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Destination Graceland de Demian Lichtenstein

Prenez le mythe d’Elvis Presley, ajoutez un casse de casino, saupoudrez de scènes de baise torrides et d’une fille accrocheuse, pimentez juste un brin d’un gamin déluré – agitez et faites tirer et sauter à gogo : et vous avez « le » film qui cartonne au box-office. Les beaufs yankees sont ravis, les critiques intellos beaucoup moins.

Michael Zane (Kurt Russell) qui ressemble à Elvis, est récemment sorti de tôle pour braquage raté. Sa route le conduit dans sa voiture rouge elvisienne dans un motel du désert du Nevada, où un gamin de 12 ans, Jesse (David A. Kaye, né en 1988) tente de lui voler un masque d’écrou sur une roue. Il le poursuit jusqu’à trouver sa mère, Cybil Waingrow (Courteney Cox), « Cybil avec un C », qui tombe raide dingue de sa virilité et se donne avec transports. Jesse en profite pour pénétrer dans la chambre où les corps nus pilonnent le lit, et piquer 20 $ dans le portefeuille de l’amant de sa mère, afin de s’acheter une panoplie de cow-boy.

Le lendemain de cette nuit torride, quatre hommes viennent récupérer Michael : Murphy, Hanson, Gus et Franklin. Ils se sont déguisés en Elvis pour feindre de participer à une convention sur le chanteur fétiche au casino Le Riviera de Las Vegas. Le timing est mauvais, l’ascenseur n’est pas bloqué à temps, l’hélicoptère piloté par Jack (Howie Long) qui doit les récupérer a du retard, le groupe de braqueurs doit affronter la sécurité. C’est alors le premier grand guignol de la fusillade durant l’évasion. Franklin (Bokeem Woodbine) est tué, et son corps balancé depuis l’hélico pour faire le ménage ; pas grave, c’est le seul Noir de l’équipe. Aucun respect pour les accessoires.

De retour au motel, Hanson le persifleur (Christian Slater) ne voit pas pourquoi on en partagerait pas la part du mort entre eux tous, c’est la logique. Mais Thomas Murphy le psychopathe (Kevin Costner) n’est pas de cet avis : il n’aime pas Hanson et se plaît à imposer aux autres sa volonté. Il descend Hanson qui l’a menacé. Michael cache le gros sac de dollars dans le faux-plafond, cache habituelle de Jesse qui aime bien piquer des choses, comme le dit sa mère. Le gamin, futé, a tout vu. Il admire les malfrats et joue avec ses revolvers de pacotille. Il faut aller enterrer Hanson dans le désert, dans la voiture rouge de Michael. Murphy n’avait nulle intention de partager les 3 millions de dollars et il descend Gus (David Arquette) et Michael. Au retour pour récupérer le fric, il percute un coyote sur la route, fasciné par les phares, et s’écrase en contrebas de la route, assommé par le choc.

Michael, pas bête, portait un gilet pare-balles et n’est pas mort. Au motel, l’argent a disparu et c’est forcément Jesse. Il fait irruption chez Cybil et le retrouve, puis lui donne 100 000 $ pour qu’elle oublie tout. Mais elle, ce qui l’intéresse n’est pas l’argent, mais le mec : elle refuse et Michael doit finalement emmener Cybil et Jesse avec lui vers le nord dans la voiture de sa grand-mère. Il est convenu de passer la frontière canadienne après avoir changé les billets forcément marqués auprès d’un receleur dans l’Idaho, qui va prendre sa commission de 40 %. Il y a pour cela un mot de passe, écrit sur une carte dans le portefeuille de Michael. Mais celui-ci ne peut pas la fermer et dit tout à Cybil. Laquelle en profite pour voler le portefeuille de Michael (telle fils, telle mère) et s’enfuit dans la voiture. Michael se retrouve avec le gosse et sans un rond. Il vole un SUV et commence à trifouiller le moteur pour le mettre en marche quand Jesse, tout simplement, trouve la clé de contact. Pour faire de l’essence, Jesse toujours futé, vole à son tour le portefeuille d’un gros beauf. Michael sait où aller pour retrouver Cybil : chez le receleur.

Dans le même temps, Murphy s’est remis et réalise que Michael a pris l’argent. Il le poursuit dans l’Idaho avec la voiture rouge de Michael. Cybil a appelé le receleur Jay Peterson (Jon Lovitz) avec un mot de passe trouvé dans le portefeuille de Michael. Murphy se présente chez le blanchisseur avec le même mot de passe. Peterson explique que Cybil a appelé en premier, alors ils l’attendent. Lorsque Cybil arrive, elle prend Murphy pour Peterson, mais le psychopathe l’a descendu avec son assistante. Lorsque Michael et Jesse arrivent, ils trouvent les corps de Peterson et de la fille, que Jesse veut voir pour savoir s’il s’agit de sa mère. Jesse devine que Murphy a la voiture de Michael et, malin, lui dit que puisque c’est sa voiture que conduit Murphy, il peut la déclarer volée. La police l’arrêtera. Pas bête ! Murphy est en effet arrêté à un contrôle, mais Michael aussi, qui a lui même piqué un SUV. Ils se retrouvent dans la même prison du comté et se vannent, tandis que Jesse paye un avocat pour la caution de sortie de Michael. Murphy, de son côté, téléphone à Jack, le pilote d’hélico, pour qu’il fasse de même.

Michael récupère sa voiture rouge et trouve Cybil ligotée et bâillonnée dans le coffre, ainsi que deux fois plus d’argent : celui du casse plus celui que devait donner en échange le receleur, que Murphy a volé avant de le tuer. Il décide de se séparer de ce véhicule trop voyant et en loue un plus discret pour Cybil et son fils. C’est le moment de se séparer, lui va prendre un taxi, malgré le gamin qui s’accroche à son torse, en pleurs. Quant à Murphy, il fait du stop, tombe sur un fan d’un chanteur marginal, le tue se déguise en lui pour passer les barrages de police. Cybil et Jesse qui passent en voiture se font repérer par Murphy. Il les poursuit avec son van bariolé et les fait sortir de la route. Il prend le gamin en otage pour que Cybil retrouve Michael et le fric. Cybil supplie Michael, qui cède, aimant bien Jesse, et sa mère malgré ses mensonges.

La rencontre doit avoir lieu dans un entrepôt, où Murphy est venu accompagné d’un tueur expert. Michael est apparemment seul, mais a prévenu la police. Jack sert de messager entre Michael qui a le sac de dollars, et Murphy qui détient le gamin. Mais le sac n’est rempli que de papier journal découpé et d’un scorpion du désert qui pique Murphy. L’équipe du SWAT enclenche alors la grosse fusillade adorée des beaufs yankees, complètement inefficace mais spectaculaire, avec son lot de morts flics – montrant combien ils sont en fait incompétents. Mais « c’est de la bonne télé » comme dirait Trompe. Les beaufs yankees adorent Trompe pour cela. Ils aiment à se faire du cinéma, à se raconter des histoires – tandis que le monde les rattrape (la Chine, le climat, le déclin du dollar, la fuite de l’innovation à cause des cerveaux interdits d’immigrer…).

Murphy a descendu Michael, mais celui-ci a toujours son gilet pare-balles ; il est emmené en ambulance mais Cybil la pique avec Jesse, tandis que Murphy est enfin descendu par la police dans une apothéose de balles, affaibli par le venin du scorpion. Tous est bien qui finit bien, en apothéose rose bonbon yankee. Les trois s’échappent ensemble sur le bateau de Michael, le « Graceland ». Il est suggéré que Michael serait effectivement un bâtard du King, selon un test génétique, et que son « père » lui a donc légué ce bateau au nom de sa résidence de Memphis dans le Tennessee. Jesse, mûri, jette ses revolvers jouets à la mer.

C’est prenant, mais à la limite de la série B.

DVD Destination Graceland (3000 Miles to Graceland), Demian Lichtenstein, 2001, avec Kurt Russell, Kevin Costner, Courteney Cox, Christian Slater, Warner Bros France, anglais doublé français, 2h, €22,90

(mon commentaire est libre, seuls les liens sont sponsorisés par amazon.fr)

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The Good Criminal de Mark Williams

Avec un titre faussement anglais en français (l’imbécile soumission des collabos aux plus forts, hier nazis, aujourd’hui yankees !), un policier très américain où les salauds ne sont pas ceux qu’on croie. Mais ce n’est pas l’américanisation du titre qui fait la qualité de l’œuvre. Nous avons un correct film d’action avec fusillades, bagarres, poursuites en voiture et explosion de rigueur dans la mythologie d’Hollywood, mais les personnages sont caricaturaux et le sujet un peu court.

Tom « Carter » de son pseudo (Liam Neeson) est un ancien démineur des Marines qui, il y a neuf ans, a décidé d’user de son savoir technique sur les explosifs pour cambrioler des banques. Non pas pour le fric mais par vengeance contre « le système ». Son père, ouvrier modèle en aciérie durant trente-cinq ans, s’est vu frustrer de sa retraite par la malversation d’un dirigeant et, désespéré, s’est jeté à 100 km/h contre un arbre avec sa Chevrolet « sans freiner ». Tom a cambriolé la banque du mec. Puis d’autres. Il ne s’est jamais fait prendre, choisissant toujours le lieu et l’endroit adéquats, travaillant seul et préparant toujours minutieusement ses coups. Il est pour le FBI « le voleur invisible », il a accumulé 9 millions de dollars.

Mais, arrivé dans la ville où l’action se passe désormais, il tombe amoureux de la fille à l’accueil de la société de location d’entrepôts où il vient pour un box. Dès lors, sa vie change, il ne cambriole plus, ne dépense pas son butin. Ce qu’il voulait au fond est « d’être aimé », comme chacun. Il veut donc solder sa période bad boy et « se rendre aux autorités », rendre l’argent et négocier une peine minimum avec visites sans limites. Un peu court comme rédemption, thème yankee obligatoire à la morale. Tom aurait pu jouer le Robin des bois en donnant une justification politique à ses vols, faisant un don anonyme par exemple à une association ou à une caisse de retraite, ameutant la presse. Au lieu de cela il se soumet, en bon garçon modèle yankee, rêvant mariage, maison, gosses et petit travail tranquille, sa morale en paix. C’est de la bouillie pour les chats, pas du bon cinéma.

Le FBI contacté ne le croit pas, une dizaine de « dingues » s’étant déjà fait passer pour le voleur invisible afin de se faire mousser. L’agent chef contacté délègue à deux agents subalternes le soin d’aller voir ce Tom « Carter » à l’hôtel où il dit attendre. Mais deux jours passent et toujours rien. Alors que Tom va – enfin ! – décider que les flics fédéraux, comme le reste des institutions aux Etats-Unis, ne valent pas grand-chose, et qu’il va quitter sa chambre, il trouve les deux sbires à la porte, déguisés en Témoins de Jéhovah avec costume sombre, cravate sur chemise blanche, voiture noire, air impassible de Jugement dernier. Des caricatures de jeunes cons que leur « plaque » rend immortels et invincibles en mission.

Tom leur raconte « ce que les journaux n’ont pas dit » sur les casses, mais les sbires en veulent toujours plus. Notamment le fric, puisque ce n’est que ça qui compte dans la société yankee. Tom fait la bêtise de leur donner les clés d’un box où il a planqué les cartons, mais sans exiger d’aller avec eux ! C’est invraisemblable. Evidemment les deux se servent et entassent dans leur bagnole les cartons de biffetons, bien que le plus jeune et le plus latino ait des scrupules (Anthony Ramos). L’autre, Nivens (Jay Courtney), lui en impose et ils font finalement comme il dit. Sauf que la fille des entrepôts, Annie (Kate Walsh), la copine de Tom qui a fait des études de psychiatre, vient voir ce qu’ils font puisqu’elle les a vus sur la télésurveillance. Ils lui expliquent qu’ils sont des amis, que Tom leur a donné la clé et qu’ils déménagent quelques cartons pour lui afin d’emménager dans la maison qu’il a choisi. Ce n’est pas mal tourné, ça passe, la psy ne subodore rien. Mais les deux agents sont alertés du fait qu’ils sont enregistrés.

Ils vont entasser le fric dans une « planque » du FBI qui ne sert pas et veulent s’en servir « pour leur retraite » (!). Ils reviennent vers Tom à l’hôtel et Nivens veut le descendre avec une arme non immatriculée qu’il a pris dans la planque, mais ce dernier leur demande s’ils ont compté les billets. Trop cons, ils ne se sont pas aperçus qu’il n’y avait qu’un million cinq et pas neuf millions et que le reste est ailleurs. Nivens hésite, l’autre suit. L’avidité sans limites est le propre des yankees et ils ne font pas ce qu’ils sont venus faire, enfin Nivens seulement, l’autre suit. Toc, toc ! A la porte leur chef (Robert Patrick), énervé qu’ils n’aient pas obéis à son ordre d’aller voir le voleur invisible le jour dit et qui vient le faire à leur place. Que faire ? Grave question qui a tourmenté maint révolutionnaire ! Bof, quand on est yankee, on ne fait pas dans la dentelle : une balle en plein cœur et tout est dit. Le chef est descendu et Tom va y passer, malgré le non-Nivens qui a des scrupules. Mais Tom se défend, en Marine. Il assomme le scrupuleux et lutte avec Nivens, passant par la fenêtre où il finit sur lui, l’autre groggy.

Il trouve alors Annie la conne, venue « voir ce qui se passe », la gueule enfarinée. Ils fuient dans sa jeep noire et sont poursuivis par les deux sbires remis de leurs cocards dans leur puissante Chevrolet qui vrombit comme un V8. C’est clair, le chef « a été descendu par Tom » avec le pistolet non marqué, version officielle de flics, habitude yankee. L’autre suit, toujours aussi latino, aussi veule, aussi niais. Le racisme anti-latinos est sous-jacent même si le gars se rachète dans la plus belle tradition biblique à la fin.

Bref, poursuite en bagnoles, feintes, dérobades, Annie mise dans un autocar Greyhound pour n’importe quelle ville car elle est repérée, Tom qui veut « régler ça ». Et Annie la conne qui évidemment n’en fait rien, sachant mieux en féministe obstinée ce qu’il faut faire – qu’un mâle pourtant ancien Marine. Elle revient au bureau pour récupérer la carte mémoire de la vidéo et tombe évidemment sur Nivens venu pour la même évidente raison (mais la conne n’y a pas pensé, n’a pas même écouté son mec). Elle se fait tabasser mais a eu le culot de téléphoner avant sur son portable (pas d’une cabine comme il avait dit, donc toujours aussi conne) pour lui dire qu’elle n’a pas obéi mais qu’elle n’en fait qu’à sa tête (de linotte). Tom accourt, la voit à demi-morte, l’emmène à l’hôpital. Le chef qui reste sur les deux au FBI (Jeffrey Donovan) se pose des questions, Tom voulait se rendre, pourquoi ces brutalités ? Tom Carter réussit à le convaincre que c’est Nivens la pourriture et il lui tend un piège (explosif) pour qu’on le confonde enfin et que sa propre morale soit blanchie.

Je ne vous en dis pas plus mais le reste est de la même eau, avec grands boums, fusillades, suspense et rédemption à la fin, la conne dans les bras du con. Car malheureusement l’acteur Liam Neeson fait ce qu’il peut mais en vieux, et son rôle est celui d’un benêt. Un film qui peut se voir pour l’action mais ne se revoit jamais pour son scénario pas plus que pour ses personnages. De la mélasse de l’ère Trump, sorti en pleine pandémie.

DVD The Good Criminal – Un honnête voleur (Honest Thief), Mark Williams, 2020, avec Liam Neeson, Kate Walsh, Jai Courtney, Metropolitan Video, 1h36, €16.50 blu-ray €18.98

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