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Roscoff

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A la pointe nord de Morlaix, de l’autre côté de la Penzé et face à Carantec, protégée par l’île de Batz, Roscoff est une cité qui eut une histoire d’amour avec l’Angleterre. Amour et haine, comme ces lettres sur chaque phalange du pasteur (Robert Mitchum), dans ‘La Nuit du Chasseur’, fameux film d’angoisse américain. Durant la guerre de Cent ans la ville est détruite par la razzia du ‘rosbif’ Arundel.

En 1548 au mois d’août, la petite Marie Stuart y débarque pour se fiancer au dauphin de France, futur François II. Elle n’a que 6 ans et le peuple venu en foule l’appelle la « Reinette d’Écosse », sans doute à cause de l’émotion qui rougit ses pommettes.

C’est sur ses quais encore qu’en 1746 le prétendant Charles-Édouard, le dernier des Stuart, débarque afin de trouver asile. ‘Bonnie Prince Charlie’ sera vaincu, comme l’évoque Robert-Louis Stevenson dans l’une de ses premières œuvres, ‘Enlevé !’ A l’inverse, nombre de prêtres réfractaires ont embarqué ici pour l’outre-manche, durant les années révolutionnaires. De même que sur cette côte, dans les anses désertes mal surveillées des Allemands, la Résistance a embarqué et débarqué nombre de clandestins, et pas des moins connus – un certain François Morland entre autre, d’identité officielle ‘Mitterrand’.

De ce port qui commerçait volontiers avec les Flandres et le Portugal, sont parties aussi les échalotes tressées pour l’Angleterre. Les ‘Johnnies’, petits marchands encore adolescents, prennent la suite d’Henri Ollivier, Roscovite qui inventa ce commerce en 1828 à l’âge de 20 ans. C’est que l’oignon rose de Roscoff est plein de vitamine C et l’on connaît la hantise du scorbut pour les marins partant en longues traversées. La confrérie des Johnnies existe toujours et vous pouvez rencontrer l’un de ses membres, coiffé de son béret, au hasard des marchés. Celui de Carantec – un Johnny dont l’épouse s’appelle Laetitia… – nous donne même l’adresse de la Maison des Johnnies à Roscoff : 48 rue Brizeux.

La chapelle Sainte-Barbe, patronne de Roscoff, veille dès 1619 sur le port et sur la ville depuis le roc en promontoire où elle est érigée. Les grands viviers se tiennent à ses pieds, réservés aux professionnels et défendus par une barrière. Les particuliers n’y ont accès que par intermédiaires et doivent prendre le poisson ou crustacé qu’on leur vend à la porte, sans voir ni toucher la marchandise. Ils achètent « un chat dans un sac », comme disent volontiers les Anglais. Cela c’est pour le marché de gros.

Une criée est aménagée chaque jour sur les quais du vieux port à chaque rentrée de pêche : là on peut voir et toucher, en discutant avec le marin ou sa femme, ou son adolescent de fils. Les bêtes sont fraîches et pincent vigoureusement ; les poissons ont encore l’œil vif, rempli des spectacles de l’univers liquide.

Le port de pêche à marée basse a beau ressembler à un cimetière, de gros ferries parviennent à aborder ou à quitter Roscoff par des bassins en eau profonde qu’il faut parfois atteindre au bout d’interminables estacades – un exploit si le vent souffle. C’est que la mer est toujours une aventure et Roscoff le rappelle à qui veut. Malgré son nom anglais, la Brittany Ferries a été créée en 1972 par des Bretons.

C’est contre le vent que les rues sont étroites et font des coudes. La rue Albert de Mun recèle encore des maisons du 16ème siècle, d’autres du 19ème. Elles sont solides, flanquées parfois de tourelles ou de gargouilles. Celles face au quai comportent des caves ouvrant directement pour entrer marchandises et barriques.

L’église Notre-Dame est gothique flamboyant avec un clocher Renaissance. Elle a conquis de haute lutte son existence, face à Saint-Pol de Léon, trop proche, qui avait les faveurs de l’évêque-comte.

La voûte intérieure est un ciel bleu nuit en forme de carène où brillent des étoiles peintes. Des retables en bois sculpté et doré, des bas-reliefs d’albâtre, des colonnes torses, montrent la prospérité et le goût de l’ailleurs.

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Paris en un jour

Nombreux sont les touristes ou les voyages scolaires qui viennent à Paris en coup de vent. Leur itinéraire logique suit la Seine, de Notre-Dame à la tour Eiffel. Paris est en effet une ville-centre grâce au fleuve. Il relie dans l’histoire les foires de champagne, les blés de Beauce et les vignobles bourguignons aux marchandises venues par mer depuis Le Havre et Rouen.

Il est aussi le fil symbolique de la tradition qui va de la spiritualité médiévale (Notre-Dame) à la modernité révolutionnaire (place de la Concorde), commerçante (Champs-Élysées) et industrielle (tour Eiffel), en passant par l’Etat et la culture (Louvre).

La tête de l’Etat a migré depuis les Romains de l’île de la cité vers le château du Louvre sur la rive droite, puis le palais de l’Élysée – toujours plus loin vers l’ouest. Le début de l’été est propice, les jours plus longs, le temps souvent beau sans être accablant, une brise rend cristalline l’atmosphère. Paris reste vivant tant que les vacances scolaires ne vident pas les Parisiens, les commerces sont ouverts.

Notre-Dame est la grande cathédrale, vaisseau de l’esprit sur l’île d’origine. Tous les élèves et les Japonais commencent ici. Le mieux est de commencer la visite par le pont de la Tournelle, qui permet de bien voir le chevet. Puis revenir par la rue Saint-Louis en l’île où trônent les boutiques, dont les fameuses glaces Berthillon.

Au centre du portail de Notre-Dame, au-dessus du Christ en majesté, Satan pèse les âmes, surveillé par saint Michel. Sur le parvis, au-dessus de l’ancien Paris qui se visite, des animations attirent plus les gamins que les vieilleries. Mais les rues tracées au sol montrent combien l’ancien Paris vivait à l’étroit, les boutiques n’ouvraient souvent que 4 m²… Dès que le soleil s’établit, le bronzage sur les quais est de rigueur. Cela sous la préfecture de Police bordée de cars de flics, quai des Orfèvres, rendu célèbre par le Maigret de Simenon.

Le Pont-Neuf marque la transition des îles avec le Louvre. Le ‘N’ qui figure sur ses piles n’est pas la marque de Nicolas Sarkozy, comme j’ai entendu un collégien l’affirmer à ses copains, peut-être après la propagande politique de son prof, mais celle de Napoléon 1er.

Il fit en effet aménager les grèves de sable en quais de pierre pour les bateaux de commerce, tel le quai des Grands-Augustins, juste à côté. Le pont date de 1607 et sa construction a duré 29 ans.

Henri IV l’a inauguré, sa statue trône au-dessus du square du Vert-Galant, ex-île aux Juifs. Le Vert-Galant, c’est lui, Henri IV, fort galant avec les dames et fort vert pour baiser plusieurs fois par jour, dit-on.

Une plaque rappelle que Jacques de Molay, grand Maître des Templiers y a été brûlé. Il a lancé sa malédiction à Philippe le Bel vers les fenêtres du Louvre en face, faisant débuter ainsi la dynastie des rois maudits.

Le Louvre est le palais des rois de France avant Versailles. Une passerelle le relie à l’Institut, siège de l’Académie Française (qui n’est pas un tombeau comme les Invalides malgré la coupole, comme j’ai entendu un autre gamin le répéter à ses copains).

La cour Carrée s’élève sur les fondations médiévales du château ; elles se visitent en sous-sol. Un passage voûté, où flûtistes et violonistes aiment à tester la belle sonorité du lieu, débouche sur le XXe siècle Mitterrand. La pyramide de verre attire toujours autant, telle une gemme futuriste parmi tant d’histoire. Les touristes adorent s’y faire prendre et leurs petits tremper leurs mains ou leurs pieds dans les bassins, et plus si grosses chaleurs.

Les statues des grands hommes veillent, Voltaire toujours caché d’un filet (pour cause d’islamiquement correct ou de « rénovation » qui dure depuis 7 ans ?). Racine vous regarde d’un air classique.

Louis XIV caracole un peu plus loin, donnant l’exemple aux gendarmes à cheval qui disent encore « l’Etat c’est moi ».

Il suffit de traverser la rue pour se retrouver parmi les buis du jardin à la française, au Carrousel. Les profondeurs de l’arc de triomphe recèlent un bas-relief de femme nue séduisante aux ados mâles (j’ai entendu un collégien détailler ses attraits à ses copains ébahis).

Dans les jardins batifolent les statues mafflues des femelles Maillol, tout comme les jeunes, en couples ou en amis, qui aiment à s’allonger plus ou moins déshabillés.

Les provinciaux gardent cette impression tenace que Paris est Babylone où les turpitudes sont possibles : la nudité, la drague éhontée, les filles faciles, les gays disponibles. Certains explorent les dessous des statues pour étudier le mode d’emploi d’une femelle métallique.

Les pubères restent sans voix devant Diane, si réaliste.

Comme devant les reliefs protubérants de Thésée ou du jeune Enée portant Anchise. Les ados s’y comparent volontiers, gonflant la poitrine et faisant des effets de muscles pour impressionner leurs copains d’abord, leurs copines potentielles ensuite. Parade de jeunes mâles qui s’essaient à grandir.

Certains veulent s’y comparer et ôtent leur tee-shirt avant de se faire rappeler à l’ordre par leur prof (« on est en sortie de classe, on n’est pas à la plage »), malgré les collégiennes qui trouvent ce puritanisme castrant.

A l’extrémité poussiéreuse des Tuileries se ferme un curieux monument contemporain en métal rouillé.

On y entre comme dans un con avant d’apercevoir le pénis égyptien qui marque le centre de la place de la Concorde (et pas la Bastille, comme un autre gamin le disait en toute naïveté). Ici a été guillotiné Louis XVI et, dans l’hôtel adjacent, a été négocié durant des mois le traité de Versailles où l’intransigeance franchouillarde a produit la guerre suivante.

En face, sur l’autre rive, l’Assemblée Nationale attire peu, on dirait une bourse du commerce assoupie dans une ville du centre. Les godillots intéressent moins les Français que les vrais chefs, si l’on en juge par l’écart d’abstention.

Reste à suivre les quais pour aborder le pont en l’honneur du tsar russe Alexandre III, où des putti des deux sexes se contorsionnent selon l’art pédophile de la fin XIXe (rires des collégiens, « hé, on dirait ton p’tit frère à poil ! – T’as vu, c’est ta sœur en nettement mieux ! »).

Dès le Grand Palais, s’ouvrent les Champs-Élysées. L’avenue n’est pas si grande que ça et les moins de 13 ans sont toujours déçus ; les autres sont plutôt alléchés par les affiches de film, les belles bagnoles, les disques Virgin et par le McDonald’s.

L’Arc de triomphe, au bout, n’est pas le tombeau de Napoléon 1er (comme le croyait Edgar Faure enfant) mais un monument à ses victoires. Sous son arche repose le soldat inconnu de la Grande Guerre, avec sa flamme perpétuelle. Il faut marcher vers la Seine pour terminer le périple par la tour Eiffel. S’il fait beau, monter au sommet vaut le détour : tout Paris s’étale à vos pieds, comme le Trocadéro.

Le visiteur d’un jour passera une heure à Notre-Dame et autour avant d’aller au Louvre. Il pourra y rester deux heures en choisissant de voir soit la Joconde et quelques peintures, soit le Louvre médiéval et le département des sculptures, soit l’aile égyptienne, soit une exposition temporaire. Ne pas tenter de « tout » voir, c’est impossible et lassant.

Ce sera l’heure de déjeuner. Un café-sandwichs existe dans le Louvre même, un restaurant plus chic sous les arcades, d’un bon rapport qualité/prix. Mais les fauchés peuvent aussi remonter l’avenue de l’Opéra pour trouver le Monoprix, trottoir de gauche, avec ses plats tout prêts, ou la boulangerie du pain Paul, juste à côté, aux sandwiches composés de pain délicieux. Une pause chez Verlet, rue Saint-Honoré, permettra de goûter plusieurs centaines de crus de cafés ! Le reste de l’après-midi sera consacré aux Tuileries, aux Champs-Élysées avec ses boutiques et ses cafés, avant de filer vers la tour Eiffel pour le coucher du soleil.

Vous n’aurez pas vu tout Paris, mais vous aurez vu le plus beau.

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Beauté du Louvre

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Quiconque aborde Paris va au Louvre. C’était la forteresse des rois, dont il reste les tours de fondation sous la pyramide. Ce fut le palais des dynasties régnantes jusqu’à ‘L’État-c’est-moi’, le quatorzième Louis qui préféra Versailles, loin de la foule, des miasmes et de la population. D’où la Révolution.

On aborde le palais par les quais, rehaussés et bordés depuis l’Ancien régime. Sous l’arche du pont Neuf bâti par Henri IV, la perspective des bâtiments s’étend le long de la Seine, au loin.

La pyramide, architecte chinois pour président matois, s’élève aérienne dans le ciel pur d’hiver. L’eau des bassins ajoute au cristallin de sa structure.

La fontaine qui jaillit, sauf lorsque le gel la fige, donne du bouillonnement à l’ensemble verre-métal. Comme les gamins qui jouent et se trempent presque nus en saison clémente. Pas en cet hiver d’élections où le bac à sable met en lice le sultan de Bruni contre Guimauve le conquérant.

La géométrie tranche au scalpel les formes des vieux rois. Elle incarne la raison pure, l’abstraction faite reine, le glacé des nombres. Que ce soit un président de gauche qui ait voulu ça en dit long sur la mentalité de « civilisation » française.

Civilisation qui a honte. Tant la Mairie socialiste que le gouvernement UMP s’obstinent à ne toujours pas dévoiler Voltaire ! Sa statue est LA SEULE couverte d’un filet pour cacher aux seuls Musulmans la face de celui qui écrivit un ‘Fanatisme ou Mahomet’ célèbre. Si l’on voulait une preuve du déni de « civilisation » accordée à la nôtre par les bobos relativistes multiculturels, en voilà une, persistante sous nos yeux !

Toutes les cultures sont respectables, comme expression humaine dans l’histoire. Mais NOTRE culture est préférable à nos yeux à cette eau tiède du « tout le monde il est beau » des éternels nomades hors sol qui ont les moyens, les prébendes d’État et la légèreté mentale d’être toujours branchés dans le vent – aussi insignifiants que les muguets de cour. Le jour où ils mettront leur Morale-au-monde-entier en accord avec leur existence quotidienne, nous pourrons les croire. En attendant, ils ne sont que ridicules.

La maquette, visible sous la pyramide, montre un Louvre comme ville dans la ville, ensemble de bâtiments d’État avant-hier palais et écuries,  hier ministère et parking, aujourd’hui musée et piétons.

C’est beau, mais éternel, analogie voulue avec les pyramides d’Égypte, sauf que le « tombeau » de Marie-Madeleine, chanté par le ‘Da Vinci Code’ n’est décidément pas sous la pyramide inversée de l’intérieur…

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Paris sur Seine

L’été n’est pas fini et la capitale offre ses jeux à qui les veut. L’incontournable pyramide de verre au Louvre offre surtout son bassin d’eau fraîche durant les grosses chaleurs. Les kids s’y éclaboussent à l’envi.

Les jardins font mal aux yeux par leur herbe rare et leur gravier éblouissant, mais les policiers à cheval surveillent tous les comportements suspects.

Dans un bassin confidentiel, les bateaux à voile des gamins vont d’un bord à l’autre selon la brise. Le bassin du Luxembourg, plus grand, plus chic, plus 6ème arrondissement, est mieux connu, mais les Tuileries sont plus intimes.

Au Luxembourg, le basket fait rage car les éphèbes multiculturels peuvent s’exhiber torse nu sans craindre le regard réprobateur des gardiens et des mémères. Surtout si les enfants regardent.

Sur le pont des Arts règne la mode des cadenas, venue du monde anglo-saxon. Mode imbécile, comme tout engouement de foule qui reproduit sans savoir. L’étalage des liens inamovibles (on a perdu la clé) est clinquant et plutôt pathétique : tous ces Armelle & Colin qui vont se séparer dans quelques mois ou se déchirer dans une année…

Mais c’est la mode et tout branché se doit d’offrir son cul aux observateurs amusés pour contempler ce grand « art » à la Jacques Lang.

Reste de branchitude, les bouquinistes. Ils sont plus chers qu’ailleurs et offrent moins de choix que les librairies spécialisées sur Internet mais ils font partie de la vie des quais. Surtout quand Notre-Dame offre sa caution en ligne de mire.

Sur les marches des quais, les amoureux s’en moquent. Le monde peut bien s’écrouler, ils font monde à part dans leur bulle. Ils n’hésitent pas à se regrouper pour bien le montrer.

Grand-mère arpente, elle, le pavé pour montrer au petit-fils la « grande école » dans laquelle il doit entrer cette semaine. A six ans.

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