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150 ans d’immigration chinoise à Tahiti

Il y a 150 ans que le premier Chinois a foulé le sol de Tahiti : un anniversaire. Le 25 mars, les Polynésiens d’origine chinoise se sont donné rendez-vous à Atimaono à Papara, là où tout a commencé. Le 8 décembre 1865, 342 coolies chinois descendent du Spray of the Ocean, et le 6 janvier 1866 c’est au tour de 339 coolies de débarquer de l’Albertine.

spray of the ocean 1854

La date d’arrivée de ces premiers immigrants peut différer selon les sources, certains avancent le 28 février, d’autres le 25 mars 1865, mais ce dont on est sûr c’est que c’est à Hong Kong que leur périple a commencé sur le trois-mâts prussien Ferdinand Brumm.

ferdinand brumm trois mats prussien 1865

La plupart étaient des paysans chassés par la famine, ces hommes ont quitté la région de Canton (Guangdong). Les Punti étaient les premiers occupants et les Hakka venus de Mandchourie n’étaient pas les bienvenus. La Chine d’alors a un régime impérial en pleine décadence, une guerre de l’opium savamment orchestrée par les puissances occidentales, enfin une démographie explosive. Ces coolies appartiennent aux groupes ethniques Hakka (famille d’accueil) et Punti (terre d’origine), beaucoup embarquent pour Tahiti sans femmes ni enfants.

residence de william stuart tahiti

A Tahiti, la société Tahiti Cotton and Coffee Plantation Cy Ltd de William Stewart a besoin de bras pour cultiver les 1 000 hectares de coton, les 150 hectares de caféiers et les 50 de canne à sucre à Atimaono. Les autorités voulaient faire venir des travailleurs indiens, ce seront des Chinois ! En 1865 et 1866, deux autres bateaux accostent à Tahiti, en tout ils seront 1 000 Chinois enregistrés par les autorités. A Atimaono, les coolies travailleront sans relâche 12 à 15 heures par jour. Des morts parmi cette population jeune : en 1865 24 décès sur 337 Chinois, en 1866, 67 sur 949 (Gérald Coppenrath, Les Chinois de Tahiti).

coolies chinois tahiti 1865

Des rixes éclatent aussi entre Chinois, on en déporte à Anaa (Tuamotu) et aux Marquises. Une rixe fait un mort à Tahiti, quatre hommes sont arrêtés et condamnés à la peine capitale. L’un d’entre eux se dénonce, les trois autres sont graciés. De ce Chinois on connait seulement son nom, Chim Soo Kung, et son matricule, 471. L’île ne possède pas de guillotine, on en construit une, sommaire, dans la plantation et on l’essaie sur des bananiers et des chiens… Une partie des Chinois de Tahiti considère Chim Soo Kung comme un martyr, et certains se recueillent toujours devant son mausolée au cimetière chinois d’Arue.

coolie chinois tahiti Chim Soo Kung avant son execution

La première vague de Chinois devait retourner en Chine aux frais de l’employeur. La plantation d’Atimaono fait faillite en 1873, ils sont rapatriés d’office mais 320 d’entre eux restent dans la clandestinité. Une nouvelle vague d’immigration de plus de 2 000 personnes, dont des femmes, débarquent entre 1904 et 1914, ces immigrants ont été refoulés d’Australie ou des États-Unis. Ils seront dockers le temps d’amasser un pécule pour ouvrir un restaurant, un commerce. Ils prospèrent, font venir femmes et enfants, ils fondent les familles de commerçants que l’on trouve toujours à Tahiti.

Puis entre 1918 et 1928 ce sont des Punti qui arrivent avec des objectifs commerciaux préétablis avec les grandes maisons de commerce de Canton. La notion de retour en Chine demeurera très présente dans cette communauté jusqu’en 1949, quand la Chine bascule dans le communisme de Mao Tse Toung. Dans les années 1950 débute alors un processus de naturalisation et d’intégration. En 1973, la loi du 9 janvier accorde la nationalité française aux Chinois de Tahiti avec francisation du nom… souvent de manière fantaisiste, dans une même fratrie, les frères n’ont pas le même patronyme !

Hiata de Tahiti

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Tahiti marine

On rouvre la pêche aux rori (holothuries ou concombres de mer) interdite par le gouvernement Temaru depuis octobre 2012 ! Cette pêche avait boosté l’économie polynésienne. En 2012, 235 millions de XPF de rori avaient été exportés. Une année prolifique pour les finances grâce au rori polynésien. Le peï (pays) avait surfé sur l’intérêt croissant des marchés asiatiques pour l’holothurie où celui-ci est consommé en soupe ou en salade – la bête serait aphrodisiaque – et une offre internationale de plus en plus restreinte compte tenu de la fragilité de cette ressource. Seules cinq espèces, les plus rentables seront autorisées à la pêche. Les rori ont un rôle majeur pour l’écosystème. Ils déplacent et mélangent le substrat et recyclent les matières issues de la désagrégation des roches. Les rori consomment et broient les sédiments et les matières organiques en fines particules, retournant les couches supérieures de sédiments des lagunes. Des éboueurs indispensables.

holothurie

En 1958, le premier poti marara (bateau à moteur) naissait grâce à l’ingéniosité et la persévérance de Léonard Deane, un pêcheur d’Arue âgé de 27 ans à l’époque. Aujourd’hui il a 83 ans et vit à Tubuai. Dans les années 50, la pêche aux marara (poissons volants) se pratique en pirogue, de nuit et à deux. Le rameur conduit le bateau muni d’une palme de cocotier séchée en guise de flambeau et à l’avant le pêcheur prêt à harponner le poisson. Quelques années plus tard, les premiers moteurs hors-bord arrivent sur le territoire. C’est moins fatigant ! Les pêcheurs remplacent le harpon par une épuisette, la palme de cocotier par une lampe à pétrole. Léonard est un pêcheur difficile qui fait fuir ses chauffeurs !

Il se retrouve donc seul pour aller pêcher. Il doit donc trouver le moyen d’être autonome. Il se penche sur plusieurs projets, il les teste sur une remorque. Il place une caisse à l’avant du bateau, ce sera le poste de pilotage. Il imagine un manche qui part du plancher, relié au moteur par des poulies et un câble ; il trouve un bambou qu’il attache sur le manche du moteur, ce sera l’accélérateur. Il essaie cette nouvelle machine et décide de partir en mer la tester. Cela a marché car il peut dès le lendemain apporter ses poissons au marché ! Il livre le double de ses concurrents, il n’a plus besoin de chauffeur. Il est aidé par le concessionnaire Mercury pour perfectionner son invention, porter une lampe frontale qui libère la main gauche. Le poti (bateau) marara (poisson volant) fait des émules. Dans les années 70 on l’utilise pour la pêche au mahi mahi. Un pêcheur s’est rendu compte que le mahi mahi ne plonge pas quand la mer est agitée, il reste en surface. Le poti marara, une aubaine pour les pêcheurs de mahi mahi ! Les fils ont repris le flambeau du papa, l’un construit toujours en bois et l’autre en polyester mais toujours des poti marara !

poti marara bateau

Construction d’une marina au centre-ville de Papeete par le Port autonome qui investit dans la plaisance. Pour le moment nous sommes privés de promenade sur le quai en bois le long du boulevard Pomare. Il paraît que la marina pourra accueillir 80 bateaux dont une dizaine de yachts. La mise en service est prévue en 2015, le montant des travaux s’élève à 700 millions de XPF. Avancez la moni (monnaie) !

Oli, le cyclone de 2010 avait laissé des traces. Papenoo sur la côte Est de Tahiti n’est pas protégée par la barrière de corail. L’océan est virulent, il fallait protéger la population qui vit en bordure de route d’une éventuelle catastrophe naturelle. 380 millions de XPF investis dans ces travaux dont 60% financés par le FED (Fonds européen de développement). Mauruuru (merci) l’Europe ! Ce seront des blocs de béton en puzzle qui soutiendront la future digue. Ils ont copiés les Pays-Bas champions en la manière de protéger leur pays des eaux. Mais les blocs seront fabriqués au fenua ! Après, l’Océan n’aura qu’à bien se tenir !

Hiata

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Leçon de tahitien

O vai to’oe i’oa (être qui le-de tu/ton nom = quel est ton nom ? O Jean to‘u i’oa (être Jean le-de je/mon nom ; mon nom est Jean) ;

E tamari’i to’oe (enfant le-de toi ; as-tu des enfants ?)

E aha te ‘ohipa ? (être quoi le travail ? quel travail fais-tu ?) O vau te taote (être moi le médecin ; je suis le médecin.

Quelques professions :

  • ta’ata fa’a’apu = agriculteur.
  • Taote tapu = chirurgien.
  • Taote niho = dentiste.
  • Taote mata = ophtalmologue.
  • Vahine au’ahu = couturière.
  • Muto’i-farani = gendarme.
  • Ta’ata tanu tiare = horticulteur.
  • Muto’i  = policier, agent de police.
  • Patapata parau = secrétaire-dactylo.

vahine seins nus

La communauté chinoise est en période de Ka-San (Tchi-Min). Ils la fêtent justement le jour des élections dimanche 21 avril. Cette cérémonie rend hommage aux défunts dans la tradition chinoise et à cette occasion les familles apportent des denrées alimentaires souvent composées d’un poulet entier, de porcelet, de biscuits secs, de pommes bien rouges, de bols de riz, de friandises, de vin rouge, parfois de la pâtisserie chinoise et le sang du coq. Les familles brûlent de faux billets de banque ainsi que de faux vêtements, allument des encens et se prosternent devant les tombes. On remarque que cette cérémonie païenne est en perte de vitesse chez les jeunes.

Le cimetière chinois sis à Arue, côté montagne compte actuellement 6512 tombes, environ 400 d’entre elles sont situées sur la partie basse du cimetière. Certaines semblent abandonnées, l’association Si Ni Tong lance un appel pour retrouver les familles de ces tombes. Un manque de place cruel se fait sentir.

A Hiva Oa, deux tiki, enterrés derrière l’église de Nahoe, ont été mis à jour lors de travaux pour creusement d’un puisard. D’autres découvertes ont été faites sur le même site. Plusieurs traces révèlent l’existence d’un paepae (plate-forme).C’était une pratique courante des missionnaires que d’utiliser les emplacements d’anciens lieux de culte pour y bâtir des églises comme à Nuku Hiva où l’évêché et la cathédrale de Taiohae construits sur un ancien me’ae, la cathédrale de Rikitea aux Gambier construite sur le marae principal de l’ile.

Hiata de Tahiti

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Incivisme polynésien

Dernier recensement : 268 270 habitants. Vous rajouterez 1, car j’étais en Chine pendant le recensement.

8674 habitants en plus qu’en 2007 soit une augmentation de 3,4%. Faa’a demeure la commune la plus peuplée (c’est celle du Président-Ministre), suivie par Punaauia qui dépasse la capitale Papeete. Les Marquises et les Australes affichent une forte croissance, et l’on note un net ralentissement sur les Iles du Vent, les Tuamotu et les Iles sous le Vent. Quelques chiffres : Faa’a Iles du Vent = 29 687 hab ; Bora-Bora Iles sous le Vent = 9 610 hab ; Nuku Hiva Marquises = 2 966 hab ; Rurutu Australes = 2 325 hab ; Rangiroa Tuamotu Gambier = 3 281 hab.

vahines 2013La population de plus en plus urbaine est concentrée sur une zone coincée entre lagon et montagne sur environ 40 km de long entre Mahina et Punaauia. Les promoteurs construisent  tout et partout sans tenir compte des endroits à risque. Cela donne des embouteillages permanents, des plages rares, une promiscuité générant toutes sortes d’incidents. L’urbanisation laissée sans surveillance a montré ses limites : nombreux bidonvilles situés dans les zones les plus dangereuses, en bordure des rivières, de la mer, du lagon, sur des terrains instables.

Tetiaora

C’est la guerre entre Mahina et Arue. Mahina revendique à Arue l’atoll de Tetiaroa et des terrains au pied du col du Tahara’a. « Récupérer les terres de nos ancêtres dit le maire de Mahina ». Ça sent le fric à Tetiaroa où la construction du Brando hôtel se termine alors « c’était à ma famille »… Qui a raison ? Qui a tort ? On voit fleurir des boutiques « pour aider les Tahitiens a récupérer leurs terres » le plus souvent en lorgnant un coquet avantage. Un tel, sans diplômes, s’arroge le titre de « arpenteur-géomètre », possèderait des compétences en droit, en mathématiques. Quand on lit ses lignes, c’est bourré de fautes d’orthographe, cela n’a ni queue ni tête. Bon nombre de Tahitiens se font piéger par ces marchands de droits, de cadastrage car ils se sont, les faiseurs de diplômes, trouvés au bon endroit au bon moment. Il suffit de se rendre au fare fenua, d’écouter, de proposer ses services, d’annoncer ces titres qui bien souvent n’existent pas et le tour est joué. On est parti pour plusieurs années de démarches, de procès… et donc de fric envolé.

Encore et toujours des affaires de terre. Certains  ont compris qu’en allant au fare fenua (la maison des affaires de terre), en laissant traîner ses oreilles, en rendant service aux moins malins, on pouvait se faire du fric. Tiens, un pigeon. Un grand nombre de Polynésiens sont ignares face à l’Administration. Encouragés par une gentille mais intéressée personne, on se confie, on se libère de ses soucis. L’Autre va m’aider ! Quelle erreur. L’Autre va très vite se rendre compte si l’affaire vaut la peine ou pas. Si oui, elle va déployer tout son charme, parler de ses diplômes même si elle n’en a aucun. Elle prendra même une patente auprès des Impôts pour faire plus vrai. Elle sera conseil juridique, elle sera arpenteur-géomètre, elle sera mathématicienne, elle sera secrétaire trilingue… Et les factures arrivent. Le pigeon doit payer, encore et encore. L’affaire se montre juteuse pour l’Aidant. Elle doit aller rencontrer le ministre. Elle doit consulter un VRAI géomètre, elle doit prendre conseil auprès d’un VRAI avocat. Tout cela coûte et l’affaire n’avance pas mais le compte en banque du pigeon se vide, se vide, se vide.

fleurs de tahiti PETITS COEURS D ANNIE

La Polynésie est riche, riche, riche. Vous autres Métropolitains êtes étonnés de voir les ministres, président, X ou Y, venir taparu (mendier) à Paris. Et pourtant la Polynésie vit sur des tonnes d’or ! Par exemple le phosphate de Makatea. Déjà exploitée, par le CFOP. Depuis l’atoll de Makatea s’était dépeuplé et vivotait. Les Australiens, des amis d’Oscar Tane peut-être, voudraient revenir sur Makatea pour extraire des phosphates. La décision appartient maintenant au gouvernement. Les Australiens s’engagent à réhabiliter les sites d’où seraient extraits les phosphates. En Australie ils le font, contraints et forcés mais ici au pays du laisser-faire ? La population de Makatea ? 25% favorables et 75% contre car la nappe phréatique est importante et les engins australiens pourraient faire plus de dégâts que les pelles et les pioches d’antan. Je ne sais pas si j’ai rêvé, à mon âge s’est permis, mais le ministre de l’environnement pourrait avoir rallongé son titre de « et des mines ». De toutes les façons je suis sûre que vous me pardonnerez si j’ai extrapolé ! Merci !

Hiata de Tahiti

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Survivre à Tahiti

S’il est un endroit dangereux à la Presqu’île, c’est Te Pari. Deux randonneurs français se sont perdus récemment. Grâce à une guide rencontrée quelques jours plus tôt, ils ont pu être hélitreuillés, fatigués et à court de nourriture, par la gendarmerie après s’être perdus plusieurs jours à Te Pari. Te Pari est un des lieux les plus inhospitaliers de Tahiti. Il reste une randonnée aventureuse donnant accès à plusieurs sites sauvages. Vaiote est une vallée isolée à l’extrémité orientale des falaises du Te Pari, qui abrite un ensemble de vestiges archéologiques où l’on trouve de remarquables pétroglyphes.

La grotte de Vaipoiri, au pied des falaises du Te Pari, évoque de nombreuses légendes dont la plus connue est celle de Vei, enfant du pays, qui, fou amoureux de la fille du chef de la vallée, alla affronter les monstres de la grotte. Après avoir accompli cet acte de bravoure, l’union fut acceptée. Il n’y a pas de route pour aller se frotter à Te Pari, il faut  aller à pied ou par bateau. Et attention, vous devez être bien équipés car les puissantes vagues s’écrasant sur les rochers au pied des falaises seront de redoutables pièges pour vous, les randonneurs. Enfin un dernier conseil, prenez un guide local, sinon le Haussariat devra encore faire déplacer le Dauphin. Ça coûte cher une heure d’hélico, et de plus ce sont les contribuables métropolitains qui paient, alors ce que j’en dis …

Il semble qu’il y ait plus de complémentarité entre les médecines traditionnelles et occidentale que de risques d’interaction, selon les médecins. Il faudrait distinguer la pharmacopée kanak « pour les petits maux » et la pratique de la médecine traditionnelle par le guérisseur. Le guérisseur serait plutôt consulté pour des maladies avec les ancêtres, les totems ou le mauvais sort. La maladie s’intègre dans le cadre d’un malheur, d’une malédiction, de la rupture d’un tabou, ce serait un dérèglement du cosmos. Le guérisseur va chercher à identifier ce dérèglement et y remédier par un échange matériel ou immatériel. Mais pour comprendre cette logique il faut d’abord comprendre la société kanak. « L’individu y est indivisible du cosmos. Il vit dans un univers à l’équilibre entre la terre, les ancêtres, les morts et la hiérarchie des vivants. Cette société est perçue à l’équilibre grâce à des échanges, matériels et immatériels ». Propos du Dr Salino.

L’été austral débute en décembre et se termine en mars. La saison cyclonique dans le Pacifique Sud démarre en novembre selon les météorologues. Comme pour les matchs sportifs, la météo nationale de Polynésie, Météo France, fait des pronostics sur les risques de cyclone sous nos latitudes. On semble s’orienter vers une saison plus chaude et relativement plus sèche que d’habitude. Le cumul des précipitations devrait être inférieur aux moyennes trimestrielles, les températures plus chaudes que les valeurs normales observées. El Niño est aux commandes du Pacifique…

La communauté chinoise honore ses défunts deux fois l’an à Ka-San (j’ai déjà parlé de cette fête dans d’anciennes élucubrations) et le cimetière chinois du repos éternel est arrivé à saturation. L’association Si Ni Ton gérante de ce lieu appelé aussi « Repos éternel » compte près de 10 000 tombes, dont la partie principale se trouve sur la commune d’Arue. Certaines tombes ont été laissées à l’abandon, sans aucune descendance. Dans ce cimetière chinois  y reposent aussi des Sud-Coréens, matelots ou pêcheurs et des Indonésiens. Si Ni Tong voudrait acquérir un nouveau lieu, ses recherches demeurent vaines actuellement. Les terrains sont rares et chers. Les Chinois de Tahiti gardent toutefois l’espoir de loger leurs morts décemment afin de pouvoir les honorer deux fois l’an bien que les jeunes générations ont prévenu leurs parents qu’ils ne fêteront pas Kan-San.

Hiata de Tahiti

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Qui est James Norman Hall ?

Connaissez-vous James Norman Hall, cet écrivain-aviateur américain qui a vécu à Tahiti ?

Mais oui, vous le connaissez ! Sans le savoir sans doute : Les révoltés de la Bounty, c’est lui. Il a écrit aussi d’autres livres.

Le musée qui lui est consacré est situé à Arue, sur la route de ceinture au PK 5,5 en direction de Mahina. En septembre 2011, la demeure a été classée sous le gouvernement Sarkozy, sous le label culturel et historique « des maisons des illustres ». La maison fait face à l’océan.

La demeure originelle construite en 1927, en bois de cèdre rouge a été détruite début 1998 lors de l’élargissement de la route de ceinture. Le bâtiment actuel, typique des années 1930, a été reconstruit en 1998-1999, presqu’à l’identique, sur le même terrain, quelques mètres en retrait.

La visite s’effectue au moyen de plaquettes trilingues (français, anglais, reo maohi), le mobilier est celui du couple Norman Hall. Ici on est dans le Tahiti d’antan, dans l’histoire mondiale puisque James Norman Hall a été aviateur durant la guerre 1914-1918.

Dans cette maison, a été créé l’une des œuvres de la littérature américaine rédigée sur sa machine à écrire au côté de son ami Charles Nordhof, la fameuse trilogie à quatre mains Les révoltés de la Bounty. A partir de cette histoire vraie du capitaine Bligh et du lieutenant Fletcher Christian, trois films seront réalisés, celui de Frank Lloyd en 1935 avec Clark Gable, celui de Lewis Milestone en 1962, avec Marlon Brando, et enfin, en 1983, un film réalisé par Roger Donaldson avec Mel Gibson.

Le couloir d’accès de la maison donne accès aux différentes pièces, véritables galerie de portraits, et on apprécie le mobilier de la salle à manger, du salon et ses bibliothèques, du bureau où est conservée la machine à écrire ou encore la chambre à coucher et les vestiges du pilote que fut James Norman Hall. Il vous en coûtera 800 FCP.

V., mon amie de Tahiti, a reconnu sur des photos ses grands-parents, ses oncles en culottes courtes et tantes. Les tontons aujourd’hui ont 88 et 85 ans !

Hiata de Papeete vous salue bien

Une émission de Canal Académie sur James Norman Hall par Françoise Thibaut, correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques 

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Élucubrations écologiques polynésiennes

Une société de la place, à Tahiti, cherche à acheter des rori cuits et congelés. La technologie de traitement est fournie, l’équipement est payant. Si vous avez un intérêt dans ce commerce voici les tarifs offerts : Rori titi 1000 FCP le kilo ; Rori anana 1000 FCP le kilo ; Rori récif 300 FCP le kilo ; Rori vermicelle 300 FCP le kilo. Rappel : le rori est une holothurie. Et le FCP est le Franc Pacifique. Bonne chance à tous ceux qui sont intéressés !

Le ministre de l’agriculture du Fenua veut répandre son usage car le vétiver a mille vertus. Connu surtout par sa fragrance, il est désormais reconnu pour ses nombreuses applications. Ses racines plongent jusqu’à 6 mètres de profondeur. Voilà un moyen naturel (bio, écolo, divin, ce que vous voulez…) pour freiner l’érosion des sols, surtout dans l’archipel des Marquises. Ces terres pourraient servir à la culture d’arbres fruitiers (s’ils étaient ensuite plantés, entretenus, récoltés, expédiés…). Mais cet herbacé vétiver peut fournir également un excellent fourrage. La plante peut atteindre 2 m de haut et possède la faculté de pousser dans un environnement salin. Peu cher, se multipliant rapidement,  le vétiver sera-t-il la panacée aux maux dont souffre la Polynésie française ?

Un enfant de 11 ans a mis le feu à son fare… parce que sa mère ne le gâtait pas assez. Le feu a détruit un autre fare et un habitant en colère a frappé au visage un mutoi (flic). Le feu donne chaud dans la société de consommation locale où tout est dû.

Vous connaissez cet atoll de Tetiaroa, à quelques miles de Papeete et ancienne propriété de l’acteur Marlon Brando. Une association, Conservation Tetiaroa, recherche dans toute la Polynésie des plantes qui étaient présentes sur l’atoll et qui ont disparu. Tetiaroa est le seul atoll des Iles du Vent et ses 6 km2 sont rattachés à la commune de Arue. Par temps clair, des hauteurs de Tahiti on distingue nettement Tetiaroa. C’est un lagon de 7 km de diamètre cerné de 13 motu. Ce fut également la résidence d’été, jadis, de la famille Pomare (reine du pays). Cherchant ses mutins déserteurs, le capitaine Bligh l’avait découvert en 1789. En 1962, durant le tournage du film ‘Les Mutinés de la Bounty’, Marlon Brando tombe amoureux de l’endroit et en 1965 négocie un bail emphytéotique. Il est devenu ainsi « propriétaire » de Tetiaroa pour 99 ans. En 2012, ouverture prévue de l’hôtel The Brando qui « serait le plus écologique au monde » d’après les concepteurs du projet. A surveiller !

C’est les rats (scélérats !) qui ont eu raison des plantes de Tetiaroa. Il semble que deux des plantes typiques de ces rivages polynésiens aient été retrouvées : le ‘Ofai (Sesbania coccinea subsp.atollensis var. parkinsoni) arbuste endémique des îles de la Société, et le Rama (Ximenia americana var. americana) arbuste indigène en Polynésie française trouvé uniquement dans les îles de la Société et des Tuamotu. Menacées dans leur milieu naturel en raison des rats, de la coprah-culture, de l’urbanisation du littoral, de certaines activités touristiques, de la perte des savoirs culturels, de la perte du savoir de l’utilisation des plantes…. Encore présent en 1973 à Tetiaroa, l’Ofai a complètement disparu depuis, il était encore en 1983 sur l’atoll de Tupuai. Le Rama donne des fruits comestibles. Il est très rare, mais peut être trouvé dans quelques sites littoraux de Bora Bora. Sauvez, sauvez ce qui peut encore l’être mais pressez-vous !

Aujourd’hui, 80% des granulats utilisés dans la fabrication du béton proviennent du lit des rivières ou des abords. Bien qu’une délibération officielle interdise l’extraction dans les cours d’eau, la direction de l’Equipement a accordé au fil du temps des dérogations. Le CESC, en 2010, remarquait que seuls 225 779 m3 d’agrégats étaient autorisés mais que 758 000 m3 ont été extraits sans compter les volumes qui ont « chappé » (échappé en langage local) à tout contrôle et ceux qui n’ont pas été déclarés. Les conséquences écologiques sont dramatiques. Plus on creuse le lit d’une rivière, plus le courant augmente, plus les berges se creusent et deviennent instables. Les lieux de ponte des poissons et des crustacés sont détruits. Si au fond du lagon se dépose un millimètre de terre, 90% des organismes (oursins, algues, éponges) sont tués. Il faudrait agir, vite, vite, vite… mais en Polynésie on ne se presse que très lentement ! [Surtout pour l’environnement. Mieux vaut le fric tout de suite pour consommer tout de suite que le paradis d’équilibre qui fait partie du mythe occidental. Suicide lent par dépression coloniale ? – Argoul]

On ne se presse jamais… sauf pour faire la fête. Au milieu de tous ces militaires qui défilaient sur les Champs-Élysées le 14 juillet dernier à Paris, il y avait 280 stagiaires et bénévoles des trois océans et parmi eux 32 Polynésiens ont battu le pavé. Le puissant hakka de l’équipe militaire de rugby faisait vibrer les spectateurs. Originale, la démonstration de force des jeunes Pacifique !

Et sauf pour l’accueil. Le 22 juillet à 0h05, les Australiens ont débarqué : viva Australia ! J’ai préparé les chambres ; 60 litres d’eau Vaimato attendent d’éponger leur soif ; 5 kilos de papayes espèrent être dévorées ainsi que 3 kilos de bananes; 5 pots de confitures de goyaves et de jacquier dans le frigo ; il y a aussi un grand sac de cocos verts (excellents pour nettoyer les reins). Vous pensez que nous attendions un avion complet d’Australiens ? Pas du tout, seulement deux couples ! David, Rob et leurs femmes respectives. Oui, le conducteur de notre camion-bus et son assistant lors de nos voyages en Australie. J, le frère de David a tout vu en grand …

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