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Connaissez-vous les signaux faibles ?

Philippe Cahen est économiste en prospective. Il a mis au point une méthode de veille économique originale et prometteuse : la traque aux « signaux faibles ». « Il s’agit de chercher dans l’actualité des événements qui passent inaperçus mais qui préfigurent l’avenir », écrit-il. Pour quoi faire ? Pour établir le socle de scénarios dynamiques pour les secteurs et les entreprises.

Une conférence fait le point à Paris le jeudi 29 septembre.

Petits signaux, grandes conséquences : le signal faible fait penser, il demande pourquoi et avec quelles conséquences, il interpelle. Cette hygiène est vitale pour l’entreprise, confrontée à la concurrence et à la versatilité de ses marchés ; elle devrait être la méthode de l’économiste, qui le plus souvent prédit l’avenir à l’aide de rétroviseurs. C’est dire si cette discipline de traque intelligente est urgente dans un monde sans cesse en mouvement et interconnecté à la vitesse de la lumière.

C’est par exemple le signal faible de voitures robustes et pas chères, lors d’un voyage en Russie, qui a fait lancer la Logan par Louis Schweitzer. Les bureaux d’études de Renault se sont montrés plutôt réticents… mais les marchés occidentaux ont tranché : c’est un succès !

Quelques exemples de signaux faibles, donnés par Philippe Cahen dans sa lettre mensuelle de septembre 2011 aux décideurs :

Greenpeace accuse la toxicité des vêtements produits en Asie. « Mon signal faible, c’est qu’il vaut mieux être le premier à connaitre la norme ISO 26000 que le dernier. »

« Apple a été quelques jours en août la plus grande société cotée en bourse du monde, elle a plus de liquidités (76 Md$) que les États-Unis qui ont « failli » être mis en défaut et ont été dégradés par l’agence de notation Standard & Poor’s. Les entreprises américaines sont riches de plus de 1200 Md$. Donc aujourd’hui, l’argent est dans les entreprises, plus dans les États. « La puissance est dans le créateur de richesse, la dette est dans le « sauvegardeur » du social. Il ne faut pas que l’une des jambes soit malade… »

« L’Angleterre s’enflamme comme le Chili, comme l’Espagne, comme Israël : des pays riches et en croissance. Mais les études prospectives britanniques l’avait prévu il y a déjà plusieurs années : le prolétariat de demain ce sont les classes moyennes qui réagiront avec des méthodes marxistes. Le plus « amusant » est que ces révoltes touchent aussi la Chine où l’on compterait 493 révoltes par jour.  » En fait le malaise profond des classes moyennes et des jeunes est mondial avec ce monde qui change très (trop ?) vite. »

L’information est à l’infini, mais noyée dans la masse. La première chose est d’établir un état d’esprit curieux, ouvert, critique. La seconde est de recueillir ces signaux faibles, puis de les classer afin d’en révéler leur intérêt. Ensuite d’imaginer les ruptures possibles demain. Enfin d’atterrir dans l’entreprise précise pour que la méthode serve à sa stratégie de développement : de quoi animer des réunions de créativité avec une méthode précise.

Philippe Cahen, Signaux faibles mode d’emploi, Eyrolles-éditions d’Organisation, 164 pages, 2010, €21.85

Conférence avec Jacqueline Théault. « Signaux faibles et ISO 26000, enfin un changement de comportement ». Jeudi 29 septembre à 8 heures, à l’hôtel Bedford, 17 rue de l’Arcade, 75008 Paris. Places limitées, inscrivez-vous ici.

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Presse concierge

‘Le Monde’ devient de plus en plus ‘immonde’, selon le titre décerné par les canulars des années 1980. Le numéro daté (généreusement) des dimanches 10 et lundi 11 juillet 2011 donc préparé samedi 9 (on ne se refuse rien) est un concentré de propos de concierges.

Page 3 « on ne réveille pas Sarkozy » (qu’est-ce qu’on s’en fout !) sur la façon dont il a appris l’affaire DSK. Comme si le Président était coupable d’avoir appris plus tôt que les Français les frasques sexuelles d’un ex-futur candidat ! C’est digne du caniveau internet.

Page 6 « le scandale News of the World » : quel intérêt ?  Les radios en ont parlé en long et en large depuis des jours, c’est du réchauffé. On aurait aimé plutôt que « l’investigation » des journalistes ait levé le lièvre avant que tout le monde le sache. Mais évidemment ‘le Monde‘ s’en fout avant que ça devienne mondial.

Page 8 « quand on est en guerre, on dit la vérité ». S’agit-il d’Afghanistan où « nos » otages viennent de rentrer de 3874 jours de captivité ? Vous dites ? c’est moins ? Ah bon, le monde entier croyait l’inverse à force d’en lire, mais bon… S’agit-il de Libye où « nos troupes » (à court de munitions) se demandent ce qu’elles vont bien pouvoir inventer pour que « nos militaires » puissent partir en vacances comme n’importe quel fonctionnaire ou au moins prof ? S’agit-il de Côte d’Ivoire, de Somalie, du Liban, du Kosovo et de tous ces endroits perdus de vue où nos soldats sont déployés « pour la paix » ou on ne sait quelle mission qui n’a évidemment jamais rien à voir avec la guerre ? Vous n’y êtes pas. C’est Delanoë qui parle des impôts. Sur un ton belliqueux de concierge en colère. Vraiment, quel scoop alors qu’il n’est même pas candidat aux primaires !

Page 9 « les rumeurs sur son couple » ? Bon, ne cherchez pas, c’est Martine Aubry, « obligée » de démentir ce qu’Internet dit sur son mari-copain-amis-compagnon-pacsé (?) qui « défendrait » des islamistes. Est-il avocat ou non ? Quel aventure ! (ciel mon mari !)

Page 10 : à Marseille l’attaque d’un train express régional relance le débat sur la sécurité » – ben vrai ma bonne dame ! Y a pu d’morale j’vous dis. La sécurité c’est toujours à la Une. Et alors ? Y a -t-il enquête du journal pour en savoir plus ? Surtout pas, sur la chanson de « ces jeunes, hein « ! Ça me rappelle mon arrière grand-mère (oui, arrière, ça date comme disait l’égyptien). Elle jugeait de la presse en fonction des crimes relatés : « aujourd’hui y a pa’d’crime, ça a pas d’intérêt ». Texto. Le Monde a bien régressé en quelques années. Il va de mal en pis. Où sont les vaches (qu’un rapport de la Cour des comptes pointe justement ?)

Page 14 « Moody’s sème la pagaille sur les bourses » : on dirait un titre de Libération des années 80, avec jeu de mot douteux sur « bourses ». Page 15 « Un paparazzi au musée » ou mââme Michu à l’Élysée…

« Le Monde n’est plus vraiment Le Monde », dit un lecteur cité par le médiateur, à propos de l’affaire « DSK… tastrophe » (encore un titre poubelle digne de la presse du même nom). C’est vrai, poursuivons page 24 voir « ces femmes complaisantes envers leur mari volage »…

Il y a 15 ans, je lisais Le Monde en 1h15 environ ; aujourd’hui, 10 mn me suffisent… les meilleurs jours. Ce 10 juillet, 5 m’ont suffit largement tant ce torchon me tombe des mains. Rien qui n’ait déjà été dit et ressassé avec témoignages, intellos et contradictoire sur toutes les radios ; rien qui n’ait été analysé (bien plus directement, sans fioritures contorsionnées) par Internet ; rien qui n’ait fait l’objet d’enquêtes de la presse internationale ou (même !) hebdomadaire en France.

Le Monde est tombé bien bas, c’est un lecteur durant quarante ans qui vous le dit !

Avec la télé sur câble et à la carte, Internet et les blogs, la radio podcastable à l’envi, la presse « papier » a du mouron à se faire ! Plus le temps, plus l’envie, trop cher pour ce que c’est, marre des grèves des privilégiés syndicaux du Livre payés comme des cadres de la finance avec des vacances de prof, marre du papier qui tache les doigts et des pages difficiles à tourner alors qu’il suffit de se brancher un écouteur à l’oreille, marre des pubs SNCF ou Casden pleine page à prix exorbitant alors que les « services » publics sont censés être à l’agonie faute d’argent. On se moque de qui ? Pas de moi en tout cas, j’ai résilié mon abonnement et ne suis pas prêt à revenir.

Le journaliste devient le sidérurgiste des années passées. Fini le statut d’exception, la « signature » d’intello-à-la-française. Seuls survivent les groupes qui ont les moyens de financer une équipe de salariés bien formés pour faire des reportages, être envoyés spéciaux, offrir des réflexions de qualité. La revue XXI le prouve qui vend en librairie ce que ‘France Soir’ vendait jadis sous la signature de Kessel, Malraux, Blondin et d’autres. Les faits bruts ne suffisent pas – ils sont gratuits. L’idéologie ne rassemble que des convaincus – de moins en moins. La seule valeur ajoutée est dans la sélection des informations, leur vérification par recoupement, le recul propre au savoir maîtrisé, le décryptage.

Bien loin du ton de concierge affiché depuis peu par cet Immonde ! qui se croit encore « de référence ».

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