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A la pêche des âmes et des thons en Polynésie

Le symbole de la commune de Faa’a a chu ! Le flamboyant de la pointe Hotuarea s’est retrouvé à terre sous l’action de fortes rafales de vent. Les morceaux du tronc non mités serviraient à faire des meubles ! Cette pointe est classée depuis 1952 comme site protégé. C’était autrefois le point de départ du sentier qui traversait le district de Faa’a en allant jusqu’à la pointe Tataa à l’Ouest. La légende raconte qu’une femme avec un flambeau, Te vahine ramarama se rendait souvent à la pointe Hotu-area. Elle habitait le mont Ta-aretu d’où elle guettait le passage des âmes en direction de la pointe Tataa, point d’envol des âmes de l’île de Tahiti. Lorsqu’elle allait à la pêche, elle prenait le nom de Te vahine tui a rama (la femme allumant son flambeau) avant de descendre par le sentier jusqu’à Hotuarea d’où elle rejoignait la source Te one roa. De là, elle se rendait sur un banc de sable blanc Toa poto. Ensuite, elle pêchait le long des récifs coralliens, Toa roa et Te aay roa jusqu’à une petite passe appelée Veo dans la barrière récifale à l’extrémité ouest de Faa’a. Sous les apparences de Te vahine ramarama, cette dame pêchait les âmes des défunts (d’après Tahiti Héritage).

vahine en string

Le citron-caviar, vous connaissez ? Dans l’Est de l’Australie, il y prospère ; ce citron caviar poussait dans la nature mais il disparut avec l’arrivée des colons qui ont défriché les terres où il prospérait pour installer leurs cultures et leur bétail. Mais l’agrume a résisté et depuis une vingtaine d’années, connaît une nouvelle vie ! Il a une forme allongée de 6 à 12 cm qui lui vaut le nom de finger lime (Microcitrus australasica) que les Français appellent citron-caviar à cause des petites billes qui le composent et explosent en bouche, à la manière des œufs d’esturgeon. Il y aurait 65 variétés de citron caviar dans la nature mais la plupart ne sont pas bonnes à être consommées. Environ 12 variétés sont commercialisées. La production est estimée à environ 20 tonnes par an Ce fruit se récolte à la main de décembre à août. C’est un produit exclusif, il faut débourser 100€ le kilo en Europe, en Australie 55 $ AUS le kilo. Vu l’engouement, certains tentent de le faire pousser en Californie, en Espagne, mais la qualité n’est pas comparable à celle d’Australie. Les meilleurs fruits viennent des régions subtropicales.

citron caviar

A vos cannes, les ature sont de retour (poisson de la famille des Carangidae). Pour les passionnés de pêche, le poisson n’est revenu que depuis quelques semaines seulement. Femmes, hommes, enfants, occupent dès potron-minet les lieux. Le ature se consomme cru, c’est excellent ! Après les ina’a (béchiques de la Réunion), voici la saison des ature, ensuite viendra celle des moi (poisson-chat de mer), puis suivra le temps des pa’aihere (carangues). Un vrai plaisir d’aller taquiner ces bestioles et si vous ne le voulez pas, vous pouvez acheter au bord de la route un sachet de ature pour 1 000 XPF. Certains pêchent par passion, d’autres pour se nourrir et d’autres pour commercer et arrondir les fins de mois !

ature

Je vous ai déjà parlé de Mehetia, cette île inhabitée située à 110 km à l’Est de Tahiti. Pour les habitués, Mehetia est une véritable réserve à thons. Il faut pour les bateaux les plus rapides, 2heures 30, voire 3 heures pour rallier Mehetia depuis Tahiti. Il y avait en cette fin janvier beaucoup de pêcheurs venus là pour remplir leurs glacières. Certains partent pour une journée. D’autres y restent plusieurs jours. Quelques-uns ont même fait une pêche miraculeuse : sur le trajet ils ont harponné 7 mahi mahi (dorades coryphènes), pêché 6 beaux thons. Le lendemain matin encore 10 nouveaux thons dont l’un de 25 kilos et encore 5 mahimahi sur le chemin de retour. A la marina Tehoro de Mataiea, la rumeur a fait le reste et certains pêcheurs se sont eux aussi lancés dans l’aventure…

La Société des Etudes Océaniennes (S.E.O.) avait consacré son bulletin n°323 à Me’eti’a l’île mystérieuse. Bulletin très bien documenté pour qui s’intéresse à la Polynésie. L’île est rattachée à la commune de Taiarapu-Est (presqu’île de Tahiti).

Hiata de Tahiti.

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Tahiti marine

On rouvre la pêche aux rori (holothuries ou concombres de mer) interdite par le gouvernement Temaru depuis octobre 2012 ! Cette pêche avait boosté l’économie polynésienne. En 2012, 235 millions de XPF de rori avaient été exportés. Une année prolifique pour les finances grâce au rori polynésien. Le peï (pays) avait surfé sur l’intérêt croissant des marchés asiatiques pour l’holothurie où celui-ci est consommé en soupe ou en salade – la bête serait aphrodisiaque – et une offre internationale de plus en plus restreinte compte tenu de la fragilité de cette ressource. Seules cinq espèces, les plus rentables seront autorisées à la pêche. Les rori ont un rôle majeur pour l’écosystème. Ils déplacent et mélangent le substrat et recyclent les matières issues de la désagrégation des roches. Les rori consomment et broient les sédiments et les matières organiques en fines particules, retournant les couches supérieures de sédiments des lagunes. Des éboueurs indispensables.

holothurie

En 1958, le premier poti marara (bateau à moteur) naissait grâce à l’ingéniosité et la persévérance de Léonard Deane, un pêcheur d’Arue âgé de 27 ans à l’époque. Aujourd’hui il a 83 ans et vit à Tubuai. Dans les années 50, la pêche aux marara (poissons volants) se pratique en pirogue, de nuit et à deux. Le rameur conduit le bateau muni d’une palme de cocotier séchée en guise de flambeau et à l’avant le pêcheur prêt à harponner le poisson. Quelques années plus tard, les premiers moteurs hors-bord arrivent sur le territoire. C’est moins fatigant ! Les pêcheurs remplacent le harpon par une épuisette, la palme de cocotier par une lampe à pétrole. Léonard est un pêcheur difficile qui fait fuir ses chauffeurs !

Il se retrouve donc seul pour aller pêcher. Il doit donc trouver le moyen d’être autonome. Il se penche sur plusieurs projets, il les teste sur une remorque. Il place une caisse à l’avant du bateau, ce sera le poste de pilotage. Il imagine un manche qui part du plancher, relié au moteur par des poulies et un câble ; il trouve un bambou qu’il attache sur le manche du moteur, ce sera l’accélérateur. Il essaie cette nouvelle machine et décide de partir en mer la tester. Cela a marché car il peut dès le lendemain apporter ses poissons au marché ! Il livre le double de ses concurrents, il n’a plus besoin de chauffeur. Il est aidé par le concessionnaire Mercury pour perfectionner son invention, porter une lampe frontale qui libère la main gauche. Le poti (bateau) marara (poisson volant) fait des émules. Dans les années 70 on l’utilise pour la pêche au mahi mahi. Un pêcheur s’est rendu compte que le mahi mahi ne plonge pas quand la mer est agitée, il reste en surface. Le poti marara, une aubaine pour les pêcheurs de mahi mahi ! Les fils ont repris le flambeau du papa, l’un construit toujours en bois et l’autre en polyester mais toujours des poti marara !

poti marara bateau

Construction d’une marina au centre-ville de Papeete par le Port autonome qui investit dans la plaisance. Pour le moment nous sommes privés de promenade sur le quai en bois le long du boulevard Pomare. Il paraît que la marina pourra accueillir 80 bateaux dont une dizaine de yachts. La mise en service est prévue en 2015, le montant des travaux s’élève à 700 millions de XPF. Avancez la moni (monnaie) !

Oli, le cyclone de 2010 avait laissé des traces. Papenoo sur la côte Est de Tahiti n’est pas protégée par la barrière de corail. L’océan est virulent, il fallait protéger la population qui vit en bordure de route d’une éventuelle catastrophe naturelle. 380 millions de XPF investis dans ces travaux dont 60% financés par le FED (Fonds européen de développement). Mauruuru (merci) l’Europe ! Ce seront des blocs de béton en puzzle qui soutiendront la future digue. Ils ont copiés les Pays-Bas champions en la manière de protéger leur pays des eaux. Mais les blocs seront fabriqués au fenua ! Après, l’Océan n’aura qu’à bien se tenir !

Hiata

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