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Le modèle de l’Islande viking

La tendance au Xe siècle, en Scandinavie, était à l’autorité centralisée d’un roi et à la hiérarchie des barons – tout comme en pays franc. Seule l’Islande a échappé au mouvement social, préfigurant la démocratie des pionniers et l’utopie « anarchiste » du XIXe avant de devenir, aujourd’hui, écologique. Pierre Bauduin, dans sa récente Histoire des Vikings offre des éléments de réflexion sur ce modèle (chapitre 22, p.443).

Il tient en Islande tient à trois conditions particulières :

  1. L’isolement : une île est plus facile à défendre et moins sollicitée par les contaminations voisines. Chacun peut noter que toutes les îles ont des régimes particuliers, différents des pays du continent : l’Angleterre, le Japon, Taiwan, Jersey, les Cayman, la Corse…
  2. L’absence de périls extérieurs : trop au nord et conservant de bonnes relations avec son puissant voisin norvégien, l’Islande n’a pas eu besoin de développer une aristocratie militaire ni de se doter d’un Etat fort apte à la défense du pays.
  3. L’anthropologie : les Islandais sont issus de Scandinaves mâtinés de celtes. Peuple homogène, ils ont la culture du fermier, « sire de soi » sur ses terres comme on dit en Normandie. Leur société était fondée sur la famille nucléaire, parfois élargie ; mais chaque fils désirait son propre domaine. Les fermiers libres avaient donc tous voix au chapitre.

Les seules institutions étaient les assembles de justice pour arbitrer les différends : les thing (th anglais).

Une coutume s’est établie pour qu’une réunion de vingt fermiers s’associe en commune afin de coopérer et de s’entraider localement. Cette commune gérait les pâturages estivaux mais procurait surtout aux fermiers une assurance en cas d’incendie ou de perte de bétail par une dîme versée par chacun (lorsque l’impôt ecclésiastique sera établi, cette dîme restera aux communes et n’ira pas aux clercs).

La propriété et l’exploitation des ressources ont exigé la tenue d’un parlement de l’île : l’Althing, assemblée chargée d’approuver les nouvelles lois et d’arbitrer en cour suprême. Les chefs s’y assemblaient pour interpréter les lois ou en proposer de nouvelles, conseillés chacun par deux hommes.

Il est à noter qu’aucun pouvoir exécutif n’existait. L’application de la loi ou des arbitrages dépendait donc de chaque famille, le fermier et son réseau d’alliance. La partie qui avait gagné le procès devait assurer elle-même l’application du jugement.

La société en était-elle plus violente si chacun pouvait ainsi se faire justice soi-même ? Non, car le jugement était collectif, seule son exécution était laissée à l’appréciation du gagnant. Il fallait donc soupeser les rapports de force, ce qui encourageait la négociation et l’arbitrage au lieu de s’en remettre « à la justice », en s’en lavant les mains (« que fait le gouvernement ? »). Nous en connaissons de nos jours la dérive procédurière venue des Etats-Unis.

L’Islande n’était pas pour cela une « société d’égaux » comme l’utopie anarcho-gauchiste le prône. Les fermiers les plus aisés, mais surtout ceux qui possédaient le plus grand réseau d’alliances, formaient une élite de godar (36 sur 20 000 personnes, estime-t-on). Les fermiers plus modestes se plaçaient sous la protection d’un godi en échange de leur soutien au thing. Cette proto-féodalité non militaire accroissait la responsabilité de chacun : le godi devait savoir gérer les disputes, se poser en arbitre et être capable de gagner un procès ; il devait redistribuer richesses et biens de luxe à ses affidés. Son prestige social était à ce prix. La dépendance était donc mutuelle, assez loin de celle du seigneur et des paysans médiévaux au royaume franc.

Ce modèle anthropologique nordique est utile à notre futur. Il montre comment une société d’Occidentaux libres instaure ses propres institutions légères, en l’absence de contraintes extérieures et de peur vitale.

Mais il faut bien avoir en tête les conditions minimales d’un tel régime : tant qu’une menace existe, un Etat centralisé est nécessaire. Aux démocrates de le flanquer de contrepouvoirs de contrôles suffisants pour éviter de basculer dans la tyrannie, tout en assurant à l’Exécutif les moyens de réagir vite sans obstacles juridiques ou administratifs. Ce fut tout le débat entre la IVe et la Ve République en France, entre l’Etat nazi et le fédéralisme des länders en Allemagne.

La pandémie Covid-19 montre combien « les institutions » ne sont jamais bien adaptées aux crises brutales. La décentralisation des moyens est cruciale – tout comme la centralisation des décisions. Un équilibre nécessaire, mais dur à trouver.

Pierre Bauduin, Histoire des vikings, 2019, Tallandier, 666 pages, €27.90 e-book Kindle €19.99

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Paul-Emile Victor, Apoutsiak

En ce jour de l’hiver, me reviens un souvenir d’enfance. Auréolé de ses expéditions polaires et papa à 40 ans d’un premier fils, Jean-Christophe, Paul-Emile s’est préoccupé des enfants. En 1936 il a traversé tout le Groenland d’ouest en est en traîneaux à chiens, avec deux compères. Puis il est resté quatorze mois seul à Kangerlussuatsiaq au sein d’une famille Inuit où il baisera, comme le veut la coutume, la belle Doumidia. Chef des Expéditions polaires françaises dès 1947, il commet l’année suivante un petit livre qui a enchanté mes très jeunes années parce qu’il raconte la vie étrange d’un autre enfant comme moi : Apoutsiak.

Une vie captivante parce qu’aux antipodes de la mienne. Elle se situe dans un pays improbable, glacé la plupart du temps, où presque rien ne pousse (sauf des champignons et des myrtilles durant le court été) et où l’on est obligé de chasser et de pêcher pour manger.

Pas de maison mais une hutte igloo ou une tente ; pas d’auto ni de vélo mais un kayak ou un oumiak. On se vêt de peaux de bêtes et l’on reste torse nu à l’intérieur de la maison. Pas d’école mais l’apprentissage auprès de papa et des autres adultes. Un apprentissage pratique de la vie qui consiste à manier le traîneau et les chiens, à chasser au harpon et à pêcher à la ligne, à récupérer tout ce qui se peut parce que cela pourrait servir.

Le livre est illustré par l’auteur-explorateur et fait l’objet d’une double écriture : en gros caractères l’histoire pour les enfants dès 3 ans, en plus petit des explications ethnologiques pour les enfants de 7 ans et plus. Curieusement, ces deux textes se complètent admirablement à l’époque, comme si l’auteur avait inventé l’hypertexte auquel nous sommes désormais habitués par les clics sur les mots surlignés de nos écrans. Les images sont commentées et tout fait sens, accentuant l’écart entre sa vie et la nôtre.

De quoi attiser la curiosité normale d’un jeune être plein d’empathie pour ses semblables sur la planète. Apoutsiak nait tout nu et le reste bébé dans la capuche de sa mère dehors, sur les peaux de phoque dedans. Il mange de la viande cuite sur la graisse de phoque ou parfois crue qu’il coupe au couteau à lame ronde.

A 5 ans il joue habillé de phoque dans la neige avec ses frères et sœurs, cousins et cousines avant de rentrer le soir venu, fatigué de l’air glacé, et de se coucher sans le haut sur une fourrure d’ours : le rêve de tous les jeunes garçons. Fantasme que les filles chez nous réalisent parfois adultes, mais debout et éveillées, en manteau de pauvre bête. La hutte de pierres et de mottes d’herbe l’hiver est l’occasion de vivre tous ensemble en famille, avec toutes ses provisions, ses armes et ses outils, communion qui ravit tous les enfants dont la hantise première est d’être abandonnés et de rester tout seuls.

A 10 ans, Apoutsiak est déjà un presque adulte, conduisant son propre traineau et chassant au harpon à propulseur ; il dort avec les grands. Vers 15 ans il est adulte et, à 20 ans, il a déjà femme et enfants et construit de ses mains un oumiak pour contenir toute la famille. De quoi partir l’été explorer de nouveaux terrains de chasse, comme nous en camping, cette libération touriste des années 1960.

Une vie rêvée, simple et familiale, où la nature est omniprésente tout autour et réservoir inépuisable de nourriture et de beauté. Une vie aux antipodes de la mienne aux mêmes âges, donc d’autant plus intéressante.

Je ne suis jamais allé au Groenland, sur les territoires de vie et de chasse d’Apoutsiak. Il est déjà d’ailleurs au pays des Esquimaux, selon son père Paul-Emile. Mais il reste présent en moi comme une autre vie possible, un brin préhistorique, un peu le futur écologique si l’on en croit nos gourous…

Paul-Emile Victor, Apoutsiak – Le petit flocon de neige, 1948, Les albums du Père Castor Flammarion 1992, 32 pages, €18.29

Aussi en Castor poche

et en CD audio €19.00

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Difficultés de Nietzsche

Les difficultés pour comprendre Nietzsche ne manquent pas, permettant contresens et récupération. Bernard Edelman, dont je ne saurais qu’en conseiller la lecture, en a listé cinq. La pensée de Nietzsche est constamment en devenir, il foisonne, il provoque, sa philosophie peut être confondue avec celle d’une période suivante, la biologie vient choquer la conscience. Il est bon de garder ces difficultés à l’esprit au moment d’aborder son œuvre.

  1. Nietzsche ne cesse de remettre sur le métier son ouvrage car sa pensée est en devenir. En même temps, tout se tient, comme un tapis végétal. Il part du matériel, il est matérialiste. La matière est énergie, force animée de « volonté » de puissance. Le vivant est lui-même volonté qui contredit le chaos de l’indéterminé. L’homme est ambivalent, sa volonté de puissance (qui est énergie de vivre) peut être positive ou négative. Nietzsche commence en physicien, poursuit en biologiste, achève en anthropologue.
  2. Il ressasse, comme la vie multiple. Il foisonne en points de vue. Chaque fragment de sa pensée se conduit comme un « instinct » avec sa puissance propre, que vient combattre un autre instinct. Tout nait en même temps. Il n’y a pas de « progrès » mais un champ de force en constant déplacement. Rien n’est jamais acquis. La pensée de Nietzsche n’est pas une construction définitive mais plutôt une méthode, toujours en chantier.
  3. Nietzsche provoque, il pousse à la réaction émotive, passionnelle. Ernst Jünger l’appelait « le vieux boutefeu ». Pour éviter de démarrer sur les chapeaux de roue dans une mauvaise direction, il faut rendre compte de ses analyses concrètes. Nietzsche se révèle alors un observateur hors-pair de notre modernité.
  4. Sa politique est faussée par l’époque qui a suivi et dont il n’est pas responsable : le nazisme. Mais, à le lire sans préjugés, Nietzsche n’envisage pas les masses comme une nouvelle plèbe. Il prend acte d’une dégradation générale mais n’est pas un technicien de l’organisation des pouvoirs. Pour lui, toute politique est action pour guérir l’humanité de sa maladie : la condamnation de « la vie ». Les masses ont besoin d’opium comme disait Marx, mais elles ne doivent pas inhiber l’éclosion des grands hommes, ceux qui montrent l’exemple et améliorent le sort matériel et moral de tous. L’ultime projet de Nietzsche n’est pas l’oppression des masses mais les faire servir à plus grand qu’elles-mêmes
  5. La politique doit être un prolongement éclairé de la biologie, dans le courant de l’évolution humaine. La « conscience » a considéré le monde comme un reflet de soi-même. Les faibles ont cru à ce monde inversé et ont pris leurs rêves de revanche pour la réalité. Pour guérir de cette illusion mortifère, il faut « déshumaniser » la nature et « renaturaliser » l’être humain – un programme tout à fait « écologique » si l’on y pense. Pour Nietzsche le matérialiste, tout en l’homme est issu de la biologie : conscience, morale, valeur, raison, et évidemment les pulsions. Les conditions de survie et d’accroissement des groupes humains s’organisent en signes, en institutions, en systèmes moraux et en religion. La conscience falsifie, elle est illusion, elle conduit au vitalisme. Le réalisme biologique remet les choses à leur place, c’est ce que Nietzsche entend par la « transvaluation de toutes les valeurs ».

Cette audace gêne les partisans des « droits de l’homme » et de la démocratie égalitaire qui sépare l’esprit de la chair et le volontarisme de la matière. Mais elle est cohérente et va jusqu’au bout de la probité. Elle doit donc selon l’auteur être examinée avec attention. D’autant qu’elle pointe les non-dits et les hypocrisies du « politiquement correct » : la morale contemporaine prône l’égalité mais le monde réel perpétue l’inégalité en toute bonne conscience. Pourquoi ne pas en prendre acte, tenter de comprendre et opérer alors des choix éclairés ? La situation de l’enseignement supérieur en France en offre un magnifique exemple : égalité théorique, massification bureaucratique de fait, donc fuite des meilleurs vers les grandes écoles élitistes – privées et chères – qui reproduisent et perpétuent l’inégalité sociale, indépendamment du mérite individuel.

Les démocraties sont formalistes, fondées sur le droit, ce qui leur donne bonne conscience. Nietzsche hait l’hypocrisie et lui préfère le vrai.

Bernard Edelman, Nietzsche un continent perdu, 1999, PUF « Perspectives critiques », 384 pages, €21.50

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Karine Conxicoeur, La performance émotionnelle®

L’auteur a créé KADEIS, cabinet d’accompagnement du changement. « Ce livre est écrit pour poser les bases de la Performance émotionnelle à l’occasion de la fête des 20 ans d’existence du cabinet » p.73. Il s’agit d’un livre d’entretiens avec Emilie Lafite réalisé fin 2016 et mis en forme en deux parties, l’une théorique (la conscience 3D), l’autre pratique (à chaque enjeu une aptitude).

Cette brochure de publicité pour un cabinet de consultants en entreprise reprend et adapte tout ce qui a pu s’écrire et se dire depuis des décennies sur l’analyse transactionnelle, la programmation neurolinguistique, le Process communication management, les psychothérapies et autres techniques de maîtrise de soi, de relations avec les autres et d’expression policée de son originalité. J’ai pu, durant quarante ans, tester une à une ces méthodes qui veulent vous apprendre à vendre, à faire bien votre travail, à travailler en équipe, à apporter plus à votre entreprise, à trouver la bonne case dans l’organisation. La méthode Conxicoeur n’est ni pire, ni meilleure qu’une autre. Son originalité est d’être théorisée et expérimentée par une femme, donc d’introduire plus que les autres l’émotion.

Non sans un certain biais de formatage, car apprendre à exprimer ses talents ne va pas sans apprendre à être à sa place ; le lapsus même de « philtre social » (qui m’a fait sursauter) est révélateur. Ce n’est donc pas un filtre (qui tamise) mais un philtre (qui ensorcelle) ? Evacuons l’aspect volontiers démagogique (les 10 000 remerciements copains des prénoms de la p.7), l’accaparement du mot-fétiche « écologique » pour parler du simple équilibre, la furieuse yankee-mania du jargon marketing, le coaching pour challenger le mentoring – ou encore les sigles visuels comme !!! qui sont autant de clins d’œil sans intérêt. Comme « livre d’entretiens », le texte fait assez blabla de formateur, il manque d’exemples, les rares fournis laissent sur notre faim. Mais je suis aussi formateur – et je sais combien l’interrelation des participants et de l’animateur est plus riche que le schéma théorique des « supports ».

Concentrons-nous sur le cœur du sujet. La « performance » est définie fort justement p.15 comme un pic exceptionnel hors de notre zone de compétence ordinaire. « Exiger la performance permanente est une absurdité contreproductive et destructrice ». Quant au travail, « c’est l’héritage de deux millénaires de culture judéo-chrétienne qui nous ont imprégnés de la noblesse de la souffrance en oubliant que ses valeurs sont également celles de la joie et de l’enthousiasme » p.17. L’incompétence n’existe pas en soi ; elle est de ne pas avoir envie, faute d’une organisation propice. Comment voir encore ces portes ouvertes depuis longtemps enfoncées ?

Donc avant tout être soi – cela correspond au stade d’individualisme atteint par nos sociétés, assez avancées dans la technique et dans l’organisation démocratique pour ne plus se préoccuper avant tout de survie. La peur cède donc le pas à la « joie » et chacun se doit d’éclairer sa conscience 3D qui, basiquement, se résume à : moi, mes relations et mon environnement. Moi comme planète (narcissique) en équilibre (écologique) dans un système solaire d’entreprise (où « intégrer la présence de l’autre » en sortant du jugement bien/mal pour se préoccuper de savoir « comment nous travaillons ensemble ») et une galaxie sociétale (la culture d’entreprise) – pardon pour les banalités.

Pour cela, s’assumer comme être complet « tête, corps, cœur ». Cette présentation est plutôt dans le désordre : je placerais le « corps » – c’est-à-dire les pulsions et instincts – avant le « cœur – les émotions et affects – et enfin la « tête » – la maîtrise rationnelle. Mais telle est le prologue théorique. Il se traduit en un acronyme pédagogique : BREC². B pour bienveillance (examiner sans juger), R comme responsable (toute liberté ne va pas sans…), E pour exigence (conscience et expérience), C pour confidentialité (qui donne la confiance), et l’autre C pour convivialité.

La « performance émotionnelle® » – nom déposé – se traduit en un tableau croisé de la bande des 4 : 4 enjeux pour l’entreprise pour 4 aptitudes en performance émotionnelle. Les mots américanisés – pour en faire des noms déposés – tentent de signifier du concret par-delà le blabla. Être « créaktif » c’est être capable d’innover, de penser hors cadre (créatif-actif) ; être « riskeur », c’est prendre des risques, sortir de sa zone de confort ; être « interkonnecté », c’est travailler ensemble, hors de l’ego-système trop souvent en vigueur ; le « leadershine », c’est le rayonnement qui rend « inspirant », le charisme qui donne du sens et qui donne envie.

Performance émotionnelle® copyright KADEIS

Mais on ne peut tout être : « Il n’est pas question de chercher à tout prix à développer les quatre, ou de me ruer sur celles qui me parlent le moins, à la recherche de l’être parfait : celui qui serait tout ce que je suis, plus tout ce que je ne suis pas ; qui aurait tout mais ne serait rien » p.87. Soyez rassurés, il ne s’agit pas de devenir superman ou wonderwoman, mais simplement « laissez-vous interpeller par celle [l’aptitude] qui vous fait écho ». Prenez conscience de vos talents, ne faites que ce que vous savez le mieux faire – et vous trouverez votre place dans l’équipe et occuperez une case dans votre entreprise. Vous travaillerez toujours – mais avec plaisir, sinon avec « joie » (le mot me paraît un peu méthode Coué…) Processus gagnant-gagnant à tous les coups ? Puisqu’on vous le dit… Si vous n’êtes pas convaincus, demandez à votre entreprise la formation Conxicoeur.

Cette brochure de présentation du cabinet KADEIS ne va pas révolutionner les concepts, même par noms déposés. Mais elle a le mérite d’exister (pour les ignares du management) et de présenter la méthode de formation au changement (si utile à ceux qui sont par nature débordés). Trop d’entreprises, dirigées par des gens d’autres générations, sont en retard sur les aspirations de la jeunesse à plus d’autonomie et de sens dans le travail. Cette méthode, au service des entreprises, a pour but de leur apprendre à intégrer les nouveaux talents – pour que perdure l’entreprise.

Karine Conxicoeur, La performance émotionnelle® – une nouvelle proposition écologique, 2017, éditions Albert & Léonard, 78 Plaisir, 135 pages, €19.90

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 balustradecommunication@yahoo.com

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Sébastien Brégeon, Des vies autour du monde

Un livre lent, qui prend le temps de raconter ce qu’est un voyage. Car voyager, ce n’est pas seulement se déplacer mais se décentrer, entrer dans d’autres mondes que le sien, d’autres habitudes, d’autres climats et nourritures. S’il y a les fast travels pour touristes pressés de « faire » un lieu pour en parler, il y a aussi les slow travels pour voyageurs qui veulent s’interroger sur eux-mêmes et sur les autres. Le récit de Sébastien Brégeon est de ceux-là, un slow book « prenant le temps de caresser les émotions, les doutes, les interrogations ».

tour du monde stop nov 2006 sebastien bregeon

Sébastien a trente ans et ne veut plus consommer mais goûter : la cuisine, les coutumes, les gens, les paysages. Claudia a vingt-huit ans et aime observer, dessiner, lire. Tout commence par la télévision, qui ne fonctionne plus : pourquoi ne pas remplacer l’écran par la réalité ? « Notre décision de partir en voyage, après avoir tout lâché, semble maintenant irrémédiable » p.11. Réapprendre la vie, n’est-ce pas un peu naïf ?

Surtout si l’auto-stop remplace la voiture ou l’avion, trop peu écologiques… N’est-ce pas vivre en parasite sur ce système que l’on n’aime pas ? Nous « nous autori[sons] pour l’occasion d’adapter les circonstances à nos intérêts [pour] pouvoir continuer d’avancer. Pour notre plus grand bien, nous nous adaptons à notre environnement » p.22. Cette faculté d’adaptation, n’est-ce pas l’intelligence ? Récuser les dogmes aliénant, fussent-ils « écologiques », pour atteindre son objectif – n’est-ce pas ajuster les moyens aux fins, si les fins importent ?

Surtout que le stop par « contact direct » aux aires d’autoroutes ou aux stations-service est la meilleure des choses pour faire de bonnes rencontres, celles qui enrichissent mutuellement. Était-il utile, cependant, de disserter des pages durant sur les aléas de l’auto-stop ? N’aurait-il pas été préférable de se munir de sacs légers pour accomplir à pied le maximum de trajets ? De prévoir la pluie, le couchage, les vêtements tous usages à cumuler, d’éviter la longueur des cheveux (vite sales) et de dépenser inutilement pour des sandwiches, alors que le pain et les accompagnements directs (tomate, jambon, fromage, etc.) sont bien meilleurs et de moindre coût ?

divonnes photo sebastien bregeon

Ma propre expérience, dans les années 1970 plus faciles au stop, m’ont fait vite délaisser ce genre de nomadisme diesel au profit du train, du bus ou du vélo, voire du bateau… Soit explorer le pays proche en prenant vraiment son temps, soit se rendre par le moyen technique le plus rapide ailleurs, où commencer la marche lente ou le séjour. Mais chacun doit faire ses propres expériences, muni de son propre bagage : « Nous qui ne sommes partis hors de France qu’avec un voyage scolaire. Nous qui ne manions pas les langues étrangères » p.70… Une prospection Internet a révélé aux auteurs les WOOF Worldwide Opportunities on Organic Farms (nourri-logé en fermes biologiques contre travaux), Helpx (échange d’aide) et autres réseaux d’hospitalité (Couchsurfing…).

Paris-Divonne, après une étape vers Auxerre, pour trois semaines de pause… chez des amis, puis Cannes, Nice et la Toscane. L’Italie – ce vrai premier pays « étranger » où vivre un temps en WOOF. « Ce futur incertain est ce qui nous attire loin de notre ancienne vie planifiée de notre naissance à notre mort » p.93. Surtout qu’avec l’Internet (un autre bienfait du « système »), « à l’annonce de notre voyage, nous avons reçu des demandes de visites spontanées, auxquelles nous répondons bien volontiers : des amis, des amis de la famille, et des inconnus » p.99.

cannes photo sebastien bregeon

Découverte de la drague à l’italienne, des fromages alpins, de l’apprentissage danois de l’anglais, du système démocratique suisse. Surprenante différence avec la France pour les néophytes : « Les Suisses sont souvent bien moins jaloux, plus respectueux de la réussite sociale de leurs compatriotes. Préférant s’en inspirer, plutôt que de les discriminer » p.105. D’autres rencontres, impromptues, toutes enrichissantes sur l’humaine condition.

Le carnet de bord qui a donné ce livre est tenu aux moments d’oisiveté. Contrairement à l’auteur, je ne pense pas que « L’écriture du carnet [soit] souvent un dur compromis entre graver les instants passés, et vivre les instants présent » p.160. Écrire permet justement de se poser, de réfléchir (comme un miroir) directement ce qu’on vit – donc indirectement de réfléchir (comme une tête bien faite) « à » ce que l’on vit. Tout devient plus intense, moins superficiel : slow travel versus fast travel, périple en profondeur contre zapping de l’instant – voyageur, pas touriste.

partir dessin claudia bregeon

Un peu trop d’adjectifs (« douce » chaleur, phrase « innocente ») mais une écriture fluide qui se lit bien, familière, plutôt élégante. Surtout une expérience plaisante et utile à tout apprenti voyageur d’aujourd’hui. Le voyage premier, objet de ce tome 1, a eu lieu en 2006. A suivre ?

Sébastien Brégeon, Des vies autour du monde 1 : une aventure ordinaire, 2015, autoédition, 247 pages, papier €15.99, format Kindle €5.99
Site de l’auteur www.desviesautourdumonde.fr

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L’auberge des énigmes à Cuba

Comme nous nous sommes couchés tôt, nous nous levons tôt. La vie rurale est ainsi faite que le soir nous fait aspirer au duvet alors que le matin, envahi de chants du coq, nous fait aspirer au lever. La nuit a été partiellement pluvieuse, plutôt venteuse, mais heureusement, le soleil se lève avec le matin. Les tee-shirts, qui n’ont pas pu sécher cette nuit, hérissent un peu la peau quand on les remet, mais il faut bien (acheter du synthétique est mieux).

kapokier cuba

Nous partons à pied en longeant le lac par la piste aménagée, dite « ruta naturale ». Il s’agit d’un parcours touristique et écologique de sept kilomètres prévu pour être effectué en quatre heures à pas de touristes traînant les niards geignards. Ce n’est pas notre cas, encore qu’il y a Françoise… Le chemin reste glissant de la veille, mais les rayons solaires parviennent à traverser les branches et, patiemment, entreprennent de sécher le sentier. Bananiers, kapokiers (ou fromagers), nous croisons diverses essences dont un arbuste électrique aux feuilles piquantes et aux épines sur le tronc. On me dit le nom local mais je m’empresse de l’oublier. Pedro nous dit qu’ici, on l’appelle « l’arbre aux feuilles en papier toilette à belles-mères ». Il faut deviner pourquoi (ha ! ha !). Des oiseaux courent les branches et criaillent, parfois mélodieusement. Nous voyons un pic vert qui – c’est incroyable ! – pique les vers tout en portant la tête rouge. Il y a aussi un todier de Cuba, tout petit et fluo comme une peluche de foire, tête rouge, corps verte et pattes fuchsia.

lac habanilla paysage cuba

La pause-café est à la maison d’un paysan, bâtie au milieu de plantations. Elle est entourée de chiens de poules, de dindons et de cochons. Deux dindons mâles se disputent une dinde. Ils font la roue alternativement devant la femelle qui les dédaigne alternativement, ce qui les fait glouglouter de rage. Mais il y en a un qui l’emporte et peut satisfaire la nature. La femme qui nous prépare le café local, dans sa cuisine de terre battue bien rangée, a amené son petit garçon avec elle aujourd’hui. Nous sommes dimanche et le petit n’a pas d’école, même dans un pays athée comme l’est Cuba. Il a été prénommé Luis Miguel, référence révolutionnaire à l’institutrice de la Commune de Paris Louise Michel. Il a six ans et est en cours préparatoire. Durant la semaine il habite le petit village près de l’hôtel. La maison paysanne où nous sommes est celle de sa grand-mère.

Après le café dans son dé à coudre habituel, nous quittons la maison bien aménagée, sa salle commune servant d’entrée, ses trois chambres et sa cuisine, pour monter vers une crête qui domine le lac et le rio Negro local à 700 mètres d’altitude. Là-haut plane un rapace, lentement, dans les courants ascendants. Il attend qu’un vivant tombe pour devenir charogne, quelques jours plus tard délicieusement comestible. Nul d’entre nous ne lui fera ce plaisir. Ne subsistent plus dans le bleu uniforme du ciel que quelques cirrus lenticulaires sur l’horizon. Tout le reste est pervenche comme une mer inversée.

Nous redescendons longuement du piton vers le lac, par des sentiers glissants encore. Hier ils devaient être une véritable patinoire. Un bateau nous prend pour nous mener à une cascade « pour se baigner ». Comme si nous éprouvions le besoin irrépressible de nous baigner alors que nous émergeons d’une journée entière de pluie… Mais le touriste, comme tout gamin, n’aspire qu’à se baigner dans la journée, chacun le sait. Le pique-nique consiste à avaler les sandwiches au pain élastique habituel, toujours les mêmes, un au fromage, un au jambon, suivi d’une orange et d’un Granny issu de la caisse apportée de France, avec une briquette d’un quart de jus de fruit. Cet en-cas avalé, nous reprenons le bateau jusqu’à une rive où nous attend un camion Zil de l’armée soviétique.

camion zil cuba

Nous disons adieu à nos deux « guides » locaux qui n’auront pas guidé grand-chose mais « gagné » des dollars, pour embarquer nos bagages et nos personnes dans le presque-char de marque Zil (en cyrillique sur le capot). Il va, avec une obstination mécanique et une forte odeur d’essence brûlée, nous conduire en ahanant sur les pistes défoncées durant trois quarts d’heure jusqu’à un bassin du rio Melodioso au joli nom. Nous y attend une auberge « La Gallinera », touristique en diable, qui nous accueille pour la nuit. Nous dormirons dehors, sous les auvents. Un petit garçon brun et vigoureux de sept ans joue tout seul au base-ball sur une terrasse en béton, pieds et torse nus. Il est ravi d’accueillir un partenaire en la personne de notre nouveau « guide » du jour, Yubran.

Nous sommes quelques-uns à prendre un bain pour nous délasser, dans les eaux du rio mélodieux, puis à sécher au soleil caressant en regardant le garçon frapper de sa batte la balle de ficelle et de chiffon que lui lance l’adulte. Ses muscles d’enfant jouent sur sa poitrine brunie, ses pieds sont bien campés à terre, c’est un petit mâle sérieux tout entier à son jeu. Il se prénomme Orestino, « petit Oreste » pour le distinguer de son père qui porte le même prénom grec d’Oresto.

orestino torse nu cuba

Le dîner est composé surtout d’une cuisse de poulet « à la gallega », recette d’ici, délicieuse, à base de poivron. Suit un fromage de Hollande à la compote de goyave, sucré-salé original tout à fait dans le style de notre nouvelle cuisine.

poulet a la gallega

Incités par Yubran, dont le français décidé propose une colle, Yves et Philippe s’émulent à nous proposer des énigmes « issues des tests d’embauche ». Est-ce pour voir si nous sommes intelligents ou pour se donner le beau rôle ? Je me souviens de celle des trois boutons qui commandent une seule ampoule dans une autre pièce. On ne peut entrer qu’une seule fois pour vérifier si l’ampoule est allumée. Comment faire ? Réponse : il faut actionner le premier interrupteur, attendre quelques instants, appuyer sur le second interrupteur, puis entrer et tâter la lampe. Si elle est froide et éteinte, c’est le dernier interrupteur qui l’allume. Si elle est chaude et éteinte, c’est le premier interrupteur qui l’allume. Si elle est allumée, c’est le second, que l’on vient d’actionner, qui la commande. Outre le nombre des interrupteurs, il faut faire entrer deux paramètres supplémentaires dans la réflexion : le temps et la température. J’avais eu l’intuition de la température mais pas celle du temps à attendre pour vérifier. Je me suis attiré ainsi cette remarque d’Yves : « eh bien, je ne sais pas si tu as été embauché souvent, mais tu es sur la bonne voie. »

Autre énigme : comment aligner dix arbres en cinq rangées de quatre ? Réponse (difficile à trouver) : dessiner une étoile classique à cinq branches. Philippe s’y est essayé toute la soirée. Il dit qu’il a fini par trouver logiquement. Je reste sceptique. Yubran avait soumis la première énigme : un homme croise un paysan qui revient de Santiago. Il porte quatre sacs qui contiennent chacun quatre chattes et chacune des chattes allaite quatre chatons. Combien de sacs, de chattes et de chatons vont à Santiago ? La réponse, je la trouve très vite. Il ne faut pas se focaliser sur les détails mais garder à l’esprit le sens de la question. Qui va à Santiago ? La personne qui rencontre l’homme portant le sac et son contenu si divers. La réponse correcte est donc « aucun ». Seul celui qui croise l’homme va à Santiago et pas le porteur de sac ni son chargement.

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Ubu à Tahiti

Gaston Flosse n’a plus de mandats mais il reste derrière chaque siège à l’Assemblée, au Gouvernement, enfin partout, partout. A lui seul, il est le marionnettiste qui tire toutes les ficelles. Ne pouvant agir au nom du gouvernement Fritch, ne pouvant agir en tant que membre de l’Assemblée, il manipule encore et toujours ! Il n’a pas digéré d’être démis de tous ces mandats. L’âge continue d’avancer alors il se venge et, par l’intermédiaire de la marionnette, le Président de l’Assemblée vient de jeter un bloc de pierre à la face du gouvernement de la Polynésie française en demandant une indemnisation de 90 milliards de XPF au titre du préjudice écologique – plus un dédommagement de 12 milliards de XPF par an pour occupation des deux atolls.

gaston flosse

Flosse, « expert qualifié du nucléaire », invité par le président de l’assemblée de Polynésie française avait, durant toute sa carrière politique, soutenu la thèse des essais nucléaires propres ! C’est son opposant de toujours Oscar Temaru qui a soutenu ces demandes folles. Il paraît même que Monsieur Flosse, d’après Oscar Temaru, aurait précisé à maintes reprises qu’il (Flosse) irait jusqu’au tribunal international. Il sabote le gouvernement Fritch, il sabote du même coup la réconciliation avec l’État menée par Fritch pour sa seule gloire personnelle.

Encore une manœuvre du vieux lion qui ne se résout pas à rentrer dans sa cage pour y finir calmement ses jours. Déguisé sous les traits du président de l’Assemblée de Polynésie (son valet) il veut faire tomber le gouvernement Fritch pour installer le président de l’Assemblée de Polynésie à sa place. Il aurait ainsi tout loisir de manœuvrer seul sur le pont ! « Je défends mon pays »…

moustique

Le poste de Flosse est dans le viseur de la justice, l’ancien président est concerné par une enquête préliminaire de détournement de fonds et de biens publics. Cela ne prête même plus à rire. Radio trottoir : « C’est pour embêter Fritch ; on ne comprend rien ; c’est pour embêter le président de la France ; on dirait que Gaston tient toujours les rênes ».

Dans l’affaire récente de la vaisselle de la présidence, mise en examen de Gaston Flosse et de sa compagne ! Après les sushis, la vaisselle ! « recel de détournement… des verres en cristal, est estimé par le parquet à « 6 millions de francs Pacifique » (50 000 €). Vaisselle de la présidence retrouvée chez Gaston qui clame que cette vaisselle estampillée « Présidence » a été payée par des sponsors et qu’il en détient les factures. Ubuesque ? A vous d’en décider !

Hiata de Tahiti

Riche actualité Flosse sur lemonde.fr

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Menteries de mairie à Paris

Dans son dernier bulletin de décembre 2014 distribué dans les boites des Parisiens, la maire socialiste Hidalgo annonce à sons de trompe que « la Ville a installé en septembre des panneaux vitrés en remplacement des grilles sur la passerelle des Arts (6e) ». En septembre ? Il suffit – en décembre – d’y aller voir : il n’en est rien. N’hésitez pas à faire une visite, vous constaterez de vos propres yeux le mensonge socialiste.

Paris cadenas promesses mairie socialiste

Les cadenas de la mode moutonnière se sont entassés encore plus, les grilles se détachent brin après brin sous le poids des serrures d’éternité, scellées là par les amourettes éphémères.

Paris cadenas decembre 2014

La Mairie socialiste n’a rien trouvé de mieux que l’effet d’annonce pour tenter de décourager – mais les étrangers n’en ont cure, eux qui ne parlent pas français ni ne lisent « A Paris », le bulletin de propagande municipal voué au culte de la Culture bobo. Ce même effet d’annonce au performatif (comme se piquent de dire les enfeignants), que « la gauche » reprochait à Sarkozy comme un crime de lèse-réalité, Hidalgo l’use jusqu’à la corde : dire, c’est faire; je l’ai dit, donc c’est fait. Ce qui est mal pour « la droite ultralibérale » (libéral, Sarkozy ?) est bien pour « la gauche bobo », jamais en peine de se féliciter d’être si vertueuse, dans le sens de l’Histoire, des Droits de l’Homme et du Progrès humain (plus il y a de majuscules, plus les vaniteux du parti du Bien se gonflent de leur importance).

Paris cadenas decembre 2014 profusion

Faute de « panneaux de verre », la bureaucratie municipale a fait installer de ridicules panneaux de contreplaqué – aussitôt tagués dans le style diarrhéique qui plait tant à Jack Lang. De vrais « panneaux de banlieue », pour faire plus « solidaire » peut-être. Les ouvriers municipaux sont probablement surchargés de travail en cette période de rentrée, et on les comprend : vider encore plus de poubelles à cause des étrangers venus plus nombreux aux beaux jours du réchauffement climatique, souffler à grand bruit (écologique ?) toujours plus de feuilles dues à cet automne indien, installer à grande débauche d’électricité cette patinoire (désertée en ces jours trop chauds) devant l’Hôtel de ville, les projecteurs donnant leur maximum en plein soleil pour éclairer l’inanité socialiste des vœux pour la planète (dire écologie suffit pour faire croire), monter force guirlandes et arbres verts de « fêtes » (on ne dit plus Noël, mot tabou chez les bobos de gauche, de peur de froisser les islamistes irascibles).

Paris cadenas decembre 2014 plaques en bois

Donc les cadenas subsistent, toujours plus nombreux, lesdits contreplaqués style bidonville ne les gardant que d’un côté, les esclaves de la mode s’empressant d’en sceller d’autres à l’extérieur.

Paris cadenas decembre 2014 touristes insistent

Ah si, vers le centre aval de la passerelle, trois panneaux de verre sont quand même installés : TROIS ! Sur près de cent panneaux au total. Suffit-il de « faire » 3% des choses pour dire « j’ai installé« , comme si 100% étaient réalisés ? Il faut croire que oui, pour le socialisme français. Se gonfler de mots ronflants suffit à se croire le phénix des hôtes de cette ville, à résorber le chômage et à célébrer la culture.

Paris cadenas decembre 2014 plaques anti

Les cadenas essaiment sur les ponts à côté, aval et amont, de la passerelle d’Orsay devant le musée au pont Marie derrière Notre-Dame, en passant par le Pont-Neuf devant la statue d’Henri IV.

Leur masse fait de plus en plus laid, prolifération cancéreuse sans idée ni beauté. Et oui, les grilles se détachent, risquant de tomber à la fin sur les bateaux-mouches qui passent sur la Seine.

Paris cadenas decembre 2014 derriere panneaux

Un bobo de la Mairie avait vaguement suggéré l’érection d’arbres à cadenas (les bobos adorent les érections quand leur prétexte est « l’Hart » comme disait Flaubert, ainsi la bite gonflable place Vendôme ou les bites en chocolat de McCauley à la Monnaie). Mais les Femen-inistes ont dû rembarrer le macho qui osait sceller l’amour à un substitut de verge, « égalitarisme » oblige. Pourtant, l’idée n’était pas bête : canaliser la mode pour que son panurgisme stupide serve à quelque chose, notamment à cet Hart révéré des bobos socialistes.

Pourquoi en effet ne pas envisager, comme au Japon, le grand vide annuel des cadenas lors d’une cérémonie publique, afin de les fondre en œuvre d’art confiée à un artiste avide de création sur deniers publics ? Hidalgo la socialiste dénie-t-elle que Paris soit jumelée à Kyoto, la capitale culturelle du Japon ? Pas assez politico-culturellement correct, le Pays du soleil levant ? Pourtant, en ses temples, les arbres à vœux sont dépouillés de leurs papillotes en papier une fois l’an, qui sont brûlées par le prêtre en un spectacle social et religieux : il s’agit de faire monter les vœux au ciel pour que les dieux les exaucent.

Fondre les cadenas en œuvres d’art périodiques ayant pour thème l’amour serait une belle fin pour ces rebuts de métal fondus en Chine. La cérémonie consacrerait le sentiment derrière la mode, l’aspiration éternelle derrière le panurgisme béat, l’élévation apportée par la culture au mouvement de la société.

Ce serait « élever » les gens. Mais les socialistes français parisiens songent-ils encore – comme du temps de Jaurès – à « élever » le peuple ? On l’observe sans avoir fait d’études, ils songent à le dominer, de leur pouvoir public et de leur moraline catéchiste (Aubry déplorant la consommation du dimanche, Duflot posant en selfie avec une lesbienne, Hollande agitant ce droit de vote des étrangers qu’il n’a aucune majorité pour faire passer). Ils ne songent manifestement pas à l’élever.

Ne serait-ce pourtant pas une idée culturelle exaltante que de fusionner les minables cadenas de la globalisation en une inspiration artiste à la gloire de l’amour, cette conviction française ?

Mais je me demande : nos socialistes sont-ils encore français ? Ne laissent-ils pas cette identité ringarde au bas peuple ? C’est le même ineffable Hollande qui a réduit récemment la France à l’idée républicaine sans racines ni histoire, sans rien de plus que « l’apport de l’immigration ». S’il est indéniable, fait-il société ? Un abandon de plus qui montre combien le souffle du socialisme, né vers 1848 et chanté par Victor Hugo et Jean Jaurès, est bien mort sous Hollande, Aubry, Hidalgo et consorts.

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Partis extrémistes ou partis de gouvernement ?

Le choix est plus grave qu’il n’en a l’air : ce sont moins les programmes qui comptent (un catalogue de yakas) qu’un choix entre décision représentée et décision imposée. Nos institutions sont représentatives. Elles sont républicaines car demandent leur suffrage au peuple res publica = la chose publique). Mais sont-elles « démocratiques » (demos = le peuple) ? Oui si l’on accepte que le peuple soit représenté, non si la représentation ne donne pas le peuple en sa diversité. C’est ce que contestent les partis extrémistes, mal représentés dans les institutions.

Ils n’ont pas forcément tort – mais leur donner entièrement raison serait dangereux.

Car qu’est-ce que « le peuple » ? Deux conceptions s’affrontent : la somme des individus et la masse indifférenciée des citoyens. La Révolution de 1789 était clairement en faveur des individus, réputés rationnels donc autonomes, et porteurs de droits universels par eux-mêmes avant la race, la religion, la nation ou la famille. La république terrible de 1793 était clairement pour la masse, la « souveraineté nationale » étant un bloc au-delà de tout individu, traduit uniquement par ses représentants, eux-mêmes dirigés par une secte étroite autour d’un leader charismatique (Robespierre). Montesquieu contre Rousseau, la France n’en a jamais fini avec cet écart.

Montesquieu était pour les contrepouvoirs, afin que chaque individu puisse s’épanouir librement, dans le cadre de lois pesées, soupesée et contrôlées par des institutions séparées : les droits de l’Homme l’emportaient sur les droits du peuple citoyen.

  • Nos institutions actuelles sortent en grande partie de Montesquieu, elles se méfient des parts et des partis, elles privilégient le débat mais laissent la main à l’Exécutif.

Rousseau était pour l’enthousiasme fusionnel où les personnalités s’abolissent en un élan citoyen qui emporte toutes les différences : la mobilisation générale était constamment requise.

  • La VIe République de Mélenchon voudrait une Assemblée unique mobilisée en permanence, avec un Exécutif soumis et référendum révocatoire des élus.
  • Napoléon 1er puis III, Pétain puis Marine Le Pen, préfèrent un Exécutif tout-puissant, justifié par des assemblées à leur botte, elles-mêmes sous le contrôle d’un parti unique.

melenchon le pen

La modernité promeut l’individu ; elle cherche à le « libérer » de ses appartenances de naissance pour lui offrir le choix de sa raison. L’idée est que chaque être humain est doué d’une faculté de penser et que tout ce qui empêche son libre exercice est à mettre en lumière et contrôler. Ce que contestent les collectivistes de toutes obédience : les intégristes religieux pour qui la seule raison est celle des commandements de Dieu, les communistes pour qui les lois scientifiques de l’Histoire s’appliquent malgré l’illusion du déterminisme personnel, les jacobins robespierristes pour qui la volonté générale prévaut sur toute volonté individuelle (la générale étant exprimée soit par les braillements de la rue manipulée, soit par l’orchestration d’un parti efficace, soit par une mobilisation militante de tous les instants et à tous les niveaux).

L’idéal de l’individu moderne est celui de Karl Marx : l’épanouissement des potentialités humaines contre toutes les contraintes religieuses, politiques, sociales, alimentaires, voire biologiques. De fait, la libération des Lumières aboutit au libéralisme politique, puis au laisser-faire économique, enfin à l’individualisme libertaire des mœurs – voire à l’égoïsme libertarien du refus de l’État. Karl Marx, lorsqu’il appelait à libérer l’Homme était un libérateur libéral, libertaire et libertarien – puisqu’il pronostiquait la disparition de l’État. Une partie de la gauche conserve cet idéal, une autre veut l’imposer de force – toujours dans l’avenir – en assurant le viol de l’Histoire par quelques-uns. Or si l’Histoire est « scientifique », elle va à son pas et personne ne peut la forcer ; si le volontarisme politique force le changement, il est amené à vouloir immédiatement un Homme nouveau contre le Vieil homme qui résiste. Donc à changer la société par décret : ce que fit Pol Pot sans état d’âme, avec les conséquences qu’on sait.

Mais la gauche n’est marxiste en politique que comme elle est keynésienne en économie : ne prenant que ce qui justifie sa prise de pouvoir. Être « de gauche » est un tempérament qui est légitime ; c’est être pour la justice, la solidarité et le souci de l’avenir. Mais adhérer aux partis de gauche est une autre histoire ! La gauche française a été prête à tout pour obtenir le pouvoir : la terre aux paysans en 1789, les manifs en 1848, la grève générale et les attentats antisystème sous Napoléon III, l’inféodation à Moscou dès 1920, l’État-providence et sa nostalgie après 1945, enfin aujourd’hui l’aspiration écologique d’apaisement – vision du monde typique de pays vieillissant qui s’épuise à courir après la jeunesse.

L’extrême de la gauche a toujours été dans la surenchère et refusé tout compromis. La gauche normale est fraternitaire, d’inspiration chrétienne ; la gauche extrême est mystique, dans l’illusion lyrique de faire l’histoire et de changer l’homme. La gauche institutionnelle respecte le régime et admet que les élections renvoient ses représentants jusqu’à une prochaine fois ; la gauche extrême croit la souveraineté populaire équivalente à la souveraineté divine et veut imposer par la force la volonté générale (qui n’est la volonté que de quelques-uns).

Or la démocratie directe est une belle utopie, qui fonctionne en cité restreinte (Athènes, le thing viking en Islande, la Commune de Paris, la Suisse des référendums aujourd’hui). Les pays étendus et complexes ne peuvent fonctionner ainsi par consensus immédiat. Certes, avec l’Internet et le niveau éducatif, le parlementarisme traditionnel doit composer avec l’initiative populaire : sondages, études, blogs, média, comités de citoyens, associations, élections, référendums. Il est possible et souhaitable d’introduire plus de participation des citoyens aux institutions comme le préconise Pierre Rosanvallon.

Mais les professionnels de la politique installés résistent, voulant garder pour eux ce pouvoir qui les valorise. L’électeur français le constate : il est très difficile de limiter le cumul des mandats, de contrôler les fonds alloués aux députés, d’obtenir la transparence sur leurs patrimoines. L’élu, en France, se croit oint de Dieu, la fonction valant sacralité. Ce qui n’est guère démocratique… Si jamais les élus en question placent la volonté générale avant la légitimité du fonctionnement des institutions, si le volontarisme politique doit l’emporter sur les procédures qui garantissent tempérance et contrôle – vous comprenez vite quel danger existe pour la représentation du peuple.

La tyrannie démocratique de Robespierre n’est pas loin, pas plus que celle de Hitler, de Staline, de Mao, de Pol Pot ou de Khomeiny. Au nom du peuple, au nom du Bien (qui est soit la race, soit la classe qui doit accoucher de l’Histoire à venir, soit l’orgueil national, soit la pureté d’existence, soit les commandements de Dieu), la démocratie se transforme en chose du peuple inféodée à une croyance et à ses clercs. L’Iran est une république – mais islamique ; l’URSS aussi était une république, fédérative et populaire, tout comme la République populaire de Mao. Le peuple n’est en ce cas plus composé d’individus mais embrigadé dans la religion collective. C’est autrement dit un retour à cet Ancien régime qui imposait à un pays donné un roi, une foi, une loi et déclarait la guerre de religion à tous ceux qui ne se conformaient pas aux mœurs et coutumes du royaume.

melenchon et bachar el assad

Ce pourquoi Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sont à mettre dans le même sac. Malgré leurs différences de croyances, le résultat institutionnel est le même : j’veux voir qu’une tête ! L’instance derrière les institutions a, pour ces politiciens, tous les droits sur la société et sur l’individu. Une fois les leaders manipulateurs élus, les citoyens n’ont plus qu’à se taire, les élections seront trustées par les militants ; toute opposition sera éradiquée sans pitié comme anti-collective, contre le projet politique volontariste de la croyance, imposé par la force.

Jacques Julliard le montre admirablement : « A la lumière de la Commune de Paris, on mesure mieux qu’il ne s’agit que de deux modalités, l’une libérale, l’autre dictatoriale, de la même entéléchie : celle du pouvoir – c’est-à-dire la distinction des gouvernants et des gouvernés, le principe d’autorité appliqué à l’administration des hommes, le grand mensonge soigneusement entretenu, qui fonde la domination des politiques, des administrateurs, des patrons, des généraux, des juges, des prêtres, des intellectuels, sur la société tout entière » Les gauches françaises, p.303. La Commune de Paris était résolument CONTRE la dictature du prolétariat, CONTRE la représentation sans contrôle citoyen, CONTRE les professionnels de la politique qui sont très vite imbus de privilèges. Le citoyen d’aujourd’hui :

  • peut concevoir la professionnalisation de la politique – mais lutter pour qu’elle n’aille pas trop loin ;
  • accepter la représentation – mais assurée de contrôles (l’Assemblée par le Sénat, les lois par le Conseil constitutionnel, l’exécution du Budget par la Cour des comptes, la conformité au droit européen par la Cour de cassation, les droits de l’homme par la Cour européenne de justice, et les partis par les élections régulières) ;
  • mais il ne peut accepter la dictature partisane, qu’elle soit de droite ou de gauche, jacobine ou xénophobe.

On voit bien comment les professionnels de la politique peuvent confisquer la représentation nationale à leur profit pour assurer une dictature molle de leurs intérêts : c’est ce qui se produit en France, pays centralisé, endogamique, où les réseaux sont étroits et tenus, où les médias sont peu capables de faire un travail professionnel de vigilance et d’investigation. C’est aux citoyens que nous sommes de demander des comptes – en refusant surtout la surenchère des beaux-parleurs qui font sonner les grands mots pour préparer leur petit pouvoir personnel ! Garder le régime, mais le surveiller – l’extrémisme serait bien pire.

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Jean-Paul Galibert, Suicide et sacrifice

Jean Paul Galibert Suicide et sacrificeLorsque l’on m’a confié l’essai de Monsieur Galibert, je m’attendais à lire une analyse économique de la société. Il n’en est rien, l’économie n’est évoquée qu’en passant, dans un ciel des idées hors sol. Le capitalisme de l’auteur, agrégé de philosophie, a tout du bouc émissaire commode.

Il préfère l’appeler « hyper » capitalisme, parce que plus puissant, plus étendu et plus implacable que le simple capitalisme de papa (appelé ‘capitalisme rhénan’ il y a 20 ans par Michel Albert). Un hypercapitalisme comme réalité augmentée – autrement dit un fantasme de la caverne, pour parler en philosophe. Or, échafauder tout un système à partir de prémisses fausses est voué à l’échec.

Le livre se lit bien, sans jargon, ce qui est remarquable. Mais il fait le procès de la modernité plus que du système économique. Les entreprises ont toujours le même but : produire le plus et le mieux avec le moins (de capital, de salariés, de matières premières, de taxes, de coûts). Qu’y a-t-il donc de nouveau sous le soleil ?

De la globalisation, l’auteur ne retient que la pression financière des syndicats de retraités (fonds de pension, assurance-vie, plans d’épargne entreprise). Il croit que « l’entreprise la plus rentable est celle qui supprime le plus de salaires » p.17. C’est faux : l’entreprise la plus rentable est celle qui a su créer (par innovation ou marketing) un monopole temporaire : Sony, Apple, Toyota, Hermès, Société générale avant Kerviel… Évidemment soumis à défi par les autres, encouragés à faire mieux : Sony, BMW, etc.

L’auteur parle surtout de la France, limitant son analyse aux suicidés français, à la téléréalité française, au principe de précaution français (exception mondiale inscrite par les politiques – et pas par les entrepreneurs – dans la Constitution française). Or la France est le pays développé dont la production intérieure est le plus due à l’État : 56% du PIB global français… Parler des méfaits de l’hypercapitalisme pour un pays d’une telle puissance publique sonne assez étrange aux oreilles d’un économiste.

Il y aurait autre chose à dire que l’auteur sur les causes (bien réelles, et bien décrites) d’aliénation télévisuelle, de peur entretenue par le système médiatique, de mensonges politiques, de fermeture de soi, d’indignation stérile. Mais il s’agit là de politique et d’anthropologie, non d’économie.

Jean-Paul Galibert, qui est professeur, n’évoque en rien la débâcle de l’éducation – dite « nationale » pour faire collectif alors qu’elle se réduit au débrouillez-vous hyperindividualiste. Est-ce que ce sont les entreprises hypercapitalistes, les financiers aux doigts hypercrochus, les zélotes d’un complot hyperplanétaire qui ont fait de l’enseignement ce chaos où l’on n’apprend plus ni à écrire correctement, ni à s’exprimer à l’oral sans mots-valises, euh ! et borborygmes, ni à connaître un pourcentage ?

Ne serait-ce pas plutôt l’idéologie hyper68 issue des Foucault, Deleuze et Bourdieu qui a détruit la culture qui permettait d’exister ? Tous sont des intellectuels estimables mais caricaturés, amplifiés et déformés par les précieux ridicules des nouveaux salons médiatiques. Si « les ouvriers se suicident plus que les cadres » (et sont te tés par le Front national…), n’est-ce pas parce qu’ils manquent plus que les autres de repères culturels ?

Nombre d’enquêtes européennes ou OCDE pointent la sélection uniquement mathématique du système scolaire français, ses redoublements qui excluent, son système de notation qui enfonce au lieu d’aider (et que les notants refusent pour eux-mêmes, c’est dire !) – en bref le stress permanent de l’éducation publique à la française.

eleve stresse

Jean-Paul Galibert écrit un réquisitoire sévère sur la société que notre génération a créée. Il a raison, mais il lui manque la perspective internationale et la position critique vis-à-vis de notre pays. Se suicidait-on moins dans l’ex-URSS – pays anticapitaliste par excellence ? La France est étatiste, régie par le politique, formée par le système public. Quelle est la part du capitalisme dans ce système anthropologique ? Ce même capitalisme qui stresse beaucoup moins les travailleurs en Allemagne (leurs syndicats sont largement plus représentatifs que les nôtres), beaucoup moins les élèves au Danemark, en Suède ou en Finlande, beaucoup moins la société toute entière au Brésil ou en Inde (malgré les inégalités plus criantes qu’ici).

Si notre société française est « suicidaire », n’est-ce pas plutôt parce que son étatisme est devenu inadapté au mouvement démocratique ? Le taux de suicides au travail est plus élevé dans les ex-monopoles d’État (La Poste, France Télécom, Renault…) que dans les entreprises privées en France : n’y aurait-il pas là matière à question sur le système public réel plus que sur l’hypercapitalisme abstrait ? A comparer avec les pays de l’ex-URSS où l’on se suicide plus que partout ailleurs en Europe. C’est moins « la rentabilité » qui rend stressé que l’absence de repères et de projet d’entreprise : les fonctionnaires sont-ils aptes à dire où l’on va ? La hiérarchie administrative à le penser ? Le système politique à l’affirmer ? Du Président à l’employé du guichet, toute la construction est pyramidale, faite d’exécution, de règlements, de « je ne veux pas le savoir ». Est-ce adapté à la population d’un pays développé au XXIème siècle ?

Au contraire, que le professeur Galibert se rassure, les Français aiment bien certaines entreprises : c’est le cas de Leclerc, d’Yves Rocher, d’Airbus, de Michelin, d’Auchan, de Danone… J’y vois l’attachement à un capitalisme « traditionnel » dans la culture française, l’entreprise de type familial, soucieuse des salariés et des consommateurs, qui ne fait ni de la technique pure (Concorde, invendable), ni de la finance pure (McDo, invivable), mais a le souci du durable (travailleurs performants, production adaptée et solide, coûts maîtrisés, insertion dans la collectivité). Ce que le rapport Gallois prône d’ailleurs.

Je l’appelle « capitalisme asiatique » dans mon étude sur la Gestion de fortune, parce qu’ l’idée du service au client d’abord est née au Japon, en Corée, en Chine, avant d’être envisagée aux États-Unis et en Europe. Le capitalisme rhénan est obsolète, féru de technique avant tout, il consomme trop et coût trop cher ; le capitalisme financier anglo-saxon a explosé en vol en 2007 (après le krach des technologiques en 2000 et celui des bilans comptables en 2002). Reste l’asiatique, qui rejoint les préoccupations de développement durable et d’ancrage social : Apple, Volkswagen, Danone, Samsung sont quelques exemples. Il y en a beaucoup d’autres parmi les PME (comme les Laboratoires Urgo à Dijon).

La démocratie a toujours encouragé l’individu au détriment de ses déterminants biologiques, familiaux, sociaux et religieux ; mais l’épanouissement individuel, signe de sa liberté, ne va pas sans stress car il exige la responsabilité. Notre système éducatif, notre État, nos familles, préparent-ils aussi bien qu’ailleurs les enfants à ce changement anthropologique ? Peut-être est-ce là, et non dans le fantasme imaginaire d’un concept d’hypercapitalisme sorti de toute application concrète, que l’intellectuel critique devrait creuser.

Il manque notamment de perspective d’avenir ou d’observation même du présent : qu’en est-il de ces presque 50% des consommateurs que pointent les enquêtes ? Les désabonnés qui n’ont pas envie et vivent difficilement (14% des Français) et les désabusés qui vivent confortablement mais n’ont pas plus envie (25%) ? Tous se mettent « en retrait » de la société actuelle (refusant plus ou moins Internet, la télé, le mobile, le vote, la pub, les supermarchés, la consommation, l’« art officiel » des festivals, etc.) ? Qu’en est-il de la perspective écologique (hors du parti arriviste), comme nouvelle harmonie homme/environnement ?

Mais surtout : quelles alternatives nous propose l’auteur pour sortir de l’inexistence ? La révolution ? L’indignation ? Le professorat ? Le livre fait penser, c’est indéniable, mais je me demande si Suicide et sacrifice, ne serait pas le nom réactualisé d’Orgueil et préjugés.

Mais peut-être ai-je mal compris ? Je ne suis pas opposé au débat.

Jean-Paul Galibert, Suicide et sacrifice – Le mode de destruction hypercapitaliste, novembre 2012, Nouvelles éditions Ligne, 85 pages, €12.35

L’auteur de cette analyse a travaillé trente ans dans la banque comme analyste crédit, conseiller de clientèle, gérant de patrimoine, directeur de SICAV, analyste financier, stratège et directeur de la recherche financière. Il est aujourd’hui enseignant, chroniqueur, et a écrit ‘Les outils de la stratégie boursière‘ (2007) et ‘Gestion de fortune‘ (2009).

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Redmond O’Hanlon, Atlantique nord

Qui connaît en France Redmond O’Hanlon ? Pas grand monde assurément, alors que le bonhomme est célèbre en Grande-Bretagne, une émission de télévision lui a même été consacré en plusieurs épisodes. Né en 1947 dans le Dorset, c’est un « littéraire », docteur en littérature du XIXème siècle avec une thèse intitulée ‘Les changements du concept de nature dans le roman anglais, 1850-1920’. Mais c’est un littéraire passionné de science, il a été 15 ans rédacteur en chef de la rubrique histoire naturelle du Times Literary Supplement.

Écrivain-voyageur, il explore des contrées sauvages juste pour en ramener des souvenirs littéraires. Plus absurde qu’un Anglais, on ne fait pas. Il pénètre au cœur de Bornéo pour apercevoir les derniers rhinocéros de Sumatra, dont on n’est pas sûr qu’ils existent encore. Sur le rio Negro, il erre à la recherche d’une jonction possible entre bassin de l’Amazone et bassin de l’Orénoque. Au Congo, il n’hésite pas à chercher des dinosaures toujours vivants ! Il décline ces aventures en livres drôles et bavards, emplis de faits réels puisés dans les observations comme dans les ouvrages scientifiques des naturalistes. Tout cela sur le ton l’air de rien de Jerome K. Jerome, immortel auteur d’humour (Trois hommes dans un bateau, Journal d’un touriste, Mes enfants et moi…)

Atlantique nord’ ne fait pas exception à la règle. A 50 ans, sous le regard intéressé de son fils Galen (10 ans) et de sa fille Puffin (13 ans), le voilà à faire ses bagages – sans rien de vert (superstition des marins – pour embarquer sur un chalutier à destination du nord Atlantique. Un vent de force 12 est prévu pour les jours suivants. Il sera malade, privé de sommeil, soumis au travail d’éviscération des poissons… Mais connaîtra ce monde étrange et exclusivement masculin des marins pêcheurs qui doivent chaluter par tous les temps pour rembourser le bateau, le sonar, le radar, le filet.

Il échangera des données naturalistes avec Luke, pré-doc en biologie marine qui voudrait bien se marier et habiter un « cottage viking » mais ne peut quitter les vagues. Il parlera métaphysique avec les rustres sympathiques qui bossent jour et nuit, ne revenant à terre que pour se saouler, baiser et se foutre sur la gueule. Il découvrira des espèces inconnues, ramenées des abysses, et apprendra les noms commerciaux des poissons bizarres que l’on pêche faute de morues. Telle la laide baudroie des grands fonds ; ou la myxine, bête préhistorique.

C’est plein d’humour, plein d’enseignements, et torrentueux comme le discours d’un Anglais bourré. Le lecteur appréhende concrètement la stupidité écologique des quotas de pêche imposés par les fonctionnaires de Bruxelles, qui édictent sur rapports sans avoir jamais mis le pied sur un bateau. « C’est un gâchis, un terrible gâchis… Si seulement nous pouvions être gouvernés par les Islandais ! Alors, nous pourrions contrôler et gérer les mers qui nous appartiennent, jusqu’à 200 milles des côtes. Si on se débarrassait de ces quotas absurdes, nous pourrions conserver nos stocks de poissons et découvrir le secret du cycle vital de ces raies, protéger les femelles et les jeunes… » p.464. Car le règlement écolo est implacable : pas de quota, pas d’autorisation ! Donc on rejette à la mer – mort – tout ce qui n’entre pas dans la liste bureaucratique. Et tant pis pour les 150 raies prises dans le chalut… O’Hanlon évoque la bêtise des ayatollahs écolos comme Flaubert celle des bourgeois de son temps.

Tout est vécu, tout est vrai, tout est nature. C’est à lire !

Redmond O’Hanlon, Atlantique nord (Trawler, A Journey through the North Atlantic), 2003, Folio 2011, 511 pages, €7.69 

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Je veux devenir moine zen !

Il avait huit ans, le petit garçon, lorsqu’il a déclaré cela à son père. Qui est tombé des nues ce dimanche matin là, au début du printemps. Être moine zen, c’est renoncer à la vie normale, préférer la méditation, dépasser la dualité, s’anéantir en nirvana à terme dans le grand tout, en aidant les autres avant. En bref, la voie de l’ascétisme : pas de femme, pas de désirs, une existence frugale.

Le gamin avait pris l’habitude d’accompagner son père aux séances de zazen, cette méditation en tailleur sur un thème défini par l’abbesse du temple, avant le déjeuner communautaire. Il était turbulent et sa mère accusait le père de ne pas s’en occuper assez. L’enfant jouait, imitait les adultes, ne pouvait pas tenir longtemps la position. Qu’importe : il aimait ça et, avec les années, s’est accoutumé. A douze ans, il méditait une heure ou deux en tailleur comme un grand.

Et il n’avait aucunement changé d’avis : « Je veux devenir moine zen ! ». Il a douté à la puberté, en même temps qu’il ouvrait son col d’uniforme, sortait des magazines pornos de son cartable et cassait le talon de ses chaussures de sport pour les porter comme des mules. Classique rébellion adolescente. Il est même devenu chef de bande pour tabasser les élèves du collège voisin. Ses parents envisagent de le changer de collège et en parlent à l’abbesse. Celle-ci a de l’intuition et même les animaux viennent en confiance auprès d’elle.

Le jeune garçon n’est pas sûr de sa vocation parce qu’il sent que ses parents ne le croient pas capable de s’y faire. Mais l’abbesse croit en lui et c’est ce qui le décide. Rien de tel qu’une personne extérieure aux parents pour orienter la jeune pousse et lui servir le temps qu’il faut de tuteur. Ryôta décide lui-même de confirmer sa décision d’enfant et devenir moine. A quatorze ans, la tonsure. Elle le distingue des autres garçons au collège, mais ne font pas de lui un paria. La voie noble n’est pas donnée à tout le monde mais n’est aucunement moquée au Japon.

De dernier de la classe dans le collège précédent, le garçon reconquiert des places. Il sait ce qu’il veut et, conscience apaisée par le but, s’intéresse au travail. L’abbesse lui sert de parent, allant même jusqu’à l’adopter en lui donnant son nom, comme c’est la coutume. Elle ne s’intéresse absolument pas à ses notes mais reste ferme sur l’objectif long terme : rien de tel pour que l’adolescent ne se sente pas contraint et qu’il  travaille de lui-même pour devenir ce qu’on attend de lui. Avis aux parents trop obsédés de notes régulières à court terme !

Le garçon deviendra moine parce qu’il l’a voulu, et peut-être parce que tel était son destin dans le grand mouvement du monde. Mais cela implique une série de ruptures douloureuses pour tout le monde. Ryôta doit changer de prénom pour devenir Ryôkai-san ; il doit changer de nom de famille pour être adopté par l’abbesse du temple qui en fera son successeur ; ses parents doivent renoncer à tout droit sur lui, y compris celui de lui parler durant trois ans. Quand on a seize ans, c’est dur. Peut-être moins pour le novice lui-même, qui croit en sa vocation, que pour son entourage : sa mère qui l’a mis au monde pour qui il est comme mort, son père qui a enclenché l’engrenage et se demande s’il a pris la bonne suite de décisions, sa sœur qui l’imitait en tout bien que le chamaillant, les voisins et parents qui ne comprennent pas le renoncement au monde.

L’attrait de ce petit roman contemporain est celui des contes. Écrit simple, il délivre des leçons comme des koans zen, ces textes à méditer pour comprendre le sens de l’existence. Regarder ce qui est à ses pieds est l’essence du zen, est-il calligraphié dans le temple. Le gamin est turbulent et vole des gâteaux chez les voisins ? « C’est parce qu’on leur interdit de faire ceci ou cela que les enfants se mettent à faire les quatre cents coups, dit l’abbesse. Je suppose qu’on lui fait manger des choses bonnes pour les lapins, du genre diététique, esthétique, écologique, et je ne sais quoi encore. C’est quand un enfant en pleine croissance ne peut pas manger chez lui ce qu’il aime qu’il va ailleurs et prend ce qui lui fait envie ». Se prendre par le bout du nez et regarder en bas, à ses pieds, au fond c’est ça le zen. Tout le reste est illusion : les liens, les craintes, les espoirs, les peut-être, les « et si »…

Un petit livre grave sous ses airs facétieux.

Kiyohiro Miura, Je veux devenir moine zen !, 1988, Picquier poche 2005, 143 pages, €5.70

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Élucubrations écologiques polynésiennes

Une société de la place, à Tahiti, cherche à acheter des rori cuits et congelés. La technologie de traitement est fournie, l’équipement est payant. Si vous avez un intérêt dans ce commerce voici les tarifs offerts : Rori titi 1000 FCP le kilo ; Rori anana 1000 FCP le kilo ; Rori récif 300 FCP le kilo ; Rori vermicelle 300 FCP le kilo. Rappel : le rori est une holothurie. Et le FCP est le Franc Pacifique. Bonne chance à tous ceux qui sont intéressés !

Le ministre de l’agriculture du Fenua veut répandre son usage car le vétiver a mille vertus. Connu surtout par sa fragrance, il est désormais reconnu pour ses nombreuses applications. Ses racines plongent jusqu’à 6 mètres de profondeur. Voilà un moyen naturel (bio, écolo, divin, ce que vous voulez…) pour freiner l’érosion des sols, surtout dans l’archipel des Marquises. Ces terres pourraient servir à la culture d’arbres fruitiers (s’ils étaient ensuite plantés, entretenus, récoltés, expédiés…). Mais cet herbacé vétiver peut fournir également un excellent fourrage. La plante peut atteindre 2 m de haut et possède la faculté de pousser dans un environnement salin. Peu cher, se multipliant rapidement,  le vétiver sera-t-il la panacée aux maux dont souffre la Polynésie française ?

Un enfant de 11 ans a mis le feu à son fare… parce que sa mère ne le gâtait pas assez. Le feu a détruit un autre fare et un habitant en colère a frappé au visage un mutoi (flic). Le feu donne chaud dans la société de consommation locale où tout est dû.

Vous connaissez cet atoll de Tetiaroa, à quelques miles de Papeete et ancienne propriété de l’acteur Marlon Brando. Une association, Conservation Tetiaroa, recherche dans toute la Polynésie des plantes qui étaient présentes sur l’atoll et qui ont disparu. Tetiaroa est le seul atoll des Iles du Vent et ses 6 km2 sont rattachés à la commune de Arue. Par temps clair, des hauteurs de Tahiti on distingue nettement Tetiaroa. C’est un lagon de 7 km de diamètre cerné de 13 motu. Ce fut également la résidence d’été, jadis, de la famille Pomare (reine du pays). Cherchant ses mutins déserteurs, le capitaine Bligh l’avait découvert en 1789. En 1962, durant le tournage du film ‘Les Mutinés de la Bounty’, Marlon Brando tombe amoureux de l’endroit et en 1965 négocie un bail emphytéotique. Il est devenu ainsi « propriétaire » de Tetiaroa pour 99 ans. En 2012, ouverture prévue de l’hôtel The Brando qui « serait le plus écologique au monde » d’après les concepteurs du projet. A surveiller !

C’est les rats (scélérats !) qui ont eu raison des plantes de Tetiaroa. Il semble que deux des plantes typiques de ces rivages polynésiens aient été retrouvées : le ‘Ofai (Sesbania coccinea subsp.atollensis var. parkinsoni) arbuste endémique des îles de la Société, et le Rama (Ximenia americana var. americana) arbuste indigène en Polynésie française trouvé uniquement dans les îles de la Société et des Tuamotu. Menacées dans leur milieu naturel en raison des rats, de la coprah-culture, de l’urbanisation du littoral, de certaines activités touristiques, de la perte des savoirs culturels, de la perte du savoir de l’utilisation des plantes…. Encore présent en 1973 à Tetiaroa, l’Ofai a complètement disparu depuis, il était encore en 1983 sur l’atoll de Tupuai. Le Rama donne des fruits comestibles. Il est très rare, mais peut être trouvé dans quelques sites littoraux de Bora Bora. Sauvez, sauvez ce qui peut encore l’être mais pressez-vous !

Aujourd’hui, 80% des granulats utilisés dans la fabrication du béton proviennent du lit des rivières ou des abords. Bien qu’une délibération officielle interdise l’extraction dans les cours d’eau, la direction de l’Equipement a accordé au fil du temps des dérogations. Le CESC, en 2010, remarquait que seuls 225 779 m3 d’agrégats étaient autorisés mais que 758 000 m3 ont été extraits sans compter les volumes qui ont « chappé » (échappé en langage local) à tout contrôle et ceux qui n’ont pas été déclarés. Les conséquences écologiques sont dramatiques. Plus on creuse le lit d’une rivière, plus le courant augmente, plus les berges se creusent et deviennent instables. Les lieux de ponte des poissons et des crustacés sont détruits. Si au fond du lagon se dépose un millimètre de terre, 90% des organismes (oursins, algues, éponges) sont tués. Il faudrait agir, vite, vite, vite… mais en Polynésie on ne se presse que très lentement ! [Surtout pour l’environnement. Mieux vaut le fric tout de suite pour consommer tout de suite que le paradis d’équilibre qui fait partie du mythe occidental. Suicide lent par dépression coloniale ? – Argoul]

On ne se presse jamais… sauf pour faire la fête. Au milieu de tous ces militaires qui défilaient sur les Champs-Élysées le 14 juillet dernier à Paris, il y avait 280 stagiaires et bénévoles des trois océans et parmi eux 32 Polynésiens ont battu le pavé. Le puissant hakka de l’équipe militaire de rugby faisait vibrer les spectateurs. Originale, la démonstration de force des jeunes Pacifique !

Et sauf pour l’accueil. Le 22 juillet à 0h05, les Australiens ont débarqué : viva Australia ! J’ai préparé les chambres ; 60 litres d’eau Vaimato attendent d’éponger leur soif ; 5 kilos de papayes espèrent être dévorées ainsi que 3 kilos de bananes; 5 pots de confitures de goyaves et de jacquier dans le frigo ; il y a aussi un grand sac de cocos verts (excellents pour nettoyer les reins). Vous pensez que nous attendions un avion complet d’Australiens ? Pas du tout, seulement deux couples ! David, Rob et leurs femmes respectives. Oui, le conducteur de notre camion-bus et son assistant lors de nos voyages en Australie. J, le frère de David a tout vu en grand …

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