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Tahiti et la mer

Article repris par Medium4You.

En attendant le passage de Vénus devant le soleil phénomène qui durera six heures, les préparatifs vont bon train. On construit Pointe te fauroa ou pointe Vénus à Tahiti une réplique du fort de James Cook mais en décor de théâtre. James Cook, jeune officier fut chargé de conduire jusqu’à Tahiti sur un ancien navire charbonnier rebaptisé l’Endeavour l’astronome Charles Green, ainsi que deux autres savants chargés d’étudier la flore et la faune. A son arrivée le 13 avril 1769, Cook entreprend la construction d’un fort afin de protéger l’astronome et ses instruments. L’inauguration du site ce sera la 6 mai. Aux armes, Maohi !

Le roi de Tonga est mort, vive le roi. Cette petite monarchie polynésienne de 106 000 habitants dont le roi George Tupou V vient de décéder en mars est une constellation de 170 îles, éparpillées sur 700 km2 au nord-est de la Nouvelle-Zélande et à 650 km à l’est de Fidji. Le pays est touché de plein fouet par la crise mondiale car 35% de son PIB est apporté par la diaspora tongienne. Quelques 200 000 Tongiens (le double de la population de l’archipel) vit et travaille en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux USA et envoient au pays une part de leurs revenus. Or ces expatriés sont employés dans le bâtiment et l’aménagement. Un bon nombre d’entre eux ont perdu leur emploi. Le seul vrai potentiel de développement de Tonga est le tourisme qui piétine autour de 90 000 visiteurs par an. Tonga table sur une croissance de 2% en 2013/2014 mais le pari n’est pas gagné vu la pauvreté des infrastructures d’accueil, le manque de fonds pour la promotion, le mauvais entretien des sites historiques et les problèmes dus à l’éloignement géographique.

Quatre pays s’engagent, Australie, France, Nouvelle-Zélande, îles Cook pour surveiller la pêche en haute-mer. La marine française avait sur zone le P400 « La Tapageuse » qui a réalisé 4 contrôles, le Patrouilleur « Arago » 3 contrôles, le FS « Prairial » 2, le patrouilleur « Tekukupa » des îles Cook. Treize navires contrôlés : 8 Chinois, 2 Taiwanais, 1 Japonais, 1 Fidjien, 1 Singapourien et seulement 2 infractions relevées. Une première opération d’une longue série… atation ! Chaque bateau devait patrouiller dans une zone délimitée. La Tapageuse accompagnée du Tekukupa des Cook étaient dans les eaux polynésiennes occidentales et dans la zone jouxtant les ZEE (zone économique exclusive) des îles Cook et Kiribati. Les palangriers chinois avaient leurs soutes pleines ce qui rend les contrôles « difficiles » au milieu des carcasses de thons, marlins et requins. Les ailerons de requin font l’objet d’une attention particulière de « India ». Le Prairial a quant à lui rejoint l’est de la ZEE polynésienne. Aucune infraction relevée. L’« Arago » était envoyé dans le nord de ZEE polynésienne entre les Kiribati et les Marquises, une zone importante sise sur la « Tuna Belt ». Les thonidés représentent 25% des ressources mondiales dans cette zone.

Après 15 ans de desserte du Maupiti Express, le capitaine a eu la surprise d’être accueilli, pour ce dernier trajet, dans la passe d’Onoiau avec une couronne de tiare de 50 (cinquante) mètres de long.

Marquises, vos beaux yeux me font mourir d’amour… pour les dauphins ! C’étaient certainement les paroles des scientifiques qui ont joué les photographes avec les dauphins entre les îles Marquises, de Hiva Oa à Ua Pou. Ils ont répertorié 9 espèces de dauphins : des péponocéphales ou dauphins d’Electre qui faisaient le spectacle avec du spyhopping, des dauphins tachetés, des dauphins à long bec, des globicéphales, des grands dauphins communs, des péponocéphales, un Kogia sima (cachalot nain), des dauphins de Risso. Vous pourrez consulter le site où vous trouverez tous ces détails que je ne saurais vous donner.

Et toujours aux Marquises, la mission du navire océanographique Alis rend compte : une richesse. Les scientifiques se sont attelés à caractériser les éléments biologique, végétal et marin de l’archipel. Tout y est passé : flore, plantes médicinales, spongiaires, mollusques. Les Marquises ont été gâtées par le ciel ou la mer. Imaginez, 3752 mollusques appartenant à 182 espèces récoltées dont six nouvelles pour la Polynésie française. C’est une richesse exceptionnelle de la faune malacologique (mollusques) littorale, tant par son intensité que par sa diversité. L’extrême isolement géographique, la dispersion des îles sont parmi les facteurs qui ont favorisé la spéciation des plantes vasculaires à l’origine d’une flore endémique relativement riche.

Et si les Marquises qui possèdent un patrimoine considérable, une langue propre, une culture propre, des ressources alimentaires, faisaient sécession d’avec Tahiti ? Un département supplémentaire ?

Hiata de Tahiti

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Vie tahitienne à la pointe Vénus

Nous sommes à Tahiti où, pas plus qu’ailleurs, il n’y a de sot métier : il n’y a que de sottes gens. On m’a demandé de tenir compagnie à un monsieur victime d’un A.V.C depuis plusieurs années. Homme fortement handicapé, il faut lui préparer ses repas, lui découper viande et poisson, légumes et fruits en petits morceaux, discuter avec lui. Il est rassuré par une présence car il lui arrive parfois de chuter et il ne peut se relever seul. Madame accompagne un voyage en Nouvelle-Zélande, le fils accompagne sa mère et sert de chauffeur au groupe, la fille et le gendre travaillent.

Je suis à la Pointe Vénus à Mahina, les pieds dans l’eau, au milieu des tupa (crabes de terre) qui dévastent le jardin. Le tupa creuse des trous et s’y engouffre en cas d’alerte. Il ne s’éloigne guère de son abri et observe tout déplacement suspect. Il sort la nuit pour manger, il est végétarien. A une certaine époque de l’année, il mue ce qui le rend très vulnérable.

Une amie me racontait que jeune (elle a maintenant plus de 72 ans), une tante lui avait rapporté un maillot de bain des USA. En Polynésie, très peu de gens avaient un maillot de bain à cette époque. Ils se baignaient tout nu. Elle en était très fière et faisait beaucoup de jaloux. Une nuit, elle laissa son maillot sécher dehors. Le lendemain matin, surprise, le crabe avait sévi : un tupa avait  mangé le tissu du maillot. Il était devenu un maillot à trous ! Cruelle déception pour la mode ! Mais ce devait être néanmoins très sexy.

Le site de la pointe Vénus, pointe Nord de Tahiti, est situé dans la commune de Mahina. Sa baie Mataiva a vu s’amarrer l’Endeavour de James Cook le 13 avril 1769. Captain Cook est resté trois mois à Tahiti. En 1868, Cook part explorer le Pacifique. Il doit mesurer le passage de Vénus sur le disque solaire, calculer la distance terre–soleil. Les résultats scientifiques seront nuls, par contre il donnera au monde d’excellentes descriptions de la culture tahitienne. Les révoltés de la Bounty y firent escale le 26 octobre 1788, un mémorial est érigé. Le 5 mars 1797, les missionnaires de la L.M.S y ancrèrent le Duff, le 7 mars, ils furent reçus par le jeune roi Pomare II. A la pointe se dresse le phare blanc dont la construction commença en 1866. C’est le frère Soulié, constructeur de la cathédrale de Rikitea (Gambier) 1841-1848, de la cathédrale de Papeete 1856 qui, avec l’aide des Mangaréviens (Gambier), construisit cette tour carrée de 25 m de haut et huit étages en pierre de corail. Le phare fut inauguré le 23 avril 1868, il fonctionnait par combustion de gaz sous pression. En 1963, on le rehaussa de 7 m. En 1973 il fut relié à l’électricité.

La pointe Vénus, c’est la pointe du vent. Les vagues sont nombreuses, on y pratique le va’a, le surf, la planche à voile, le kayak et le kite-surf. Pas d’odeur de moisi ici, l’air balaye tous les miasmes.

Les enfants de J. nous apportent les repas. J. est un demi-chinois qui parle quatre langues : le hakka, l’anglais, le tahitien et le français. Les programmes de télévision demeurent ses occupations principales. Il se passionne pour les émissions animales, les concerts de musique classique, les infos en anglais, la politique. Heureusement depuis quelques mois les 7 chaînes de télé gratuites sont captées  en Polynésie. Nanti des chaînes payantes de TNS, il est superbement équipé.

Avant de partir pour la Pointe Vénus, j’ai confié nos poussins à V. En arrivant chez J. il y avait aussi des poules, des coqs, des poussins. Quelques jours après mon arrivée, une poule noire qui couvait dans un creux du aito (arbre de fer) est venue présenter ses quatre nouveau-nés. Tout noirs comme elle. Elle vient réclamer plusieurs fois par jour du ma’a (de la bouffe). Elle me suit avec ses quatre petits dans mes déplacements extérieurs.

Elle a pris l’habitude de venir réclamer dès le matin la pitance. Je m’installe sur la terrasse pour savourer  mon café matinal. Elle arrive et se manifeste avec beaucoup de persuasion. Je cède : riz ou pain. Mais elle fait tant de vacarme que les autres volatiles se précipitent pour picorer. Bagarre, poursuite, c’est le drame journalier. J’ai tenté de lui expliquer qu’elle caquetait  trop fort… elle ne m’a pas compris. Tant pis !

Le mois de mars a été bien rempli. Nous sommes en automne ici. On ramasse des feuilles mortes à la pelle. Portez vous bien.

Iaorana

Hiata de Tahiti

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