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Jason et les Argonautes de Don Chaffey

Les Argonautes sont des héros fabuleux dont même Circé parle dans L’Odyssée. Ils sont les pions des dieux, amusés à jouer aux échecs. Zeus (Niall MacGinnis) dispute avec son épouse Héra (Honor Blackman) une partie et les humains en sont les pièces ; ils les regardent s’ébattre dans un bassin comme à la télé. Pélias (Douglas Wilmer) a voulu être roi de Thessalie à la place du roi. Il l’a donc attaqué, vaincu et tué. Mais une prophétie lui apprend qu’il sera tué par le fils de ce roi, chaussé d’une seule sandale. Un bébé a échappé à la tuerie à l’arme blanche : son neveu Jason. Vingt ans plus tard, c’est un beau jeune homme robuste (Todd Armstrong), élevé en berger, qui sauve Pélias tombé, par la malice d’Héra, dans le fleuve où son cheval a fauté. Pélias est rescapé de la noyade grâce à Jason, sans le connaître. Jason, de son côté, sait-il qu’il est le fils de l’ancien roi et qu’il a l’intention de reconquérir son royaume que l’actuel roi asservit en tyran.

Mais pour cela, il lui faut un symbole qui le légitime aux yeux du peuple. Une fabuleuse toison d’or aurait, paraît-il des vertus de ce genre, assurant la prospérité du royaume de Colchide, aux confins du monde (connu). Pélias, qui a reconnu en Jason celui qui le tuera, ne peut le supprimer sur le champ, comme son fils Acaste (Gary Raymond) le presse de le faire : ce serait offenser les dieux que de faillir à l’honneur. Il suggère plutôt à Jason d’aller chercher la toison d’or. Ce sera au péril de sa vie et donnera à Pélias le répit d’existence auquel il aspire.

Jason réunit tout ce que la Grèce a de meilleur : un bateau de guerre solide, un équipage d’athlètes vainqueurs aux jeux, dont le fameux Hercule, et vogue la galère vers la Colchide mystérieuse. Le jeune Hylas se fait inviter par les héros en rusant pour égaler Hercule au lancer de disque : il fait ricocher le sien, ce qui demande moins de force. Une figure de proue est installée à la poupe et regarde vers l’intérieur du navire. Si celui-ci est nommé Argos du nom de son capitaine (Laurence Naismith) – d’où le nom d’Argonautes donné à ses marins aventuriers – la figure est celle d’Héra, cheftaine des dieux après Zeus. Elle a obtenu de son dominateur de mari le droit de répondre à cinq questions seulement pour aider Jason, mais pas une de plus.

Le bateau part de Thessalie, enfile le Bosphore – où sont les falaise rapprochées, les roches broyeuses – avec pour direction la côte sud de la mer Noire et la Colchide, aujourd’hui la Géorgie. C’est une quête du soleil (l’or), symbole de vie et de fortune matérielle (le bélier). L’esprit astucieux et rusé (la métis des Grecs) s’unit chez Jason à la passion de retrouver son trône et chez son équipage de prouver leur valeur, ainsi qu’à l’instinct de prédation de tous pour rapporter un trésor. Tous les étages de l’humain sont associés à cette quête initiatique durant laquelle dieu opposant et déesse adjuvante vont contrer ou favoriser le héros pour qu’il accomplisse son destin. Le compagnonnage guerrier doit à la fois mériter de son chef et ce dernier les mériter.

Les obstacles sont nombreux, à commencer par la vanité d’Hercule (Nigel Green) qui fait tuer son jeune compagnon Hylas (John Cairney) en dérobant, contre les ordres formels de Jason, un bien des dieux sur l’île où Héphaïstos a forgé les statues de Titans. L’un d’eux, Talos, se venge et écrase le jeune homme en s’abattant après que Jason eût compris que sa faiblesse est au talon. Triton, en revanche, mandaté par Héra, protège le navire contre les roches broyeuses du Bosphore et permet à Jason de sauver la grande prêtresse de Colchide, Médée (Nancy Kovack), qui tombe raide dingue de lui. Ce qui permettra à nos héros d’entrer dans la cité.

Hylas hélas ! Jason en prison ! Mayday Médée ! Le traître se cache dans les détails : le beau svelte Acaste suggère de pénétrer la cité de nuit, pour ne pas se faire repérer bien sûr, mais surtout pour éliminer Jason sans que personne ne le soupçonne. Instruit par les dieux, le héros le défie, ils se battent, Acaste se jette dans les flots et disparaît… mais pour mieux les trahir en les dénonçant au roi de Colchide Aétès (Jack Gwillim), qui les fait enfermer. Médée drogue les gardiens pour faire échapper Jason et ses compagnons qui vont, dès lors, reprendre leur vaisseau tandis que Jason va à la chasse à la toison. Il se bat avec l’hydre, puis avec quelques soldats de Colchide, enfin avec une troupe de squelettes levée par Aétès (quatre mois de travail pour le tournage) en invoquant un dieu qui lui conseille de semer les dents de l’hydre morte, lesquelles vont lever depuis le sol. Jason combat, ce qui n’est pas sans cocasseries côté squelettes, des guerriers meurent mais le héros s’échappe en sautant directement de la falaise dans la mer – les squelettes ne savent pas nager… C’est épique, mais la partie n’est pas terminée pour les dieux !

Les effets spéciaux de Ray Harryhausen sont restés mémorables mais font évidemment piètre figure aujourd’hui. L’hydre aux sept têtes menaçantes apparaît comme un gros calmar en plastique qu’on déplace d’avant en arrière pour l’action. Les roches broyeuses sont des dents mal chaussées du décor qui oscillent même quand elles ont fini de s’écrouler. Seules les harpies font vrai, diaboliques avec leurs ailes membraneuses et leurs voix criardes. Le colosse de Telos, géant de bronze qui grince à chaque mouvement est réussi, de même que la bataille des squelettes qui impressionne vivement les plus petits.

DVD Jason et les Argonautes (Jason and the Argonauts), Don Chaffey, 1963, avec Todd Armstrong, Nancy Kovack, Jack Gwillim, Gary Raymond, Niall MacGinnis, Douglas Wilmer, Laurence Naismith, Honor Blackman, Michael Gwynn, Sidonis Calysta 2019, 1h40, €13,00 Blu-ray €14,98

Pistes pédagogiques pour les profs

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Rois de Paris

Paris la capitale grouille de grands rois statufiés, les Français en sont fiers même s’il ont coupé la tête au précédent de l’antépénultième.

Honneur à Charlemagne, Charles le Grand avant de Gaulle, qui voit son cheval mené par Olivier et Roland sur le parvis de Notre-Dame. Il a été exécuté (la statue, pas le roi) par Louis et Charles Rochet en 1877 sous prétexte d’archéologie. La IIIème République commençante conservait déjà son patrimoine, recensé avec soin dans Le tour de France par deux enfants par G. Bruno. Il est dit que l’épée de Charlemagne est copiée de celle conservée à Madrid et que l’on dit la Durandal de Roland.

Sautons quelques siècles pour tomber sur un autre bon roi, Henri Quatrième pour qui Paris valait bien une messe (ce qui scandalisait Paul Claudel, Académicien français et prix Nobel de littérature : quoi ! devenir catholique juste par politique ? et la transcendance, nom de Dieu !). Le roi de la poule au pot chevauche en plein milieu du Pont-Neuf (qu’il a fait construire de 1578 à 1607). Malgré son nom, ce pont reste aujourd’hui le plus ancien de Paris car construit en pierre durable… Tous les autres étaient en bois et se sont écroulés ou ont brûlé, parfois avec les maisons à étages serrées sur leur tablier ! Il est amusant de savoir qu’Henri IV a été fondu en 1818 par François Lemot dans le bronze de la statue de Napoléon 1er qui trônait place Vendôme, lorsque Louis le Dix-huitième est rentré dans les fourgons de l’étranger. La statue est creuse, comme son socle, et recèlerait divers documents dont des libelles anti-royalistes…


Lorsque le roi meurt, vive le roi ! Non pas celui qui est mort mais celui qui lui succède, en général son fils aîné. La formule indique la continuité de la lignée, donc de l’Etat. C’est ainsi que le petit Louis devint Treizième lorsque son père Henri fut assassiné comme on sait par Ravaillac, en 1610. Une plaque de la rue Saint-Augustin marque l’endroit où le gamin a été prévenu qu’il était désormais roi. Il avait 9 ans…


Louis XIII le Juste est représenté à cheval au centre de la place des Vosges. Il est en marbre et a été exécuté (fort mal) par Louis Dupaty et terminée (pas mieux) par Pierre Cortot cinq ans après. La Restauration s’est empressée de remplacer les statues fondues durant la Révolution. Il y avait un Louis XIII en bronze bien meilleur à cet emplacement avant.


On ne compte plus les statues de Louis XIV, dit le Grand, tant les Français sont prosternés devant leur Etat. Le chef qui incarne la puissance et dirige les armées court la politique française de Vercingétorix à de Gaulle (va-t-on jusqu’à Mitterrand ? pas sûr – en tout cas, l’histoire s’arrête dès que Chirac paraît). Louis XIV cabre son cheval place des Victoires, caracole sur l’esplanade du Louvre, se pose en buste au-dessus de la colonnade du même et pérore en armure dans la cour du musée Carnavalet depuis 1890. C’est un bronze de Coysevox coulé en 1689 qui a échappé à l’incendie de l’Hôtel de ville, où il était placé.


Le Louis XV de la place de la Concorde, par Bouchardon, n’a pas été remplacé après sa destruction révolutionnaire. Et ni Louis XVI, ni l’éphémère Louis XVII, ni le gros Louis XVIII n’ont fait l’objet d’un culte national. Pas plus Charles X ni Louis-Philippe. En revanche, le premier Napoléon a bien pourvu Paris : au sommet de la colonne Vendôme, dans la cour des Invalides, sur le fronton de la façade nord du Louvre et au fronton du pavillon Sully par Barye, bronzier expert ès animaux. Le neveu Napoléon III ne figure qu’au fronton du pavillon Denon du palais du Louvre. Citons aussi de Gaulle devant le Grand Palais…

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Peter Tremayne, Les mystères de la lune

Le titre anglais – La lune du blaireau – n’a pas de sens pour qui ignore les légendes celtes et l’éditeur a bien fait pour une fois de modifier le titre. La lune du blaireau est la pleine lune où il fait si clair que lesdits blaireaux, dit-on, sèchent l’herbe qui tapissera leur nid !

Sœur Fidelma et frère Eadulf sont en effet plongés dans l’épaisseur du passé druidique au royaume de Muman, la province sud-ouest de l’Irlande. Trois jeunes filles sont découvertes éventrées sauvagement un jour de lune du blaireau, sur les rochers calcaires qui s’élèvent sur la forêt en une forteresse naturelle. Tout près de l’endroit où Laig, vieux druide vivant en ermite, enseigne encore aux jeunes gens les légendes du paganisme et les initie à la puissance des astres.

Nous sommes en 667 et le pays n’est christianisé que depuis une trentaine d’années, un peu plus d’une génération en ces temps où l’on faisait des enfants tôt. Les femmes atteignent en effet « l’âge du choix » à 14 ans, cet âge où la puberté leur permet d’enfanter donc de choisir un compagnon. Nul besoin de s’engager devant Dieu pour l’éternité, comme cela se fera plus tard. Le droit irlandais permet de s’engager à l’essai pour un an et un jour, et de se quitter bons amis sans rien se devoir à l’issue de la période. C’est d’ailleurs le contrat qu’a choisi Fidelma pour se lier à Eadulf. Bien que frères en religion, l’Église de Rome n’interdisait pas encore le mariage des religieux. Cela se fera vers 1050, époque de grande intolérance chrétienne, époque des croisades, où le pape Léon IX ordonna même que toutes les femmes de prêtres soient envoyées comme esclaves à Rome pour le servir… (p.18) Inutile de se demander d’où viennent l’autoritarisme moral, le césarisme politique et le machisme hiérarchique en Europe continentale ! – Très clairement de l’Église de Rome.

Fidelma, à la suite de ses aventures précédentes avec son compagnon, vient d’accoucher d’un fils, le petit Alchù. Mais elle a changé. Ce bébé ne la lie-t-elle pas à la maternité et au ménage, elle qui aime tant l’aventure et la réflexion ?

L’Irlande est à cette charnière entre un monde qui n’est plus barbare depuis des siècles, mais pas encore féodal. Les familles se regroupent en clans autour de chefs qui commencent à faire allégeance à des rois de provinces. Tout ce petit monde guerroie entre soi mais recourt volontiers à l’arbitrage du haut roi. Ces relations personnelles, qui donneront la féodalité classique, sont encore tempérées par le droit irlandais. Très ancien, il est très respecté et introduit des compensations selon le rang de la personne lésée. Il prononce l’égalité des femmes et des hommes en droit. Une femme peut demander le divorce, tout comme un homme ; s’il est fondé, elle récupère sa dot et la moitié des biens acquis durant la vie commune. Nous n’avons pas fait mieux à l’époque contemporaine. Nul ne doit se faire vengeance soi-même, sauf légitime défense. Toute calomnie est jugée sévèrement par un tribunal composé du chef, du supérieur religieux et du brehon – juriste versé en droit et coutumes. Ce roman aux péripéties très réussies, insiste légitimement sur ces aspects ignorés de l’époque.

Fidelma, en tant que dalaigh des cours de justice (une sorte de procureur fort érudit en droit), se verra confier la mission de faire la lumière sur ces meurtres qui commencent à agiter la province. N’a-t-on pas vu trois « étrangers » – noirs de surcroît ! – rôder dans les parages ? L’Église ne les protège-t-elle pas parce qu’ils sont religieux eux aussi ?

Qui s’exalte à la nuit face à la lune ronde dans le ciel ? Quelles sont ces passions diverses et rivalités amoureuses entre beaux jeunes hommes, l’un injustement accusé, l’autre inquiet et le dernier bouillant héritier présomptif du chef ? Comment se fait-il qu’un gamin de 12 ans découvre une pépite au pied d’un rocher qui pourrait être de l’or ? Dans cet excellent opus Tremayne, les nœuds de l’intrigue s’emmêlent et nous égarent. Mais la froide logique d’Aristote permettra à Fidelma de réussir en virtuose. Entre histoire, superstitions et passions, vous ne vous ennuierez pas.

Jusqu’à l’ultime page de l’épilogue où un rebond inattendu prépare déjà l’aventure suivante !

Peter Tremayne, Les mystères de la lune (Badger’s Moon), 2003, 10/18 janvier 2009, occasion €1.40 e-book format Kindle €10.99

Les romans policiers historiques de Peter Tremayne chroniqués sur ce blog

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Environnement polynésien français

Les gouvernements, pour éviter l’exode des populations des Tuamotu, ont toujours maintenu les populations en atolls. Les temps ont changé, les gens ont préféré venir s’entasser, sans travail, dans le fare d’un membre de la famille plutôt que de rester dans les cocoteraies. Le coprah a bénéficié d’un soutien financier non négligeable sous formes d’aides. L’huilerie de Tahiti, par convention, est contrainte d’acheter la totalité du coprah qui lui est livrée, moyennant un prix fixé par le gouvernement en fonction de la qualité du coprah. Le coprah donne une huile brute exportée vers l’Europe.

Pour produire le monoï une faible partie est raffinée sur place. Les tourteaux servent à l’alimentation animale. L’huile de coco est alimentaire et permet la fabrication de margarine et graisses végétales. La production est en déclin depuis les années 50. Elle subit une forte concurrence de la Thaïlande, des Philippines et de l’Inde. Un cocotier vit environ un siècle mais sa durée de vie économique ne dépasse pas 50 à 80 ans. L’entretien des cocoteraies nécessite une grande rigueur, mais dans le dictionnaire tahitien, on ne trouve pas le mot rigueur. Peu d’habitants d’un atoll vivent exclusivement du coprah.

C’est un travail de force qui rapporte peu. Il faut d’abord ramasser les cocos à l’aide d’un pic en fer et d’un bâton pour éviter de se baisser, les casser à la force des bras avec une hache, faire des tas pour les sécher. L’albumen séché est décollé de la coquille à l’aide d’un petit outil. Il faut les mettre en sac puis les ramener au village, les entreposer dans le hangar à coprah, les peser et les étiqueter avant d’être vendus sur la goélette.

Pour remplir un sac de 50 kilos, il faut 250 noix pour un gain de 7000 FCP. Pour obtenir un SMIG mensuel il faudrait récolter 20 sacs de 50 kilos de coprah de première qualité soit plus de 5000 noix de cocos. Ça vous dit ?

Certes, vous savez déjà que Tahiti compte plusieurs rois auto-déclarés, mais celui dont je vais vous entretenir brièvement est un petit oiseau en danger d’extinction. Le Monarque de Tahiti (Pomarea nigra) ou O’mamao est un petit oiseau que l’on ne rencontre plus que dans 4 vallées de Tahiti qui, depuis 1998 fait l’objet d’un programme de sauvetage. La société d’ornithologie de Polynésie « Manu » dératise les sites de reproduction, capture les prédateurs tels les merles des Moluques et suit de près les individus connus pendant la période de reproduction (juillet à décembre) pour connaître le succès des nichées. Les « sauveteurs » espèrent 8 jeunes monarques pour la saison de reproduction 2012-2013. L’association a dénombré 12 couples à protéger dans les vallées, dont 6 dans les zones hautes qui ne peuvent être atteintes qu’après avoir franchi 5 cascades de 20 à 40 mètres de haut, et parmi eux 10 couples ont construit un nid. Les sponsors sont EDT (EDF polynésien), OPT (PTT) Vini (Téléphone portable).

Le Tere ou tour de l’île Rurutu (Australes) a lieu chaque année, en général 8 à 10 jours après le 1er janvier. Cette manifestation culturelle appartient au patrimoine de Rurutu. C’est une manifestation païenne qui se maintient. Cette manifestation demande une grande préparation tant par la recherche des sites à visiter que par la confection du repas qui célèbre les nouveaux champions. Chaque village est partagé en 2 sections « nia » (Est, d’où vient le vent) et « raro » (Ouest, vers où va le vent). Le cortège des voitures suit un itinéraire bien précis, en tête celle du conteur, puis celle des « hommes forts », le maire, le pasteur puis les autres !

On commence le circuit par le lever de pierre chez Temana V. Un homme de l’organisation du Tere doit soulever et porter à l’épaule « Paororo » pesant 130 kg. L’orateur rappelle l’histoire de la pierre, le pasteur dit une prière. La population sait qu’un porteur de chaque village doit réussir à lever toutes les pierres… sinon mauvais signe pour le village. Le geste de porter une pierre n’est pas un acte léger, il doit être accompli dans le respect des conventions établies par les anciens. Au cours du Tere, les hommes doivent se mesurer à cinq pierres. A la mairie de Hauti c’est « Rono 2 » 143 kg qui doit être levé. A Moerai c’est « Rono 1 » 148 kg. Tout c’est bien déroulé. A l’année prochaine.

Après le départ de La Railleuse, c’est L’Arago qui veille sur la Zone Économique Exclusive. Il a en même temps apporté son soutien logistique au Festival des Marquises en décembre dernier. RAS, aucun pêcheur en infraction. Tout va très bien, Madame la Marquise !

En Nouvelle-Calédonie, le cagou et la roussette sont en voie de disparition, sauvons-les. Deux images symboliques du Caillou. Le cagou est un oiseau qui ne vole pas et qui « aboie ». Il reste moins de 1500 cagous en NC. Le cagou vit sur terre, déploie sa huppe pour tenter d’impressionner l’ennemi ou lors de sa parade nuptiale. Il se nourrit de larves, d’escargots, de vers, il a donc « oublié » de voler. Les cochons, les chiens, les chats sauvages et la disparition progressive de la forêt primaire menacent sa survie. La roussette est une chauve-souris autre emblème de la NC. Les Néos en raffolent. Il faut sauver le cagou et la roussette.

La campagne océanographique « Pakaihi i te moana » aux Marquises s’est achevée et l’on attend avec intérêt les résultats des chercheurs. Ils ont exploré neuf cavités pour la première fois et ont trouvé une microfaune abondante, beaucoup de vie, des organismes intéressants notamment de la famille des éponges ; des poissons côtiers dont le taux d’endémisme atteint 15%. On attendra que ces scientifiques aient analysé leurs trouvailles afin d’en faire profiter un maximum d’habitants des Marquises et les autres.

Hiata de Tahiti prend congé, portez-vous bien

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Beauté du Louvre

Article repris par Medium4You.

Quiconque aborde Paris va au Louvre. C’était la forteresse des rois, dont il reste les tours de fondation sous la pyramide. Ce fut le palais des dynasties régnantes jusqu’à ‘L’État-c’est-moi’, le quatorzième Louis qui préféra Versailles, loin de la foule, des miasmes et de la population. D’où la Révolution.

On aborde le palais par les quais, rehaussés et bordés depuis l’Ancien régime. Sous l’arche du pont Neuf bâti par Henri IV, la perspective des bâtiments s’étend le long de la Seine, au loin.

La pyramide, architecte chinois pour président matois, s’élève aérienne dans le ciel pur d’hiver. L’eau des bassins ajoute au cristallin de sa structure.

La fontaine qui jaillit, sauf lorsque le gel la fige, donne du bouillonnement à l’ensemble verre-métal. Comme les gamins qui jouent et se trempent presque nus en saison clémente. Pas en cet hiver d’élections où le bac à sable met en lice le sultan de Bruni contre Guimauve le conquérant.

La géométrie tranche au scalpel les formes des vieux rois. Elle incarne la raison pure, l’abstraction faite reine, le glacé des nombres. Que ce soit un président de gauche qui ait voulu ça en dit long sur la mentalité de « civilisation » française.

Civilisation qui a honte. Tant la Mairie socialiste que le gouvernement UMP s’obstinent à ne toujours pas dévoiler Voltaire ! Sa statue est LA SEULE couverte d’un filet pour cacher aux seuls Musulmans la face de celui qui écrivit un ‘Fanatisme ou Mahomet’ célèbre. Si l’on voulait une preuve du déni de « civilisation » accordée à la nôtre par les bobos relativistes multiculturels, en voilà une, persistante sous nos yeux !

Toutes les cultures sont respectables, comme expression humaine dans l’histoire. Mais NOTRE culture est préférable à nos yeux à cette eau tiède du « tout le monde il est beau » des éternels nomades hors sol qui ont les moyens, les prébendes d’État et la légèreté mentale d’être toujours branchés dans le vent – aussi insignifiants que les muguets de cour. Le jour où ils mettront leur Morale-au-monde-entier en accord avec leur existence quotidienne, nous pourrons les croire. En attendant, ils ne sont que ridicules.

La maquette, visible sous la pyramide, montre un Louvre comme ville dans la ville, ensemble de bâtiments d’État avant-hier palais et écuries,  hier ministère et parking, aujourd’hui musée et piétons.

C’est beau, mais éternel, analogie voulue avec les pyramides d’Égypte, sauf que le « tombeau » de Marie-Madeleine, chanté par le ‘Da Vinci Code’ n’est décidément pas sous la pyramide inversée de l’intérieur…

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Monastère Noravank et col Saravan

Nous prenons un déjeuner de salades et poulet frit sous la tonnelle du restaurant près de l’enceinte avant de visiter le monastère Noravank. Il y a même cette fois-ci des herbes aromatiques telles que coriandre, persil plat et aneth frais, et de la betterave rouge râpée à la crème aigre, tous ingrédients et préparations typiquement russes.

Le monastère recèle dans le gavit (salle de réunion) les mausolées de rois. La transmission du trône ne s’effectuait pas forcément par droit d’aînesse mais le roi choisissait le fils qui jouait le mieux aux échecs. C’était la garantie d’un esprit réfléchi apte à la stratégie, ma foi pas une mauvaise façon d’assurer sa succession ! Endommagé par le tremblement de terre de 1321, le moutier fut reconstruit probablement par Momik, l’architecte des princes Orbélian.

On observe surtout les deux sculptures réalisées par lui sur le tympan : la Vierge à l’enfant aux ornements de lettres arméniennes liés de feuilles de vigne et de fleurs et, sur la fenêtre supérieure, Dieu, le Christ et Adam. L’humain a la tête caressée par le Père tandis que la colombe lui envoie son souffle. Une vraie bande dessinée pour les chrétiens : Dieu donne la vie aux humains, puis la vie éternelle avec son Fils.

Des inscriptions datent de 1232 et 1256 sur la partie inférieure des murs qui a résisté aux séismes. Sur une pierre tombale un chevalier attaque un lion – allégorie du prince Orbélian Elikoum, surnommé le Lion. Il reste quelques traces de fresques en rouge et noir. Sur une autre, un lion case son corps dans l’étroit rectangle ; il est obligé à de curieuses contorsions pour présenter sa tête de face.

L’architecte Momik, qui était également écrivain, miniaturiste et architecte, a sculpté lui-même sa pierre tombale avant de mourir. Il serait né vers 1260 et mort vers 1339 ; il a été le peintre et l’architecte de la famille des Orbélian. Par rapport aux tombes royales et princières, la sienne est toute petite et bien plus sobre, placée à droite de l’église. Il est écrit : « Souviens-toi, Christ, et bénit l’âme de Momik ». Humilité chrétienne, bien qu’il ait prénommé son fils Askandar – Alexandre. Ses khatckars (croix) de Noravank sont si finement sculptés qu’ils ne sont plus sur site mais dans les musées.

Les familles en visite, aujourd’hui, n’ont plus le sens du sacré. Elles parlent dans le sanctuaire, entrent les épaules nues, boivent entre les chapelles, grimpent ici ou là. Les vieilles tombes sont un chez eux, les églises sont à elles ; elles y vivent comme dans leur maison, sans plus de façons. Je prends en photo une jeune fille aux traits doux qui se fait photographier par sa sœur dans l’église, près de l’autel.

Un escalier étroit grimpe sans parapet par un double rang de marches en trapèze, jusqu’au premier étage de l’église Surb Astvatsatsine créée par Momik en 1339. Les parents y placent souvent leurs petits pour faire la photo souvenir. Facile à monter, il est beaucoup plus difficile à redescendre : nombre sont piégés par le vertige, les filles plus que les gars. J’en ai vu redescendre sur les fesses, en fermant les yeux et se raclant l’épaule au mur. Punition de Dieu pour la frivolité ambiante ? Cet étage à l’escalier aérien servait aux moines à prier et à recopier des manuscrits.

Le soleil vertical délivre une chaleur de four et toute ombre est bienvenue, même de pierre. Les photos familiales sont l’occasion de grimaces face au ciel incandescent. J’en profite pour prendre des visages immobiles qui ne me regardent pas.

Nous reprenons le bus, heureusement climatisé. Nous buvons tout ce que nous pouvons acheter comme bouteilles d’eau de source de 50 cl. Dans les voitures arméniennes, les enfants sont torse nu ; ils n’enfilent une chemise ou un débardeur que lorsqu’ils sortent : peu de peau en public. Les petites filles n’ont pas cette aise, elles doivent rester habillées comme elles sont.

Le diesel peine à grimper jusqu’aux 2330 m du col Saravan. Le chauffeur coupe plusieurs fois la climatisation pour gagner de la puissance. Nous effectuons un arrêt au col. Un monument pompier y a été érigé à l’époque soviétique, comme si la route était une victoire humaine sur la nature. Les familles ne dédaignent pas de se faire photographie devant… D’un tuyau coule une source fraîche et personne ne manque de venir remplir ici sa bouteille.

L’altitude permet à l’herbe de rester verte tandis que les basses plaines sont desséchées sauf près des rivières. Les paysans locaux sont venus vendre leurs fruits au col, près de la source. Notre guide arménienne nous achète pour quelques drams un sac d’abricots. Ils sont pâles mais bien mûrs et parfumés. L’inverse de ceux qu’on trouve à Paris, bien oranges mais durs et encore verts !

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