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De Sauzon à la plage de Donnant

Longue étape ce jour, nous sommes prévenus. Plus de 21 km à faire en montée et descente. Nous prenons le bus des Cars bleus à neuf heures en direction de Sauzon d’où nous poursuivons le circuit là où nous nous sommes arrêtés hier.

Nous montons et descendons les criques par la plage de Deuborch jusqu’à la pointe des Poulains où se dresse la maison-phare blanche à tête rouge. Nous faisons une pause devant le spectacle offert par le panorama. Quelques personnes dont un préado se baignent dans la crique au pied du phare. Le garçon rentre et sort de l’eau plutôt fraîche, 19° selon Meteocity.

Un zodiac vient du large avec un bruit de mixeur, il a peut-être longé la côte ou est venu d’un bateau à l’ancre. Il contient six personnes, papy, mamie, papa et deux gamins. Le plus grand a 6 ou 7 ans et, avant même d’arriver, se met déjà torse nu. Papa ôte son T-shirt à son tour et plonge directement. Le gamin hésite, puis se lance à l’encouragement paternel « 1, 2, 3 ! ». Il barbote plutôt que nage mais n’a pas peur de l’eau ni de n’avoir pas pied. Le zodiac a jeté l’ancre à une cinquantaine de mètres de la crique, dans l’anse protégée. Papa crawle, gamin plonge, puis tout le monde remonte sur le bateau, la peau hérissée, se rhabille à la diable et repart ; cela n’a pas duré dix minutes. Le plus petit des enfants est resté en gilet de sauvetage et ne s’est pas baigné, tout comme les grands-parents. Il était trop jeune pour nager.

Nous faisons le tour du phare des Poulains, sur la lande rase, observant les goélands posés sur une arête, et voyons l’ancien fort devenu la maison de Sarah Bernhardt en 1894.

Cette fille de pute éduquée par l’amant de sa tante, le duc de Morny, un peu pute elle-même, est morte en 1923 d’une insuffisance rénale. Grande tragédienne emphatique de Ruy Blas, de Phèdre et d’Hernani, elle adorait les tempêtes et les orages à la Victor Hugo, séduite par les jets et bouillonnements de la vague sur les rocs et entre les blocs. Ce genre de climat empli de mouvements et d’ions négatifs m’exaltait dans mon adolescence. Il fait calme et beau aujourd’hui mais il faut imaginer les jours d’ouragan. Les branches desséchées des cyprès marquent combien le vent peut être violent et constant.

Nous poursuivons vers la côte sud sur un plateau à l’herbe rase qui me rappelle le Club des cinq. L’action se passait au sud de l’Angleterre mais le paysage est très proche de celui de la Bretagne. Trous de ver, de campagnol, de lapin, de renard, c’est le gruyère breton sur lequel la chienne Pixie court allègrement. Un golf s’est installé sur la falaise de la Pointe du Vieux château et certains pratiquent malgré le vent.

Nous pique-niquons sur une plage de sable bordé de tamaris vers Bortifaouen. Nous nous trempons les pieds dans l’eau.

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Sauzon

Pixie la chienne est étonnamment sage ; elle suit sa maîtresse sans gémir ni aboyer. Elle tend cependant à aller voir trop au bord, ce qui lui vaut des rappels à l’ordre réguliers. Habituée des randonnées, elle se couche dès que l’on s’arrête : pas d’effort inutile. Elle aime à chasser le lapin et explore les trous mais n’en lève aucun ; nous devons faire du bruit. Elle a levé un renard la semaine dernière, paraît-il.

Nous déjeunons d’un sandwich sur l’une de ces plages, entre deux grains. La garniture a détrempé le pain, une mauvaise baguette industrielle. Mais c’est le premier jour et, avec les protocoles de sécurité pour le Covid, la guide ne peut plus aller préparer ses propres salades dans les cuisines de l’hôtel, elle doit improviser.

Le petit port de Sauzon, dans son anse très abritée, me rappelle quelques souvenirs lointains de voile. Nous avions mouillé, je crois, dans ce petit port de plaisance à Noël 1979. Les façades ont des couleurs pastel qui donnent un air pimpant au soleil comme sous la grisaille.

Nous allons à pied jusqu’à la pointe en traversant le village situé rive gauche après l’avoir longé rive droite où pousse l’obione ; cette plante se mange, elle a une teneur en sel supérieure à celle de l’eau de mer et peut donc prospérer là où l’eau est trop saumâtre pour les autres. Un paysan plante ou ramasse je ne sais quoi dans la vase.

Au port, des jeunes à bière et des gamins pêcheurs. Jolies couleurs des bouées de casier dans une annexe amarrée. Nous prenons une boisson à la terrasse de l’hôtel du phare, pour moi une bouteille de 75 cl de Plancoët gazeuse et minéralisée – ils n’avaient pas d’eau de Vichy ! J’avais fini ma gourde d’un litre et il me restait une soif à six euros.

Nous ne faisons aujourd’hui qu’environ 13 ou 14 km mais je n’ai pas trouvé trop dur de me remettre à la marche après les confinements, bien que les montées soient pénibles au souffle et les descentes aux genoux. Elles s’arrêtent cependant vite, la falaise n’étant guère haute. Nous terminons vers 15h30. Le bus privé des Cars bleus vient nous chercher à 17 heures. Le port du masque est obligatoire à l’intérieur, nous l’avions oublié tout le jour durant la randonnée.

Après douche, carnet et repos, le rendez-vous pour le dîner est à 19h30, mais cette fois à la crêperie La Chaloupe, dans la rue principale du Palais, au 10 avenue Carnot. Pour 8,90 €, la galette salée est très copieuse et, bien que nous ayons droit à deux galettes, je n’en prends qu’une, me bornant au sorbet citron pour la suite.

À la table face à la nôtre, un vieux bourge bon chic bon genre attend ses enfants et petits-enfants. Connu de la patronne, il commande une première crêpe parce qu’ils sont en retard. Lorsqu’arrive la bande de filles qui compose sa progéniture, de la quarantaine à en dessous de la dizaine, il se met à pérorer comme s’il était au salon. Il cite l’avenue Rapp, commente son périple rapide pour la gare Montparnasse, et ainsi de suite. Isabelle, assise à côté de moi et qui habite à Paris dans le 12e, s’en gausse ouvertement. Ce vieux est la caricature du catho bourgeois bobo parisien.

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Du Palais jusqu’à Sauzon

Les bruits de la nuit ou du matin sont ceux de la mer, du premier bateau qui lance un coup de sirène, d’un couple qui s’engueule, des scooters des jeunes le soir ou très tôt le matin, et de l’arroseuse municipale. Le petit-déjeuner est au premier étage de l’hôtel en face de notre bâtiment, avec masque jusqu’à la place et pince pour saisir tout ce que l’on prend. Le verre de jus de fruits est tellement riquiqui, autour de 5 cl, que je prends une seconde tasse à café pour la remplir de jus. Il y a du fromage blanc mais pas de yaourt. On sent l’économie dès que c’est en libre-service.

Notre rendez-vous n’est qu’à neuf heures et nous avons tout le temps. Pour ce premier jour, nous effectuons une étape d’environ 13 km qui monte et qui descend beaucoup, depuis Le Palais jusqu’à Sauzon. Nous partons donc de l’hôtel à pied.

Nous longeons la citadelle dite « de Vauban », construite en 1549 sous Henri II et agrandie par le surintendant Fouquet puis par Vauban à la fin du 17ème siècle. Nous passons au bord du marché quotidien où l’étal de poissons est très appétissant avec ses bars et ses dorades énormes tout frais, ses araignées de mer et ses langoustes robustes.

Nous allons rejoindre le sémaphore de la pointe de Taillefer, Port-Fouquet, la pointe de Kerzo, et enfin la crique de Sauzon qui s’enfonce assez largement dans les terres. Nous allons la suivre pour gagner la ville, de l’autre côté de l’aber, jusqu’à la pointe du Cardinal. Un minibus des Cars bleus viendra nous chercher au parking à l’extrémité de Sauzon pour nous ramener à notre hôtel par la D30 en quelques minutes, puisque Le Palais n’est qu’à 5 km de Sauzon par la route de l’intérieur.

Le temps est variable, le soleil le plus souvent voilé avec quelques grains de cinq minutes. Ce n’est pas de la grande pluie mais plutôt du crachin breton, de quoi passer les capes pour les enlever juste après. Elles seront sèches à la fin de la journée.

Notre itinéraire est en haut et bas le long du sentier côtier, le GR 340, une variante îlienne du GR34. Nous sommes aujourd’hui au nord-est de l’île, le plus protégé des vents dominants. Les moutons au large nous indiquent un vent de force quatre ou cinq, parfait pour les voiliers qui sont nombreux sur l’eau ce matin. Le bateau de croisière de la compagnie du Ponant reste ancré face au palais depuis le confinement Covid.

Je retrouve dans mes narines le parfum des sentiers de Bretagne. C’est une odeur de terre humide et de plantes, bruyère, fenouil. Les mûres des ronciers, rosacées à confiture, sont tentantes aux rapineuses sur les buissons. Les aubépines sont en fruits, prêts pour compotes et confitures ; les fleurs de l’aubépine régulent le rythme cardiaque. Les pruneliers donnent leurs sphères rondes dont on fait un vin pétillant appelé troussepinette en Vendée, peut-être parce qu’il est raide ? La recette est simple : laver, sécher et hacher finement 200 g. de pousses de prunelliers ; verser 1 litre de vin rouge et 20 cl d’eau de vie dessus avec 200 g. de sucre ; faire chauffer le tout à 70° maximum et laisser infuser jusqu’au jour suivant ; filtrer la préparation et votre apéritif est prêt pour la nuit qui suivra. Nous sommes dans le domaine du pin maritime, du cyprès desséché côté au vent, et des ajoncs. Sandrine nous apprend que tous les noms qui se terminent en -ic en Bretagne sont des diminutifs : Pierrick veut dire petit Pierre Pierrot.

Les autres randonneurs que nous croisons sont en général des couples jeunes ou des individuels ; nous ne voyons pas vraiment de familles avec enfants, plutôt scotchées sur les plages des criques où l’eau paraît transparente, d’un turquoise qui se fonce dans la profondeur vu du sommet de la falaise. La petitesse des lieux et leurs abords abrupts, font qu’il s’agit presque de plages privatives, connues des initiés. On y est tranquille pour se tremper, jouer et pique ou niquer sur le sable.

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