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13 Retour vers Riga

Au sortir de la ville, nous traversons le quartier où a été tournée la série Tchernobyl, un ensemble d’immeubles soviétiques laids et gris.

Le grand-duché de Lituanie a servi d’État tampon entre le monde turco-mongol et le monde chrétien. Il demeure aujourd’hui encore la limite entre la Russie et l’Europe, ce qui montre que le rapprochement de Poutine avec Xi n’est qu’un retour des grandes tendances historiques : la Russie ne se veut pas européenne mais entre-deux. Sauf qu’avec 145 millions d’habitants pour 1,45 milliard de Chinois, la balance est déséquilibrée dans l’alliance.

Le bus empreinte la via Baltica qui relie les trois capitales des pays baltes. Deux millions d’habitants forment le 23 août 1989 une chaîne humaine de 563 km de long, de Tallin à Vilnius, pour manifester pacifiquement contre l’anniversaire du pacte Hitler–Staline de 1939. Selon notre prof, l’écho a eu lieu la même année avec les manifestations chinoises de la place Tiananmen.

Des partisans antisoviétiques ont fait la guerre à l’URSS en Lituanie jusqu’en 1954. Ils espéraient de l’aide ou une arrivée des Américains. Aidés par les paysans, comme des poissons dans l’eau dans leur pays, ils ont été peu à peu infiltrés, décimés, tués ou emprisonnés. Le kolkhoze avait été inventé avec de bonnes intentions, selon Emmanuel. Il s’agissait de promouvoir l’égalité des conditions, d’offrir du travail à tous, et d’augmenter la productivité par la mise en commun du matériel et des engrais. Mais il a servi à contrôler la population et a suscité des jalousies envers ceux qui en faisaient le moins possible. C’était un système qui n’était pas efficace. Après la chute de l’Union soviétique, les terres ont été partagées également, mais tous ne voulaient pas rester paysans et beaucoup ont vendu, ce qui a permis l’extension des domaines et enfin une étendue suffisante pour produire.

Pierre nous apprend que le salaire moyen ici est de 500 à 1500 € par mois, que 30 % sont directement prélevés pour les retraites et la sécurité sociale, qu’un professeur d’université avec 10 ans de carrière gagne environ 2000 € et que la retraite moyenne est de 300 €. Le loyer à Vilnius pour un trois-pièces est d’environ 700 à 2000 € selon le quartier et la modernité, et que le prix au mètre carré va de 1500 à 2000 €. Les maisons en bois, traditionnelles, subsistent encore malgré les efforts soviétiques pour éradiquer ces vestiges bourgeois du passé, mais elles sont aujourd’hui chères à rénover. Les immeubles staliniens tristes sont en style réaliste socialiste, avec une volonté d’éviter le chichi inutile et la morgue bourgeoise, pour égaliser les conditions. Mais la vie collective, avec cuisine commune, chiottes et salle de bain communes, ne permettait pas un épanouissement des gens. Éradiquer l’individualisme est une chose, encourager la promiscuité tout en surveillant ou interdisant dans le même temps les relations personnelles en est une autre.

Nous passons dans un paysage de fermes isolées entourées d’un rideau d’arbres, ou de hameaux regroupés. Parfois, un monticule de pierres est entassé dans les champs, avec quelques arbres qui y poussent : ce sont les restes des grès de la moraine glacière que les paysans ont, durant des décennies, regroupés pour mieux cultiver la terre. Beaucoup de travail et beaucoup de bouleau, les arbres les plus courants. Des cigognes blanches nichent sur des poteaux, près des fermes. Elles suivent les tracteurs en labour pour manger les vers dans les sillons. Mais l’animal le plus dangereux, nous dit Pierre, est l’élan. Il est gros et s’arrête sur les routes en voyant une voiture, ne comprenant pas cet animal qui n’a pas d’yeux comme les autres. Beaucoup de folklore païen subsiste, revivifié après le communisme. Il a toujours servi d’esprit de résistance à l’uniformisation. Le svastika est symbole du soleil sur les ceintures ; il figure encore sur les costumes traditionnels mais n’a pas le sens que lui ont donné les nazis. Il s’étalait même sur les avions de chasse finlandais, avant que l’Otan n’ait réclamé leur effacement. Le chant choral traditionnel et familial reste beaucoup pratiqué, une façon d’être ensemble sans être en collectif (dainis).

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Humeur confinée

Le vampire de Wuhan fera sans doute un bon sujet de série télé sur le modèle de Tchernobyl, après la pandémie. Mais cinq problèmes se posent à moi :

Premier problème : le mensonge. Car il faut sans cesse le rappeler, malgré la propagande communiste qui nomme sa grippe « italienne » ou susurre l’idée qu’elle proviendrait d’un labo de l’armée US, c’est bel et bien la chauve-souris chinoise qui a conchié donc virusé ce que bouffent les mammifères à écailles pangolins que les humains bouffent en Chine – ce qui est à l’origine de la contamination mondiale en décembre 2019 (96% de séquences génétiques en commun). Et si ce n’est pas en ville, puisqu’on aurait « attesté » (a posteriori) un cas ailleurs le 1er décembre, c’est donc tout proche (revue La Recherche, mars 2020). Oh, ce n’est pas la première fois ! De la grippe de Hongkong à la grippe aviaire, nombre de grippes sont venues de Chine. Seule la grippe « espagnole » serait semble-t-il venue des éleveurs texans, mais c’était il y a un siècle. Le parti communiste chinois au pouvoir a mis tout un mois pour admettre qu’une nouvelle grippe virulente existait, l’ophtalmologiste Li Wenliang qui en a parlé sur les réseaux sociaux le 3 décembre a été arrêté pour « déstabilisation de l’ordre public » puis est mort sans que les autorités ne daignent d’abord vérifier. Comme sous Staline, le communisme en marche ne tolère aucun écart, fut-il de la nature : les avions ne s’écrasent jamais, la production est toujours dépassée, le peuple toujours plus heureux.

Second problème : la Chine. Malgré sa prétention à la civilisation, elle connait une arriération hygiénique et sanitaire ; il suffit d’y avoir voyagé hors des grandes villes mondialisées, ou dans les quartiers traditionnels des mêmes villes. La civilisation passe par l’eau courante et les chiottes, mais aussi par l’entretien des marchés ouverts et des normes minimales pour les animaux vivants. Au lieu de se frotter entre acheteurs dans la presse de foire, de tâter la marchandise ici ou là, de laisser sans nettoyage les étals le soir, de copuler à même les tables non nettoyées à la brune, il est inévitable que des contaminations se produisent et que les virus, pas cons, recodent leurs chaîne ADN par mutations afin de trouver un nouvel hôte bien gras et ayant la bougeotte. Baiser pour se multiplier est en effet le tropisme éternel de tout organisme, même aussi peu sophistiqué et aussi peu vivant qu’un virus. La promiscuité avec les bêtes, que ce soit en Chine (SRAS-Cov, Covid19), en Arabie (MERS-Cov), en Afrique (HIV, Ebola) ou au Texas, favorise les sauts d’espèce ; une hygiène douteuse les rend inévitables.

Troisième problème : la bougeotte mondiale. Des affairistes aux commerçants en passant par les touristes, chacun ramène sa petite provision de virus en souvenir. Il suffit d’un contact infecté ou de postillons jusqu’à 1m80, et chaque contaminé contamine à son tour – tout comme un vampire – entre 1.4 et 3.9 personnes. L’aggravation, c’est la religion. Partout où ça contamine le plus, c’est à cause des sectes évangéliques (en Corée, dans l’est), des rassemblements pèlerins musulmans, des banquets communistes, de l’appel Trump à remplir les églises. La religion tue ! Consommez avec modération.

Quatrième problème : le con – finement. Confiner est la meilleure solution en absence de tests fiables qui permettent immédiatement de séparer le bon grain sain de l’ivraie contaminée, de médicaments qui retardent ou de vaccin qui guérisse. A surgi alors une polémique à la con sur la Chloroquine, remède miracle aussi attendu que les pilules pour bobo du labo Boiron, qui ferme une usine de croquettes homéopathiques au lieu de fabriquer de vrais médicaments, même génériques. La croyance magique et le marketing engendrent un gaspillage consommatoire que je ne crois pas avoir entendu les fameux « écolos » dénoncer en ce cas précis. Macron fait ce qu’il doit, en tâtonnant comme tout le monde, même si les « groupes de pression » (à commencer par Larcher et Mélenchon) l’ont forcé à tenir le premier tour des municipales, tout en se doutant bien (ou alors ils sont stupides) que le second tour ne pourrait se tenir dans les délais. Ce n’était qu’une grippette et il ne fallait pas affoler le bon peuple (con comme un balai si on les entend bien). Ils ont tellement ri de Roselyne Bachelot en son temps, qui voulait vacciner massivement. Les cons râlent avant d’avoir mal, puis râlent après car cela aurait pu être mieux et un con reste un con. Peut-on espérer qu’ils vont la jouer plus finement ?

Cinquième problème : les écolos. Un vieil adage de trader s’applique parfaitement aux écolos : « quand la vague se retire, on voit ceux qui sont à poil ». Justement, nul ne les entend plus sur les ondes qu’ils occupaient pourtant largement – je me demande pourquoi. La Greta serait-elle contaminée au virus bio ? La « croissance » coloniale qu’ils appelaient de tous leurs vœux n’a-t-elle pas surgi… d’un vaste pays ex-colonisé ? Le krach boursier, puis économique qu’ils espéraient comme l’Apocalypse pour « changer le Système » n’est-il pas en cours ? Et puis quoi ? Quelles propositions concrètes ici et maintenant ? Les grandes idées, mais rien derrière : l’industrie polluante, y compris celle qui fabrique gel alcoolique, médicaments et vaccins, n’apparaît-elle pas insuffisante ? Le revers le la médaille « décroissance » saute aux yeux : effondrement de l’activité économique, donc de l’emploi, donc des revenus, donc des ressources publiques, donc de la recherche. La majeure partie des écolos en France sont fonctionnaires : qui va les payer sinon la dette, l’impôt et la planche à billet ? Ils n’en ont rien à faire des autres (je ne dis pas foutre, ça pollue). Ils restent tout à leur petit jeu d’ego qui se veut plus « conscient » et plus « moral » que les autres.

Au fond, chacun s’aperçoit que deux semaines de Corona, ça saoule.

Mais les remises en cause des évidences ont quelque chose de réjouissant. Outre la niaiserie « décroissance », la fuite à la campagne de 15% des Parisiens (riches) et les supermarchés brusquement à sec sur l’île de Ré, les gens qui n’ont jamais couru depuis l’enfance et qui courotent à deux à l’heure en sautillant pour faire croire qu’ils sont légitimes à sortir, les chiens que l’on voit passer en laisse de maîtres différents plusieurs fois par jour pour la même raison (mais oui, on se prête les chiens !), les chats ravis d’avoir leurs humains à la maison et plus longtemps sous la couette, les voleurs d’Amsterdam qui profitent du musée fermé pour piquer un Van Gogh invendable, le trafic de drogue qui s’effondre faute de mondialisation, l’information radio avec France-unique aux heures de  journal, la bêtise des gens qui passent leur chat au gel hydroalcoolique pour les désinfecter des caresses des autres (ce qui engendre un coma éthylique selon les vétérinaires qui le signalent…), les chiens passés à l’eau de Javel (vous vous foutez de l’eau de javel sur la tronche, vous ? alors pourquoi le chien ?) – tout cela change des récriminations habituelles : des gilets jaunes qui tournent en rond, des chauffeurs qui ne chauffent plus dans un service public de transport qui n’en est plus (sauf les impôts en contrepartie), et la réforme des retraites qui n’en finira jamais. D’ailleurs la grève « internationale » des travailleurs franco-français prévue au 31 mars a été coronavirée…. que font les syndicats ?

La retraite, nous y sommes pour 2.2 millions de chômeurs partiels, ajoutés aux 3.3 millions de chômeurs permanents sur les 29 millions de population active en âge de travailler, cela fait 19% sans activité. A ajouter aux 17 millions de retraités et aux gamins, sur 66 millions au total, il n’en reste plus guère pour bosser ces temps-ci. La majorité ne produit pas, consomme peu, ne se déplace plus : en bref est enfin écologique ! Est-elle plus heureuse comme ça ? Voire…

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