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Spaghettis aux moules

J’ai eu cette interrogation bizarre et non sexuelle, pour une une fois sur ce blog, juste avant les vacances. Je crois savoir d’où elle vient, aussi je m’empresse de vous livrer ma « recette secrète » de spaghettis aux moules.

Tout a commencé lorsque j’ai voulu varier le sempiternel plat de spaghettis à la tomates et aux olives pour faire plaisir à un mien gamin. Les pâtes aux fruits de mer étaient délicieuses. Las ! Je n’avais point de coques ni de praires. Comment faire avec les moyens du bord ?

Inventer.

spaghetti

Donc les spaghettis. Je préfère les petits diamètres (Capellini n°1), mais vous pouvez varier. Vous les faites cuire dans beaucoup d’eau bouillante salée, le temps indiqué sur le paquet, avec la quantité prévue pour 2 (ados) ou 4 (adultes). N’étant pas italien, je rajoute une minute pour qu’elles soient moins al dente et qu’elles prennent mieux la sauce.

Pendant ce temps, mettez deux cuillerées d’huile d’olive dans une poêle, faites-y revenir deux échalotes hachées et deux gousses moyennes d’ail écrasées à la lame d’un couteau (ou au poignet si vous le craignez pas l’odeur persistante).

Ajoutez le jus d’une boite de moules (250 g) ou d’un bocal apéritif, à conditions qu’elles soient nature. Mais surtout pas les moules !

Faites réduire le jus d’une bonne moitié avant d’ajouter le contenu entier d’une boite de tomates pelées (400 g). Laissez réduire au moins 5 mn, il faut que la sauce devienne sirupeuse.

Hors du feu, ajoutez alors les moules (déjà cuites) de la boite – juste pour les réchauffer. Si vous les mettez avant, elles prendront la consistance infecte du caoutchouc.

Une fois les pâtes cuites, versez-les sur la sauce, mélangez et laissez s’imprégner quelques minutes. Vous pouvez ajouter du parmesan si vous voulez, ou quelques herbes comme persil ou thym.

spaghetti aux moules

Reste à déguster. C’est tout simple, et c’est bon. A portée de tout célibataire pressé, ou d’un couple qui rentre de voyage. Tous les ingrédients se conservent des mois dans un placard.

Évidemment, vous pouvez faire la recette avec de vraies tomates fraîches mûries sur la branche et cueillies au jardin, et ajouter de vraies moules encore vivantes avant que vous ne leur fassiez subir le sort de Jeanne d’Arc dans le faitout – mais l’intérêt de ma recette est qu’elle reste facile à faire.

Et fort aimée des ados.

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Roscoff

Article repris par Medium4You.

A la pointe nord de Morlaix, de l’autre côté de la Penzé et face à Carantec, protégée par l’île de Batz, Roscoff est une cité qui eut une histoire d’amour avec l’Angleterre. Amour et haine, comme ces lettres sur chaque phalange du pasteur (Robert Mitchum), dans ‘La Nuit du Chasseur’, fameux film d’angoisse américain. Durant la guerre de Cent ans la ville est détruite par la razzia du ‘rosbif’ Arundel.

En 1548 au mois d’août, la petite Marie Stuart y débarque pour se fiancer au dauphin de France, futur François II. Elle n’a que 6 ans et le peuple venu en foule l’appelle la « Reinette d’Écosse », sans doute à cause de l’émotion qui rougit ses pommettes.

C’est sur ses quais encore qu’en 1746 le prétendant Charles-Édouard, le dernier des Stuart, débarque afin de trouver asile. ‘Bonnie Prince Charlie’ sera vaincu, comme l’évoque Robert-Louis Stevenson dans l’une de ses premières œuvres, ‘Enlevé !’ A l’inverse, nombre de prêtres réfractaires ont embarqué ici pour l’outre-manche, durant les années révolutionnaires. De même que sur cette côte, dans les anses désertes mal surveillées des Allemands, la Résistance a embarqué et débarqué nombre de clandestins, et pas des moins connus – un certain François Morland entre autre, d’identité officielle ‘Mitterrand’.

De ce port qui commerçait volontiers avec les Flandres et le Portugal, sont parties aussi les échalotes tressées pour l’Angleterre. Les ‘Johnnies’, petits marchands encore adolescents, prennent la suite d’Henri Ollivier, Roscovite qui inventa ce commerce en 1828 à l’âge de 20 ans. C’est que l’oignon rose de Roscoff est plein de vitamine C et l’on connaît la hantise du scorbut pour les marins partant en longues traversées. La confrérie des Johnnies existe toujours et vous pouvez rencontrer l’un de ses membres, coiffé de son béret, au hasard des marchés. Celui de Carantec – un Johnny dont l’épouse s’appelle Laetitia… – nous donne même l’adresse de la Maison des Johnnies à Roscoff : 48 rue Brizeux.

La chapelle Sainte-Barbe, patronne de Roscoff, veille dès 1619 sur le port et sur la ville depuis le roc en promontoire où elle est érigée. Les grands viviers se tiennent à ses pieds, réservés aux professionnels et défendus par une barrière. Les particuliers n’y ont accès que par intermédiaires et doivent prendre le poisson ou crustacé qu’on leur vend à la porte, sans voir ni toucher la marchandise. Ils achètent « un chat dans un sac », comme disent volontiers les Anglais. Cela c’est pour le marché de gros.

Une criée est aménagée chaque jour sur les quais du vieux port à chaque rentrée de pêche : là on peut voir et toucher, en discutant avec le marin ou sa femme, ou son adolescent de fils. Les bêtes sont fraîches et pincent vigoureusement ; les poissons ont encore l’œil vif, rempli des spectacles de l’univers liquide.

Le port de pêche à marée basse a beau ressembler à un cimetière, de gros ferries parviennent à aborder ou à quitter Roscoff par des bassins en eau profonde qu’il faut parfois atteindre au bout d’interminables estacades – un exploit si le vent souffle. C’est que la mer est toujours une aventure et Roscoff le rappelle à qui veut. Malgré son nom anglais, la Brittany Ferries a été créée en 1972 par des Bretons.

C’est contre le vent que les rues sont étroites et font des coudes. La rue Albert de Mun recèle encore des maisons du 16ème siècle, d’autres du 19ème. Elles sont solides, flanquées parfois de tourelles ou de gargouilles. Celles face au quai comportent des caves ouvrant directement pour entrer marchandises et barriques.

L’église Notre-Dame est gothique flamboyant avec un clocher Renaissance. Elle a conquis de haute lutte son existence, face à Saint-Pol de Léon, trop proche, qui avait les faveurs de l’évêque-comte.

La voûte intérieure est un ciel bleu nuit en forme de carène où brillent des étoiles peintes. Des retables en bois sculpté et doré, des bas-reliefs d’albâtre, des colonnes torses, montrent la prospérité et le goût de l’ailleurs.

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