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Hobbit, la trilogie de Peter Jackson

Le Hobbit est la suite qui précède la trilogie du Seigneur des anneaux et prépare la victoire sur les forces de la nuit. Bilbon Sacquet, le grand-père de Frodon, vit tranquillement dans son trou de hobbit de la Comté, plaine de collines verdoyantes où poussent les légumes et paissent les animaux. Il est heureux chez lui, dans ses pantoufles et son fauteuil, un livre à la main pour l’aventure.

Mais l’aventure réelle frappe à sa porte en la personne du magicien Gandalf le Gris qui le somme d’accompagner comme « expert cambrioleur » une bande de treize nains menés par Thorin Écu-de-Chêne. Ils veulent reprendre le Royaume perdu des nains d’Erebor, conquis par le dragon Smaug qui dort désormais sur l’or de la terre tandis que les nains chassés sans rien sont dispersés en diaspora.

Les trois films successifs montrent la quête. Le premier, un brin longuet, les conduit au cœur du Pays Sauvage où ils combattent avec plus ou moins de ruse et de courage Gobelins, Orques, Ouargues, araignées géantes, Métamorphes et sorciers. Effets spéciaux et spectaculaires garantis.

Le second film est à mon avis le meilleur, l’action y est rondement menée et bien découpée, le spectateur ne s’ennuie pas. L’objectif des nains est le Mont Solitaire dans les terres désertiques. Mais le chemin est semé d’ignobles et cauteleux Gobelins dans leurs tunnels. Bilbon y rencontre le Gollum et ramasse son anneau magique qui rend invisible. Mis entre toutes les mains c’est un instrument dangereux, mais Bilbon en fait un usage raisonnable. Lui qui ne se croyait pas courageux se révèle. Il compense sa faiblesse par son intelligence, ce que le magicien Gandalf avait prévu. Parvenu au pied de la montagne, c’est lui qui découvre la serrure cachée par l’énigme de la dernière lumière d’un jour précis alors que les nains, découragés, s’en allaient déjà. Ils pénètrent dans l’antre mais Ecu-de-Chêne envoie le hobbit en éclaireur, le dragon ne pouvant sentir l’odeur de nain. Mais celui-ci se réveille et, s’il épargne Saquet, se bat avec les treize nains qui réussissent à l’emprisonner dans de l’or fondu. Mais sa cuirasse le rend invincible et il ressurgit, furieux.

Dans le dernier film, il va incendier la ville des humains qui s’étend au pied de la montagne. Le petit-fils de l’archer qui a failli jadis descendre Smaug à l’aide de flèches noires spéciales, tente de combattre la bête et, à l’aide de son fils en support pour la dernière flèche, réussit à la loger juste dans l’écaille qui a sauté il y a longtemps. Smaug s’abîme dans les flots du lac. Mais l’or est monté à la tête d’Ecu-de-Chêne et il ne veut rien payer à ceux qui l’ont aidé, malgré sa parole donnée. Bilbon décide alors de ne pas lui remettre l’Arkenstone, la gemme lumineuse symbole du roi des nains qu’il a ramassée dans la grotte. Il la confie à ceux qu’Ecu a spolié. C’est alors la guerre, les treize nains contre une double armée d’elfes et d’humains. Mais Ecu a convié son frère, monté sur un cochon poilu, avec son armée naine et la bataille menace alors que surgissent les Orques et les autres bêtes immondes du mal. Tous font face. Grosse bagarre, effets extraordinaires, morts tragiques et héroïsme individuel. Le mal est vaincu – pour un temps.

Outre l’univers riche des populations crées par Tolkien, celles de la face sombre sont particulièrement bestiales, accentuant leur côté non-humain. Musculature épaisse et sans grâce, lourdeur d’esprit, réparties de banlieue, mufles et trognes de forbans, cicatrices, armes hérissées de pointes montrent tout l’inverse de l’honneur humain dont les elfes sont les spécimens les plus réussis : grands, blonds, élancés, froidement intelligents, experts à l’épée et à l’arc. Les Nains sont un peu comme les Juifs : exaspérants mais obstinés, méfiants mais chaleureux, avares mais industrieux. Bilbon le Hobbit, ni homme ni nain, sert d’intermédiaire de raison entre tous.

Je préfère pour ma part la trilogie filmée du Seigneur des anneaux, mais les fans verront avec plaisir ce prologue qui leur fournira, en près de huit heures, un spectacle onirique sans égal.

DVD Hobbit : la trilogie, Peter Jackson, Un voyage inattendu, 2012, 2h46 ; La désolation de Smaug, 2014, 2h35 ; La bataille des cinq armées, 2015, 2h18, avec Ian McKellen, Martin Freeman, John Callen, Peter Hambleton, Jed Brophy, Orlando Bloom, Warner Bros Entertainment France 2015, standard €19.00 en 3D €69.99

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Stéphane Béguinot, Le clan du Grey Watch

Les lieux ? L’Écosse, sur la côte ouest donnant sur l’Irlande. L’époque ? Incertaine, dans les brumes de la légende, mais avant le siècle 19 de notre ère tant manquent toutes les inventions techniques de la modernité. Les héros ? Ils sont trois, comme les trois enfants turbulents de l’auteur, deux filles, un garçon, le petit dernier. Leur âge ? L’adolescence, mais la prime, ce qui fait qu’ils peuvent avoir entre 14 et 17 ans. L’histoire ? Une chevauchée d’heroic fantasy qui voit s’affronter les clans celtes, entre ceux qui veulent le pouvoir et ceux qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.

Nous sommes à l’âge des chevaux, des charrettes, du tri à l’arc et des épées. Whisky, chardon, cornemuse et fantômes, ces traits d’Écosse, sont recyclés comme le kilt, les châteaux et les fêtes. Le lecteur est transposé dans l’univers d’un conteur en verve d’imagination et d’action, expert en celtitude et en paternité, quelque part entre les potions potaches à la Harry Potter et la menace maléfiques du Seigneur des anneaux. Nous avons des fantômes, des kiltômes et des kiltish, allez vous y retrouver !

L’auteur prend un grand et malin plaisir à faire rebondir les histoires, légères et échevelées, sur une trame de quête adolescente. Un chapitre terminé, le lecteur a hâte de découvrir le suivant. Et il y en a 19. Écrits avec humour et sens du théâtre.

Comme le veut cet univers onirique, les personnages sont tous dignes, beaux et bien armés, aimés de leurs parents et fratrie, même les méchants, ou presque. Ils restent animés de cet esprit d’équipe et de chevalerie que veut la tradition. La nôtre, celle d’Europe, encore plus la tradition celtique dont l’auteur est féru. Il joue lui-même fort bien de la cornemuse et ne répugne pas à porter le kilt, dont il a fait déposer un modèle exclusif pour sa famille. Il dit en effet descendre d’un ancêtre écossais. Nous sommes quelque part dans l’aventure merveilleuse des scouts, filles et garçons mêlés en tout bien tout honneur. Curieusement, ils se vouvoient, ce qui fait suranné – quoique que cela subsiste dans quelques familles d’aujourd’hui. Les catholiques de tradition tiennent par exemple à tenir à distance tout sentiment avant qu’il soit socialement autorisé. C’est le cas de nos jeunes héros, qui devront patienter pour enfiler chaussure à leur pied. Tout se terminera évidemment par le mariage… Mais pas avant de s’être éprouvé, contenu, apprivoisé !

Autant dire que ce roman d’aventure est une suite de leçons de morale pratique et de sentiments guidés par des adultes avisés. Les jurons ne vont jamais plus loin que le « maudit soit le venin femelle des orties » ou « vous êtes un vilain et méritez un gage ». Et nul ne perd la vie dans un combat car la Justice doit passer. L’esprit positif y règne autant que les BA (bonnes actions), l’enthousiasme compte autant que le savoir-faire, et le courage n’est pas la moindre des vertus exigées. C’est un peu forcer la barque mais je me suis laissé dire que les enfants de l’auteur, premiers auditeurs de ces histoires contées à la veillée, ont eu à cœur de prendre pour modèle le héros à chacun dédié : la fille aînée Eimhir, la cadette Eithne, le benjamin Uilleam. Ils n’ont pas encore l’âge requis pour se fondre dans leurs tuniques, mais c’est une question de temps.

Chacun est affublé du prénom qui va à son tempérament. Eimhir, l’aînée indomptable et libre, était la femme du héros irlandais Cuchulain, son prénom signifierait « prompte » en gaélique. Eithne, la seconde, avisée et sage, épouse du dieu suprême Lug, signifierait « la graine ». Le dernier, Uilleam, est Guillaume en notre bon françois et signifie en germanique « protection de la volonté » – un prénom qui oblige un garçon. Ce ne sont pas les prénoms des vrais enfants qui, selon un réseau social, seraient plutôt Caroline, Gwenaëlle et Aymeric. Mais l’imaginaire est roi !

Anachronique et achronique, tumultueux et discipliné, ce long roman de kilt et de claymore est vivace comme la bruyère des landes, vif comme le whisky des îles et vivifiant comme l’écume sur les rocs. Une excellente lecture de vacances pour vos enfants de 7 à 14 ans, qui les captivera autant que la série Harry Potter.

Lisez-le aussi pour votre plaisir (il durera) – et pourquoi pas à haute voix – surtout avec un bon whisky de l’île de Skye (en cas de pluie). Prévoyez une infusion de cynorrhodon pleine de vitamines (et rouge comme le Crimson) pour les enfants ! Cela changera utilement les petits de la télé et des jeux vidéo, l’espace des semaines de vacances et cela confortera l’auteur, qui prépare la suite de ce premier roman.

Stéphane Béguinot, Le clan du Grey Watch – Les aventures des MacClyde, 2010, édition Ex Aequo, 572 pages, €23.75 

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