le nom de peintre le plus représenté sur les étiquettes est Ignoto. Il semble l’auteur de la majeure partie des œuvres de la Renaissance. Mais « ignoto » veut tout simplement dire inconnu en italien. le guide nous compte avec humour cette anecdote de touristes ignorant.

Une Annonciation d’Antonio da Messina, peinte en 1474 a été abîmée par le tremblement de terre mais reste terriblement vivante. Deux colombes fusent vers la Vierge depuis la fenêtre, laissant derrière elles un trait de feu. Comme si le message venait directement du ciel et non pas de l’archange Gabriel qui se tient face à elle. La plus avancée des colombes est blanche, celle qui la suit de près est noire. Est-ce le symbole de la vie qui va naître, puis de la mort programmée de Jésus ?

Un gisant de chevalier en marbre sur des drapés exquis trône dans un couloir, celui de Giovanni Cabastida de Barcelone, 1472. Une scène de peste réalisée en céroplastie du XVIIe siècle baroque.

Nous visitons à pied la ville. Place de la cathédrale, un petit garçon blond coiffé en casque fait tomber sa boule de glace au chocolat par terre ; il en est tout marri. Son père le prend dans ses bras pour lui en acheter une autre.

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Pompéi les bâtiments

Malgré le faste du décor de certaines demeures, et l’isolement de la ville de ce champ de fouilles, je ressens moins de mystère qu’à Herculanum. La ville exhumée à partir de 1748 est plus vaste, elle comprenait 25 000 habitants.

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Cette fois, elle fut ensevelie non sous la boue mais sous les cendres, lentement. Pline le Jeune écrit : « On entendait les gémissements des femmes, les vagissements des bébés, les cris des hommes ; les uns cherchaient de la voix leur père et leur mère, les autres leurs enfants, les autres leurs femmes, tâchaient de les reconnaître à la voix. Certains déploraient leurs malheurs à eux, d’autres celui des leurs. Il y en avait qui, par frayeur de la mort, appelaient la mort ».

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 Il faut une bonne dose d’imagination pour en sentir les spectres, comme le fit Théophile Gautier dans sa nouvelle Arria Marcella, ou Jensen dans sa Gradiva qui a obsédé Freud.

La présentation, peut-être, est-elle trop triviale ? Le public trop nombreux et trop banal ? Les cadences de fermeture de visite des maisons ramènent cruellement au présent. Les commentaires des guides italiens ont ce ton enlevé de qui est blasé d’avoir redit les mêmes inepties des centaines de fois à des ignares. Ils ne permettent aucun recueillement. Le touriste est mené en troupeau et ne se retrouve jamais seul.

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Pompéi est très vaste, mal entretenue et trop de touristes arpentent les mêmes voies pour qu’un recueillement puisse avoir lieu. Les plus belles fresques et sculptures sont au musée de Naples. Les peintures des maisons ont quatre styles différents.

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Le forum est le centre de la vie de la cité composite. A la fois centre religieux, politique, économique, il réunit aussi sous un même temple la triade des dieux principaux : Jupiter, Junon et Minerve. La religion était à l’époque la culture même, la communion avec les autres de la même civilisation ; c’était un culte civique, pas métaphysique. Ce pourquoi l’empereur pouvait être « un dieu » sans que cela face de lui un être hors du monde.

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Le temple d’Apollon est près du forum.

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Et de là part la via dell’Abondanza, la rue de l’abondance, avec ses bornes de pierre qui empêchaient les chars d’entrer sur le forum.

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De nombreuses maisons sont à visiter dans cet endroit.

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Le grand théâtre est construit dans un creux naturel de la colline.

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La via Stabiana sort du petit théâtre vers la porte de Stabia.

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L’amphithéâtre est le plus ancien du monde romain, construit en 80 avant ; il ne comprend ni souterrain ni fosses et ses escaliers sont extérieurs.

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La grande palestre, de 130 m de côté, recevait les jeunes athlètes du temps. Une piscine entourée de grands platanes permettait l’ombre et le rafraîchissement tout nu après l’effort.

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Les thermes de Stabiès, chauffés par le sol, comprennent une section des hommes et une section des femmes, plus une série de bains particuliers et une grande latrine publique.

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Le vicolo del Lupanare (la rue des bordels) vous mène à la maison de Siricus, à la boulangerie de Modestus et aux thermes centraux.

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Puis viendront la maison des Vettii, celle des Amours dorés, celle du faune, celle du Poète tragique avec la mosaïque du chien de garde Cave canem, la maison de Salluste et la maison du Chirurgien.

Plus loin s’étend la villa des Mystères.

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