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Abyss de James Cameron

Des extraterrestres infra-marins, il fallait y penser. Ce film de science-fiction est aussi un film d’action qui, même en version langue, n’ennuie jamais. Tout juste si l’on est parfois impatient de voir se terminer la descente dans les profondeurs ou la remontée vers la surface.

Un sous-marin nucléaire américain transportant des têtes MIRV de 50 kilotonnes se heurte à un obstacle inconnu au fond des mers. Il coule, avec ses 150 hommes à bord. La Marine des États-Unis cherche à sauver ce qui reste de son équipage et à éviter surtout que les Soviétiques, qui traînent dans le coin leurs « chalutiers » espions, ne s’emparent des têtes et des codes. Un commando SEAL est dépêché sur place via une plateforme pétrolière civile, réquisitionnée.

L’expédition devient vite un huis-clos à cause d’un ouragan en route et de la pression sous-marine. Les militaires envoyés au fond sont commandés par un psychopathe qui n’obéit qu’aux ordres… qu’il ne peut plus recevoir depuis la surface. Il s’enferme alors dans une paranoïa qui va le pousser aux extrêmes, son objectif ordonné étant de faire exploser une tête nucléaire au fond pour pulvériser le sous-marin et tout ce qu’il contient – sans parler de tout ce qui se trouve alentour, y compris la « chose » qui l’a heurté.

Le sous-marin lanceur d’engins USS Montana repose par 274 mètres de fond, mais au bord de la fosse des Caïmans qui s’enfonce jusqu’à 7 686 mètres de profondeur. Le docteur ingénieur Lindsey Brigman (Mary Elizabeth Mastrantonio), qui a conçu la plate-forme Deep Core, accompagne les trois militaires. Son ex-époux mais toujours amoureux, Virgil « Bud » Brigman (Ed Harris), se trouve dans la station comme contremaître à bord. L’équipe SEAL, commandée par le lieutenant de vaisseau Hiram Coffey (Michael Biehn), embarque à bord d’un bathyscaphe et Coffey commence à éprouver les effets d’un syndrome nerveux des hautes pressions. Ses mains se mettent à trembler, ce qui ne fera que s’aggraver, mais personne ne doit le savoir. Mission d’abord. Les marins ne découvrent aucun survivant mais que des cadavres, et un commando SEAL emporte les codes d’activation des missiles.

Mission accomplie ? C’est sans compter sur la paranoïa militaire. Les SEAL croient à un engin militaire expérimental russe et ordre leur est donner d’aller faire sauter le sous-marin en activant une ogive. Le commando réquisitionne le sous-marin de poche qui doit normalement permettre de désamarrer la grue qui relie la station Deep Core à la surface. Mauvais moment : l’ouragan se déchaîne et la grue se désagrège, entraînant la station vers les profondeurs. Les communications sont coupées et le lieutenant SEAL reste tout seul, sans ordres. Quant à Lindsey, elle a vu des phénomènes lumineux mais n’a pu les prendre en vidéo.

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C’est alors qu’une colonne d’eau, via le puits de plongée, s’introduit à l’intérieur de la station et impressionne ses occupants. Elle semble amicale et cherche à communiquer mais aperçoit la tête nucléaire que les SEAL sont en train d’armer. Le lieutenant coupe l’eau intelligente en fermant une porte de communication et se persuade que sa mission est en danger. Il arrête les « civils » sous la me,ace d’une arme et les enferme dans la cambuse. Ils sont libérés par l’ouvrier Coup d’bol (John Bedford Lloyd), blessé dans l’exploration de l’épave et qui était oublié à l’infirmerie. Coffey a pris un sous-marin pour envoyer l’ogive dans la fosse, Bud et Lindsey le poursuivent, combattant à l’aide d’engins. Passons sur le suspense. Coffey bascule et se noie sous la pression mais l’ogive armée descend. Il faut la désamorcer et Bud se dévoue, sachant qu’il n’aura pas assez d’oxygène pour remonter.

Mais la créature sous-marine qui est à l’origine de tout a compris : elle lui tend une tentacule et le sauve jusqu’à une poche d’air dans la mer, l’eau s’écartant comme devant Moïse… Il s’agit d’extraterrestres effarés d’observer les humains s’entretuer et pouvant détruire toute la planète grâce au nucléaire. Ne vaut-il pas mieux les éradiquer ? Ce pourquoi une vague gigantesque, comme un tsunami puissance dix, se forme sur les côtes. Mais le geste de Bud permet de comprendre que tous ne sont pas maudits et, par compassion pour son sacrifice, les extraterrestres sauvent les terriens de l’anéantissement (« sil existe un seul juste », disait Dieu à propos de Sodome). Le gigantesque vaisseau infra-marin extraterrestre émerge, plus grand que tout ce qu’on peut imaginer, disant la puissance de ces intelligences. C’est assez décalqué de la Bible, mais ça marche auprès des Yankees : la situation correspond à leurs mythes primaires.

J’ai l’air sarcastique parce qu’en effet l’histoire est une bluette sentimentale qui fait renouer un couple dans l’épreuve et soumet l’humanité à un test de bonté pour la sauver ou l’anéantir. Mais le découpage de l’action est exceptionnel et l’on est captivé, d’autant que les effets spéciaux ont obtenu un Oscar.

DVD Abyss – version longue (The Abyss), James Cameron, 1989, avec Ed Harris, Mary Elizabeth Mastrantonio, Michael Biehn, 2004, 2h51 v.longue, 2h19 v. cinéma, €17,84, Blu-ray €29,99

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Le grand bleu de Luc Besson

J’ai vu à l’époque trois fois ce film devenu culte pour la génération des 14–18 ans des années 1990. La première fois, j’ai été saisi par le drame, la seconde fois par la passion de Jacques, la troisième fois par celle de Johanna. Je suis depuis résolument du côté des femmes, dans ce film.

L’histoire est une interprétation libre des champions de plongée en apnée Jacques Mayol et Enzo Maiorca. Les deux enfants ont grandi ensemble en noir et blanc sur une île grecque et restent, même adultes en couleurs, dans une rivalité permanente. Le championnat du monde d’apnée No Limit à Taormina en Sicile à la fin des années 1980 leur permet de se retrouver.

Enfant, le petit Jacques (Bruce Guerre-Berthelot) joue avec la mer en toute innocence ; il nourrit les murènes, nage parmi les poissons, plonge chercher des pièces pour les autres enfants. Le petit Bruce Guerre-Berthelot qui joue Jacques enfant, a la prestance du petit sauvage amoureux de l’eau, quasi nu la plupart du temps. Un jour il rêve – et c’est un cauchemar. Un dauphin vient le voir, l’entraîner peut-être ? Les dauphins sont des sirènes ; elles vous attirent, puis vous lâchent, volages. Et vous coulez. Ainsi sa mère, une Américaine retournée au pays. Cette fois, la sirène du rêve venait prendre son père qui s’est noyé sous ses yeux dans son scaphandre artisanal. Fin de l’enfance et du temps de l’innocence.

Il apprend à plonger en professionnel (adulte, il est joué par Jean-Marc Barr). Rien ne l’attache, il se prête à des expériences au fond de lacs glacés des Andes, son cœur ralentit comme ceux des mammifères marins. Serait-il à demi sirène ? Dans l’eau, il est bien. Ce liquide amniotique apaisant le calme, diminue ses fonctions vitales. Il nage des heures avec les dauphins, « sa famille », qu’il a en photo dans son portefeuille à la place des enfants.

Enzo (Gregory Forstner), c’est le grand frère, l’aîné d’une famille italienne vivant sur la même île grecque que « le petit Français ». C’est le macho, le généreux, le familial. Jacques le solitaire l’admire et l’envie un peu. Enzo se sent défié en permanence par ce sauvage qui n’a rien à perdre, aucune attache, qui se donne à fond pour lui seul. Enzo s’occupe des autres ; Jacques ne s’occupe que de lui. Il est l’enfant malheureux du divorce et de l’accident. Meurtri, il s’est renfermé sur lui-même. L’eau est sa mère et, en même temps, celle qui lui a volé son père. Il l’aime et la hait. La plongée est pour lui un état régressif et à chaque fois une tentation suicidaire.

Ce qu’ont aimé les adolescents dans ce film, l’accord avec la mer, avec les dauphins, ne s’y trouve pas. Malgré le traitement humoristique qui tempère l’émotion, il s’agit d’un drame : vouloir être un autre, vouloir vivre comme un dauphin alors qu’on est un homme.

La pauvre Johanna (Rosanna Arquette), avec sa blondeur, son nez court et ses larges lèvres, tombe amoureuse de Jacques, cet être de fuite, justement parce qu’il est étrange, immature et casse-cou mais sans violence aucune. Il est resté un gosse, la compétition de l’intéresse pas, mais s’éprouver le hante. Jacques aimera un peu Johanna, comme un animal, comme une peluche. Pas plus. Et il l’abandonnera sans vergogne pour les abysses, le jour où il reverra les sirènes dans son rêve. Sirènes qui lui ont enlevé Enzo la veille (adulte joué par Jean Reno), mort d’avoir voulu aller trop loin, trop bas. « Jacques : – Il faut que j’aille voir… Johanna : – Voir quoi ? Il n’y a rien à voir Jacques, c’est noir et froid rien d’autre ! Y’a personne. Et moi je suis là, je suis vivante, et j’existe ! »

Avoir fait un petit n’émeut pas Jacques, il ne reste pas avec Johanna pour l’aider dans la vie. Pourquoi ? Par hantise que la mer ne le fascine lui aussi et le prenne ? Par certitude de ne savoir l’élever et l’aimer ? L’abandonne-t-il comme il a été abandonné, trouvant que mieux vaut que l’enfant ne le connaisse point ? Qu’il ne souffre pas un jour de le voir disparaître ? Et pourquoi remet-il son « destin » – le déclencheur qui le fera plonger – entre les mains justement de Johanna ?

Le tragique séduit, le suicide fascine, l’accord avec la mer émeut et fait rêver, l’humour détend. Sauf aux Etats-Unis où la fin a été changée pour un happy-end niais de rigueur et une autre bande son pour capter le fric. Et en Italie où le plongeur Enzo Maiorca l’a fait interdire durant 14 ans parce qu’il trouvait qu’il était mal décrit (il se fait payer pour aller sauver un mec) ; pourtant, Jean Reno est très bon en ours généreux. Le film est bien construit, un peu long dans le déroulement de l’histoire mais comme les ados en ont redemandé, seule subsiste la version encore plus longue. La musique d’Eric Serra a fait beaucoup pour le charme persistant du film. C’est au total un film des années 90 où chacun est seul, aussi seul que le héros face à son existence.

DVD Le grand bleu de Luc Besson, 1988, avec Rosanna Arquette, Jean-Marc Barr, Jean Reno, Jean Bouise, Bruce Guerre-Berthelot, Gregory Forstner, Gaumont 2011, version longue 2h48, standard €7.49, blu-ray €10.99

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