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Galerie Sabauda de la pinacothèque de Turin 3

Plusieurs saint Jérôme sont collectés, dont celui du maniériste Moncalvo en 1598 ; il présente un vieillard au corps bien dessiné entouré d’anges nus voletant dans ses pensées comme autant d’inspirations pour traduire les quatre Evangiles.

Un autre saint Jérôme de Valentin de Boulogne, peint vers 1620, le montre plus ascétique et plus studieux, le Christ en croix devant lui et la plume à la main. Les détails du corps et de la barbe font tout le sel de ce portrait inspiré.

Celui de Matthias Stomer vers 1635, en écrivant la Vulgate, est illuminé d’un rayon qui provient de derrière la croix du Christ. Sa chair flasque montre son âge tandis que son vêtement rouge exhibe son ardeur. Le lion couché à ses pieds s’est endormi, confiant.

L’Annonciation de Gentileschi, de 1623, est inspirée du Caravage en même temps que de la peinture florentine. L’ange Gabriel est cependant bizarrement coiffé et a le visage d’un mauvais garçon à la curieuse culotte jaune traître, tandis que Marie toujours vierge arbore une face de pudeur offensée avec un geste de refus en même temps que de salut de sa main droite. L’enflure mythique est donnée par les couleurs, le rouge du formidable rideau de lit et la robe bleu nuit de la Vierge. Ce n’est pas l’une de mes Annonciations préférées.

L’Adoration des mages de Luca Cambiaso vers 1550 est couverte de corps dans tous les sens. L’Enfant est retenu mais comme poussé par sa mère vers les lèvres des vieux Messieurs mages. L’un lui baise le peton, l’autre se pâme sous son regard, le troisième lorgne sa poitrine par-dessus ses épaules. C’est plus sensuel que mystique, et le Bambin, gras comme un petit cochon, semble prêt à être dévoré par les dévots venus de loin.

La Madone à l’Enfant avec les saints du Sodoma, a été peinte en 1513 pour Sienne et volée par les troupes espagnoles lors du siège de la ville. La Madone siège en majesté avec le Bambin nu à ses pieds, qu’elle retient par l’épaule gauche, révélée par deux putti qui titrent le rideau, tandis que se montrent devant elle, en représentation, les saints Jean et Jérôme et les saintes Catherine d’Alexandrie et Lucie.

La Vierge à l’Enfant et les saints de Mantegna est un tableau plus interactif. Tous les personnages placés sur le même plan gardent la Vierge et Jésus au centre. L’Enfant nu resplendit en majesté et captive son cousin Jean-Baptiste, un peu plus âgé et à peine vêtu de pauvres bêtes. Je l’aime bien, ce gamin enamouré.

La Sainte Famille de Van Dyck, vers 1625, montre une sainte Anne à l’initiative. C’est elle qui crée les relations de regards entre la Vierge sa fille, et le petit Jean-Baptiste, lequel est ardemment regardé par Jésus bébé qui s’élance vers lui, tandis que le père Joseph pose sur lui un œil attendri.

Matthias Stromer peint Samson le juif capturé par les Philistins (actuels Palestiniens). Tout un symbole.

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Galerie Sabauda de la pinacothèque de Turin 2

L’Adonis de Carlo Cignani peint vers 1660 est trop doux, adolescent presque fille avec sa tunique qui tombe à droite comme un soutien-gorge tandis qu’il regarde d’un air mélancolique son chien, comme pressentant confusément son destin tragique d’aimé d’Aphrodite tué par un sanglier sauvage. Ici, il ne semble pas avoir plus de 14 ans.

Francesco Albani fait embrasser le très jeune Hermaphrodite par la nymphe Salmacis tandis que des éros nus le tiennent fermement pour ne pas qu’il s’échappe, ce qui donne une scène équivoque où l’on croirait un accouplement de lesbiennes. La peinture a été probablement commandée par le cardinal Maurice de Savoie en 1633, ce qui donne une idée des goûts des prêtres.

Une seconde scène du même peintre, pour faire récit, montre le prime adolescent prêt à se baigner tandis que la naïade nue a le coup de foudre pour son corps tout frais admirablement modelé.

Van Dyck n’hésite pas non plus à peindre un « kissing contest » entre nymphes, dans une bacchanale intitulée Amarilli et Mirtillo où toutes s’entrebaisent à demi dévêtues dans un bosquet propice.

Giovanni Antonio Bazzi, plus connu sous le surnom de Sodoma pour ses penchants vers les garçons, a peint une somptueuse Lucrèce se donnant la mort au poignard en 1515. Violée par le fils du Tarquin roi de Rome, la jeune fille n’a pas voulu être le déshonneur de sa famille et, par son suicide, a déclenché la révolte des Romains contre leurs rois étrusques. Ses seins nus jaillissant de sa robe déchirée par le viol tiennent le centre du tableau tandis que le drame se noue par les diagonales, à gauche la lame fine du poignard qu’elle a empoigné, à droite l’air effaré du vieux mâle qui cherche à l’en empêcher tandis que le fils, jeune homme à l’arrière-plan, est égaré par ce qu’il a fait en toute bonne conscience.

Le Christ lié du Guercino, coiffé de sa couronne d’épines, vers 1659, offre un contraste sadique entre le jeune torse nu vulnérable de l’homme-dieu et l’armure glacée et brutale du soldat à sa droite. Tous deux ont cependant l’air fataliste de ceux qui obéissent à leur destin, plus grand qu’eux.

Le Christ flagellé de Ribera est moins expressif ; le jeune homme semble attendre les premiers coups sur son dos lumineux tandis que son regard est vide – comme si sa chair était lumière et ne pouvait souffrir.

Le David du même peintre présente un adolescent décidé, épaule et bras droit nus laissant voir un mamelon charnu d’énergie, le visage délicat et la dévêture sensuelle.

La dépose du Christ par Bassano est une reprise d’une œuvre de Jacopo et a vocation d’être propice à la prière privée. Le beau corps de chair est en effet sans vie, et famille et amis déplorent la perte humaine tandis qu’une torche comme un feu sacré éclaire la scène. Le Christ a la tête renversé de l’agonie.

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Galerie Sabauda de la pinacothèque de Turin 1

La pinacothèque, établie en 1832 par Carlo-Alberto pour ses collections, est très vaste et le guide court d’une salle à l’autre pour commenter « le plus important ». Ce ne sont que Van Eyck, Van Dyck, Mantegna, Véronèse, Guido Reni, Gentileschi, et des peintres flamands.

Guido Reni fait occire Abel par Caïn vers 1620 dans un paysage lugubre, la tension des corps nus avant le coup final dramatisant la scène.

La décollation du même Jean-Baptiste par Volterra montre un brutal guerrier au sourire de plaisir, nu jusqu’à la taille, qui tient encore l’épée à la main tandis qu’il saisit de l’autre par la barbe la tête du saint qui a roulé à terre. Salomé, au-delà de la fenêtre, tient prêt son plat pour présenter la tête à Hérode. Le tout est assez expressif.

Le même a commis un Saint Jean-Baptiste vers 1637, en adolescent réaliste, juvénile et vigoureux, une croix de bois en guise de bâton de berger à la main, se pâmant la main sur le torse tandis que ses yeux s’élèvent au ciel, pris d’une émotion profonde.

Tobie et les trois archanges de Filippino Lippi en 1478 montre un jeune homme de la cour, en bottes de cuir et manteau rouge, et non un fils de pauvre pêcheur, ce qu’il est dans la Bible. Les archanges Michel, Gabriel et Raphaël l’entourent, et le dernier le tient par la main. Le petit pépé du groupe, ferré en Bible, nous apprend que le jeune homme tient en laisse un poisson dont le fiel est destiné à guérir la cécité de son père. Sur le chemin, Tobie rencontrera Sarah, sa future épouse, qu’il délivrera d’un démon. Il suffit d’avoir la foi pour être sauvé, mais j’aime surtout dans ce tableau la laisse du poisson.

Bartolomeo Schedoni livre deux doubles portraits d’enfants embrassés, peints vers 1609, probablement les enfants de la famille d’Este. Les gamins et gamines ont le visage doux, et un délicat sourire de plaisir et de connivence flotte sur leurs lèvres.

Les trois enfants de Charles 1er d’Angleterre, de Van Dyck, sont tous habillés en fille bien que seule Mary en soit une – mais c’était l’usage du temps de faire porter des robes à tous pour faciliter les fonctions organiques avant la maîtrise des sphincters. Le roi a cependant réprouvé le procédé pour son fils aîné et a commandé un second tableau où il est vêtu en mâle, désormais dans la collection royale britannique. L’original est donc laissé à Turin, fort admiré par la cour pour son réalisme des visages enfantins et des vêtements.

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