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Crabes et poissons sur Kauehi

Le kaveu (crabe de cocotier ou crabe voleur) est un crustacé désigné scientifiquement sous le nom de Birgus latro. Bien qu’autrefois abondante dans les îles polynésiennes, la population de kaveu a fortement diminuée. Cette espèce doit être protégée. C’est le plus grand animal terrestre possédant des pattes articulées.

KAUEHI LODGE KAVEU

Il peut vivre jusqu’à 40 ans, atteindre une taille de 50 cm et un poids de 5 kg. Il appartient à la famille du bernard l’hermite mais, contrairement à celui-ci, une fois adulte il n’a pas besoin de se protéger dans une coquille, son abdomen étant calcifié. Il possède 10 pattes : une paire de grosses pinces pour se nourrir avec laquelle il peut ouvrir une noix de coco et peut soulever 29 kg ; trois plus petites paires de pinces pour marcher et grimper aux arbres jusqu’à une hauteur de 6 m ; une dernière paire généralement rentrée pour nettoyer ses organes respiratoires. Il possède un bon odorat mais une mauvaise vision, ses antennes détectent les vibrations. En immersion constante il se noie mais, privé d’eau de mer, il meurt également…

KAUEHI OEUFS DE KAVEKA

L’accouplement se déroule à terre de décembre à mars. Au bout d’un mois, après la nouvelle lune, la femelle migre la nuit dans l’océan. A marée haute, elle présente son abdomen aux vagues et libère alors entre 50 000 et 150 000 œufs. Les œufs éclosent, deviennent des larves qui demeurent un mois dans la mer. Elles deviennent amphibies, sortent de l’eau, se métamorphosent en jeunes crabes qui se protègent dans une coquille. La bête abandonne sa coquille après un an et trois mues successives et vit en bordure de mer. Adulte, il ne muera plus qu’une fois par an. Pour ce changement de carapace, il séjourne près d’un mois dans un trou creusé jusqu’à 1 m de profondeur. Son régime alimentaire ? Il mange de tout : fruits, feuilles décomposées, bois, rats, charognes, sa propre mue, source de calcium ! Il est suffisamment fort pour débourrer une noix de coco, l’ouvrir et la manger. Sur une noix de coco il y a deux yeux et une bouche noire. Il suffit au crabe de découvrir l’endroit le plus fragile pour perforer la noix de coco et se nourrir. Dans la journée il se cache dans des trous ou sous des arbres, échappant ainsi aux prédateurs et à la chaleur desséchante. Unique au monde et appartenant aux richesses du patrimoine polynésien, il faut sauvegarder cette espèce insolite et rare. La cohabitation avec l’homme est dangereuse pour sa survie. Pour l’avoir goûté une seule fois, ici à Kauehi, la chair des pattes et pinces a un goût de coco assez prononcé et ce que l’on peut manger dans son corps a un aspect un peu « bizarre » et un goût encore plus bizarre.

On nous avait fait goûter aux œufs de kaveka qui ont la taille des œufs de poules nini, dont le jaune est plus foncé, presque orange et qui sent un peu l’océan. Délicieux, ces œufs !

KAUEHI ANCIEN PHARE DE TAGAROAROMATAHARA

Allons marcher vers l’océan. Voici les restes de l’ancien phare de Tagaroaromatahara. Construit dans les années 1930 pour guider les bateaux venant d’Amérique, il n’a jamais été mis en service, la lumière n’ayant pas été installée par manque de financement ! « Aita e moni, aita e mori » (pas d’argent, pas de lumière). Il est dans un piteux état actuellement. C’était la famille Degage de Rurutu qui avait eu le marché des phares de Kauehi et de Fakarava. Il y eut un mort sur le chantier lors de la construction, enterré dans le cimetière de Kauehi. On cherche toujours des sponsors pour nettoyer le lieu et le rendre visitable par les touristes. Eugène Degage s’était engagé à participer à la mise en valeur du lieu. Il semble que Kauehi soit toujours en attente d’autres sponsors pour financer ce qui serait  une bonne action.

KAUEHI TEATA PECHEUR AU HARPON

M. souhaitait remplir sa glacière pour ramener quelques poissons à sa famille de Tahiti. Elle avait entendu parler d’un pêcheur au patia (harpon). Ce pêcheur, Teata, avait été la vedette d’un reportage. Courir sur le platier, harponner des perroquets en pleine course n’est pas donné à tous. Nous apprendrons aussi qu’il est champion de lancer du javelot du village, qu’il est un excellent pétanqueur également. Rendez-vous est donc pris avec lui. Nous embarquons tous les quatre sur le speed boat de JC. L’eau du lagon est agitée, très agitée, et il faut traverser ses eaux pour rejoindre la passe. Arrivés à destination, le pêcheur et M. doivent sauter à l’eau pour rejoindre les bords du hoa et le platier. JC et moi restons à bord, franchissons la passe au courant sortant, et nous nous retrouvons côté océan, beaucoup plus calme que le lagon ! JC installe ses cannes avec l’espoir de ramener un thon ou autre poisson. Il attrapera un mahi mahi (dorade coryphène) aux couleurs magnifiques mais qui se décrochera tout seul et deux énormes loches qu’il rejettera. Les pêcheurs ont un doute sur la chair de ces loches – tant mieux pour elles. Elles retrouvent les eaux de l’océan après une sacrée peur !

KAUEHI OURSIN CRAYON

C’était en quelques lignes notre séjour sur l’atoll de Kauehi aux Tuamotu. Une pension à recommander mais pensez aux moustiques et nonos qui pourraient gâcher  les soirées de votre séjour.

Hiata de Tahiti

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Pêcher à Tahiti

Il est des pêcheurs polynésiens passionnés comme I. Certain sont nés pêcheurs déjà dans le ventre de leur mère. I. pêche toutes de sortes de poissons en respectant la nature, pas de surconsommation, il pêche ce dont il a besoin. Il chasse au fusil à harpon sur les patates, à la canne, au filet, au trident, à la traîne, il pêche aussi la langouste dans les périodes autorisées. Il pratique le rama komaga qui consiste à ramener le poisson en eau peu profonde puis à l’assommer avec un bois ou un couteau.

Pour le rama (pêche au flambeau), une pêche de nuit récifale, il utilise aujourd’hui le morigaz (lampe tempête) ou le moripata (lampe torche). Autrefois, on attachait des feuilles de cocotiers séchées (niau) pour servir de torche et éclairer le pêcheur. A chacun sa technique.

S’il veut attraper des rougets ou des carangues, il utilise des mouches ; si ce sont des mérous alors ce sera une queue de bernard-l’ermite ; pareil pour les bonites ou les veve (mérous de récif) ; avec le nylon, il attrapera thons, thasards, ruhi (carangues noires), mahi mahi (dorades coryphènes).

Avec le moulinet, c’est une pêche plus sportive et physique qui permet d’attraper de grosses prises plus au large comme les espadons. Il pêche au paru ce qui lui permet d’atteindre les poissons des profondeurs supérieures à 200 m. Avec son potoru (harpon à 3 dents) ou son pumaha (harpon à 4 dents) il tire sur ce qui se présente depuis le récif à marée basse. Il appâte les balistes avec des bénitiers (coquillages, pas récipients d’église). Avec son bateau, il pratique la pêche rodéo qui consiste à suivre les balistes en zigzaguant entre les patates de corail. Il pourrait parler de ses pêches pendant des jours et des jours. C’est un être passionné, qui respecte les traditions, sa culture tout suivant le mode de vie contemporain.

Le cycle de reproduction de l’anguille est encore mal connu. Les jeunes anguilles vivent dans les rivières des vallées. Au moment de la reproduction, elles commencent une migration qui durera de cinq à dix ans pour les mâles et entre douze et vingt ans pour les femelles. Elles vont rejoindre le site de reproduction dont le lieu reste encore peu précis dans le Pacifique. Après la reproduction, les individus décèdent. Les larves à tête plate qui naissent en mer seront ramenées vers les côtes par les courants marins. Il leur faudra environ 6 mois pour parcourir cette distance, elles se métamorphoseront en civelles près des côtes. Elles colonisent les embouchures des cours d’eau entre octobre et avril, avec un pic à la nouvelle lune de décembre. Une civelle mesure 50 mm de long pour un poids de 100 mg. Dix-neuf espèces d’anguilles connues dans le monde sont menacées d’extinction. Il y a une surpêche en Europe. Un marché économique important 230 000 tonnes de poissons vendues par an dont 70% aux consommateurs japonais. Un kilo de civelles a atteint 2 millions de FCP ! A vos porte-monnaie…

A Fidji, un chef traditionnel affirme que les Chinois vident la côte de ses ressources. Les hommes d’affaires chinois paieraient les villageois pour obtenir le droit de pêcher comme bon leur semble, poissons, crustacés, bêches de mer. Ils pilleraient le thon également, au grand dam des locaux. Ils ont pillé le Pacifique Nord, ils poursuivent dans le Sud. Aux Salomon, au Vanuatu, les gouvernements accordent trop de licences, à Fidji également. Les bateaux chinois sont partout à Fidji, aux Salamon, au Vanuatu, à Kiribati. Et après ?

Les 2600 océanographes réunis en Australie ont prévenu que les récifs coralliens dans le monde étaient en train de décliner rapidement et ont appelé à agir de manière urgente sur le changement climatique pour sauver ce qu’il en reste. La grande barrière de corail en Australie, qui est pourtant un des écosystèmes marins les mieux protégés au monde, a enregistré un déclin de 50% de ses coraux en un demi-siècle. Plus de 85% des récifs dans le triangle asiatique des coraux sont menacés directement par des activités humaines, telles que le développement des régions côtières, la pollution et la surpêche. (Le triangle asiatique = Indonésie, Papouasie-Nouvelle guinée, Philippines, Salomon, Timor oriental. Il couvre près de 30% des récifs coralliens du monde et abrite plus de 3000 espèces de poissons).

Hiata de Tahiti

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