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Crimes de lèse-majesté en Polynésie

Le fenua consommerait de la mangue importée alors que le fruit abonde en Polynésie ? Il paraît qu’une grande surface proposait de la mangue congelée importée ! Pas de filière organisée comme pour l’ananas ! Et puis il y a la mouche des fruits, une peste pour la culture de ce fruitier. Les têtes pensantes parlent de lâchers de micro-guêpes. L’an passé notre récolte avait été très abondante, cette année nulle. Les poules ont colonisé le manguier, se sont régalé des petites mangues et nous ont laissé les noyaux bien nettoyés à ramasser !

Oscar Temaru, maire de Faa’a, veut transformer le plastique en carburant. Eh oui ! ça c’est une idée géniale. Deux inventeurs japonais sont venus présenter leur machine qui permet cette transformation. Le maire voudrait acquérir une de ces machines cette année ; un investissement de 31 millions de XPF pour l’achat de cette merveille qui traiterait 200 kg de déchets plastiques par jour. Pour ceux qui connaissent la décharge de Faa’a… il n’y aura pas de chômage !

gamin blond torse nu tahiti

Un déficit migratoire important : 7 750 personnes en moins sur le territoire ! Entre 2007 et 2012, ceux qui quittent le fenua sont des jeunes, un migrant sur cinq est âgé de moins de 25 ans mais aussi des migrants âgés de 60 ans. Des explications possibles : chez les 20/29 ans on peut expliquer les départs pour la poursuite d’études, la recherche de travail, le choix d’une carrière militaire. Pour les plus de 60 ans, la réforme des retraites en Outre-mer, l’instabilité politique, le sentiment d’insécurité sont les raisons des départs.

Faisant suite à la visite en Chine du Président Flosse, des ingénieurs chinois sont venus en prospection. Il s’agirait de réaliser le site Maeva Beach Punaauia (hôtels, casino, etc), la voie rapide Papeete-Presqu’île, le  port de Faratea (Presqu’île), les aéroports de Tahiti et Bora Bora, l’aérodrome de Ua Pou (Marquises). Les Chinois ont visité les lieux et devront plancher sur les réalisations. Question moni ? « C’est un financement aux entreprises chinoises par la banque de développement. C’est un peu leur système à eux. Ils se remboursent avec la gestion ou l’exploitation des établissements qu’ils créent annonce Président Flosse ».

Questions terres : le gouvernement Flosse voudrait acheter Ainapare (Papeete) à côté du parc Bougainville ; le site de l’ancien hôpital Mamao (Papeete) est dans le collimateur aussi ; l’ancien centre artisanal à Tipaerui (Papeete) est récupéré ; Bel Air et Outumaoro (Punaauia) sont récupérés ; Atimaono (Papara) est récupéré ; à Moorea (Haapiti) on a la volonté d’acheter l’ancien Club Med ; la route traversière Papenoo/Mataiea on a la volonté d’acheter aux riverains ! Certaines mauvaises langues disent le projet de voie rapide Papeete-Taravao ressuscité. Ce que les gens sont méchants ! Ce nouveau projet pourrait être remboursé aux Chinois grâce à des péages et sera retracé pour éviter de toucher aux habitations ! Élections municipales bientôt. Le choix est-il déjà fait ?

roi pakumotu

Le roi autoproclamé de la république Pakumotu a été condamné en correctionnelle à six mois de prison ferme pour avoir imprimé et mis en circulation les désormais célèbres patu ! Le souverain était absent à son procès. Son porte-parole a déclaré caduque la décision du tribunal. Le « Président » Hoffer (le taxi sérial-procédurier) s’est affiché soutien du roi Athanase. Il détiendrait des patu lui-même. « J’en ferai peut-être une publicité : Taxi René, patu acceptés pour les pourboires ».  Tout va bien, inutile d’acheter des places de théâtre, ici nous avons tout ce qu’il faut.

Hiata de Tahiti

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Être malade à Tahiti

J. est malade, il souffre le martyre depuis plus de huit jours, ne peut plus se lever sans hurler de douleur. Nous avons réussi à le faire hospitaliser en utilisant l’ambulance des pompiers, les routes sont une torture de plus pour le dos de J. Les quelques kilomètres séparent son domicile de l’hôpital ressemblent à la montée au calvaire. Des larmes pointent de ses yeux, ses doigts se crispent sur le brancard. Enfin dans un lit avec une poche de morphine. Ses nerfs lâchent, il craque et éclate en sanglots. L’hôpital, ici en Polynésie, est un lieu très particulier. On y entre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, on bise les infirmières et les aides-soignantes qui sont cousins avec les malades. Ce matin, V. préoccupée part à 3 heures du matin rendre visite à son frère de lait. Ici, à la presqu’île, c’est le bout du monde. Chut ! Ne le dîtes pas car il paraît que dans le nouvel hôpital du Taone, c’est très strict… ouille, ouille, ouille.

C’est fait. Hier, avec V. nous avons parcouru les couloirs, les halls, les parkings du nouvel hôpital à la recherche du service de réanimation où se trouvait une connaissance de V. L’immeuble gigantesque en forme de nef de bateau est magnifique mais les indications pour trouver les services laissent à désirer. Durant un quart d’heure nous avons arpenté les lieux, questionné les infirmières, les malades rencontrés… pour finalement utiliser le téléphone portable et qu’on vienne nous chercher ! Quand nous sommes arrivées enfin, le malade était en soins car il avait arraché toute la tuyauterie qui le reliait aux machines.

Le manguier (vi popaa ou mangifera indica) fut introduit pour la première fois à Tahiti en 1848 par M. le contre-amiral Le Goarant de Tromelin. Les indigènes avaient remarqué la ressemblance de ses fruits avec ceux de Spondias dulcis (Vi Tahiti ou Pomme Cythère) ; ils les baptisèrent donc Vi Popa’a (Vi étranger), ce nom a été conservé. Les principales variétés de mangues récoltées à Tahiti sont pour les mangues greffées : la mangue Mission ; pour les mangues non greffées : atoni, huehue, maaro, ohurepio, opureva, painapo, tuea, tutehau. Déjà je vous avais parlé des mangues atoni d’E : une odeur merveilleuse mais beaucoup de fibres ; des mangues ohurepio de V. qui sont pour moi les meilleures ; et pour faire du pur jus de mangues pour notre malade J. nous avons décidé d’aller ramasser des mangues huehue. Deux énormes manguiers se trouvent dans le cimetière du haut. Nous nous étions munis de seaux. Arrivées sur place, il y avait des ouvriers qui travaillaient dans le cimetière.

V. me dit : « moi je vais aller parler et distraire les ouvriers pendant que tu seras ainsi libre d’emplir les seaux de mangues. Ils pourraient se demander ce que je fais tandis qu’une popa’a qui ramasse des mangues ne leur paraîtra pas bizarre… » Ainsi fut fait ! De retour à la maison, épluchages des mangues huehue… j’ai tiré 4,5 litres d’un succulent jus dont nous nous sommes régalés.

A 6 heures du matin départ pour l’hôpital nous portons à J. ce jus de mangues tout frais. L’histoire a déjà fait le tour des familles proches ! La mangue est une source de carotène (provitamine A), d’acide ascorbique (vitamine C) et de vitamines du groupe B. Le manguier est également une plante médicinale : la peau du fruit mûr a des propriétés antihémorragiques ; le noyau contient une amande amère, astringente, riche en acide gallique ; l’écorce du tronc, riche en tanins, est utilisée, en décoction pour faire des injections anti-leucorrhéiques ; la résine noire qui exsude du tronc, mélangée à du jus de citron, est employée en frictions contre la gale ; et en Polynésie le tronc est très apprécié pour la construction de pirogues. Mais pour tailler votre pirogue attendez un peu que l’arbre grandisse !

Hiata prend congé provisoirement, rendez-vous fin janvier.

Ia ora na i teie Noera e ia maitai’ i teie matahiti ‘api 2011

Hiata

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Par creux et vagues à Tahiti

Du 10 au 12 novembre était la 19ème édition de Hawaiki Nui. C’est une course va’a (pirogues) de 130 km en 3 étapes : Huahine-Raiatea, Raiatea-Taha’a, et Taha’a-Bora Bora. Course de notoriété internationale puisque cette année encore, elle a accueilli plusieurs équipes étrangères.

Le départ est donné à 7h30 à Fare, chef-lieu de Huahine. D’habitude petite ville tranquille, lors de Hawaiki Nui le front de mer s’anime, vibre aux rythmes du pesage des va’a et des préparatifs.

La première étape conduit les rameurs au port d’Uturoa, ville principale de Raiatea. Les jeunes (Taure’ a) et les femmes (Vahiné) concourent chacun sur un circuit de 24 km juste après l’arrivée des séniors.

La deuxième étape, départ 9h, direction Tahaa. A peine 26 km pour les rameurs, c’est un sprint entre va’a. Les rameurs longent la côte ouest de Tahaa faite de baies échancrées. L’arrivée se juge au port de Patio, sur le versant nord du volcan. Taha’a produit les plus exquises des vanilles du monde.

Mais pas le temps d’aller visiter les vanilleraies de Taha’a, les rameurs se concentrent pour la dernière étape, celle qui les mènera à Bora Bora.  Il faut mériter les eaux cristallines du lagon ! L’arrivée des va’a s’achève sur le turquoise, le long de la plage de Matira, entre une haie de spectateurs qui n’hésitent pas à se jeter à l’eau.

Tous ceux qui ont vécu cette course sont unanimes à dire que la fin de course est un instant magique. Si les rameurs n’ont guère le temps d’admirer le paysage, de festoyer et de s’amuser aux escales, il n’en est pas de même pour les suiveurs et les touristes. Puisque le tourisme en Polynésie est fort souffrant, pourquoi ne pas proposer de suivre cette course avec, aux escales, des visites : la tournée des marae à Huahine, l’escalade du plateau Te Mehani Rahi à Raiatea, le monde de la vanille à Taha’a et une plongée ou un « snorkelling » dans le lagon de Bora Bora ? J’oubliais, les vainqueurs, comme l’an passé, ce sont les gars de l’OPT (P et T polynésiens).

Les six piroguiers de Shell  Va’a remportent la course de Molokai pour la 5ème fois consécutive. Sept équipes tahitiennes se placent dans le top 13 des 120 équipages. La pirogue O Tahiti Nui Freedom affronte des vents de près de 200 km/h et une houle de 6 m du typhon « Chaba » au nord des Philippines.

A Tahiti, tournage du film de Mathieu Kassovitz « L’ordre et la morale » dans les rues de Papeete et dans l’ancien hôpital Vaiami transformé pour l’occasion en gendarmerie. La ministre M-Luce Penchard déclare à son départ de Papeete que les jeux des hommes politiques de Tahiti lui donnent « mal à la tête ». Bénédiction du nouvel hôpital du Taone lors d’une cérémonie œcuménique en l’absence de Gaston Flosse, « père du projet ».

Météo France évalue le risque de cyclone à 24% pour la saison chaude dans laquelle nous sommes entrés. Il pleut, il pleut bergère, rentre tes blancs moutons. Ah ! cela n’a rien à voir avec le crachin breton. C’est un déluge qui dure des jours et des nuits sans arrêt. Un exemple, dans la maison ce jour, 28°6C, 83% d’humidité tandis que les gouttes ont masqué la montagne, plombé le ciel, que les coqs se sont tus et que tombe la pluie. Presqu’un temps cyclonique. Et aïe, les douleurs articulaires.

Matari’ii ni’a sont le lever des Pléiades, signe d’abondance. Les arbres généreux ploient sous le poids des fruits. Les mangues pullulent en ce mois de novembre. Après les abiu, les pommes-étoiles, voici les mangues. Alors plutôt que de les laisser pourrir, cartons de fruits pour ceux qui se présentent à la porte, fruits au petit-déj, salade de fruits au déjeuner ou au dîner… Certains fruits chutent pour le plus grand plaisir des merles, poules et coqs. D’autres sont attaqués à même l’arbre. Les volatiles ont une technique pour consommer les fruits tombés. Ils consomment la pulpe et ne laissent que peau et graine (noyau), voyez le travail des artistes, virtuoses du bec.

Le manguier de V. n’en peut plus, ses branches ploient sous le poids des fruits. Alors, c’est mangues tout le jour, sous diverses formes : tanches de mangues, mangues en salade, mangues en jus. Je vais passer la fin de semaine chez E. J’emporte un carton de mangues ‘Ohure Pi’o’ (cul tourné).  Quand je débarque chez E. avec mes mangues, sa cuisine regorge de mangues ‘Atoni’, certes une autre race – mais quand même ce sont toujours des mangues !

Désolée de ne pas vous en apporter, mais vous habitez un peu trop loin.

Nana, au plaisir.
Hiata

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