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Religions poisons

Tuer au nom de Dieu, est-ce « religieux » ? Ne serait-ce pas plutôt banalement tribal, bien loin des justifications métaphysiques ? Dieu, s’il est, n’a nul besoin de petits cons pour se manifester. Il a l’éternité, la puissance et la gloire, bien plus que les adolescents immatures qui prennent le couteau en son nom et usurpent le droit de vie et de mort. Allah est un prétexte, d’autant que ce n’est pas Lui qui est caricaturé mais son Prophète : un homme, même pas le messager de Dieu qui est Djibril, l’archange, mais seulement le dépositaire d’une vision. « Tu ne te feras pas d’idole » est pourtant un commandement aux croyants et adorer un homme plutôt qu’Allah est idolâtre : « il n’est de Dieu que Dieu ». Mahomet n’est pas Jésus que les chrétiens ont eu la subtilité de faire Dieu en seconde personne (mystère de la foi). Mahomet était un illettré inspiré au désert, récite-t-on. Mahomet peut donc être représenté et critiqué. Il n’est pas Allah le Tout-puissant mais un bédouin empêtré dans ses déterminations familiales et tribales, dans son époque archaïque et sa volonté politique de s’imposer.

Mais à quoi bon tenter de mettre une quelconque rationalité dans « la foi » ? Toute croyance est par essence irrationnelle, agissant sur les pulsions de mort ou de vie, sur la peur et l’au-delà, sur les émotions d’amour ou de haine. Dieu n’est qu’un paravent commode, un masque pour ses propres turpitudes, une justification à ses propres péchés – déjà pardonnés parce que commis en Son nom. C’est à la fois stupide et inique, d’un orgueil individualiste incommensurable, mais c’est ainsi.

Toutes les religions sont des poisons

Ni les Grecs, ni les Romains ne tuaient au nom de Dieu comme le rappelle Voltaire dans son Traité sur la tolérance. Les trois religions monothéistes du Livre sont particulièrement autoritaires, machistes, misogynes, considérant le Père comme l’absolu, sur l’exemple divin, la femme et ceux qui ne croient pas comme impurs et inférieurs. Parmi les trois, le christianisme, après saint Paul, exècre la chair, la sexualité et l’ici-bas. Son idéal est l’abstinence – et rejoindre l’au-delà au plus vite. Mais il a su entrer progressivement dans le siècle en s’émancipant de l’Eglise, ce modèle du parti communiste selon Lénine. Aujourd’hui, la foi chrétienne peut être militante, elle est surtout intime, ne mélangeant pas Dieu et César, selon les mots du Christ. Rien de tel en islam, croit-on ; or c’est faux selon les historiens de la revue L’Histoire, aux musulmans de retrouver les interprétations historiques de leur religion qui permette de s’adapter au monde sans chercher à le convertir en ce qu’ils voudraient qu’il fût, avec l’intolérance de l’orgueil – ce péché capital. L’Ancien testament, à l’origine des trois religions monothéistes, commande d’aimer son prochain comme soi-même – mais pas seulement le prochain dans la même foi : cela est ethnique, xénophobe, raciste ; cela exclut les autres, tous ceux qui n’ont pas la même foi. La seconde table de la Loi offerte à Moïse par Jéhovah en haut de la montagne, commandait « tu ne tueras point » ! La dérive de l’islam est-elle à ce point mortifère qu’elle en arrive à adorer l’inverse du commandement divin ? Les islamistes seraient-ils voués à Sheitan plutôt qu’à Allah ?

Islamisme n’est pas islam

Les Juifs ont eu leur Merah, les bobos leur Bataclan, les flics leur Kouachi, les catholiques leurs attaques d’églises, (à Rouen, à Nice), les journalistes leurs martyrs Charlie, les profs leur saint Paty… Faudra-t-il que les « associations » et les extrémistes de gauche soient touchés à leur tour pour qu’ils prennent enfin « conscience » de la réalité ? De place en place, tous les groupes en France sont victimes du fanatisme islamiste. Une dérive radicale et politique de l’islam, une secte particulière qui veut s’imposer ici-bas hors son lieu de naissance géographique et historique. Les islamistes sont les ennemis du genre humain – sauf des convertis à leur fanatisme. C’est un mécanisme habituel à toute secte que d’exclure tous ceux qui ne pensent pas comme eux et d’en faire des sous-humains à éradiquer par le fer et par le feu sans rémission possible. Ainsi des cathares sous l’Inquisition, des huguenots sous le roi catholique, des catholiques pour les dominants protestants irlandais, des Arméniens pour les Turcs, des koulaks pour les lénino-staliniens, des Juifs pour les nazis, des Palestiniens pour les Israéliens, des citadins pour les polpotistes, des Hutus pour les Tutsis, des Rohingyas pour les Birmans, des Tibétains, des Ouïgours ou des démocrates pour les Chinois, de la gauche « liberal » pour les trumpistes républicains, et ainsi de suite. Quand comprendra-t-on, en France, que l’islamisme n’est pas tout l’islam – même s’il en fait partie – et qu’il faut le combattre aussi résolument que l’antisémitisme ou le racisme ? Car le commun de tout cela est la HAINE des autres, l’anti-fraternité affirmée.

Laïcité n’est pas droit de blesser

Mais il faut noter que la « laïcité » devient chez certains une quasi-religion, comme notre époque aime à en créer, tels l’écologisme ou le féminisme. Laïcité signifie neutralité, pas imposer sa propre loi au détriment des autres. C’est ainsi que répéter des caricatures de Mahomet alors que l’on sait pertinemment que cela va déclencher l’ire des musulmans (pas tous intégristes), peut s’apparenter à de la provocation, voire à une incitation à la haine (religieuse ou raciale) : en ce sens, certains gauchistes n’ont pas tort. L’antisémitisme est condamné, pas l’anti-islam – bien que les Arabes soient des sémites. Ce pourquoi il faut soigneusement distinguer l’islam comme religion de l’islamisme comme dérive sectaire politique. Le professeur Paty, dans son cours, a-t-il pris soin de neutralité en évoquant la liberté d’expression ? A-t-il montré en même temps que celles de Mahomet des caricatures du pape, du grand rabbin, des patrons et des écolos, des bourgeois et des féministes ? C’est cela la neutralité laïque, pas taper seulement sur les plus ridicules. Seule la comparaison, la mise en équivalence, permet de neutraliser la charge passionnelle de l’objet d’étude pour le soumettre à la raison. La distance est indispensable pour démonter le mécanisme de la caricature, de la moquerie, du rire qui libèrent parce qu’ils font réfléchir. Ainsi la caricature de l’islamiste qui « se fait sauter en public » est-elle plus profonde que la copulation affichée ne parait car il y a un orgasme de tuer, une montée au septième ciel de se prendre pour Dieu lui-même ici-bas.

Le droit contre le fait

Le simple principe de précaution – inscrit dans la Constitution et si souvent revendiqué par ailleurs – DOIT être appliqué contre l’islamisme et les islamistes. N’en déplaise aux naïfs qui croient au bon sauvage, aux idéologues qui croient les musulmans victimes, forcément victimes, et aux gens-de-gauche issus de la candeur chrétienne pour qui il faut toujours tendre la joue gauche et battre d’abord sa coulpe.

Que faire de raisonnable ? être vigilant envers ceux qui tiennent des propos sur les réseaux ou en public, ne tolérer aucun écart à l’obligation de débattre – de tout – ni laisser errer l’idée de lois « supérieure » aux lois fondamentales de la République. Mais aussi ne pas encourager l’islamisme en traitant ses adeptes en pauvres victimes. Si les immigrés algériens, maliens, pakistanais, tchétchènes, tunisiens sont venus en France, n’est-ce pas pour l’aura de liberté et de prospérité d’un Etat-providence ? Il ne faut pas vanter « le paradis français » ni « l’entreprise France » si l’on n’est pas capable d’intégrer et de développer chacun de ceux qui frappe à la porte. Intégrer signifie aussi ne pas offenser volontairement par la répétition de caricatures qui blessent. Or les postulants à l’intégration sont trop nombreux : il faut donc plutôt les aider à rester dans leurs pays respectifs plutôt que d’exporter la guerre avec l’armée française au Mali, en Libye, en Irak, en Syrie – ou des armes. Donc ne pas soutenir inconditionnellement les Etats-Unis belliqueux et éviter la lâcheté diplomatique au nom des intérêts trop étroitement économiques : la fermeture temporaire des frontières européennes à la Turquie serait un signe majeur pour faire baisser d’un ton le vaniteux qui ne se sent plus.

Une population ne peut guère intégrer plus de 10 à 12% d’allogènes à la fois sans se sentir déstabilisée. Pourquoi le dénier sans cesse ? Combien de morts faudra-t-il en « victimes collatérales » pour obéir à ce Grand principe inique qu’il faudrait accueillir sans conditions toute la misère du monde ? Pourquoi ne pas dire que les banlieues immigrées ne sont pas uniquement ces ghettos délinquants que les médias pointent mais des sas favorisant l’intégration ? Qu’a donc fait d’efficace pour la sécurité l’ineffable Hollande qui se mêle aujourd’hui de donner des leçons ? Si le droit est un obstacle, il faut le changer. S’il est mal appliqué, qu’on s’en donne les moyens. Si les « droits de l’Homme » et la Cour européenne empêchent, redéfinissons ces droits correctement.

Les droits de l’Homme ne sont un obstacle que pour ceux qui ne veulent surtout rien faire

L’article 2 de la Déclaration des droits n’évoque-t-il pas l’intégralité de ces « ces droits (qui) sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression ». Oui, « la sûreté » est un droit de l’Homme, vous avez bien lu. Et les « droits de l’Homme » ne sont-ils pas soumis au temps de guerre ? Or l’islamisme a déclaré la guerre explicitement, et il ne cesse de tuer. Traitons ses combattants en ennemis de guerre et non en citoyens ayant tous les droits.

Rappelons que les islamistes ne sont que quelques milliers répertoriés en France et que les quelques 10 à 12% de musulmans français ou résidant sur le sol français ne sont pas tous islamistes, loin de là. Des voix commencent à s’élever chez les croyants en l’islam qui n’ont aucun problème avec la République. Ils sont trop timides par peur des représailles de leurs « frères » radicalisés mais ils existent. Qu’attend-t-on pour expulser vers la Turquie, si nationaliste et grande gueule, les islamistes du parti du président qui prêchent encore dans les mosquées ? Pourquoi devrions-nous tolérer la haine en notre propre sein ? La fermeté d’action et l’équanimité des propos sur les valeurs de notre pays sont les seuls remparts à la force, Munich nous l’a amplement montré, même si la gauche a préféré se coucher en 40 sous Pétain.

« Art. 5 : La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société », dit la Déclaration des droits de l’Homme (préambule de notre Constitution). Alors quoi ? « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, dit Sénèque. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » Lettres à Lucilius, Livre XVII, Lettre 104.

Osons donc !

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Christian de Moliner, Qu’est-ce que l’islam ?

Il n’existe pas de guide de la pratique islamique, sauf le Coran. Mais le Coran est une collation de prêches du prophète (qui, lui, n’a rien écrit), effectué sur ordre du calife Otman un demi-siècle après la mort de Mahomet. Il est difficile à lire car les signes diacritiques n’existaient pas encore et la langue permettait plusieurs interprétations des mêmes mots. A ce Livre, réputé pour être la parole même d’Allah susurrée aux oreilles du prophète par l’ange Djibril (Gabriel), s’ajoutent les hadiths, commentaires plus ou moins autorisés qui s’annulent en fonction de leur chronologie. Pas simple, donc, de pratiquer la foi en toute bonne foi. D’où le pullulement des sectes dans l’histoire musulmane. Avec les nouvelles techniques de l’information et de la communication, c’est un pullulement de sites dont il s’agit (car, contrairement au catholicisme intégriste jadis, l’islam n’est pas contre la science).

L’auteur, qui n’est pas musulman, observe la religion avec curiosité et se veut néophyte. Il va donc consulter les sites accessibles en français en se mettant « à la place d’un croyant » qui cherche à « approfondir sa foi et comment ne pas commettre, par ignorance, des péchés » p.8. Déjà, c’est le maquis ! Outre les sites extrémistes et « les sites hostiles aux musulmans », que l’auteur a écarté comme minoritaires parmi les croyants en France (même s’ils braillent plus fort que tous les autres), il existe des sites d’oulémas et des forums de discussion où chacun peut donner son avis. « Le nombre de sites ou de blogs musulmans est particulièrement important » p.22. Parmi les oulémas, les « modernistes » sont minoritaires, les « rigoristes » sont les plus nombreux sur la toile. « J’ai choisi le principe suivant pour composer ce livre : j’entre une question et j’effectue la synthèse des réponses des trois premières pages » de Google (p.23).

D’où le troisième chapitre le plus copieux et le plus intéressant après le premier (« Les bases ») et le second (« Les dogmes ») : « L’islam au quotidien ». Il s’étale de la page 65 à la fin, page 170 – soit les trois-quarts du livre. Il ressort que l’islam (rigoriste) apparaît, comme l’écrivait Lévi-Strauss dans Tristes tropiques, comme une religion de caserne. La Loi vient d’Allah et l’homme est réputé trop faible pour qu’Il puisse lui faire confiance (et la femme encore moins !). La phobie est la souillure, dont la première vient du sexe, la seconde (associée) à la nourriture, et la troisième au contact avec les mécréants.

Le seul sexe licite est celui du mari sur la femme, dans la position de l’imam (dite ailleurs du missionnaire) – tout le reste est moins bien, voire appelant les feux de l’enfer. Après la femme, la gradation du progressivement défendu concerne les concubines, les esclaves, puis « la fornication » hors mariage ou possession, puis les hommes et les jeunes garçons (pour les jeunes filles, pas de problème, le Prophète en a « épousé » une qui avait 9 ans, c’est donc licite). L’homosexualité et – pire – la sodomie (sur mâle, femelle ou animal – dans cet ordre) sont illicites, interdites. Il faut des années de repentance prouvée et de prières renouvelées pour qu’Allah puisse (éventuellement) pardonner ce moment d’égarement. Les hommes et les garçons doivent éviter de se montrer nus (la honte suprême !) et doivent se couvrir « du col aux genoux », ce qui exclut le string, le slip de bain et le torse nu, considérés comme impudiques (car attisant le désir ? y aurait-il une perpétuelle tentation homosexuelle reconnue par la religion dans les pays d’islam ?). Les femmes étant réputées plus faibles que les hommes, leur surveillance doit être plus sévère : clôture domestique et voile à l’extérieur sont de rigueur, les cheveux et les seins étant les attributs les plus excitants, la présence constante d’un mâle pubère de sa famille est requise pour toute excursion au-dehors.

A cause de la souillure du sexe (pourquoi est-ce une souillure ? Parce que l’acte d’engendrer vous permet de créer un nouvel être vivant, à l’égal d’Allah ?), il faut se purifier corps, cœur et âme cinq fois par jour ! Les petites et grandes ablutions sont requises avant toute prière quotidienne ; la repentance pour ses fautes aussi, sans quoi la prière ne vaut pas ; la soumission totale à Allah enfin, sans restriction mentale, sinon l’enfer guette. D’ailleurs, deux anges adjudants sont là en permanence qui vous surveillent, ils comptabilisent dans un grand livre tout ce que vous faites, vous dites et vous pensez pour en rendre-compte au Jugement dernier.

Au sexe est associée la nourriture, on le sait depuis Freud. Donc tout ce qui rappelle la souillure ou l’impureté ne doit pas être mangé (le cochon, le chien, l’animal trouvé mort, l’animal abattu de façon non rituelle par égorgement, les poissons sans écailles, etc.). L’alcool n’est pas vraiment interdit, mais pris dans l’interdiction de tout ce qui peut faire perdre le contrôle comme la drogue, le sexe illicite, la musique ou la danse. Dosé à 5% maximum, l’alcool est autorisé par exemple dans le vinaigre, dont Mahomet faisait grand cas, dit-on. Et l’alcool synthétique dit éthanol (dans les parfums par exemple) parce qu’il n’est pas issu de la macération de fruits (toujours la phobie de la souillure). Notez que les parfums sont plutôt réservés aux hommes, qui doivent se maintenir beaux pour plaire à Allah, mais déconseillés aux femmes qui n’ont à séduire que leur seul mari. Cette vision moralisatrice et normalisatrice est de retour aussi dans notre société laïcisée. Il ne faut pas fumer tabac ou cannabis, boire de l’alcool, se droguer, faire l’amour sans préservatif, manger trop sucré, trop gras, trop salé, trop de viande, du thon rouge ou de la baleine, se rendre dans des lieux trop bruyants, prendre le volant après boisson alcoolisée ou drogue, éviter le lait, manger sans gluten, consommer des oméga 3, se méfier des ondes radioélectriques, ne pas réutiliser une bouteille en plastique pour boire, recycler ses déchets, ne pas se promener torse nu en ville, ni seins nus sur les plages, ni consulter des sites d’extrême-droite, ni dépasser les limites de vitesse, ni traverser hors des clous, ni…

Toujours dans le registre phobique de la souillure, les contacts avec les non-musulmans doivent être évités au maximum aux croyants. Là encore existe une gradation, issue des contacts qu’a eu le Prophète en son temps. Les autres religions du Livre, Juifs et Chrétiens peuvent être côtoyés, à condition qu’ils ne disent aucun mal de l’islam et que l’on puisse garder l’idée de les convertir. Tous les autres, les polythéistes, les animistes et les athées sont des abominations qui n’ont presque rien d’humain. Ils seront rejetés par Allah à la fin des temps (après le retour de Jésus, prophète lui aussi dans l’islam – d’où l’alliance « objective » des chrétiens fondamentalistes américains avec les islamistes fondamentalistes wahhabites, par exemple).

Evidemment, avec les contradictions des textes entre eux et les silences sur ce qui est advenu depuis le VIIe siècle, les oulémas sont bien en peine pour trouver la voie droite au croyant. D’où les débats incessants sur les détails de la pratique. Car, ce qui est curieux pour nous, Occidentaux héritiers de Platon, est que la croyance compte moins que la pratique rituelle. Qui accomplit tout ce qu’il faut ira en paradis, même si « Allah » est pour lui un terme vague et abstrait. La pratique exige parfois des contorsions logiques. Par exemple sur le travail des femmes dans la société moderne, que le Prophète ne pouvait anticiper : « A noter la suggestion étrange d’un imam intégriste pour permettre à une femme de travailler seule dans un bureau sans enfreindre la loi islamique. Selon lui, il suffit que tous les deux sucent les seins d’une même femme afin qu’ils deviennent sœur et frère de lait. Ils n’ont plus le droit de se marier et peuvent cohabiter comme le ferait un frère ou une sœur (donc sans voile !) » p.121.

Il y a bien d’autres détails intéressants à picorer dans ce petit livre facile à lire et écrit par la base : le concret des questions qui taraudent les croyants en islam francophone. Sur la location, l’assurance de sa maison, l’héritage à laisser à ses enfants malgré la loi civile, le vote aux élections, les greffes, la télévision, les dessins animés, les photos, la météo (qui est une prévision mais pas une prédiction…). Eprouver une affection profonde pour un incroyant est interdit, mais le cambrioler n’est pas licite, ni le tuer s’il n’a pas lui-même attaqué, pas plus que le griller pour le manger (un imam affirme qu’on peut le manger cru).

Christian de Moliner, Qu’est-ce que l’islam ? Les sites musulmans français le dévoilent, mars 2018, éditions Jean Picollec, 170 pages, €15.00

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 balustradecommunication@yahoo.com

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Tzvetan Todorov, L’esprit des Lumières

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Tzvetan Todorov vient de mourir. Ce Bulgare devenu Français après sa fuite de l’oppression socialiste a sorti, à l’occasion de l’exposition qui s’est tenue en 2006 à la Bibliothèque Nationale, un opuscule sur les Lumières. Je réédite la note que j’avais fait paraître à l’époque sur un blog précédent, puis à nouveau en septembre 2014 sur ce blog.

Pour Todorov, les Lumières ne sont pas une innovation mais un aboutissement. Les idées viennent de l’Antiquité, reprises à la Renaissance et épanouies à l’âge classique. Nous sommes alors à une époque de débats où l’on privilégie ce qu’on choisit plutôt que ce qui est imposé, et où l’on découvre (après les Évangiles) que des droits inaliénables existent du fait seul d’appartenir au genre humain.

  • La raison, par ce qu’elle permet la connaissance, libère des peurs et des superstitions. Dès lors,
  • la quête du bonheur remplace celle du Salut, car un délit n’est plus un « péché » mais une faute sociale,
  • la propriété n’est plus un privilège « divin » attaché à une caste élue mais le fruit de l’initiative et du travail
  • il n’y a pas de Dessein de Dieu ou de l’Histoire (le Progrès) mais une perfectibilité de l’homme (selon Rousseau) recommencée à chaque génération.

Oh, certes, les Lumières ont amené la table rase de la Révolution, puis l’exacerbation paranoïaque de la Terreur, le rationalisme dévoyé du Scientisme et le moralisme condescendant du Colonialisme avant celui de « la gauche morale »… Les Raisonnables savent tellement mieux que tout le monde, n’est-ce pas, ce qui est bon pour les autres ! Ils ont reçu la révélation de la Vérité de leur propre esprit, tout comme Mahomet avait reçu la Parole d’Allah de Djibril (Gabriel) même.

C’est à la gloire du christianisme d’avoir décidé que tous les êtres humains avaient une âme (les Jésuites du Paraguay ont été à la pointe et se sont fait mal voir pour cette raison). Par la suite, l’inertie des mentalités a été celle de l’aventure et des gros sous, mais avec cette idée lumineuse qu’il fallait les aider à sortir de l’obscurantisme en faisant travailler les « peuples-enfants » pour les éduquer. La France en Afrique, il y a quelques décennies, avait ce même raisonnement chez les coopérants profs.

lumieres experience electricite naturelle

Les règlementations françaises en ont gardé un travers bien connu : dire le Vrai et l’Unique, pour le Monde entier, de toute Éternité – sans jamais tenir compte des particularités individuelles, ni de la maturation sociale, ni des conditions historiques. La gauche en France reste remarquablement imbibée de cet état scientiste, clérical et autoritaire de penser : il y a ceux qui sont « éclairés » et tous les autres ne sauraient savoir (ni décider) par eux-mêmes de ce qui est bien pour eux (d’où l’idée de dictature du prolétariat inventée par Lénine).

Mais, fort heureusement, les Lumières sont bien autre chose que cette caricature pour intellos dépressifs. Elles sont un combat constant contre les obscurités, y compris celles qui subsisteront toujours en nous : tout simplement parce que nous ne sommes pas des dieux. Pour les Grecs, ce combat personnel et collectif permanent était tout bonnement la civilisation, cet épanouissement humain à reconstruire à chaque génération. Ils opposaient le citoyen éclairé partie au débat public au barbare, soumis aux clans, aux coutumes et au despotisme.

lumieres droits de l homme

Todorov relève cinq vertus des Lumières : l’autonomie, la laïcité, la vérité, l’humanité et l’universalité.

Oser penser par soi-même avait ravi Diderot. La tradition constitue un être humain mais ne suffit pas à rendre quoi que ce soit légitime ; il y faut la raison. Celle-ci n’est pas seule en l’homme, mais flanquée de la volonté et des désirs. La raison peut éclairer l’homme, mais elle peut aussi faire le mal car l’autonomie n’est pas l’autosuffisance : l’homme n’est humain qu’en société… et toute société exerce sur l’individu une pression, positive par l’éducation et l’exemple, mais aussi aliénante par la mode, l’opinion commune, le qu’en-dira-t-on. C’est pour cela que Rousseau fit élever Émile hors des villes. De même, la critique qui émane de la raison est utile mais, lorsqu’elle s’exacerbe et tourne à vide, elle devient un jeu gratuit, une ‘private joke’ stérile entre intellos.

Avec les Lumières, le pouvoir spirituel regagne enfin son empyrée, laissant à lui-même le pouvoir temporel. Déjà, le Christ annonçait que son Royaume n’était pas de ce monde, demandant de rendre à César ce qui appartenait à César, réservant le reste à Dieu. Si l’empereur byzantin Constantin impose le christianisme comme religion d’État au IVe siècle, la Réforme protestante crée la laïcité en libérant la conscience et les conduites de « l’infaillibilité » des représentants terrestres. La laïcité refuse toutes les « religions », qu’elles soient papales ou politiques : la Terreur jacobine, le nazisme, le communisme, le positivisme, la loi de la jungle financière, la mystique écolo…

Aucun jugement de valeur ne doit inhiber la recherche scientifique qui, si elle ne dit pas « le vrai », recherche par essais et erreurs le « vraisemblable », n’hésitant jamais à remettre en cause dès le lendemain les certitudes les mieux acquises. Penser, croire, critiquer, rechercher la vérité, sont des libertés de l’homme du fait même qu’il appartient à l’humanité.

jeune grec nu et satyre barbare

Mais il est entendu que toutes les « opinions » ne sauraient se valoir : seuls les humains « éclairés » (hommes et femmes informés et capables de raisonnement), savent appliquer la méthode expérimentale pour connaître la vérité des sciences, puis en débattre lors de dialogues argumentés. La libération de l’homme est un processus qui s’apprend. La démocratie est l’état où la souveraineté populaire s’exerce dans le respect des droits de l’individu.

Dès lors, la vérité n’est pas le Bien transcendant, mais ce qu’on trouve ; pas l’éternel immobile, mais le provisoire observé ici et maintenant. Pouvoir n’est pas du même ordre que savoir. Éduquer aux valeurs n’est pas du même ordre qu’instruire les faits. Nulle volonté collective ne peut rembarrer l’indépendance de la vérité si elle est recherchée selon les méthodes de la raison. Le réel n’est pas de convenance idéologique mais s’impose, sous peine de délirer, ce qui signifie « sortir du sillon de labour »,  perdre la raison. Et se trouver alors gibier tout trouvé pour le n’importe quoi d’une volonté, des désirs ou des pulsions.

Avec les Lumières, ce n’est plus Dieu mais l’homme, qui devient le centre. Son existence n’est plus un « moyen » que la Providence a trouvé pour faire son « Salut » dans un Dessein intelligent. L’homme a sa fin en lui-même comme être vivant sur une planète globale : sa préservation, son épanouissement, son bonheur – à l’égal de toutes les espèces vivantes. L’État n’est plus sauveur sous l’égide d’un Roi oint de Dieu mais protecteur des libertés et fournisseurs de services négociés en commun en échange de l’impôt.

Détourner ce mouvement des Lumières est, hélas, fréquent mais pas pour cela justifié : l’art pour l’art, le scientisme, le colonialisme, la technocratie, le social-collectivisme ne sont que des Lumières dévoyées. On ne peut atteindre une fin noble par des moyens ignobles. L’universalité des Lumières veut que tout être humain ait droit à la vie, à la dignité et au bonheur. Simplement parce qu’il appartient à l’espèce humaine – pas parce qu’il serait « élu » de tel Dieu ou citoyen de tel État. En revanche, le respect de chacun ne limite pas la nécessité de normes communes.

Les Lumières se sont épanouies dans l’Europe du 18ème siècle, mais il s’agit bien, selon Todorov, d’une pensée « universelle ». Il en retrouve les traces dans l’Inde du 3ème siècle avant, dans le christianisme proche-oriental bien sûr, mais aussi dans l’islam des 8ème au 10ème siècle, dans le confucianisme Song et même dans l’Afrique anti-esclaves du 17ème siècle. Le mouvement éclot en Europe en raison de l’autonomie politique des pays qui la composent et de la séparation acquise de haute lutte entre Dieu et César. Le Papisme a laissé dégénérer le savoir selon Hume ; au contraire, la séparation du spirituel et du temporel l’a régénéré. Le morcellement des puissances, allié à un espace culturel et commercial commun a rendu l’Europe foisonnante d’échanges matériels et spirituels ; les idées neuves ont circulé sans entraves. Tout au contraire des espaces unifiés à autorité affirmée, comme celui de la Chine.

Malgré les dérives et les excès, puissent les Lumières irradier le monde entier afin que l’être humain s’y épanouisse sans heurt. Ce petit livre de 126 pages est un bien beau livre. Une mine politique pour une grande partie du globe, si l’on y réfléchit.

Tzvetan Todorov, L’esprit des Lumières, 2006, Livre de poche 2007, 160 pages, €5.60

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Musulmans ou islamistes

Comme beaucoup de ceux qui réfléchissent avant d’énoncer, je fais une claire distinction entre ceux qui croient simplement et ceux qui veulent imposer leur foi. Ainsi entre catholiques et intégristes, ou musulmans et islamistes. Notons ce fait particulier qu’aucun juif ne veut convertir les autres, et que les bouddhistes ne proposent que leur exemple de vie bonne pour attirer les adeptes.

N’oublions pas qu’Arthur Rimbaud, Henri de Monfreid et Isabelle Eberhart se sont convertis à l’islam. Mais cela restait de la foi intime, pas du prosélytisme intolérant, une manière aussi de pénétrer les sociétés étrangères de l’intérieur pour mieux les comprendre. La foi est du domaine individuel, intime, et Sadiq Khan élu en mai 2016 Maire de Londres a laissé le djihad au vestiaire.

Certes, les croyants peuvent tenter de convertir « de bonne foi », étant sûrs non seulement de détenir la Vérité absolue révélée par le seul Dieu suprême, mais surtout de « sauver » les âmes des mécréants. Ce fut le cas des Jésuites du Paraguay et des missions en terres étrangères. Mais nul besoin de religion pour cela : aider les autres est un mouvement généreux universel. La médecine et l’école furent les vertus d’une certaine colonisation faite pour de « grandes idées » – en général républicaines puis humanistes.

Ce qui n’est pas allé sans dérives. Le positivisme scientiste et la foi républicaine, socialiste voire communiste, ont été aussi des autoritarismes visant à dominer les peuples-enfants et à discipliner l’anarchie sexuelle africaine et polynésienne. Pour mieux exploiter le travail, faire « suer le burnous » et « éradiquer la paresse congénitale » (hum !).

ibn khaldun le livre des exemples tome 1

Mais la vertu des pays occidentaux est de s’être rendu compte de ces dérives, qu’elles soient celles des missions évangélisatrices dont les Jésuites sont revenus, de la « volonté générale » de 1789 que la révolution voulait étendre à toute l’Europe avant tout le genre humain, du communisme soi-disant « scientifique » qui devait libérer le monde entier des chaînes de l’exploitation – au service d’une étroite élite soumise au grand Parti unique…, ou du socialisme jacobin dont les technocrates savent mieux que vous ce qu’il vous faut. Tous se méfient de « la démocratie », le peuple leur paraissant ignare, manipulé ou beauf réactionnaire. Les discours sur le Brexit, après celui sur la montée du Front national aux européennes, en témoigne.

Ces croyances religieuses ou séculières, qui sont légitimes car elles font avancer l’humanité, sont désormais cantonnées dans la sphère privée pour ce qui est de Dieu, et dans la sphère politique pour ce qui est du débat sur les valeurs. La guérilla catholique contre la révolution a cessé ses effets après 1945 – non sans avoir sali les idéaux humanistes puis étriqué la pensée durant un siècle et demi – jusqu’au pétainisme de soumission (la « manif pour tous » est restée sans lendemain). L’agitation permanente marxiste depuis 1945 n’a jamais cessé (avec la CGT, Besancenot et Mélenchon) – mais elle se maintient dans les normes démocratiques, même si « la rue » exige plus de démocratie directe et moins de démocratie représentative. Le Parlement, en France, étant réduit à voter selon l’appartenance partisane sans discuter – ce qui est pourtant son rôle.

Mais aujourd’hui, seul l’islam renaît comme religion conquérante, intolérante, terroriste.

Pourquoi ? Parce qu’il veut en revenir aux origines et que ces origines sont la guerre tribale mêlée à la guerre idéologique au nom de la Révélation. S’il n’est de dieu que Dieu, il commande en tout et les minables humains doivent s’humilier devant Lui et obéir en tout aux Paroles qu’il a distillées via l’archange Djibril à l’oreille de l’illettré Mahomet, puis aux paroles du Prophète en son vivant, puis des gloses des érudits après le Prophète, puis des fatwas de savants autoproclamés qui se veulent détenteurs de l’unique interprétation de la vraie Vérité…

Les Musulmans sont des croyants légitimes s’ils pratiquent leur foi en privé, acceptant le compromis de la vie en commun. Mais les islamistes sont des croyants guerriers qui veulent imposer leur foi particulière au monde entier, surtout dans les pays qui les acceptent mal. C’est leur vengeance – que ce « surmusulman » (Fethi Benslama, psychiatre) : le renversement de l’humilité en arrogance analogue au Superman inventé en 1933 par un Juif américain sur le modèle de l’Übermensch de Nietzsche – déformé par l’aryanisme nazi. Le ressentiment intime projette une image boursoufflée de soi, déformée par la haine et dominatrice, qui conforte le moi blessé. Surtout de ceux qui ne sont pas encore des hommes, entre 15 et 25 ans, eux qui cherchent leur virilité dans la fraternité garçonnière d’où les femelles sont bannies, et qui justifient la raideur du sexe interdit par la kalachnikov rigide qui crache son jus puissant.

Cette quête de la Pureté, qui est l’un des ressorts du radicalisme adolescent confronté à la « souillure » du désir sexuel, trouve dans le corpus islamique de quoi se justifier.

Car les textes sacrés sont loin d’être innocents… Ils sont considérés par les oulémas comme véritablement authentiques. L’islam doit être étendu par les armes ; le djihad n’est pas qu’intérieur mais se manifeste dans la société et contre les ennemis ; les Juifs de Médine ont été exterminés par Mahomet lui-même – par calcul politique ; les minorités non-musulmanes des autres religions du Livre doivent être « soumises » et reléguées avec des droits inférieurs, payer un impôt communautaire.

fesses mediavores

L’islam, dans sa pureté croyante originelle, est dans ses effets analogue au nazisme – sauf que la foi remplace la race et que quiconque peut toujours se convertir. Ceux qui ne le font pas sont des sous-hommes, ceux qui résistent des cafards à exterminer. Toute la littérature militante de Daech – proclamé État islamique – le répète à l’envi.

De l’administration de la sauvagerie’ (édité en français sous le titre ‘Gestion de la barbarie’ et un temps disponible sur Amazon, à la Fnac et à la Librairie catho…), rédigé vers 2003 par Abou Bakr al-Baghdadi, explique en détail comment s’emparer d’un territoire, le soumettre brutalement par la terreur et l’application stricte de la charia wahhabite, puis porter la guerre au cœur de l’ennemi occidental et juif par les techniques mêmes du trafic financier, de la communication et de l’information occidentales. Mentir, voler, violer, vendre des œuvres d’art ou des êtres humains, crucifier, torturer, tuer – sont des pratiques permises et même légitimes « au nom d’Allah ». Comme si Dieu avait créé les bas instincts pour qu’ils servent sa Gloire.

L’historien de l’islam Ibn Khaldun (1332-1406) démontre clairement combien la religion est ce qui donne corps et forme au peuple arabe. « L’islam – la religion musulmane – est le seul monothéisme qui implique les devoirs de la guerre dans ceux de la religion », selon le professeur d’histoire médiévale de Nanterre Gabriel Martinez-Gros dans un numéro de la revue L’Histoire (423, mai 2016, p.56). C’est la progressive instauration de l’État, avec sa division des tâches entre guerriers, experts et lettrés, qui pacifie la violence originelle de la croyance. Pour Ibn Khaldun, les Turcs, les Mongols et les Berbères dans l’Oumma ont affaibli les Arabes – puisque la religion n’avait plus d’utilité politique pour l’empire. Or, rappelle Ibn Khaldun : « Dans la communauté musulmane, la guerre sainte est un devoir religieux parce que l’islam a une mission universelle et que tous les hommes doivent s’y convertir de gré ou de force » (Muqaddima – Le Livre des Exemples, p.532).

C’est cet écart entre l’origine et aujourd’hui qui fait que des musulmans deviennent islamistes. Le retour aux sources est un danger, aussi bien pour les racistes que pour les croyants. Mais c’est bien ce qui guette notre monde, déçu de la tournure des choses.

Fethi Benslama, Un furieux désir de sacrifice : le Surmusulman, 2016, Seuil, €15.00

e-book format Kindle, €10.99

Ibn Khaldun, Muqaddima – Le Livre des Exemples tome 1, Gallimard Pléiade, 2002, 1555 pages, €76.50

Jean Lafontaine, Pourquoi l’aveuglement occidental est la plus grande force de l’islam : illustration avec la « Déclaration de Marrakech », 2016, Atlantico

 

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Esclavage islamique

Le sectarisme dans l’islam, promu par l’idéologie médiévale des princes saoudiens et les capitaux florissants qu’ils tirent encore du pétrole, doit être connu, dénoncé et combattu. Il subsiste encore trop de bénévolence chez les intellos « de gauche », trop de soupçon « d’islamophobie » qui inhibe toute raison, trop de déni.

Être « de gauche » signifiait (jusqu’à présent) être pour les libertés dans l’égalité progressive, la liberté individuelle ne pouvant être accomplie sans celle des autres, le processus étant un long chemin, mais obstiné. Être « de gauche » veut donc dire se méfier des races, des genres, des religions et des milieux sociaux qui enserrent les personnes et emprisonnent les identités dans une « essence » immuable.

Être blanc, breton, corse ou rifain est de naissance, mais cet état de fait ne doit pas enfermer dans une clôture qui exclut les non-blancs, bretons, corses ou rifains, ni se couper du reste du monde. Même chose si l’on est femme ou homme, lorsque l’on croit à Jéhovah, à Dieu ou à Allah, ou à rien – ou que l’on appartient à la grande bourgeoisie ou au petit peuple. Cela s’appelle xénophobie lorsque l’on se méfie jusqu’à la haine, ou racisme lorsqu’on se croit supérieur.

Ainsi les salafistes peuvent-ils être qualifiés de « racistes » et de « xénophobes » parce qu’ils considèrent non seulement tous les non-croyants à l’islam comme des chiens, mais aussi ceux qui ne sont pas de leur secte particulière comme des mécréants à capturer, violer ou décapiter à merci. On peut dire la même chose des intellos « de gauche » qui refusent tout dialogue avec ceux qui contestent leur irénisme ou leur naïveté.

Daesh Questions reponses sur les femmes captives

Lorsque les injures prennent la place des arguments, on peut être sûr que la raison n’est pas partagée et que les passions de haine et de rejet l’emportent. Être « de gauche » a toujours voulu dire (jusqu’à présent) choisir la voie de la raison, seule apte à tempérer les passions et à dompter les pulsions. Même au prix des excès bureaucratiques, techniciens et étatistes, je vous l’accorde – ce pourquoi je préfère cette variante « libérale » de la gauche, qui maintient la prééminence de l’humain dans la politique comme dans l’économie.

Mais lorsque la raison démissionne, par faiblesse personnelle ou parce que l’on préfère le nid de la communauté, le pire de l’animal humain peut se révéler. L’État islamique a des dirigeants intelligents et rationnels ; ils savent manipuler les bas instincts du tout-venant et les passions de la masse musulmane, frustrée par son retard à la modernité et par la domination militaire des Américains, Israéliens, Russes et autres Occidentaux.

Si l’État islamique se dit islamique, ce n’est pas par hasard, il reprend dans l’islam ce qui figure en toutes lettres dans les écrits théologiques accumulés depuis l’époque bédouine à l’époque de Mahomet. Sauf que l’islam a su évoluer et que le salafisme, très proche du wahhabisme saoudien, n’est qu’une secte rigoriste qui ne représente pas tout l’islam. Il réinterprète et remet au goût du jour des interprétations tombées en désuétude ou carrément faussée pour servir son dessein politique de restaurer un Califat (Allah n’est qu’un prétexte secondaire).

mathieu guidere sexe et charia

Ainsi de l’esclavage. Si tous les hommes sont des frères en théorie coranique… la pratique n’a cessé de justifier diverses formes d’esclavage. Naître en servitude vous asservit par essence, être capturé à la guerre fait de vous des choses dont votre vainqueur peut user et abuser (presque) à sa guise (l’usus, fructus et abusus du droit romain).

« Toutes les dynasties musulmanes ont été esclavagistes à des degrés divers. Malgré la stabilisation des frontières de l’Islam, les razzias sur les territoires frontaliers, puis la piraterie et la guerre de course ont permis la perpétuation et l’enracinement de l’esclavage ». Est-ce un militant du Front national qui écrit ces lignes ? Un raciste xénophobe et islamophobe selon les critères « de gauche » de certains intello-médiatiques ? Pas le moins du monde : il s’agit du professeur d’islamologie Mathieu Guidère à l’université de Toulouse 2. Il publie un article fort documenté sur Les femmes esclaves de l’État islamique dans le numéro de janvier-février de la revue Le Débat, publiée chez Gallimard.

En historien, il précise : « Dans la première moitié du XXe siècle ne reste donc que l’Arabie saoudite et le Yémen (…) comme contrées esclavagistes. En 1936 pourtant, le roi Abdelaziz promulgue un règlement interdisant l’importation d’esclaves par voie maritime au motif que la charia interdit de capturer et de réduire en esclavage les sujets des nations avec lesquelles il existe un traité. Les souverains du Yémen et du Koweït font de même peu de temps après. Mais le statut légal d’esclave n’est pas aboli ». Le statut d’esclave subsiste donc dans le droit saoudien…

Dans cet article fort intéressant, Mathieu Guidère traduit pour les non-arabisants (dont 95% des intello-médiatiques) une brochure explicative de l’État islamique intitulée Questions-Réponses sur les femmes captives, à destination des combattants et des nouvelles recrues. Ce qu’on y lit est édifiant : les femmes sont des objets, qu’on peut prendre et user à volonté parce qu’elles sont mécréantes, donc des choses. Il est permis d’avoir des rapports sexuels avec les femmes captives, soit immédiatement lorsqu’elles sont vierges, soit au bout de trois mois si elles peuvent être enceintes. D’où l’attrait pour les fillettes à peine pubère – dès 9 ans – car le combattant peut être sûr qu’elles sont vierges ! Même avant cet âge, « il est permis d’avoir des relations sexuelles avec l’esclave non pubère si elle est apte à l’accouplement. En revanche, si elle n’y est pas apte, il faut se limiter à en jouir sans rapport sexuel ». En jouir… vous avez bien lu.

sexe avec fillette Daesh Questions reponses sur les femmes captivesEst-ce être « islamophobe », selon l’injure à la mode des intello-médiatiques « de gauche » que de s’insurger contre cette pédophilie autorisée ? Contre cette réduction à la chose des femmes de tous âges ? Contre cet asservissement des gens qui ne croient pas comme vous ? « La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté », écrivait Kamel Daoud avant d’être stigmatisé par des intello-médiatiques qui se disent « de gauche ». Signé évident que « la gauche » est bel et bien morte ! Faut-il conseiller aux prêtres amateurs d’extrême-jeunesse sous le cardinal Barbarin de se convertir à l’islam salafiste pour que les gens « de gauche » trouvent « normal » leur mauvais penchant – autorisé par leur légitime « différence »? Est-ce ce déni de réalité, ce refus de débattre, ce refuge dans la bien-pensance morale, qui signifie être « de gauche » ? La dite « gauche » crève de ces ambiguïtés de horde, son cadavre délétère bouge encore. Il sera probablement enterré dès la prochaine présidentielle.

Comme il existe des esprits stupides, lourds et pesants, qui ne VEULENT pas voir et qui refusent de croire ce qu’on leur dit, je publie quelques fac-similés de l’article – que j’incite chacun à lire.

Mathieu Guidère, Les femmes esclaves de l’Etat islamique, 2016, revue Le Débat n°188, Gallimard, pp.106-119, €20.00

Mathieu Guidère, Sexe et charia, 2014, édition du Rocher, 199 pages, €16.90

ebook format Kindle, €11.99

Islam sur ce blog

La police « de gauche » de la pensée à propos de Kamel Daoud

 

 

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Antoine Sfeir, L’islam contre l’islam

antoine sfeir l islam contre l islam
Politologue libanais d’origine, journaliste notamment pour La Croix, le Pèlerin, le Point, Politique internationale ou Esprit, Antoine Sfeir dirige Les Cahiers de l’Orient. Il préside le Centre d’études et de réflexion sur le Proche-Orient (Cerpo) et l’Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI). Dans ce petit livre, il allie la compétence du politologue et la connaissance intime de sa région d’origine avec la pédagogie du journaliste – de quoi rendre simple cet Orient compliqué.

Probablement issu d’une compilation d’articles et de conférences données au fil des ans (en témoignent les quelques répétitions), l’auteur a le don de nous emmener des origines du chiisme dès la mort du Prophète aux divergences doctrinales, jusqu’à la géopolitique actuelle du chiisme incarnée surtout par l’Iran et ses satellites (Alaouites de Syrie, Hezbollah libanais, Azéris d’Azerbaïdjan, chiites d’Irak, Hazaras d’Afghanistan, Zaydites du Yémen). En annexes bienvenues figurent une chronologie du VIIe siècle à fin 2012, l’arbre de l’islam, une courte bibliographie dans la foison des livres – et deux cartes passionnantes de source Ralph Peters : comment les Américains en 2003 envisageaient de restructurer le Moyen-Orient, avant et après.

Le chiisme est une scission dès l’origine du courant principal de l’islam qu’est aujourd’hui le sunnisme. Chaque branche a son « Vatican » (l’Arabie Saoudite pour le sunnisme, l’Iran pour le chiisme) et ses propres sectes, plus ou moins littérales ou intégristes. L’écart entre les religions d’islam semble être analogue à celui entre l’Ancien et le Nouveau Testament, les chiites attendent toujours leur Mahdi de la fin des temps, alors que les sunnites voient en Mahomet le dernier Prophète.

Mais la guerre millénaire de religion entre ces deux aspects du Livre n’empêche nullement le clanisme ou le nationalisme de se manifester : les 20% de chiites d’Irak se sont battus contre les chiites d’Iran lors de la guerre enclenchée par Saddam Hussein entre 1980 et 1988. C’est pourquoi cet Orient est si compliqué, qui emmêle ethnies (Arabes, Perses, Turcomans), croyances, richesses du sous-sol et égos démesurés.

L’Arabie Saoudite est une théocratie, l’Iran aussi. Rien de « démocratique » dans ces régimes, même si l’Iran connait des élections. « Le véritable chef de l’État est le Guide [pas le Président]. Nommé à vie, celui-ci ne peut être démis de ses fonctions qu’exceptionnellement. Il domine l’ensemble de l’appareil politique, pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire inclus. Mais, bien que religieux, il n’est pas l’autorité suprême du chiisme » [répartie entre les grands ayatollahs] p.115.

Ce pourquoi l’Occident ne doit pas se réjouir naïvement de la « négociation » acceptée sur le nucléaire : l’Iran n’est pas devenu humaniste, il mesure les rapports de force. Avec une Arabie Saoudite moins indispensable à la consommation de pétrole par les Américains depuis que ceux-ci ont découvert des gisements dans le schiste, le rééquilibrage géopolitique était inévitable. Surtout pour contenir le soi-disant État islamique qui menace tout le monde, sunnites quiétistes étant mis dans le même sac que « l’hérésie » chiite. Jusqu’alors, « l’islam rest[ait] le meilleur rempart contre les idées de gauche » p.121.

Antoine Sfeir est très critique envers la diplomatie française, seul grand pays non aligné qui pourrait jouer le rôle de médiateur au Levant, plus que les Américains (tenus par Israël), les Anglais (qui ont promis et n’ont jamais tenu), les Allemands (puissance exclusivement marchande), les Russes (qui ont voulu dépouiller le nord de l’Iran lors du Grand Jeu) ou les Chinois (en butte à leur minorité musulmane Ouïgoure). Mais les Français sont aux abonnés absents depuis Chirac.

Très utile pour se cultiver sur les facettes de l’islam, sur les intérêts sous-jacents aux prétextes religieux, et sur le développement de logiques inéluctables qui ne devraient pas être une surprise, ce petit livre se lit rapidement et avec aisance.

L’ouvrage a reçu le Prix Livre et droits de l’homme en 2012.

Antoine Sfeir, L’islam contre l’islam – l’interminable guerre des sunnites et des chiites, 2013, Livre de poche biblio essais, 191 pages, €6.10
Le blog d’Antoine Sfeir
Un point de vue critique sur l’auteur

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Daniel Easterman, Le nom de la bête

daniel easterman le nom de la bete
La Bête est celle de l’Apocalypse et son nom est salafisme. Il y a plus de 20 ans, ce qu’écrivait sous forme de divertissement le professeur d’histoire de l’islam à l’université de Newcastle était prémonitoire. L’Égypte – le plus peuplé des pays arabes musulmans – voit une secte léniniste prendre le pouvoir après des décennies de préparation idéologique par les Frères musulmans. A sa tête l’Antéchrist annoncé par l’Apocalypse, la Revanche de l’islam, le Croisé inverse qui veut reconquérir Al Andalus.

Peu importe le grand guignol de la fin (Easterman ne sait pas finir ses thrillers) ; peu importe le procédé par attentats à la bombe (bien passés de mode faute d’artificiers éduqués aujourd’hui) ; peu importe la passivité coupable des Instances internationales comme des grands pays impliqués (les États-Unis laisseraient-ils faire sans rien faire ?). Reste le message : les sectaires sont des illuminés, donc des ordures particulièrement sadiques et dangereuses, parce qu’agissant (ils le croient) au nom de Dieu.

Michael Hunt est anglo-égyptien ; ex-membre des services secrets britanniques, il a quitté le MI6 il y a des années pour devenir obscur professeur à l’université américaine du Caire. C’est un ancien ami anglais toujours en activité qui va le convaincre de rempiler lors de son retour temporaire à Londres pour l’enterrement de son père – mais aussi une jeune femme d’Égypte qu’il lui présente l’air de rien, Aïcha, émancipée et laïque, épouse de l’opposant démocratique enlevé puis disparu dont Michael tombe raide dingue lorsqu’il la voit pour la première fois… Le premier chapitre donne le ton (Easterman est expert en premier chapitre haletant).

Al-Kourtoubi (le Cordouan) est un ex-prêtre catholique qui s’est découvert une ascendance mauresque remontant jusqu’à Mahomet ; il s’est converti à l’islam et – plus royaliste que le roi – a fondé une secte activiste efficace. « C’était un groupe secret au sein même d’une organisation clandestine. Au départ, leur but était de travailler à l’étranger, de convertir des gens à l’islam en Occident, particulièrement de jeunes catholiques. (…) Ils prenaient également des contacts. Avec les déracinés, les mécontents, les enragés. A la fin, il en faisait des extrémistes, des terroristes. Al-Kourtoubi se moquait de savoir s’ils étaient de droite ou de gauche, nationalistes ou religieux : ils n’étaient que du combustible pour l’incendie » p.295. Édifiant, n’est-ce pas ? Le daechisme imaginé en 1992 enfin réalisé vers 2012. Abou Bakr al-Baghdadi – qui se présente lui aussi comme un descendant du prophète Mahomet – s’est proclamé calife. A-t-il lu Easterman dans sa jeunesse (il avait 21 ans lors de sa parution) ? Il applique en tout cas toutes les méthodes exposées dans le roman.

Al-Kourtoubi, son double imaginaire, est cultivé, redoutablement intelligent, et connaît les arcanes du pouvoir dans chacun des pays européens. Avec la complicité d’influents politiciens d’extrême-droite au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Italie, il lance une campagne d’attentats contre les civils en Europe qui font des milliers de morts. L’objectif ? Déstabiliser les sociétés, les terroriser et les faire réagir par la peur – ce qui signifie la désignation de boucs émissaires et l’anesthésie de toute morale universelle humaniste. Les Européens exaspérés des tueries au nom de l’islam devraient chasser en masse tout musulman présent sur leur sol.  Al-Kourtoubi, fort de sa prise de pouvoir dans un État influent – l’Égypte – pourrait alors les protéger et, en négociant avec les gouvernements européens, récupérer l’Andalousie qui faisait partie du territoire converti. Une « purification ethnique » aurait alors lieu sans pitié, chassant tous les chrétiens et tous les juifs d’Al Andalus pour offrir la province reconquise aux musulmans expulsés de toute l’Europe.

On voit combien les mêmes idées reviennent avec régularité : massacre des Arméniens « cinquième colonne » par les Turcs nationalistes en 1915, expulsion des Grecs « chrétiens donc non-musulmans » par les mêmes Turcs nationalistes en 1920, purification de classe par les staliniens en URSS en 1930, purification raciale des non-Aryens par les nazis dès 1933, purification des « Quatre vieilleries » par les étudiants de la Révolution « culturelle » manipulés par Mao en 1966, purification ethnique par les Serbes en Bosnie, génocide Hutu par les Tutsis… Les problèmes des « Purs » ne peuvent être réglés que par l’éradication de tous les « impurs », arrachement en général violent de tous ceux qui ne sont pas ou ne pensent pas comme les sectaires au pouvoir.

L’auteur, en bon spécialiste du monde arabe et de la religion islamique, décline les premières mesures : rétablissement de la charia intégrale ; police religieuse qui arrête les trains et traque toutes les déviances (une balle dans la tête pour lire un livre traduit) ; obligation du voile pour toutes les femmes qui ne sont plus autorisées ni à conduire, ni à travailler, ni à voter ; fermeture des musées non islamiques et destruction par la foule fanatisée des pyramides, pour édifier un gigantesque Mur entre l’Égypte et le reste du monde ; pogroms anti-coptes (ces vils chrétiens…) avec crucifixions, flagellations, couronnes de lames de rasoir ; accusations gratuites de propager la peste (donc assimilation aux rats) de tous les non-cairotes non-musulmans non-salafistes ; encouragement aux gestes spectaculaires (comme brûler Le Caire pour la récurer somme Sodome et Gomorrhe).

Tout ce qu’accomplit Daesh aujourd’hui était prédit dans les discours exaltés des sectaires de l’islam il y a plus de 20 ans : il suffisait d’attendre. « Je suis pure compassion – déclare Al-Kourtoubi par qui attentats et massacres interviennent – je suis submergé par la douleur et la pitié. (…) Mais c’est Dieu qui a chargé mes épaules, c’est Dieu qui me conduit » p.90. Ce cynisme révoltant ne réclame qu’une balle dans la tête : qui se retire de l’humanité volontairement ne peut plus être traité avec humanité. Les daechistes agissent comme des nazis, avec aussi peu d’état d’âme : « Il n’y avait rien sur son visage. Rien qu’une terrible impassibilité, l’impavidité de la foi qui a dépassé l’émotion ou l’a assassinée. Il pouvait tuer pour son Dieu aussi facilement que d’autres pleurent. Les mains étaient douces, les doigts manucurés ; il était propre et soigné, strict dans ses ablutions, en bref il observait tous les commandements de la religion sauf la compassion » p.468. Un vrai tueur de camps.

Ce bon thriller haletant est épicé d’une histoire d’amour au-delà du conventionnel, il a le mérite de nous faire comprendre les arcanes des sectes contemporaines dans l’islam et – ce qui est plus précieux – la mentalité de ces bourreaux au nom d’Allah qui n’hésitent pas à souiller son Message au profit de leurs bas instincts et de leur petit arrivisme personnel.

Daniel Easterman, Le nom de la bête (Name of The Beast), 1992, Pocket 1997, 543 pages, €0.01 occasion

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Tuer le rire ?

L’un des tueurs voulait massacrer du juif ; les deux autres faire rentrer le rire dans la gorge. Car pour ces raccourcis du cerveau, on ne peut rire de tout. Si le rire est le propre de l’homme (Rabelais), Dieu l’interdit – ou plutôt « leur » Dieu sectaire, passablement fouettard, Dieu impitoyable d’Ancien Testament ou de Coran, plus proche de Sheitan et de Satan. Ange comme l’islam, mais déchu comme l’intégrisme.

Comme le Prophète ne savait ni lire ni écrire, il a conté ; ceux qui savaient écrire ont plus ou moins transcrit, et parfois de bouche à oreille ; les siècles ont ajoutés leurs erreurs et leurs commentaires – ce qui fait que la parole d’Allah, susurrée par l’archange Djibril au Prophète qui n’a pas tout retenu, transcrite et retranscrite par les disciples durant des années, puis déformée par les politiques des temps, n’est pas une Parole à prendre au pied de la lettre. Le raisonnable serait de conserver le Message et de relativiser les mots ; mais la bêtise n’est pas raisonnable, elle préfère ânonner les mots par cœur que saisir le sens du Message.

rire de mahomet

La bêtise est croyante, l’intelligence est spirituelle. Les obéissants n’ont aucune autonomie, ils ne savent pas réfléchir par eux-mêmes, ils ont peur de la liberté car ce serait être responsable de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font. Ils préfèrent « croire » sans se poser de questions et « obéir » sans état d’âme. Islam veut-il dire soumission ? Un philosophe musulman canadien interpelle ses coreligionnaires : « une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive – est trop souvent, pas toujours, mais trop souvent, l’islam ordinaire, l’islam quotidien, qui souffre et fait souffrir trop de consciences, l’islam de la tradition et du passé, l’islam déformé par tous ceux qui l’utilisent politiquement, l’islam qui finit encore et toujours par étouffer les Printemps arabes et la voix de toutes ses jeunesses qui demandent autre chose. Quand donc vas-tu faire enfin ta vraie révolution ? »

Il ne faut pas rejeter la faute sur les autres mais s’interroger sur sa propre religion, distinguer sa pratique de la foi.

Mahomet s’est marié avec Aisha lorsqu’’elle avait 6 ans (et lui au-delà de la cinquantaine) ; il a attendu quand même qu’elle ait 9 ans pour user de ses droits d’époux : c’était l’usage du temps mais faut-il répéter cet usage aujourd’hui ? L’ayatollah Khomeiny a abaissé à 9 ans l’âge légal du mariage en Iran lorsqu’il est arrivé au pouvoir… Les plus malins manipulent aisément les crédules, ils leurs permettent d’assouvir leurs pulsions égoïstes, meurtrières ou pédophiles, en se servant d’Allah pour assurer ici-bas leur petit pouvoir : Khomeiny, Daech, mêmes ressorts. Trop d’intermédiaires ont passés entre les Mots divins et le texte imprimé pour qu’il soit à prendre tel quel. Croyons-nous par exemple que Jésus ait vraiment « marché sur les eaux » ?

voies du seigneur

Il ne faut pas croire que le Coran soit la Parole brute d’Allah. Que font les intellectuels de l’islam pour le dire à la multitude ?

Toute religion a une tendance totalitaire : n’est-elle pas par essence LA Vérité révélée ? Même le communisme avait ce tropisme : « peut-on contester le soleil qui se lève ? » disait à peu près Staline pour convaincre que les lois de l’Histoire sont « scientifiques ». Qui récuse la vérité est non seulement dans l’erreur, mais dans l’obscurantisme, préférant rester dans le Mal plutôt que se vouer au Bien. Il est donc « inférieur », stupide, malade ; on peut l’emprisonner, en faire son esclave, le tuer. Ce n’est qu’une sorte de bête qui n’a pas l’intelligence divine pour comprendre. Toutes les religions, toutes les idéologies, ont cette tendance implacable – y compris les socialistes français qui se disent démocrates (ne parlons pas des marinistes qui récusent même la démocratie…). Les incroyants, les apostats, les hérétiques, on peut les « éradiquer ». Démocratiquement lorsqu’on est civil, par les armes lorsqu’on est fruste.

kamikaze se fait sauter

Le croyant étant « bête » parce qu’il croit aveuglément, comme poussé par un programme génétique analogue à celui de la fourmi, ne supporte pas qu’on prenne ses idoles à la légère. Toutes les croyances ne peuvent accepter qu’on se moque de leurs simagrées ou de leurs totems : la chose est trop sérieuse pour que le pouvoir fétiche soit ainsi sapé. C’est ainsi que Moïse va seul au sommet de la montagne et que nul ne peut entrevoir l’Arche d’alliance ou le saint des saints du temple, que Mahomet est-il le seul à entendre la Parole transmise par l’ange et que nul infidèle ne peut voir la Kaaba. Dans Le nom de la rose, dont Jean-Jacques Annaud a tiré un grand film, Umberto Ecco croque le portrait d’un moine fanatique, Jorge, qui tue quiconque voudrait simplement « lire » le traité du Rire qu’aurait écrit Aristote. Ce serait saper la religion catholique et le « sérieux » qu’on doit à Dieu… Les geôles de l’Inquisition maniaient le grand guignol avec leurs tentures noires, leurs juges masqués, leurs bourreaux cagoulés devant des feux rougeoyants. Pas question de rire ! Même devant Louis XIV (sire de « l’État c’est moi »), Molière devait être inventif pour montrer le ridicule des médecins, des précieuses ou des bourgeois, sans offusquer les Grands ni Sa Majesté elle-même.

Il ne faut pas croire que le rire soit le propre de l’homme ; ce serait plutôt le sérieux de la bêtise. Que font nos intellectuels tous les jours ?

rire beachboy

C’est cependant « le rire » qui libère. Il permet la légèreté de la pensée, le doute salutaire, l’œil critique. Rire déstresse, rend joyeux autour de soi, éradique peurs et angoisses – ce pourquoi toute croyance hait le rire car son pouvoir ne tient que par la crainte. Se moquer n’est pas forcément mépriser, c’est montrer l’autre en miroir pour qu’il ne se prenne pas trop au sérieux. C’est ce qu’a voulu la Révolution française, en même temps que l’américaine, libérer les humains des contraintes de race, de religion, de caste, de famille et d’opinions. Promotion de l’individu, droits de chaque humain, libertés de penser, de dire, de faire, d’entreprendre. Dès qu’un pouvoir tend à s’imposer, il restreint ces libertés-là.

rire de tout

Est-ce que l’on tue pour cela ? Sans doute quand on n’a pas les mots pour le dire, ni les convictions suffisamment solides pour opposer des arguments. Petite bite a toujours un gros flingue, en substitution. Surtout lorsque l’on a été abreuvé de jeux vidéos et de décapitations sans contraintes sur Internet : tout cela devient normal, « naturel ». C’est à l’école que revient de dire ce qui se fait et ce qui ne se fait en société : nous ne sommes pas dans la jungle, il existe des règles – y compris pour la diffamation et le blasphème. Il est effarant d’entendre certains collégiens (et collégiennes) dire simplement « c’est de leur faute ». Donc on les tue, comme ça ? C’est normal de tuer parce qu’un autre vous a « traité » ? Est-ce ainsi que cela se passe dans les cours de récré ? Si oui, c’est très grave…

rire de tout france

L’écartèlement entre les cultures, celle de la France qui les a partiellement rejetés, celle de l’Algérie qu’ils n’ont connue que par les parents et cousins, ont rendu les frères Kouachi incertains d’eux-mêmes, fragiles, prêts à tout pour être enfin quelqu’un, reconnus par un groupe, assurés d’une conviction. La secte est l’armure externe des mollusques sans squelette interne. Ils se sont créé des personnages de héros-martyrs faute d’êtres eux-mêmes des personnes.

Il ne faut pas croire que la multiculture enrichit forcément. Que font les politiciens pour établir les valeurs du vivre-ensemble sans les fermer sur l’extérieur ; pour faire respecter les lois de la République sans faiblesse ni « synthèse » ?

Comment faire pour « déradicaliser » les individus ? Une piste de réflexion intérieure, européenne et géopolitique. Lire surtout la seconde partie.

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La charia a bon dos

Des monarchies traditionnelles aux dictatures militaires et aux révolutions islamistes récentes, l’Islam est confronté à la modernité et aux bouleversements du monde comme hier le christianisme et avant-hier le judaïsme. D’où la réaction du retour aux sources, soi-disant « pures » des origines.

Mais cette névrose obsessionnelle du sale à nettoyer est le paravent commode des mafias, luttes de pouvoir et autres affairismes. N’en déplaise aux belles âmes bobos confortablement installées dans leurs salons parisiens, les « pauvres » musulmans qui « se battent » pour « se libérer » au nom de leur Dieu prennent prétexte de la religion pour manipuler les âmes. Ce qu’on appelle habituellement l’idéologie, masque des intérêts bien gras et bien terrestres que sont l’argent, le pouvoir, les armes viriles et l’appropriation des femmes. Le nord-Mali, c’est ça : des mercenaires vaincus de Kadhafi qui veulent se venger des Occidentaux en montrant qu’ils ont « la plus grosse » (arme prothèse) et occuper les territoires vides entre 10 États (le Sahara) pour développer leurs trafics : armes, cigarette, drogue venue de Colombie par avion, migrants, femmes à prostituer. Suite logique des traites négrières et commerçantes des siècles d’islam jusqu’au XIXème siècle. Ils profitent des circonstances, la question touarègue, les richesses minières, le ressentiment colonial, la faiblesse (Mali, Mauritanie, Burkina, Niger) ou l’indifférence intéressée (Algérie, Guinée Bissau, Tchad) des États riverains ou proches, pour occuper le terrain et faire de l’esbroufe en détruisant des mausolées. Cela leur donne bonne conscience, ils croient faire « gloire à Dieu » en agissant à sa place (a-t-il demandé quelque chose ?) et en son Nom (a-t-il dit expressément de le faire ?), tout en tirant de vils mais fructueux bénéfices ici-bas, qu’ils « blanchissent » ainsi dans l’éternité. Mais qu’en est-il vraiment ?

La religion musulmane a pour principe que tout vient de Dieu mais Dieu, bien qu’omnipotent, ne parle pas tout seul. Il lui faut un homme. Ce fut Moïse, puis Jésus, enfin Mahomet. Comme l’écrit finement Hela Ouardi, professeur de civilisation à l’université Tunis El-Manar dans la revue Le Débat de septembre 2012 (n°171), « Mohamed, comme messager de Dieu (… est) l’unique dépositaire de l’autorité divine. Ce pouvoir lui revient à lui seul et prend fin avec sa mort ; or, Mohamed est mort sans avoir délégué son pouvoir à qui que ce soit ». Depuis 632, toute autorité en islam est donc « une construction idéologique fondée sur une représentation plutôt fictive de l’Histoire ».

Ce qui s’est imposé, c’est le calife, substitut du Prophète sur terre, autrement dit chef de droit divin et chef religieux (imam) – comme nos rois chrétiens. Mais la chaîne des califes fondée sur la famille et la tribu du Prophète (les beaux-frères et les gendres) s’est rompue avec Ali, le quatrième calife. La fitna (discorde) s’est introduite dans l’islam, séparant les musulmans en sunnites et chiites. C’est alors que l’interprétation des textes a pris de l’importance et que la caste des clercs savants s’est imposée comme autorité religieuse.

Or il n’existe pas de clergé en islam sunnite, chaque croyant musulman a le droit et le devoir de faire par lui-même l’effort de l’interprétation. La caste des oulémas et faqihs, savants théologiens, relève plus du mandarinat que de la sacralité. Ils consolident leur pouvoir dans l’histoire grâce à leur connivence avec le pouvoir politique – tout comme les clercs d’église catholique avec la royauté.

Mais cette autorité théologique repose elle-même sur un corpus de textes dont l’authenticité est sujette à caution. Comme la Bible talmudique et les Évangiles catholiques, le Coran et ses commentaires (hadiths), ont été rassemblés lentement dans une histoire longue. Trois compilations du Coran ont eu lieu après la mort du Prophète. Le premier calife Abu Bakr aurait fait faire une recollection, le calife Uthman en a fait faire une deuxième pour éliminer les divergences dans la récitation. Une troisième a eu lieu sous le calife Abd-al-Malik. Hela Ouardi : « Alors que les musulmans aujourd’hui campent sur une position très conservatrice, les érudits musulmans des premiers siècles de l’islam étaient bien plus flexibles, émettant l’hypothèse que des parties du Coran étaient perdues, perverties, et qu’il y avait plusieurs milliers de variantes qui nous empêchent de parler d’un Coran unique ». Quant aux hadiths, ils « ont tous été réunis au moins deux siècles après la mort de Mohamed ».

Burqa par PlantuLa charia, que les aqmistes du nord Mali veulent faire appliquer comme la loi de Dieu, « n’a jamais été codifiée dans un livre de lois, elle se comprend plus comme une opinion partagée par les musulmans, fondée sur de nombreuses sources. » Le texte sacré ne s’actualise qu’en fonction des contingences historiques. Les quatre écoles juridiques de l’islam (hanafites, chafiites, malikites et hanbalites) divergent… Le hanafisme n’interdit pas l’alcool mais il met seulement en garde contre son abus. En cause, la contradiction dans le Coran même, en faisant œuvre du diable (verset 90 sourate V) ou signe de la faveur divine à l’homme (verset 67 sourate XVI).

Le pouvoir politique utilise l’islam depuis le cinquième calife pour légitimer sa transmission héréditaire et son autorité. Hela Ouardi : « Cela a consacré la dégénérescence de l’islam en idéologie et en instrument d’aliénation et de tyrannie ». Le « Vatican wahhabite » qui contrôle les lieux saints de La Mecque et Médine (mais pas Jérusalem) crée un mirage du présent dans le passé pour assurer sa prééminence aujourd’hui en faisant parler les textes saints. Il s’appuie sur l’argent du pétrole pour imposer sa vision particulière de la religion. Socialement, il manipule l’inquiétude liée aux bouleversements du présent pour dire sa vérité. Il « se fonde sur un ‘délire de pureté’ qui tente de restaurer un islam ‘chimiquement pur des origines’. » D’où l’importance accordée aux rites qui fixe les codes de la bonne conduite dans tous ses détails. La liste du permis et de l’interdit dispense ainsi tout musulman de faire un effort : au lieu d’approfondir sa foi par l’étude personnelle des textes, il se contente de suivre sa bande et sa tribu pour imposer le pouvoir de son clan.

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La religion, par les moyens modernes de communication et la mondialisation, devient « un système totalitaire », Hela Ouardi n’hésite pas à l’écrire. La voix du peuple devient la voix de Dieu – évidemment interprétée et répandue par ses interprètes : les idéologues du parti islamiste. On se croirait en « socialisme réel »… aussi faussement révolutionnaire, aussi conservateur.

Mais le revers de la médaille est qu’en faisant descendre l’islam dans l’arène démocratique, les islamistes se voient exposés à la voir jugée par les urnes, tout comme l’église catholique dans les débuts de notre IIIème République. Qu’en prenant prétexte de Dieu pour assurer leurs trafics par les armes, les islamistes pervertissent la religion et suscitent la réaction indignée des populations qu’ils soumettent – et des États jusque là restés attentistes : l’Algérie. Oui, la guerre civile menace à nouveau, comme dans les années 1990, si le pouvoir algérien ne fait rien contre les bandes armées qui menacent ses frontières sud. Et des militaires humiliés, à Alger, c’est la forte probabilité d’une révolte populaire, la suite logique du printemps arabe…

L’islam va-t-il connaître, avec un siècle de retard, la même séparation du religieux et du profane ? De l’église (ici des imams) et de l’État ? Il retrouverait ainsi ses origines : Mahomet comme seul porte-parole de Dieu, chaque croyant comme seul interprète de la Parole. Sans aucune excuse idéologique pour les crimes et profits.

Références :

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L’Islam et les garçons

Coïter un garçon n’est pas permis par la charia, bien que Mahomet lui-même semble n’en avoir rien dit explicitement dans le Coran. La seule mention est celle de la mission de Loth (sourates 7 verset 80, 21 verset 74, 27 verset 55, 29 verset 28), qui doit corriger ceux qui s’adonnent à l’homosexualité entre adultes. Mais le péché est de faire de son semblable une ‘femme‘ un objet passif de la relation sexuelle. Pas question de toucher aux enfants (musulmans), mais si la situation n’est pas celle d’égaux, ça se discute : ainsi les esclaves ne sont pas concernés puisqu’objets conquis, les efféminés et travestis non plus car créés ainsi par Dieu, ni les éphèbes qui sont pubères mais pas finis, et tourmentés de désirs quand on ne peut les marier dès 14 ans. Ils sont surtout d’une beauté reconnue au paradis à l’égal des houris (sourate 52 verset 24 et 56 verset 17).

Si la beauté des adolescents vient de Dieu, n’est-il pas licite de les ‘adorer’ ? Mais l’acte d’adoration signifie-t-il baiser ? Grandes discussions dans l’histoire entre les oulémas, juristes et soufis. L’Islam a choisi de faire comme tout le monde méditerranéen après l’empire romain, d’ériger la Morale contre le sexe (moyen de contrôle clérical), les femmes tentatrices en premier et les adolescents en second. La finalité est la procréation, le moindre mal la chasteté (l’inverse des prescriptions chrétiennes). Tout le reste détourne de l’adoration de Dieu seul. Cela dit, la loi est une chose, les mœurs une autre. Le monde musulman est très vaste et les façons de faire diverses.

Fréquenter un éphèbe est un péché véniel qui peut être pardonné – en regard des feux de l’enfer si l’on touche une femme qui n’est pas la sienne ! Les mœurs bédouines et paysannes se conjuguent avec la religion pour interdire absolument la défloration hors mariage. On ne saurait plus de qui sont les enfants ! La femme est un bien, que l’on vendra à une autre famille par mariage pour se l’allier. Ce pourquoi le mariage entre cousins est si courant : la dot ne sort pas de la famille élargie. Comme partout où le sexe opposé est « interdit », sauf à être membre d’une vaste tribu et assez riche pour être marié dès 14 ou 15 ans, les célibataires forcés trouvent d’autres voies pour le désir sexuel irrépressible. Ils se font parfois sodomites.

Selon Auguste Mouliéras à la fin du XIXème siècle au Maroc, « les Arabes et les Berbères du sud et du centre ne connaissent que la femme, tandis que des Djebala, le Sous et le Rif préfèrent les gitons. C’est à ce goût particulier qu’ils reçoivent leur surnom de K’aoum Lout’ (peuple de Loth) » p.15.

Il explique : « Près de la mosquée du village se trouve le beït eç-çoh’fa, arsenal communautaire. Les soldats du corps de garde, illettrés la plupart, n’ayant ni la distraction de la lecture, ni le passe-temps des cartes, eurent l’idée de se divertir en faisant du temple de Mars une maison de prostitution, abominable lieu de débauche, où le giton et la âïla se livrent à la bestialité des brutes, dont ils sont la propriété, la chose, les esclaves. (…) Maintenant, comment concilier deux sentiments, en si apparence contraires le zèle religieux et la lubricité ? Où trouver un homme plus dévot que le Djebalien, et, en même temps, plus impudique ? Si vous avez étudié l’Histoire en philosophe, sans esprit de secte, uniquement préoccupé de chercher la vérité, vous avez pu constater que le fanatisme a été la cause de toutes les horreurs, de tous les fléaux, de toutes les infamies qui ont désolé, pendant tant de siècles et chez toutes les nations, notre malheureux globule. » p.17

Il décrit : « La fête commence. On se donne d’abord le baiser de paix, en embrassant l’épaule de tous ceux que l’on rencontre. La mosquée se remplit de monde et de victuailles. C’est un envahissement de grands plats de bois, débordants de kouskous, des viandes, du miel, des assiettes creuses, pleines de pâtes, potages, beurre, raisins secs, figues. Des groupes se forment dans la salle même de la prière on s’accroupit en rond. Au centre, prennent place les anciens du village avec l’instituteur. Toutes les mains se mettent à pétrir des boulettes de kouskous, très adroitement lancées dans la bouche, à distance, sans jamais manquer le but. Il y a des gloutons qui se mettent à quatre pattes, humant longuement le miel des gaçaâ. Le bruit des mâchoires se ralentissant, les estomacs donnent des signes non équivoques de satiété. Alors un vieillard récite à haute voix la fatih’a, premier chapitre du Coran, répétée à voix basse par toute l’assistance. On laisse dans un coin les reliefs du festin. à la disposition des pauvres et des étrangers. Tout le monde se porte hors du village, dans une sorte de cirque, où, jusqu’à la tombée de la nuit, se livrent les mêmes simulacres de combat.

Après l’énorme repas du soir, fait comme toujours à la mosquée, les célibataires et les jeunes gens, ne pouvant plus souffler, tellement ils sont repus, vont naturellement terminer la soirée au beït eç-çoh’fa. Ce jour-là, le derviche avait rôdé dans tout le bourg d’Eç-Çafiy yin observant avec attention des mœurs si nouvelles pour lui. La nuit, ne sachant que faire, il s’était faufilé dans un coin obscur du maudit immeuble, regardant de tous ses yeux l’incroyable spectacle offert par une population éhontée. Deux filles et deux gitons exécutaient, au milieu de la pièce, les danses les plus lascives aux sons d’un assourdissant orchestre composé de tambourins, flûtes en roseau, guellal et r’aït’a (sorte de hautbois). L’épaisse fumée des pipes de kif et des lampes à huile, les cris, les rires ; les allées et venues des uns et des autres, les coups sourds du guellal, les notes stridentes des r’aït’a, les évolutions des danseurs, l’air abruti et terrible de tous ces hommes ivres, l’atroce puanteur de ce charnier humain très mal aéré, tout ce qu’il voyait, tout ce qu’il entendait ahurissait l’explorateur, le jetait au comble de l’étonnement. Il distinguait confusément, le long des murs, les armes de ces gredins, d’étranges panoplies montrant leurs interminables fusils arabes, des poignards, des poires à poudre, des sabres. Étendus sur le dos, à plat ventre, accroupis sur de mauvaises nattes d’alfa, ceux que la fumée du chanvre n’avait pas encore terrassés, empilaient autour d’eux des monceaux de figues et de raisins secs, conservant à portée de la main d’énormes plats de viande, des poules rôties ou bouillies, du kouskous, des théières, des tasses fumantes de thé, du çamet [gelée de raisin] enivrant. A chaque instant, les prêtresses de Vénus et les éphèbes quittaient la danse, se mêlaient aux groupes, répondant aux obscénités par des attitudes provocantes. Les gitons surtout n’avaient aucune pudeur.

Ainsi, dans cette délicieuse contrée des Djebala, surnommée Ech-Cham Ee-Cer’ir (la petite Syrie), tant la nature l’a gratifiée de ses dons, toutes les nuits, tous les soirs que Dieu fait, depuis Tétouan jusqu’à l’Ouad Çbou, des milliers de satyres ardents souillent, dans leurs priapées nocturnes, des êtres humains des deux sexes, en présence souvent de leurs compagnons de débauche » p.20.

« En parcourant ce pays, si différent de sa patrie, le derviche, qui n’est pas un ange, devait succomber un jour ou l’autre aux tentations de la chair. Jusqu’à présent, il avait constamment refusé toutes les bonnes fortunes qui se présentaient à lui, évitant de se mêler des affaires qui ne le regardaient pas, fuyant les prostitués des deux sexes. Son séjour chez les Beni-Zéroual, où il célébra trois fois la Fête des Moutons, en 1872, 1873 et 1875, lui fut fatal. En 1874, revenu à El-Djaya après de longues courses poussées jusqu’à la Méditerranée, on l’avait vu reparaître dans le hameau des Beni-bou-Zoulaih. Pour son malheur, un jeune écolier, comme il y en a tant dans les abominables universités djebaliennes, s’attacha à l’explorateur, s’instruisant près de lui, prodiguant à son mentor une fidélité de chien couchant. Le vagabond était servi comme un prince. L’éphèbe lui évitait toutes les corvées, faisant chauffer, apportant l’eau de ses ablutions, allant mendier pour lui la nourriture quotidienne, lui procurant toutes les douceurs qu’un instituteur marocain est en droit d’attendre de son élève. Un mercredi matin, le derviche, dans le but de faire une surprise agréable à son page, lui annonça son intention de le mener au Souk’ el-Arbâ, tout près de Zrarda. L’enfant, ravi, s’écria – Partons tout de suite. Ils se mirent en route. Il est de mode, chez les Djebaliens, de ne jamais conduire un giton ou une gitonne au marché sans lui acheter des meh’asin, c’est-à-dire des raisins secs, des noix, des amandes, oranges, sucreries, etc. Aller au souk’ est une fête pour ces misérables créatures. Aussi Moh’ammed gava l’écolier de friandises avec les 2 ou 3 sous qu’il avait gagnés en vendant des talismans. Leurs emplettes faites, les deux amis sortirent du marché.

En gravissant la côte, au-dessous de Zrarda, ils s’aperçurent qu’ils étaient suivis. C’était un groupe d’individus, vêtus de djellabas noires, le fusil sur l’épaule, le sabre au côté. Les malandrins, pressant le pas, eurent bientôt fait de les rejoindre. Halte-là aïl, dirent-ils au giton à moitié mort de peur. Immédiatement, un fort gaillard, saisissant l’enfant par la main, l’entraîna sous bois. Pendant ce temps, deux hommes immobilisaient l’explorateur, lui faisant subir un long interrogatoire. – D’où es-tu ? – De Cenhadja. – Et le giton ? – Des Beni-bou Zoulath. – Comment ! Tu es Cehnadjen et tu te permets d’enlever un aïl de notre tribu ? Mohammed expliqua que c’était son élève ; il faisait son instruction, lui enseignait le Coran (…)

Un peu plus tard, réfugié dans une mosquée, il entend une agitation à l’extérieur : c’est le garçon qui s’est échappé. Mohammed sortit, aperçut l’enfant debout contre le mur de la mosquée, entouré d’une meute de clercs qui lui faisaient des avances. A la vue de son maître, l’aïl se précipita vers lui, le tira à l’écart, lui raconta que ses agresseurs, après lui avoir fait subir dans le bois les derniers outrages, l’avaient entraîné dans ce hameau, au beit eç-çoh’fa, où il avait été obligé de danser avec les autres gitons et gitonnes. Profitant d’un moment d’inattention de ses geôliers, il avait fui, espérant trouver à la mosquée aide et protection auprès de l’instituteur. Et maintenant, ses terreurs redoublaient en présence des étudiants, de cette bande de satyres, dont l’unique désir était de lui faire subir l’horrible supplice de la touiza. Il y a, chez ces brutes humaines, une coutume d’une immoralité, d’une atrocité révoltante. Quand un giton ou une gitonne tombe, à la suite d’un vol ou d’une guerre, entre les mains des clercs de la mosquée ou des célibataires du club de la Gamelle (béït eç-çoh’fa), on le fait danser d’abord. Ensuite, tous les assistants, à tour de rôle, souillent la malheureuse victime. Cette abomination, la plus monstrueuse de toutes celles qui se passent sur notre petit tas de boue, a reçu le nom de touiza, par analogie avec la corvée de labour chez les Arabes. On punit aussi de la touiza tout mignon, toute courtisane, qui tente de s’évader, qui vole ses maîtres, leur désobéit, etc. » p.40.

« Et si quelqu’un s’avise de s’élever contre l’abominable coutume, on lui répond, en haussant les épaules : – C’est écrit sur le soulier : tout sodomisé devient sodomite. Il est impossible d’avouer plus cyniquement la lèpre générale qui ronge la société (…et) a contaminé les femmes messariennes elles-mêmes. Moitié par lubricité, moitié par vengeance, elles se ruent sur les gitons, les entraînent à l’écart, et alors ce sont des scènes que je me refuse à décrire. Dans les petits centres dépourvus de bèït-eç-çoh’fa, les célibataires, les travailleurs des champs, les veufs, n’ont que la ressource du gros bétail » p.472.

« Quelle énumération fastidieuse de villages-lupanars ! C’est d’abord Zahdjouka, avec ses cent joueurs de hautbois et son corps de ballet ; ensuite le hameau de Lekkous ; puis le bourg de Méliana, où les tambourinaires et les violonistes efféminés sont en majorité ensuite encore Ktama, vaste coïtorium, métropole des gitons danseurs et des ballerines demi-nues, bétail humain dont l’économiste est cependant obligé de s’occuper parce qu’il fait l’objet de transactions commerciales incessantes. On le vend, on l’achète ce bétail, on l’expose sur les marchés, en vantant la marchandise, la perversité connue de certains sujets, leurs grâces, l’incomparable maestria de leurs déhanchements. Ceux-ci, aux talents cachés et délirants, valent jusqu’à trois cents francs, et on les conduit à grand orchestre au temple de Vénus, ou à la maison paternelle, au milieu des femmes légitimes et des enfants » p.511.

« On se chuchote à l’oreille, entre initiés, cette incroyable aventure. Un jour, un homme surprend son grand gaillard de fils avec son giton. Il sort, sans rien dire aux coupables, ne desserre plus les dents de la journée, perdu dans une méditation profonde. Le soir, en soupant, s’adressant à sa digne progéniture : – Mon enfant, dit-il, toi qui es t’aleb, ne sais-tu pas que Dieu a dit « Ne coïtez pas ce que vos pères ont coïté ? » – Pardon sidi, répond l’étudiant très ferré sur le Coran. Dieu a dit « – Ne coïtez point les femmes que vos pères ont coïtées ». Mais il n’a jamais dit les hommes [Coran, chapitre 4, verset 26] » p.513.

Eh bien !

Auguste Mouliéras, Le Maroc inconnu tome 2 – exploration des Djelaba, 1899, disponible gratuitement sur Gallica

  • La prostitution des adolescents continue au Maroc…
  • Surtout en période de crise
  • Le Maroc n’est pas le seul pays, loin de là, mais peut-être le nombre de journalistes au mètre carré en raison des people de la gauche caviar a-t-il une influence sur l’information ?
  • Sur ce que le Coran a dit ou pas dit, sur ce qui a été rajouté par les interprétations en fonction des lieux et des époques, voir Dictionnaire du Coran sous la direction de Mohammed Ali Amir-Moezzi, directeur à l’École pratique des hautes études, 2007, Robert Laffont, €28.98, notamment les articles adultère, éphèbes, homosexualité, Lot, sodomie.
  • Lire le Coran en édition universitaire : Le Coran, traduction Jacques Berque, 1967 révisé 1995, Gallimard Pléiade, €43.41
  • En collection de poche : Le Coran, traduction Mohammed Arkoun, 1993, Garnier-Flammarion, €6.65
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Oriane Oringer, Brigitte Bardot – A la rencontre de B.B.

Après Anne Sinclair, Claude François et Jean-Paul Belmondo, la journaliste people Oriane Oringer livre un dossier sur le sex-symbol de la France des années 60 : B.B. Prononcez bébé à la française ou bibi à l’anglo-saxonne. C’est une guerrière que cette femme issue d’un milieu petit-bourgeois et découverte à 15 ans par un cinéaste sur un quai de gare. « Libre, sensuelle, insolente, consacrée en Marianne, canonisée par Vadim, Gainsbourg, Godard, Clouzot… Elle est la star absolue » p.134. Les geeks internautes ont même inventé un pseudo en hommage pour leurs happenings : Frigide Barjot. C’est dire la célébrité de celle qui incarna la France des années de Gaulle, la France du baby-boom, la France des Trente glorieuses ! Celle que certains regrettent aujourd’hui…

On peut aimer ou non les idées de la star, lorgnant volontiers sur celles de Marine Le Pen. Elle est de droite, c’est sûr, mais préfère surtout les animaux aux hommes. Blessée dans sa sensibilité, abhorrant l’hypocrisie de la comédie humaine et le machisme de ses maris successifs, elle est absurdement condamnée pour ses propos « racistes ». Est-ce « raciste » de dire que les animaux égorgés souffrent encore pendant plusieurs minutes après l’opération rituelle et qu’il serait « humain » de les étourdir avant ? Qu’une religion demeure archaïque si elle garde des pratiques barbares ? Il y a dans l’antiracisme forcené, idéologique, d’une part des bien-pensants, branchés et bien au chaud dans leurs convictions d’être la Vérité en marche vers le Progrès, une sorte de « racisme » ordinaire, inconscient, qui exclut de fait tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

C’est ainsi que l’on déplore le martelage des tombeaux de saints musulmans à Tombouctou – mais qu’on ne veut pas voir la statue de Voltaire voilée depuis fin 2005 dans la cour de la Pyramide au Louvre… Hypocrisie de droite sous Chirac comme de gauche sous Delanoë : Voltaire, auteur du ‘Mahomet’ qui fut un pamphlet contre les Jésuites et contre tous les fanatismes, est mis sous le tapis pour ne pas fâcher les intégristes musulmans. Ces derniers sont à l’islam ce que l’Inquisition est à la chrétienté, c’est-à-dire une dérive sectaire – absolument pas la majorité des Musulmans ! Mais le dire est mal vu. Les bobos qui ne veulent pas d’ennui ni de prise de tête, aiment à se lamenter sur ce qui se passe au loin, sans se rappeler que les révolutionnaires de 1793 ont profané la sépulture des rois de France et coupé la tête aux statues de Notre-Dame – exactement comme les maoïstes idolâtrés par la gauche intello des années 70 et, plus proches, les talibans afghans et les Ansardines maliens. Les bobos aiment à se fâcher dans leur fauteuil – surtout sans rien faire de concret – tandis que leur propre culture est martelée tout autant par les résultats dérisoires au bac (donné chaque année à 8 élèves sur 10 pour ne pas les stigmatiser) que par l’abandon de l’histoire en Terminale (qui n’a dit-on aucune « utilité ») et par l’abandon de l’épreuve de culture générale à Science Po (pour ne pas stigmatiser ceux qui parlent mal le français). Il y a décidément une « bêtise » d’époque, au sens de Flaubert…

Le dossier Oringer sur Brigitte Bardot comprend quatre parties, comme tous les ouvrages de la Collection Privée de l’éditeur (Steve Jobs a été chroniqué sur ce blog). La première est une biographie résumée mais qui se lit très bien, au galop. La suite est un dossier de presse reproduisant des interviews donnée par BB, son thème astrologique (!), enfin des annexes sous forme de phrases culte, d’opinions sur elle, filmographie, discographie, tableau d’honneurs, et bibliographie. Sans oublier un cahier central de photos. Un livre imprimé gros pour les yeux du troisième âge et qui se lira à la plage pour se remémorer cette folle époque.

Oriane Oringer, Brigitte Bardot – A la rencontre de B.B., éditions Exclusif, juin 2012, 255 pages, €19.00 

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Beauté du Louvre

Article repris par Medium4You.

Quiconque aborde Paris va au Louvre. C’était la forteresse des rois, dont il reste les tours de fondation sous la pyramide. Ce fut le palais des dynasties régnantes jusqu’à ‘L’État-c’est-moi’, le quatorzième Louis qui préféra Versailles, loin de la foule, des miasmes et de la population. D’où la Révolution.

On aborde le palais par les quais, rehaussés et bordés depuis l’Ancien régime. Sous l’arche du pont Neuf bâti par Henri IV, la perspective des bâtiments s’étend le long de la Seine, au loin.

La pyramide, architecte chinois pour président matois, s’élève aérienne dans le ciel pur d’hiver. L’eau des bassins ajoute au cristallin de sa structure.

La fontaine qui jaillit, sauf lorsque le gel la fige, donne du bouillonnement à l’ensemble verre-métal. Comme les gamins qui jouent et se trempent presque nus en saison clémente. Pas en cet hiver d’élections où le bac à sable met en lice le sultan de Bruni contre Guimauve le conquérant.

La géométrie tranche au scalpel les formes des vieux rois. Elle incarne la raison pure, l’abstraction faite reine, le glacé des nombres. Que ce soit un président de gauche qui ait voulu ça en dit long sur la mentalité de « civilisation » française.

Civilisation qui a honte. Tant la Mairie socialiste que le gouvernement UMP s’obstinent à ne toujours pas dévoiler Voltaire ! Sa statue est LA SEULE couverte d’un filet pour cacher aux seuls Musulmans la face de celui qui écrivit un ‘Fanatisme ou Mahomet’ célèbre. Si l’on voulait une preuve du déni de « civilisation » accordée à la nôtre par les bobos relativistes multiculturels, en voilà une, persistante sous nos yeux !

Toutes les cultures sont respectables, comme expression humaine dans l’histoire. Mais NOTRE culture est préférable à nos yeux à cette eau tiède du « tout le monde il est beau » des éternels nomades hors sol qui ont les moyens, les prébendes d’État et la légèreté mentale d’être toujours branchés dans le vent – aussi insignifiants que les muguets de cour. Le jour où ils mettront leur Morale-au-monde-entier en accord avec leur existence quotidienne, nous pourrons les croire. En attendant, ils ne sont que ridicules.

La maquette, visible sous la pyramide, montre un Louvre comme ville dans la ville, ensemble de bâtiments d’État avant-hier palais et écuries,  hier ministère et parking, aujourd’hui musée et piétons.

C’est beau, mais éternel, analogie voulue avec les pyramides d’Égypte, sauf que le « tombeau » de Marie-Madeleine, chanté par le ‘Da Vinci Code’ n’est décidément pas sous la pyramide inversée de l’intérieur…

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Paris ce printemps

Il fait beau, un peu brumeux peut-être, mais très doux. Enfin, l’hiver interminable se termine. Le climat se réchauffe-t-il ? En tout cas pas chez nous, où il faisait 15° en mai et où la neige est tombée en abondance dès le 15 décembre ! La promenade commence par les quais avec – est-ce un signe d’époque ? – à la Monnaie une grande affiche de ‘Peur sur la ville’ ! Elle se tient jusqu’au 17 avril et rassemble des archives de Paris Match, bien réelles, ‘Guerre ici’ du reporter-photographe Patrick Chauvel et ‘Paris Street View’ de Michael Wolf (vidéo ici). Il ne s’agit pas du Japon, ni du nucléaire, ni de feu la crise financière, mais des photomontages qui montrent Paris envahi par les batailles. Prémonitoire ?

Pourtant, Paris aime l’amour. La péniche ‘i-grec deux o’ reste à quai, immuable depuis des décennies. On dit que c’était un bordel pour Académiciens, la vénérable Institution étant juste en face. Faut-il le croire ? Aucun va et vient (extérieur) constaté en tout cas.

L’amour à Paris est surtout étranger ou provincial. Des centaines de cadenas de toutes sortes sont verrouillés sur les grillages de la passerelle des Arts. Ils disent la liaison « à vie » de deux êtres qui divorceront probablement dans quelques années. Mais on est au spectacle : dans la société médiatique, l’instant seul est revendiqué et c’est aujourd’hui le lien qui compte. Faire pareil que tout le monde aussi : la mode est venue du Japon, dit-on.

Paris est-il toujours Paris ? Les faux-culs officiels continuent de voiler la statue de Voltaire, sur les frontons du Louvre. Je suis scandalisé : est-ce l’islamisme excité qui fait la loi chez nous ? Voltaire était contre les « infâmes », contre tous les intégrismes. A son époque, la toute-puissante inquisition catholique régentait la morale, les opinions et les arts. Voltaire a écrit une pièce intitulée ‘Le fanatisme ou Mahomet’ où il dénonce l’intégrisme de la foi, d’où qu’elle vienne. Mahomet est meilleur que son titre puisque Voltaire déclare : « Sa religion est sage, sévère, chaste, et humaine ». Sa pièce visait surtout les Jacobins catholiques qui avaient armé le poignard régicide de Jacques Clément. Est-ce pour cela qu’on voile encore Voltaire ? Pour nullité culturelle ? Ou par peur de déplaire  en faisant le lit de la dame Le Pen ? Le maire de Paris n’est pas réputé pour son audace, mais les ministres non plus. C’est « ça » la patrie des intellos-médiatique et des Droits de l’Homme ? Ils se « mobilisent » pour l’autre côté de la planète mais restent peureusement muets chez eux ?

Je préfère la femme nue du jardin des Tuileries. Elle s’exhibe hardiment devant un régiment de voilées qui passe, venues d’un pays plus ou moins proche de l’Orient. Elles papotent à n’en plus finir ces adolescentes, sans regarder la nudité. Comme quoi on se fait des idées.

Les malheurs du temps retrouvent symbole avec le garçon blessé soutenu par un proche – ou Enée portant Anchise (toutes les statues ont été changées !). Le groupe borde le bassin où des kids s’amusent à lancer des bateaux.

Les voiles se gonflent au vent assez vif qui souffle le chaud plutôt que le froid. Pas de risque de tsunami dans ce bassin !

Place Saint-Sulpice, de l’autre côté de la Seine, d’autres kids skatent à qui mieux mieux. Courts vêtus et en bande, ils jouent pour oublier tout le reste. Le soleil les caresse tandis que les statues des quatre point cardinaux les surveillent depuis la fontaine commencée en 1844 sur les plans de Visconti. Pas de ‘s’ à point, s’il vous-plaît ! Ces cardinaux là n’en sont justement point – ils sont resté évêques : Bossuet, Fénelon, Massillon et Fléchier.

Le printemps ouvre les chemises. L’adolescent qui joue au ballon avec ses copains sur le parvis de l’Institut d’art en a chaud. Il pense à son émoi, tout entier centré sur les sensations, jouant avec la boule de cuir qui pend à ses pieds. Un autre  un peu plus loin sort de son lycée dans le même état : est-ce la nouvelle mode du décolleté BHL ?

Sur un trottoir, mais sans le faire, une paire de fesses accuse la féminité. Ach ! Paris sera toujours Paris !

Il n’est jamais plus beau qu’au printemps, quand les indigènes sortent à nouveau pour arpenter leur ville.

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