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Baie de Halong et Hué

Pagode au petit-déjeuner, pagodes à midi, pagodes le soir, un peu indigeste tout cela. Alors prenons le bateau et laissons-nous voguer dans la baie de Ha Long ou baie d’Along (chez les francophones).

Sur une étendue d’eau d’environ 1 500 km2 située dans le golfe du Tonkin on trouve 1 969 îles et îlots rocheux, avec des criques pour certains. D’autres sont creusés de grottes. C’est le plus grand karst marin du monde. Peu de végétation vu la faible épaisseur d’humus. Si l’on écoute les géologues, la formation de ce relief karstique se serait produite au Paléozoïque (entre 543 et 250 millions d’années), ce site était en haute mer. Une épaisse couche de sédiments s’était formée, les mouvements de la croûte terrestre l’ont ensuite fracturée, le retrait de la mer l’a alors exposé à l’érosion. La pluie, les rivières souterraines ont alors creusé de nombreuses grottes. La légende de Ha Long (descente du dragon) raconte que « ce paysage extraordinaire est dû à un dragon, être merveilleux et bénéfique au Viêt Nam, qui serait descendu dans la mer pour domestiquer les courants marins. Il aurait en se débattant entaillé la montagne avec sa queue. Le niveau de la mer serait monté et seuls les sommets les plus élevés auraient émergé ».

VIETNAM BAIE D HALONG

Les cavernes des îles sont habitées depuis 4 000 ans avant notre ère. Un tel labyrinthe est bénéfique à l’armée pour stopper les envahisseurs. Telle l’histoire du général Tran Hung Dao qui stoppa les Mongols en 1288 en coulant leur flotte. Des pieux ayant servi alors ont été retrouvés dans la grotte « des bouts de bois », à l’île des Merveilles et sont exposés au musée de Haiphong. La baie a abrité des pirates à la fin du 18e siècle.

VIETNAM CHARBONNIER

Les Français ont cartographié la baie durant la colonisation et baptisé certains îlots. Des gisements de houille à ciel ouvert ont été exploités par la Société française des charbonnages du Tonkin. Les barques typiques des habitants et pêcheurs de cette baie sont faites en bambou tressés. Mille six cents habitants vivent dans des maisons flottantes dans deux cents îlots de la baie. Il est temps de descendre vers le sud, nous prendrons le train de nuit.

VIETNAM BAIE D HALONG

Arrivée dans l’ancienne capitale impériale du Viet Nam, Hué (1802-1945), située au centre du pays, juste au sud du très fameux 17e parallèle, non loin de la mer. Le fleuve Sông Hu’ong (la rivière des Parfums) la traverse et sépare la ville ancienne au nord de la cité moderne au sud. Le fait d’avoir été capitale impériale du Viet Nam, appelée à l’époque empire d’Annam par les Occidentaux, lui confère un caractère particulier par la culture aristocratique des mandarins, la finesse des poésies de ses lettrés, la musique raffinée, la gastronomie, l’agilité intellectuelle de ses habitants, tout cela donne un charme particulier à cette ville. L’offensive du Têt le 29 janvier 1968 par les Nord-Vietnamiens massacra plus de 2500 habitants (« l’élite »). Puis les bombardements des Américains mirent à mal la cité. La ville ne sera reprise que le 25 mars 1975.

VIETNAM HUE

La cité impériale est construite dans l’enceinte de la citadelle royale, au bord de la rivière des parfums. On y accède grâce à dix portes fortifiées, chacune munie d’un pont au-dessus des douves. Les deux ensembles la Cité jaune impériale et la Cité pourpre interdite se trouvent à l’intérieur de l’enceinte. La Cité pourpre, où vivaient l’empereur et sa famille, a été anéantie par l’attaque américaine.

Le pont Trang Tien (ancien pont Clemenceau) enjambe la rivière des Parfums, il a été construit par Gustave Eiffel en six arches en acier de 67 m de longueur et 6 m de largeur.

Le long de la rivière, sur une colline de la rive droite se situe la pagode de la Dame céleste, tour octogonale de sept étages et 21 m de haut. Sur la rive ouest on trouve les tombeaux des empereurs Nguyen (1802-1845).

Hiata de Tahiti

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Aspects de l’Atlas central

Nous partons dans les gorges en longeant la rivière. Les champs se font plus nombreux, séparés par de petits murets de pierres sèches, comme dans le Connemara.

D’après le guide alpin d’André Fougerolles, édité à Casablanca en 1981 qui est dans le sac de Marie-Pierre, j’en apprends un peu plus sur la géologie du coin. Le Paléozoïque et le Permotrias affleurent au sud-ouest. Les roches du Précambrien que l’on observe sont les schistes, les grès, les quartzites à l’ouest et au sud, sous couverture calcaire. Des basaltes doléritiques, des argiles gypsifères et solifères apparaissent largement à l’ouest, et dans les failles du massif, reste du Trias supérieur. Les roches du Jurassique sont calcéro-dolomitiques dans la majeure partie du domaine montagneux. Les vallées présentent des séries marneuses avec empreintes et ossements de dinosaures. Les grandes cuvettes et les principales rivières sont des grès et basaltes du Mésojurassique, ou des grès rouges du Crétacé, sauf au centre du Haut-Atlas. Le dir méridional est Tertiaire, composé de roches détritiques et de conglomérats.

« En résumé – l’Atlas central tire l’originalité de ses formes et de son aspect des très importantes séries calcaires qui le composent, de sa nature de chaîne jeune du type épicontinental, et de l’importance des phénomènes karstiques qui s’y manifestent. Beaucoup de sources vauclusiennes donnent naissance à des rivières, alors que les vallées en amont sont sèches. On y rencontre des canyons étroits et profonds, des grottes, ainsi que de hauts plateaux hérissés de lapiés, parsemés de dolines, constituant par endroits de véritables poljés aux réseaux hydrographiques incertains, des crêts parfois aigus quand les séries sont redressées, des auges glaciaires puissamment sculptées. » Tout cela paraît un peu ésotérique au profane, mais est finalement simple lorsque l’on comprend tous les mots. Le relief « karstique » est un plateau calcaire creusé en tous sens par érosion chimique. Les sources « vauclusiennes » sont des rivières souterraines qui arrivent au jour comme les eaux de la Fontaine du Vaucluse. Les « lapiés » sont des failles creusées par l’eau dans le calcaire, les « dolines » des dépressions circulaires dans le calcaire, les « poljé » des dépressions entourées de rebords rocheux (les « crêts »), à fond plat et alluvial. En fait, le centre du Haut-Atlas est un gruyère calcaire.

La végétation s’étage ainsi :

– de 300 à 900 m d’altitude : une steppe à jujubiers, bétouns et gommiers, des oliviers. Sur les premiers contreforts calcaires, un manteau d’euphorbe et de doum (palmier nain). Un peu plus haut, le pin d’Alep et le chêne-vert.

– de 900 à 1500 m : le thuya de Berbérie et le genévrier rouge de Phénicie, les pins d’Alep et le genévrier Oxyèdre, des amandiers et des noyers. Des stations localisées de chêne Zen, d’if, d’alisiers blancs, d’érables de Montpellier, de cistes à feuilles de laurier, de buis des Baléares, de genêts, d’asphodèles, de jonquilles, de glaïeuls, de campanules, renoncules et pivoines, peuvent apparaître.

– de 1500 à 2200 m : c’est le domaine du chêne-vert en taillis, du lentisque, du ciste, de la lavande.

– de 2200 à 2500 m : pousse alors le genévrier thurifère, mais le climat se dégrade peu à peu, ajouté aux Berbères qui coupent les branches. Les forêts qui existaient sont pour la plupart mortes.

– de 2500 à 3600 m : la flore est peu variée mais endémique, proche de celle des Pyrénées, mais propre au Maroc. Apparaissent ensuite les coussinets épineux typiques.

– au-delà de 3600 m : les coussinets se raréfient, la végétation est maigre, principalement des campanules de Haire.

La faune de l’Atlas central est variée. On y rencontre le lynx, le chacal, le renard, le chat sauvage, le porc-épic, le lièvre, l’écureuil de roches. Parmi les oiseaux, on trouve le faucon, les pigeons, palombes et tourterelles, les bécasses. Les poissons sont la truite fario et la truite arc-en-ciel.

Les premiers textes connus qui font mention des habitants du Haut-Atlas sont ceux du Périple d’Hannon, vers le V° siècle avant notre ère. Les proto-berbères sont les Capsiens, venus sans doute d’orient, qui ont occupé le site de -8000 à -5000. Entre -6000 et -2000 apparaît le type insulaire gracile du Rif et le type atlanto-méditerranéen robuste dans le Maroc central, méridional, et le Sahara. Puis arrivent les Berbères, de langue chamito-sémitique.

Les Anciens distinguaient les Gétules, cavaliers nomades, et les Libyens plutôt sédentaires. Les Romains appelleront ces Gétules les « Numides » ou « Maures », habitant l’est et le centre du Maghreb. On distingue les paléoberbères Imazighen et les néoberbères Zenafa, venus de l’est par vagues. Ils seront convertis à l’Islam au XII° siècle de notre ère. Dès le XI° siècle, des conquérants Almohavides venus des bords du fleuve Sénégal deviennent les Berbères Sanhadja (Imaghizen). Sous prétexte de pureté de l’islam, ces cavaliers des steppes font la guerre aux sédentaires des plaines et des montagnes fertiles. Ils créent Marrakech en 1062 et débordent jusqu’en Espagne.

Les Marabouts ont été à l’origine des « prêtres » destinés à compléter l’islamisation des Berbères et à lutter contre les conquêtes chrétiennes. Ils étaient porteurs de la « baraka » (la chance) et faiseurs de miracles, animateurs de la guerre sainte, professeurs de sciences religieuses. Les maîtres des Zawyats perçoivent la dîme et constituent des abris sacrés. Par l’afflux des pèlerins et des quémandeurs, les Zawyats étendent leur clientèle et deviennent des seigneuries.

Le guide d’André Fougerolles n’est plus disponible, mais le même auteur a édité en 1191 un beau livre sur le Haut-Atlas que l’on peut se procurer.

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