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Tissages péruviens de Ccachin

Nous quittons le bois d’eucalyptus et la rivière murmurante pour grimper parmi la forêt de pins. Grimpée très raide qui nous laisse en eau. Nous passons en une couple d’heures du camp sis à 2700 m au village de Ccachin à 3900 m. Une côte de 1200 m en une matinée, ce n’est pas si mal pour se mettre en jambes ! Le village est installé sur une pente au-delà de la forêt. Il connaît un fort dénivelé entre les rues. Nous sommes accueillis par des cochons noirs et des gamins amicaux qui traînent dans le village en raison des vacances scolaires générales.

Nous visitons dans le haut du village une maison typique des constructions locales, mais assez « riche » pour le pays. Elle est celle d’un porteur qui nous présente sa femme et ses enfants. Construite d’adobe sur un soubassement de pierres brutes ramassées dans les champs, son toit en branchages est recouvert de chaumes. Elle comprend un jardinet entouré d’une palissade de pieux en bois et une seule pièce rectangulaire, éclairée par la porte toujours ouverte. Une petite fenêtre près du foyer éclaire l’endroit où l’on fait la cuisine. Le maïs sèche sous le toit et le seuil de la porte est surélevé d’une bonne vingtaine de centimètres afin que les cochons d’inde – les cuys – élevés à l’intérieur, ne quittent pas la maison. Ils se nourrissent des restes qui tombent et de quelques graines qu’on leur laisse. Ces petites bêtes constituent des réserves de nourriture. L’habitude de les élever ainsi en est prise depuis les Incas. Lorsque nécessaire, on en saisit un pour le tuer, le dépiauter et le faire cuire. Justement un cuy est prêt à être cuisiné dans une bassine en acier. Une fois le cuy cuit, ce sera fête pour la maisonnée.

Face à la porte d’entrée est placée une croix avec quelques images pieuses et une bougie. C’est le lieu saint de la maison. Les lits sont à droite de la porte, un pour les parents, l’autre pour tous les enfants ; en-dessous sont des coffres à vêtements. Le lit du bébé est près du foyer qui couve la nuit, pour qu’il ait chaud sans doute. Ni chaise, ni table, on mange accroupi ou debout. La maison n’est semble-t-il pas un endroit où résider, mais seulement où s’abriter, dormir et ranger ses affaires. Les choses sont dans un invraisemblable entassement, le plus souvent pendues aux murs dans des sacs en plastique pour éviter aux rongeurs du foyer la tentation de les grignoter. On vit dehors, dans les champs, les bois ou dans le jardin, sous l’auvent qui court le long de la façade. L’intérieur est plutôt sombre, y règne une odeur de suie et de graisse de cuisine.

L’un des enfants présents est un garçon, il s’appelle Rolandez et a dans les sept ou huit ans. Il porte des sandales de plastique à semelle de pneu, un pantalon couleur terre et un tee-shirt. Par-dessus cette modernité, il s’est enveloppé du vêtement traditionnel, le poncho de laine et le bonnet à oreilles. Mains noires de terre et bonnet de laine bleue qui lui couvre oreilles et nuque, il aurait besoin d’un décrassage. Mais sous les oripeaux il a les traits réguliers, des yeux en amande écartés qui adoucissent son visage et brillent d’un éclat sombre comme sa frange de cheveux sur le front. Un sourire lumineux lui creuse parfois des fossettes et allonge son regard qui se fait velouté. Curieux et amical, il m’accompagne un peu partout car je lui parle en espagnol. Il ne sait pas me dire son âge, mais m’apprend qu’il a six frères, tous plus grands que lui. Il est le « pequenito ». Lorsque nous quitterons le village, il fera le singe en me regardant, pendu à un arbre par les bras, puis les pieds, pour faire apprécier son adresse de garçon.

Les femmes du village tissent et vendent des bandes de tissu traditionnels colorés en rouge, noir et blanc. Auparavant elles teignaient elles-mêmes, mais il y a belle lurette qu’elles font acheter la laine teinte industriellement à la ville. Le décor est géométrique, semé d’animaux et de personnages. La précision des lignes et la richesse des motifs sont impressionnantes. Les œuvres sont produites sur un métier à tisser rudimentaire composé de traverses de bois que l’on peut voir dans le jardinet devant la maison. L’une d’elle sort en gilet de laine fuchsia vif, le chapeau de feutre en forme de morion espagnol sur ses nattes. Les femmes travaillent au soleil, assises par terre, les enfants autour d’elles. Elles composent des carrés d’un mètre sur un mètre.

Avec le passage de groupes successifs, très intéressés par cet artisanat, l’appétit commercial vient vite et les prix montent à chaque groupe. L’une d’elle voulait 200 sols d’un carré – fort beau – qui a dû représenter quinze jours de travail. 200 sols, cela représente une fois et demi le salaire mensuel d’un instituteur péruvien. Choisik nous dit qu’il ne faut pas encourager la surenchère, ce prix est trop élevé. La mamita lui déclare : « un autre groupe a acheté à 200 alors maintenant je vends à 200. » L’absence de bon sens du touriste moyen, du sens de la mesure, me sidère. Toujours le vieux fond de culpabilité chrétienne rentrée, serinée au catéchisme ? ou les séquelles tiers-mondistes avalées à l’université avec le reste des études ? La charité ne passe pas par la surenchère sur les prix des choses mais par l’aide à ceux qui en ont vraiment besoin. Sait-on que l’on déstabilise une société en payant n’importe quoi à n’importe qui, n’importe quel prix ? La femme au tissage va gagner plus que le mari aux champs ou que le frère instituteur, l’ensemble des relations traditionnelles va s’en ressentir sans transition. Il s’agit d’une prostitution par l’argent lorsque le quantitatif remplace le qualitatif. Ne pas avoir conscience de la valeur des choses, valeur relative à la société que l’on visite, c’est prostituer le talent, jouer de l’avidité des gens. Ce n’est pas plus glorieux que de profiter des corps ! A la sortie du village, dans les champs, l’une des femmes a pris un raccourci pour nous proposer loin des autres de négocier son carré pour moins cher. Elle descend jusqu’à 130 sols, mais l’esprit n’y est plus et personne ne fait affaire.

La montée au soleil par la montagne est peu raide mais dure en raison de la chaleur qui augmente. Le pique-nique, sous les arbustes qui font à peine de l’ombre, est copieux : poulet grillé, riz, salade de tomates, oignons et radis. Il y a du fromage de France et de l’avocat bien mûr. La sieste est abrutissante tant le soleil donne dans un ciel incandescent. Deux faucons bruns planent un moment au-dessus de nous.

La reprise est pénible car nous montons toujours. A chaque crête atteinte, une autre se profile. Mon sac me paraît toujours trop lourd. Après la montée, nous longeons le flanc de la montagne, croisant plusieurs caravanes de mules qui transportent des ballots de paille. Le rio coule en contrebas ; nous devons descendre pour le traverser, puis remonter ensuite pour approcher les villages. Les champs cultivés par les paysans sont parfois très hauts sur les pentes en face. Le soleil les éclaire plus longtemps et les plantations doivent mieux y pousser. Nous traversons des prés marqués de trous réguliers en ligne, comme des terriers de taupes : ce sont des champs de patates, directement plantées à la main dans le sol dur. Mûres, « elles sortent toutes seules », nous dit Choisik sans que nous sachions s’il s’agit d’une histoire de dahu ou d’une réalité… Dans les villages d’ici, les maisons sont construites en pierres car la terre est trop dure et trop mêlée de cailloux pour faire du bon adobe. Les pierres, par contre, parsèment les champs, il suffit de les ramasser et c’est faire œuvre communautaire d’en débarrasser les endroits cultivés. Les toits sont de chaume. Les seuls bâtiments d’allure moderne sont les écoles. Leur toit est alors en tôle. Ils durent plus longtemps mais on ne s’entend plus lorsqu’il pleut dessus.

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Khiva 2

La matinée est la suite de la visite guidée de la ville commencée hier. Un procédé urbanistique original fut de placer deux monuments l’un en face de l’autre, systématiquement. On appelle cela « koch » et c’est de tradition dans toute l’Asie centrale.

Rios nous montre le musée du Khan Kourynych-khana (1806) où se déroulaient les réceptions officielles. Nombreuses pièces autour d’une cour à créneaux. Un iwan à deux colonnes a ses murs entièrement recouverts de majoliques. L’œil suit les méandres tracés avec une extraordinaire minutie des décors blanc sur bleu.

Les piliers de bois sculptés de l’iwan reposent en pointe sur une base en pierre.

Les plafonds sont en bois à caissons peints.

Les portes sont des dentelles de bois tellement le sculpteur les a burinés d’enthousiasme.

Sur les murs de brique, sont parfois incrustés des céramiques en forme de 8, symbole mathématique de l’infini.

La salle du trône est décorée d’une sorte de stuc ciselé appelé ici « gantch ». Nous visitons des medersas, des mosquées. La Kounia Ark ou ‘vieille forteresse’ date pour ses parties les plus anciennes du 17ème siècle ; le reste est 19ème. Nous y montons, on y voit bien la ville de haut. Suit la medersa d’Islam Khodja qui s’ouvre dans le labyrinthe des rues. C’est son minaret de 56 m de haut qui attire l’attention. Il s’amincit progressivement, comme pour se perdre peu à peu dans le ciel. C’est du moins ce que croit le regard depuis son pied d’un diamètre de 9 m. Le tronc est tout annelé de couleurs orange, rouge et gris décoré, briques et majolique. Il date de 1908. Des enfants béent devant l’élan phallique ; nous ne sommes pas en civilisation patriarcale pour rien.

Le mausolée dédié au saint costaud Pakhlavan Mahmoud vaut le détour, pour la foule d’aujourd’hui plus que pour le monumental d’hier. Poète et lutteur né à Khiva, fort populaire fin 13ème siècle dans la ville car invincible, il est considéré comme un saint ayant le pouvoir de guérir. On dit que les Iraniens, les Indiens et les Pakistanais l’honorent aussi comme patrons des lutteurs. Il n’avait pas que des muscles mais aussi une tête et est l’un des fondateurs du soufisme. D’où la ferveur qu’ils suscite encore aujourd’hui, les femmes guidant les enfants, leur faisant baiser la grille devant son tombeau, les gens de tous âges s’agglutinant autour d’un imam barbu dès qu’il commence à chanter une prière, lui faisant aumône ensuite dans un tintement de pièces. Comme la chose est lucrative et que la ferveur nécessite de faire silence, nous devons calculer le moment de bouger, entre deux « affaires ». La cour recèle une source et, de l’extérieur, on aperçoit la coupole qui est la seule à être turquoise de toute la ville.

Nous faisons un petit tour dans le bazar couvert où s’entassent les boutiques. Elles débordent dehors, sous étals. Ce qui surprend, ce sont les bacs entiers de bonbons en vrac, enveloppés, de sucre candi brut, de gâteaux glacés au blanc d’œuf et décorés de roses en sucre. Cette profusion sucrée est pour nous un tant soit peu écœurante mais nous sommes dans un pays longtemps resté soviétique qui a connu la pénurie chronique de sucreries et qui se rattrape. La génération prochaine évoluera comme nous, probablement.

Une femme est quasi enfouie sous son étal de coupons en tissu imprimé. Emerge son visage lisse, joli, de grand yeux noirs écartés aux prunelles inquisitrices de vendeuse qui soupèse le possible client. Jean-Luc achète à un homme, un peu plus loin, un ensemble léger chemise-pantalon, en coton du pays. Il le paye 30 $. Dès que l’on parvient à dire un mot ou deux en russe, les gens deviennent tout de suite avenants. Non par révérence envers l’ex-empire, je ne crois pas, mais simplement parce qu’une communication est possible.

Ce peuple tribal, dans une civilisation musulmane toute de relations, aime à parler, à échanger des idées comme des marchandises. Les adultes aussi aiment à se faire prendre en photo – sauf le boucher, car son métier est considéré comme impur, donc socialement dévalorisant.

Selon Rios, l’usage ici est que les voyageurs se fassent toujours photographier devant les monuments. Pour les Ouzbeks – comme pour beaucoup de peuples à peine sortis de la vie paysanne traditionnelle – le monument en lui-même « n’a pas d’intérêt », il y a des cartes postales pour ça, et bien mieux prises. Soi devant montre que l’on y a été ; on s’approprie ainsi un peu de la notoriété qui lui est attachée. C’est pourquoi les enfants ou les babouchkas aiment à se faire photographier avec des étrangers ; c’est un peu du monde qui rejaillit sur leur réputation. C’est pourquoi aussi il est si facile au photographe de tirer le portrait des gens. Il suffit d’attendre que la famille s’y mette.

Mais on peut saisir au vif dans la rue ; j’ai pris ainsi de doctes Musulmans enturbannés et barbus, l’air important, qui sortaient en groupe d’une mosquée ; une petite fille aux épaules dégagées, la robe aux motifs traditionnels colorés, un collier de verroterie au cou. Mains sur les hanches, peau fine, sourire aguicheur, elle me toise avec fierté du haut de ses huit ans. Une autre, pas encore adolescente, sous ombrelle bleue, qui s’interroge.

La chaleur est supportable car la ville est suffisamment resserrée pour qu’il y ait toujours un pan de rue ou une ruelle à l’ombre. On grillerait à rester en plein soleil. Il nous reste seulement à enlever et à remettre cent fois la matinée bob et lunettes de soleil en passant de la lumière à l’ombre.

Le déjeuner est prévu à l’Office de tourisme, qui arrondit ainsi sa fonction dans la lignée de l’ex-Intourist. Les salades sont très variées et le sorte de pot-au-feu qui sert de plat principal n’est pas trop gras et plutôt goûteux. Il comprend à la russe chou, carottes et pommes de terre pour agrémenter le bœuf.

L’après-midi est libre. Nous le passons séparément à traîner dans les ruelles de la ville-mausolée. La terre rouge du désert, de quoi les briques des murs sont faites, lui donne un air magique, un tantinet dramatique lorsque le crépuscule descend. L’interprétation hésite entre l’airain biblique et le sang des massacres post-invasion.

Je parcours la ville aux heures chaudes. Trois-quarts d’heures suffisent à en faire le tour par l’intérieur. De nouvelles maisons traditionnelles, bien faites ou refaites, ornent les pourtours de la cité, juste au pied des remparts, un jardin intérieur isolé et arboré donnant une quiétude aux habitants du lieu. Des voitures cossues sont garées ce vendredi derrière les grilles des cours. De hauts murs de terre abritent le jardin de toute vue. Un cimetière aux tombes coniques est curieusement accolé au rempart côté sud. Est-ce la direction de La Mecque ?

Il fait trop chaud pour une quelconque activité et le bazar, très animé ce matin, est désormais presque vide. Les derniers rangent leurs invendus et leur étal. Presque aucun touriste ne se hasarde au soleil. Je croise de rares matrones qui vont à leurs affaires sous de brillantes ombrelles, ou quelques garçonnets peu vêtus. La vie sort le matin et le soir ; l’entre-deux est mort.

Le rendez-vous est à 17h45 pour dîner à l’hôtel avant de se rendre à l’aéroport pour le vol intérieur qui nous ramènera à Tachkent, puis à Paris. Hors des remparts, le long du bassin d’eau glauque devant l’hôtel, face à la statue d’Algorithme, quelques gamins en slip ou portant débardeurs lâches, pêchent d’improbable poissons. Je n’ai vu nul d’entre eux en sortir un de l’eau. Le Persan Al-Khwarizmi a donné au IXe siècle, via le mot grec arithmos, le processus mathématique qui consiste en une suite finie et non ambiguë d’opérations pour résoudre un problème.

FIN du périple en Tadjikistan-Ouzbékistan

Il a été réalisé grâce à l’agence Terre d’aventures en 2007 et réalise à peu près le périple actuel intitulé Les chemins de Tamerlan

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Tapez le tapa à Tahiti

Excepté dans l’île de Fatu Hiva aux Marquises, on ne fabrique plus de tapa en Polynésie.

Avant l’arrivée des Occidentaux au 18e siècle, les Polynésiens ne disposaient que du tapa pour se vêtir, et couvrir les effigies des dieux, recevoir les nouveau-nés, servir de linceuls aux morts, orner et séparer des espaces collectifs. Le tapa est le tissu local, fait de fibre d’écorce tapée.

La fabrication du tapa est réservée aux femmes. En fonction de la taille et de l’utilisation du tapa on choisira l’espèce d’arbre et la quantité nécessaire. Au premier coup d’œil, le tapa ressemble à un grand buvard brun, beige ou blanc sur lequel on a tracé ou imprimé des motifs. Le tapa était fabriqué dans tout le triangle polynésien.

Les différents arbres à tapa sont :

  • le aute ou mûrier à papier qui donnera un tapa blanc et fin ;
  • l’uru ou arbre à pain fournira un tapa épais, rêche et blanc,
  • l’ora ou banyan un tapa épais, doux, brun clair. La couleur du tapa dépendra de l’arbre utilisé et du séchage.

Séché au soleil, le tapa sera blanc ; pour obtenir un tapa de couleur brune il devra sécher  à l’ombre dans un endroit ventilé.

Pour fabriquer le tapa il vous faudra un billot en bois (tutua), ou en pierre (kiva), de forme quadrangulaire sur lequel vous poserez l’écorce ainsi qu’un maillet en bois (I’i)  pour la battre. Après avoir choisi votre arbre, votre tane ira scier les branches nécessaires. L’écorce extérieure sera enlevée. Vous ferez une entaille afin de pouvoir séparer l’écorce à battre de la branche. Pendant plusieurs heures vous battrez l’écorce grâce à vos outils.

Vous voulez un tapa souple et fin ? Tapez, tapez, ne cessez pas de battre pendant des heures. Ensuite, vous irez au ruisseau le laver  à l’eau claire, vous le sècherez, puis vous le teindrez et y dessinerez des motifs. Il est grand temps de transmettre ce savoir-faire ancestral aux jeunes générations.

Y aura-t-il des candidats alors que l’achat de vêtements made in China est si facile ?

Hiata de Tahiti

Herman Melville dans ‘Taipi’ a décrit la fabrication qu’il a vue du tapa dans les îles en 1846 (Retrouvez tous les romans d’Herman Melville chroniqués sur ce blog)

Le tapa expliqué sur le site de Tahiti1

Un article de Marie-Charlotte Laroche sur le tapa de Tahiti

Lien vidéo pour une danse strip-tapa à l’hôtel Matavai début des années 1980

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