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Fire Fire – Vengeance par le feu de David Barrett

Jeremy Coleman (Josh Duhamel) est un jeune pompier orphelin, élevé en institution, qui a trouvé une famille dans la fraternité du feu. Un soir qu’il sort de la voiture avec ses copains pour aller acheter des chips dans une supérette de station-service, il assiste en direct au meurtre froid et sans état d’âme d’un gros Noir qui tient la caisse et de son fils, mince adolescent qui rêvait d’être basketteur. Il les connaît, cela lui fait mal, il est plaqué à terre et le chef de gang David Hagan (Vincent D’Onofrio), laisse son adjoint décider du sort du témoin. Il va évidemment l’éliminer.

D’où course-poursuite, Jeremy blessé au bras mais qui parvient à fuir, l’autre croyant l’avoir descendu. Ses copains qui sont allés faire le plein le récupèrent, l’emmènent aux urgences et appellent la police. Le lieutenant Mike Cella (Bruce Willis) lui fait reconnaître Hagan, déjà fiché pour de nombreux meurtres, dont celui de deux de ses coéquipiers, mais que son avocat retord (Richard Schiff) finit toujours par faire libérer.

David Hagan est un fan d’Adolf Hitler. Il est suprémaciste blanc et n’a aucun scrupule à buter des Noirs, à empiéter sur le territoire de leurs gangs, et à s’imposer dans la guerre de tous contre tous qu’exige son idéologie pronazie. Il voulait le bail de la supérette, idéalement placée pour tous les trafics illicites, car au carrefour de l’autoroute et d’autres routes. Il a tatoué sur sa gorge une croix gammée rouge sang et, sur sa poitrine, un aigle étendant ses ailes. Il se croit invincible parce qu’invaincu, la « justice » démocratique étant incapable de l’enfermer pour de bon ou de lui régler son compte. Car si la peine de mort existe dans certains Etats américains, ce n’est plus le cas en Californie et les prisons sont des passoires pour qui a le pouvoir et l’argent.

Jeremy reconnaît sans peine Hagan lors d’un tapissage dans les locaux de la police, mais celui-ci joue la provocation en montrant combien il s’est renseigné sur lui, citant son nom, son adresse et son numéro de sécurité sociale. Il a ainsi « dissuadé » de nombreux témoins d’apporter leur déclaration au tribunal par des menaces directes sur leur vie et celle de leurs proches. Mais Jeremy n’a pas de famille, ni même de petite amie attitrée. Il est déterminé à témoigner pour que passe la justice.

Il est alors soumis au programme fédéral de protection des témoins, dont s’occupent les marshals à compétences fédérales. Il est pourvu d’un nouveau nom, d’une nouvelle adresse sécurisée. Sauf que la corruption par la menace de mort, propres à tous les fascistes, est bien plus efficace que celle par l’argent. Un officier fédéral du programme de protection des témoins est enlevé, torturé, menacé assez fort sur sa famille pour révéler ce qu’il faut. Jeremy, qui est tombé amoureux de la marshal métisse Talia (Rosario Dawson) – pied de nez au suprémacisme blanc – est retrouvé, visé, traqué.

Sa partenaire est blessée, il la sauve et descend l’un des tireurs, mais il doit à nouveau fuir. Les fédéraux jurent que « cette fois » ses références seront effacées des fichiers courants, soumises à autorisation très restreinte, mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? Incurie génétique de toute bureaucratie, on se fie aux « procédures », concoctées par des bureaucrates loin du terrain, en général inefficaces.

Comme Hagan s’est procuré le nouveau numéro de téléphone privé de Jeremy et qu’il le menace de s’en prendre à lui, à sa copine et à ses amis pompiers s’il témoigne, ce dernier décide de quitter le programme fédéral et de se débrouiller tout seul. Cette façon de raisonner est très américaine : l’Etat impuissant oblige chacun à retrouver son âme de pionnier et à faire justice lui-même.

C’est en effet lui ou moi. Tant que Hagan reste en vie, il mettra des contrats sur Jeremy et sur Talia. Même s’il est emprisonné, il ne sera pas hors d’état de nuire. Il faut donc carrément le descendre, ce que « la justice » n’autorise pas dans les Etats démocratiques. Même le flic Cella ne le pourrait pas, sauf en état de légitime défense – mais avec témoins et film en preuve directe, et encore ! La critique implicite des avocats est patente : ils pourrissent la justice par leurs excès de pinaillages procéduriers. Ils sont d’ailleurs aussi menacés que les victimes s’ils ne font pas ce que les tueurs veulent.

Le réalisateur Barrett, adepte des sports extrêmes, est un homme décidé et il veut que ses héros le soient. Jeremy, jeune amoureux, va se surpasser. Lui qui n’a jamais tué personne mais plutôt sauvé des vies du feu, va tirer au pistolet comme le lui a appris Talia ; il va obtenir des malfrats comme de l’avocat de savoir où se niche l’épais Hagan. Il va bouter le feu à son repaire, préparant soigneusement sa sortie.

Bien-sûr, rien ne se passe comme prévu. La marshal Talia va compromettre « par amour » la couverture de Jeremy, se faire suivre et capturer par un tueur – nous sommes ainsi dans les clichés Hollywood sur les « faibles » femmes soumises à leurs émotions. Elle sera ligotée dans la salle où part le feu. Mike Cella, le flic désabusé, laisse faire « jusqu’à 18 h seulement » – il lancera un avis de recherche contre Jeremy ensuite. Et puis… chacun est professionnel – autre trait américain – et fait ce qu’il sait faire de mieux. Je ne vous le décris pas, c’est assez prenant. Le Bien triomphera, sinon nous ne serions pas à Hollywood.

Voilà, à défaut d’un grand film, un bon film d’action, malgré l’absence de toute trace d’humour ou même d’ironie. On ne s’ennuie pas, on halète, on frissonne (to thrill). La leçon est un peu cousue de gros fil métis, mais nous sommes cinq ans avant l’ère Trump et l’état d’esprit est en train de virer à droite toute aux Etats-Unis. L’histoire ainsi contée tente de faire la part des choses, le oui-mais de la « justice » ou de ‘l’œil pour œil dent pour dent’ de la fameuse Bible, canal Ancien testament.

DVD Fire Fire – Vengeance par le feu parfois titré Témoin gênant (Fire with Fire), David Barrett, 2012, avec Josh Duhamel, Bruce Willis, Rosario Dawson, Vincent D’Onofrio, 50 Cent, ‎ France Télévisions Distribution 2017, 1h33, €13.00 Blu-ray €12.16

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