Articles tagués : bouquet

Colette, Pour un herbier

Colette publie en Suisse en 1948 les feuillets détachés de ce qu’elle a écrit sur les fleurs ; une édition de luxe est éditée en 1951 avec les aquarelles de Raoul Dufy. C’est aujourd’hui la seule édition disponible, sauf le texte seul dans le volume 4 des Œuvres de la Pléiade.

Colette aime les fleurs, elle les a toujours aimées depuis son enfance campagnarde auprès de Sido dans son village de Bourgogne. Aussi, lorsque l’éditeur de Lausanne lui propose d’entrer dans sa collection « Le Bouquet », elle ne résiste pas. A chaque moment fleuri, un texte. Le bouquet du fleuriste Harris de la rue Cambon à Paris (quartier chic), le lys et l’iris, le gardénia et le camélia chers aux grandes bourgeoises qui en ornent leurs cheveux, l’orchidée apportée par sa fille Colette de Jouvenel, une branche de glycine de Saint-Sauveur ramenée par une vieille en cheveux blancs, la tulipe qui ne ressemble pas à un vase de Chine et que les fleuristes sous l’Occupation vendaient par trois bulbes, un bleu, un blanc, un rouge.

Et puis des soucis en souvenir de la chienne dont c’était le nom, la rose en ses aspects, les rosiers vivaces du Palais-Royal qui résiste aux hordes d’enfants brutaux eu 1er arrondissement. Le bleu des fleurs sans nul autre pareil, jamais vraiment bleu, le muguet odorant au blanc de bonbon à la menthe qui fait un peu tourner la tête, les jacinthes sauvages populaires dites « clochettes », l’anémone au nom de prénom, les jeannettes qui sont une sorte de narcisses.

Quant aux exotiques, connaissez-vous le lackee et le pothos ? L’adonide de la concierge ? L’arum pied-de-veau du Maroc ? Il y a encore les médicinales de l’enfance, où tout sert à tout, contre la fièvre, la constipation, « à faire-des-garçons », le pavot et l’ellébore pour ceux qui ont un grain. Et les broutilles – celles qui se mangent, ortie, scorsonère, roseau, ficaire, salicorne, épine-vinette, capucine, pétales de rose. Tout ce que le gastronome critique Louis Nathan, dit Forest promouvait pour renouveler la gastronomie. Nos écolos friands d’herbes sauvages n’ont décidément rien inventé, eux qui se croient nés avec le monde.

La rose ne vit que l’espace d’un matin, comme la plupart des fleurs. Une fois coupée, l’humain peut les prolonger un peu, selon l’art des moines zen qui protègent ainsi la vie en bouquets. Mais la fleur est le spectacle de l’éphémère, de la vie qui passe – vite. A dix ans de sa mort, Colette la sent venir, ses textes de fleurs sont aussi des textes de vanité, du temps impitoyable. Une sensation, une poétique, une philosophie – ce serait dommage de passer sans lire cette œuvre presque dernière de Colette.

(liens sponsorisés Amazon partenaire) :

Colette, Pour un herbier – avec les aquarelles de Raoul Dufy, 1948, Citadelle et Mazenod 2021, 100 pages, €65.00

Colette, Œuvres tome 4 (1940-54), Bibliothèque de la Pléiade 2001, 1589 pages, €76,00

Les œuvres de Colette déjà chroniquées sur ce blog

Catégories : Colette, Livres | Étiquettes : , , , , , , , , , , ,

Vie quotidienne à Tahiti

Je pars faire quelques courses ce vendredi matin. Je longe le boulevard Pomare.
« Mama ! » Je me retourne, une autre mama marche vers moi et me rejoint. Une ‘mama’ est aux îles une ‘femme d’un certain âge’.
Je dis : « – Ia ora na, mama. Tu me connais ? » ‘ia ora na’ signifie ‘que tu vives’ et sert ici de salut.
« – Aita ! (ça veut dire ‘non’). Ils sont tous fous à Papeete, ils respectent rien. Je suis venue voir mes enfants. Il m’en reste un seul à Rangui(roa), il travaille dans une ferme perlière. J’ai vécu 40 ans ici ; quand j’ai pris ma retraite, je suis partie vivre sur l’atoll, on a une meilleure vie qu’ici. Oia ! (ça veut dire ‘ah, oui’) C’est plus calme, là-bas ! »
Ia ora na par ci, ia ora na par là, ia ora na, ia ora na, la mama salue toutes les personnes que nous croisons.
« – Nana, mama, je te quitte, je vais à la poste (‘nana’ est l’abréviation de ia ora na…)
– nana, mama. »

chapeau tahiti

Après la poste, je suis allée au marché pour acheter mon bouquet hebdomadaire. Je tourne, je vire : celui-ci ? Non, celui-là ? Je me décide enfin. La vendeuse, une petite fille vient vers moi :
« Ia ora na, tu prends celui-ci ?
– E, mauruuru (ça veut dire ‘merci’). Tu n’es pas à l’école, ce matin ?
– Non ! C’est pédagogique !
– Ah bon ! Après les barrages, c’est le pédagogique ! (la grève générale a bloquée Papeete). Tu es en quelle classe ?
– (Entre ses dents) CM 1
– Cela te plaît, tout ce que tu apprends en classe ? » (Pour réponse, un froncement de nez, ça veut dire non.)

boy et mama

Je me dirige vers la discothèque de prêt de la Maison de la Culture. Je vois une personne et son fils qui semblent chercher, puis la mère me demande :
« Ia ora na, mamie,
– ia ora na, ma fille.
– tu sais où il y a de la musique, ici ?
– tu veux quoi, emprunter des disques de musique ? Ou bien des DVD de films pour les emmener à la maison ?
– oui, mamie, c’est lui ! (Elle me désigne un jeune homme, sans doute son fils)
– entre avec moi dans cette salle, tu pourras te renseigner et voir comment emprunter ce que tu cherches.
– mauruuru, mamie. »

Je pars faire quelques achats au supermarché, à côté de mon studio.
« Mama ! C’est où l’hôpital ? »
Celle qui m’interpelle est une mère avec un adolescent en short qui marche à trois mètres derrière elle.
« – l’hôpital Mamao est à l’autre bout de Papeete !
– Mama, ils ont dit ‘c’est tout de suite à gauche’.
– d’abord, tu es sur la droite car tu sors de la clinique Paofai ?
– ia, mama (ça veut dire ‘oui’)
– pas de panique, tu dois faire des analyses ? C’est la clinique Paofai qui t’envoie ?
– ia, mama.
– je te montre. Tu vas jusqu’au bout de cette rue. Tu ne traverses pas. A ta gauche – à ta « main » gauche – tu trouveras l’Institut Mallardé. C’est certainement là que tes analyses doivent se faire.
– mauruuru, mamie ! C’est ça ! »

Le jeune homme s’approche et dit aussi « mauruuru, mamie ». Ils se retournent plusieurs fois pour voir si je les suis du regard. Puis, un geste de la main pour répéter « mauruuru »… On se demande qui cherche quoi, et pour qui : le garçon est-il trop timide pour demander où traiter ce qui le démange ?

En revanche, les Polynésiens ne disent jamais « merci » quand on leur fait un cadeau. Si tu offres quelque chose, c’est que tu veux, moi je ne t’ai rien demandé. Cela peut se comprendre : philosophie maorie ! Mais si vous partez dans une autre île ou un autre pays, il vous réclame de lui rapporter telle ou telle chose. Il est donc cette fois le demandeur. Eh bien, non seulement il ne vous demande pas combien il vous doit, mais en plus, il ne vous dit pas merci ! » Égoïsme moderne ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Culture polynésienne

15ème édition du salon des tifaifai a lieu à la Mairie de Papeete. Le tifaifai est un élément de la tradition polynésienne. Les anciens tifaifai avaient des couleurs très vives, souvent sur fond blanc. Aujourd’hui les couleurs pastel sont plus à la mode. Il faut compter entre 15 et 80 000 XPF pour une pièce en fonction des dimensions, qualité, finition, cousu main ou machine. Cette année des motifs originaux : l’arobase, les 4 éléments, le cerisier japonais, la bringue. On sait déjà que le thème de l’an prochain sera la reproduction des anciens modèles alors que celui de cette année était la création libre.

GRISETTE AU BAR A EAU

Le kumu hei, c’est quoi ? C’est un bouquet odorant et sensuel, une composition florale marquisienne. Sans fleurs, les Marquisiennes composent ce bouquet avec des plantes aromatiques : feuilles de menthe, feuilles et branches de miri (basilic), aneth, fleurs d’ylang ylang, tiare, pitate, feuilles de hinano (pas la bière !), racines de vetiver parfois colorées au moyen du Rea tahiti (curcuma local), bois de santal râpé, quartiers d’ananas. L’assemblage des différentes plantes suit un ordre précis sur une feuille d’auti. Le kumu hei est fixé ensuite sur une queue de cheval, sur un chignon, sur une couronne de tête. Le kumu hei n’est pas éphémère, il diffuse une bonne odeur durant une bonne semaine ; séché il continuera d’embaumer les intérieurs marquisiens et l’habitacle des voitures.

« Un grand militant de la culture ma’ohi s’en est allé, décès subit de Turo ou Duro Raapoto. Linguiste et grand défenseur de reo ma’ohi et de la culture polynésienne, protestant, il avait d’après Bruno Saura « une œuvre complètement philosophique ». Un écrivain fécond, théologien, de langue ma’ohi, mais pas un élu politique, un seul texte de lui en français…

Un festival international de graffiti place To’ata, récemment relookée, un jury présidé par Christophe Lambert. Les artistes de différentes nations se sont « affrontés » sur une muraille de conteneurs empilés sur 5 m de haut et 40 m de long. A la fin de la première journée, ne restaient que dix graffeurs sélectionnés pour la finale dont deux locaux Abuz et Jops. C’est un graffeur américain qui a remporté le premier prix du concours Ono’u 2014, devant le Néo-zélandais Berst et le Français Kalouf.

Coucou, je reviens, signe El Niño. La nouvelle de la probable venue de « L’enfant Jésus » climatique s’intensifie et la probabilité du phénomène oscille entre 65% et 75%. Fin juin nous saurons si nous aurons la visite d’El Niño, sa puissance sera connue en juillet, en octobre sa maturité. Il pourrait débuter en octobre, pourrait être mature en décembre, janvier ou mars. Tels sont les pronostics de la division climatique et bureau d’étude de Météo France en Polynésie française. A suivre donc.

PAS SIMPLE GRISETTE

Notre Grisette va bien, vous constaterez qu’elle utilise la salle de bain et particulièrement le WC comme abreuvoir, et qu’elle est une véritable acrobate malgré ses ans. Cela a fait poser des questions au prof d’anglais des élèves du collège de Taravao qui avaient entrevus ces photos : c’est à qui Ma Dame, le chat ? Pourquoi elle va dans la toilette Ma Dame? etc, etc. Ma Dame a répondu que c’était une chatte spéciale qui utilise également les toilettes pour faire ses besoins et qu’automatiquement la crotte tombée, le système d’évacuation fonctionne, lave la cuvette et qu’ensuite l’eau propre peut ainsi être utilisée par la chatte comme abreuvoir… Oh ! Ma Dame t’as vraiment une chatte spéciale…

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,