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Vieste

Nous reprenons nos sacs et renfilons nos vêtements pour aller déambuler dans Vieste, 14 000 habitants avec les abords. Au bas de la falaise, le Pizzomunno est un monolithe de calcaire blanc haut de 25 m qui donne son cachet au paysage.

La vieille ville est tout en ruelles étroites contre le soleil et les pirates, dont le fameux Dragut, amiral ottoman issu de Grecs qui a commencé sa carrière à 12 ans, a massacré une partie de la population et réduit à l’esclavage l’autre partie, femmes et enfants compris. C’était le 15 juillet 1554 sur le rocher appelé Chianca amara. Rien de pire que les renégats à leur race.

Le château Svevo a été élevé en 1242 par Frédéric II avant d’être endommagé par les Sarrasins puis par un tremblement de terre. Sa forme actuelle date de l’intervention espagnole au XVIe siècle.

Des constructions en poutres de pin d’Alep dites trabucchi servent encore à pêcher le poisson depuis la côte, l’antenne permettant de descendre et de relever un filet. Ils sont désormais monuments historiques propres aux Abruzze et au Gargano.

Aujourd’hui, les ados ne travaillent pas mais s’amusent. Ils ne pêchent plus mais sautent d’un rocher dans l’eau, se défiant à grands cris, tout muscles dehors. Aucune fille à l’horizon pour les admirer ; ils restent entre eux mais ne s’entre-admirent pas moins.

La basilique Sante Maria Assunta est du XIe, de style roman des Pouilles, maintes fois saccagée par les invasions sarrasines, d’où le campanile plutôt baroque. Elle est dédiée à la « supposée » (assunta) Vierge, à saint Georges, patron de la cité et à saint Michel, patron de l’archidiocèse. Trois placettes belvédères au-dessus de la mer ouvrent au paysage et aux trabucchi comme au Pizzomunno vu de haut comme un chicot devant la plage.

Nous sommes à l’heure de la sieste et tout est fermé, y compris les bars. Malgré notre soif, nous devons attendre. Ce n’est qu’aux abords de la ville neuve que des glaciers-bars sont ouverts, nous permettant des rafraîchissements. Je bois un demi-litre d’eau frizzante plus un verre avec une rondelle de citron. Les filles engloutissent des glaces ou divers parfums, les autres garçons sont à la bière. Mais celle-ci donne soif et j’en ai moins envie qu’auparavant. Les goûts changent avec l’âge ; c’est la même chose pour la viande rouge ou la choucroute.

Sur la porte d’une maison, un chouchou rose est accroché : ici une petite fille est née. Ce serait bleu pour un garçon, selon les traditions toujours vives dans cet extrême-sud européen.

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Vers Vieste

Nous quittons notre gîte ensoleillé avec son chien joyeux qui veut jouer au ballon et sa chatte siamoise qui joue à la souris avec mes lacets. Elle m’aime bien depuis que je lui ai donné à manger. La chatte noire est plus sauvage. Nous laissons Piero, célibataire endurci, entre ces vieux parents. Il ne doit pas rigoler tous les jours.

Nous longeons le parc à cochons dont nous avons dégusté une échine hier. Le mâle présente une énorme paire de couilles que des assistantes sociales s’empressent de photographier ; elles n’ont pas dû en voir de longtemps. Je ne sais pas si l’on dit animelles pour les couilles de porc comme on le dit de l’agneau en cuisine ; on dit peut-être rognons blancs ou tout simplement testicules de cochon.

Puis c’est la succession des collines, montées et descentes en chemin pierreux, jusqu’à la mer. La fille d’hier retombe, elle glisse sur les pierres roulantes comme auparavant, mais cette fois son sac amortit. Elle n’a que des coups, pas de fêlure, elle peut s’asseoir à peu près. Les autres filles lui donnent de l’arnica « en homéopathie ».

Dans le paysage pousse le ciste de Montpellier, le lentisque, la sauge, le romarin. Le geai crie dans le ciel mais pas le guêpier comme hier. Il fait toujours beau temps, avec une petite brise qui arrache les chapeaux dans ses à-coups.

Vieste étend ses bâtiments sur sa pointe blanche, de plus en plus proche à mesure des tournants. La piste tombe en lacets jusqu’à la route côtière qui rejoint la plage. Celle-ci est longue de plus de 3 km, privatisée par les bars et les loueurs de transats. Nous trouvons quand même une trouée d’accès avec quelques arbres pour notre pique-nique. Le guide prépare tout pendant qu’il nous envoie nous baigner pour avoir la paix ; il déteste que les gens tournent autour de lui au prétexte de « l’aider ».

Un fort courant éloigne le nageur le long de la côte et un ruban de bouées à dix mètres au large est installé par sécurité. Le drapeau rouge est affiché pour la baignade. Il y a de petits rouleaux mais l’eau est agréable. Beaucoup de gens d’âge mûr se baignent mais aucun adolescent et presque aucun enfant. Nous ne faisons que nous tremper, pas vraiment nager.

Puis nous revenons en maillot de bain déguster la salade de farfalle accompagné du cacciocavalli et du saucisson de Piero. La salade est arrosée de son huile d’olive, que certaines ont achetée par bidons métalliques d’un litre. Un gars offre une bière Peroni de 33 cl à chacun. Le soir, une fille offrira deux bouteilles de prosecco pour fêter son divorce, un jugement en première instance en sa faveur après cinq ans dont son avocat vient de l’aviser par texto. Une dispute de sous, après la vente du fonds de commerce.

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