Articles tagués : libertins

Droits ou libertés

La droite au Sénat a récemment émis un vote en faveur de « la liberté » de l’avortement au lieu d’un « droit à » l’avortement prôné par la gauche. Signe que les libertés, qui étaient jadis à gauche, sont passées à droite tandis que les contraintes sont devenues de gauche. En effet, la société n’évolue jamais selon les épures abstraites des philosophes utopistes et les politiciens « progressistes » se disent qu’il faut « forcer » la société à s’adapter par des contraintes. Ce n’est pas faux mais peut devenir excessif – les soixante-dix ans de soviétisme ont bien montré que la dictature « du prolétariat » se réduisait en fait à celle d’une nomenklatura étroite et cooptée de privilégies au pouvoir dont les oligarques inféodés au nouveau tsar Poutine sont les descendants directs. La contrainte chinoise est plus subtile et plus consensuelle, mais tout aussi redoutable : dans ce pays, pas de « libertés » mais seulement des « droits ».

C’est qu’il y a une différence entre les deux mots.

Le droit vient du latin directus qui signifie direct et sans courbure. Directus est lui-même dérivé de deligere, qui vient de régénérer, du mot roi qui a donné régir. Le droit est ce qui est juste, honnête, ce qui ne s’écarte ni de la raison, ni du bon sens. Cela signifie une voie dont la direction est constante, directe. Ainsi parle-t-on pour les objets de jupes droites, de piano droit et pour le caractère d’un esprit droit. Le sens moral de droiture signifie loyal, c’est-à-dire permis et reconnu mais aussi constant et fidèle : on sait à quoi s’en tenir.

« Le » droit qui est application de la loi a le sens général de justice, c’est-à-dire de règles d’équité dans la société. Ce qui est droit est considéré comme moral et juste, et les textes du droit composent l’ensemble des lois et coutumes comme le droit pénal ou le droit public. Il signifie ce qui est permis ou exigible selon la loi (droit de faire et de ne pas faire, mais aussi droit de timbre, droits de pêche, etc.).

Le sens dérivé individualiste et, disons-le, égoïste, transforme le droit en « avoir droit », être « dans son droit ». Mais entre ce qu’il est permis de faire et « avoir droit à » se situe tout un fossé que la gauche (souvent démagogique quand elle n’est pas au pouvoir) franchit sans réfléchir. À droite, il s’agit plutôt de passe-droits opposés aux ayants-droits, de privilèges de quelques-uns dans l’entre-soi opposés à ceux de la masse anonyme.

On voit bien ici qu’entre ce qui est permis et ce qui est exigé, il y a toute la différence entre la droite et la gauche : la première permet alors que la seconde exige (ainsi le « droit au logement » – mais qui construit et finance les logements ?). Les droits théoriques ne sont pas les droits réels, la différence réside dans la possibilité matérielle de les exercer. « Avoir droit » ne signifie pas être en mesure de l’exercer, la contrainte économique jouant plus pour les pauvres que pour les riches. Ainsi les « ayants-droits » peuvent se soigner presque gratuitement dans les hôpitaux publics (encore que nombre d’actes et de médications ne soient pas pris en charge…), tandis que ceux qui ont « les moyens » auront accès à des cliniques privées ou à des dépassements d’honoraires pour des soins.

Les libertés viennent du mot libre qui signifie ne dépendre que de soi, soumis à aucune autorité et n’appartenant à aucun maître, fut-il abstrait (ni Dieu, ni maître, chantaient les anarchistes). Dès le XVIe siècle, le français étend son usage au sans-gêne, notamment dans les locutions comme « libre de… » La liberté est le pouvoir de se déterminer soi-même et, comme disait Nietzsche, de fonder sa morale en soi. Cela signifie n’être soumis ni à des dogmes divins, ni à des pouvoirs ici-bas que l’on récuse (roi, patron, mâle violeur ou femelle cougar), ni à des règles sociales qui ne nous conviennent pas (ainsi la lutte pour l’avortement, après celle pour la pilule).

Mais entre être libre d’être et libre de faire, il y a toute la distance entre l’individu et la société. Ce pourquoi Rousseau disait que la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres, seul moyen de vivre en société en l’acceptant des compromis nécessaires. Le refuser signifie considérer que l’homme est un loup pour l’homme et que le droit du plus fort s’applique, comme dans la mythique nature. Toute la législation s’élève contre les lois de nature. Ce pourquoi un nouveau Contrat social a été théoriquement conclu dans la société avec les Révolutions. Contre les usages d’Ancien régime qui appliquaient la loi féodale du plus fort, où toute une hiérarchie de puissance s’étageait entre l’empereur et le serf, en passant par le roi, les nobles, les bourgeois, les hommes libres, les femmes et les enfants. Aujourd’hui, chacun est libre d’être soi, ce qui signifie libre de penser, de s’exprimer (y compris par le vote et la manif), d’aller et venir, d’entreprendre. Cela, évidemment, en fonction des règles globales de la société qui permette de vivre ensemble comme le disait Rousseau.

La dérive de cette liberté est la licence, ce qui signifie un excès. Les croyants qualifient de « libres penseurs » ceux qui prennent des libertés avec les dogmes religieux, les religions qualifient de « libertins » ceux qui n’obéissent pas à leurs contraintes de mœurs et de « blasphémateurs » ceux qui parlent de la divinité autrement que selon les usages, de même que la société parle de « prendre des libertés » lorsque l’on n’agit pas selon les usages moyens. Ainsi l’enseignement « libre » signifie-t-il l’enseignement différent de celui de la République tandis que les « radios libres », jadis, émettaient sans autorisation depuis les frontières.

Mais les Lumières ont fait de la liberté leurs torches éclairant l’avenir (la statue de la liberté de Bartholdi offerte par la France à New York), ce pourquoi « les » libertés sont des conquêtes humanistes que tous et chacun devraient pouvoir exercer. D’où le terme de « droits de l’Homme » avec une majuscule à homme pour bien signifier l’humanité tout entière et non pas seulement le mâle blanc, riche, hétérosexuel, etc. comme le croient les ignorants qui se sentent offensés que chacun ne leur ressemble pas et puisse ne pas « être d’accord » en pensant différemment. Or la liberté signifie principalement le libre-arbitre, autrement dit le pouvoir de décider ce que l’on veut – dans les limites imposées par les lois et règles la société dans laquelle on vit (ainsi, pas de voile dans l’espace public, ni se promener tout nu, voire seulement torse nu dans certaines villes prudes, en général de droite radicale). En termes politiques, cela signifie le libéralisme ; en termes économiques, cela signifie le libre-échange et la régulation minimum. Le libertaire applique les libertés dans les mœurs, ce qui a pu conduire à des dérives pédocriminelles après 1968 où il était « interdit d’interdire ». Le libertarien est la version individualiste américaine du pionnier mythique qui affirme son pouvoir de faire absolument ce qu’il veut dans le wild, autrement dit la nature sauvage sans loi.

Il y a donc un écart entre le droit et la liberté, le premier inscrivant dans le marbre ce que l’on peut faire ou ne pas faire tandis que la seconde est plus ouverte, permettant généralement de faire – sauf à ne pas déroger aux lois en vigueur au sens de Rousseau cité plus haut. Ainsi chacun est-il libre de conduire ou de chasser, à condition de passer le permis. Cet examen n’est pas une servitude perpétuelle mais la preuve que l’on a bien appris ce qui est nécessaire pour sa propre sécurité et pour la sécurité des autres en usant de cette liberté.

Le mot « licence » (qui vient de liberté) a-t-il dès le XIVe siècle été un examen qui permettait d’enseigner à l’université. Il sanctionnait un savoir, reconnu par des pairs et donnait le gage aux étudiants de la qualité de l’enseignement fourni. Les mœurs étudiantes et les franchises universitaires ont fait dériver ce terme de licence vers une certaine insolence et insubordination, que l’on constate toujours parmi la jeunesse aujourd’hui, enfin un certain dérèglement des mœurs, propre à l’âge pubertaire où les hormones bouillonnent trop volontiers tandis que l’esprit est encore ignorant et le caractère sans expérience sociale. Le licencieux est considéré comme déréglé et sans retenue.

Alors « liberté » ou « droit » d’avorter ? La liberté est théorique, plus vaste et moins précisément définie, ce qui ouvre à des « droits » nouveaux ultérieurement, alors que le simple droit est trop étroit et contraignant car il balance entre des intérêts contradictoires – tout aussi légitimes (la justice est représentée avec une balance). La liberté permet alors que le droit exige. Ainsi, les médecins qui réprouvent l’avortement (ils en ont le droit), gardent la liberté de ne pas, tandis que s’il existait un droit formel, ce serait un déni de droit. La nuance est subtile, mais de grand sens alors qu’il s’agit de « faire » société.

Catégories : Politique | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Monsieur Descartes, la fable de la raison

Il y a 360 ans mourait René Descartes, philosophe. Françoise Hildesheimer, Conservateur général du Patrimoine, a signé là une excellente biographie. Tous les Français connaissent Descartes étudié au lycée (pour l’instant), et chacun se croit « cartésien ». Retracer l’histoire de l’homme dans son temps, retrouver le contexte de la modernité émergente, montre que Descartes n’était pas cartésien, pas plus que Marx n’était marxiste ni Jésus chrétien. Ces mythes a posteriori servent plus à justifier le théâtre médiatique ou à consolider une position sociale académique qu’à la vérité. C’est ainsi, par slogans et bons mots, que le glucksmanniaque Descartes, c’est la France sévit dans les têtes contemporaines.

Descartes est bien plus que cela : le point charnière de la conscience moderne, celle que nous sommes probablement en train de quitter pour autre chose. « Éprouver soi-même ce qu’on doit croire et ne plus se fier à l’argument d’autorité constitue la révolution cartésienne, le cadre ontologique de la modernité, qui met le soi individuel au centre du jeu » (p.432). Doute, cogito et raison sont les trois piliers par lesquels l’individu quitte la superstition et la croyance imposée pour devenir souverain. Il y a 864 fois les mots ‘je’, ‘moi’ et ‘me’ dans le Discours de la méthode, contre 119 ‘nous’, relève l’auteur… La raison devient audace critique. L’absolutisme louis-quatorzien d’un territoire, une foi, un roi, se trouve sapée sous son règne en Hollande par le cogito de Monsieur Descartes, seigneur du Perron.

Si ses exposés scientifiques ont bien vieilli, la philosophie des sciences de Descartes demeure : toute croyance a priori est rejetée au profit de l’observation, de l’expérience et du calcul. Une branche a conduit au mécanisme qui veut tout démonter pour se rendre maître et possesseur de la nature. Une autre branche est sa démarche globale de la philosophie naturelle, qui conduit à Einstein en réduisant le réel au géométrique. « Recherche sur la lumière et exigence de clarté ne pourraient-elles pas faire de notre Descartes essentiellement le philosophe de l’aspiration à la lumière de la connaissance ? » (p.424). Descartes se situerait ainsi sur les traces de Grecs.

René Descartes est né en 1596 entre Limousin et Touraine d’un Conseiller au Parlement de Bretagne et d’une mère qui meurt lorsqu’il a un an. Mère absente, père indifférent, vont marquer le gamin qui sera mis en pension après la nourrice au collège jésuite de La Flèche fondé par Henri IV. Il étudie ensuite le droit à Poitiers mais ne veut se fixer. Il part pour la guerre en Hollande à 23 ans, où la France contre les Habsbourg en soutenant la révolte de sept Provinces unies. Mais il n’est pas militaire, plutôt curieux des ingénieurs, de la géométrie des fortifications et des lunettes d’optique. Il visite la Bohême, l’Italie, dont il n’aime ni le climat trop chaud ni les habitants trop théâtraux. C’est le 10 novembre 1619, à 23 ans, qu’il a « dans le poêle » ses trois rêves qui vont fonder sa philosophie. Un poêle est une pièce chauffé d’un grand poêle en fonte et céramique, comme il en existe en Europe centrale pour faire cocon l’hiver venu. Descartes, angoissé d’abandon, s’y sent bien. Notons que le rationnel est né dans l’imaginaire, la raison de l’inconscient : le coup d’état intellectuel cartésien vient des profondeurs de la psyché : du songe.

On l’a dit espion des jésuites, frère Rose-Croix et occultiste. Selon sa biographe, aucune preuve réelle ne vient étayer ces rumeurs. L’époque est au décentrement de l’héliocentrisme et du fixisme d’Aristote établi en dogme par l’Église. Copernic et Galilée sont condamnés, Kepler en suspicion, Paracelse mêle science et occultisme. Descartes cherche la pierre philosophale mais elle est purement cérébrale : quel est le principe de connaissance unique qui enchaîne entre elles toutes les connaissances scientifiques.Il ne veut pas s’établir en se mariant ou achetant un office ; il vit de ses rentes qui lui viennent de l’héritage maternel. Lors de séjours à Paris, il rencontre les libertins, intellectuels critiques à l’égard de la religion et hédonistes. Ces hommes d’esprit réagissent à la réaction catholique de la Contre-réforme et à la dévotion bigote de Louis XIII. En 1623, Théophile de Viau sera condamné à mort et brûlé en effigie à Paris. Prudent, sociable, Descartes apprend à dissimuler. Il ne veut pas se fâcher avec sa seule mère, l’Église, ni avec ses seuls pères, les Jésuites. Il va donc passer par la science pratique pour faire avancer ses idées philosophiques. Il est ami de Guez de Balzac, du père Mersenne, il attire l’attention du cardinal de Bérulle en société en démontant la force d’opinion de la vraisemblance, qui n’est pas le vrai mais un artifice sophiste. Il échangera des lettres avec quatre-vingt correspondants. Car, pour être libre, il retourne en Hollande où il vivra vingt ans, changeant plusieurs fois de résidences, l’auteur en a dénombré trente deux. Il fait sienne cette maxime d’Ovide : « pour vivre heureux, vivons caché ». Il aura cependant une fille, Francine, avec une servante à Amsterdam. Il établira la mère et l’enfant près de lui mais la gamine mourra de scarlatine à l’âge de cinq ans.

Ce n’est qu’en 1637 (la même année que Le Cid) qu’il publie sur privilège du roi le Discours de la méthode, préface d’une œuvre scientifique mais qui expose sa philosophie de la nature. « C’est tout à la fois une autobiographie intellectuelle anonyme et un traité de philosophie et de science écrit en français, avec des mots simples et visant à l’universalité du bon sens et de la raison » (p.187). Il se compose de six parties comme les six jours de création du monde et se dote de quatre préceptes : reconnaître pour vraie l’évidence, diviser pour analyser, aller du simple au complexe pour mettre en ordre, et ne rien omettre. Il use pour cela d’une morale « provisoire » pour dissimuler le doute méthodique sous l’allégeance à l’existence de Dieu. La morale sociale est d’obéir aux lois et coutumes, tenir avec fermeté ses opinions et actions, s’appliquer à se vaincre soi-même plutôt que d’accuser le sort, enfin cultiver sa raison. Seuls les dévots accusent le Destin, le monde, le système, les autres, en bref tout ce qui est voulu par Dieu. Les humains de bon sens usent au contraire de leurs capacités et raison pour changer le sort en action. Se changer soi plutôt que changer le monde, voilà qui est révolutionnaire !

Ce n’est qu’en 1641 qu’il publie les Méditations métaphysiques, cette fois en latin pour ne toucher que les lettrés, évitant ainsi toutes ces polémiques indigentes et les injures naïves du tout-venant, que quiconque tient un blog connaît sans peine. Il les dédicace aux théologiens de Sorbonne pour contrer les jésuites qui critiquent sa Dioptrique et soupçonnent sa philosophie d’être en contradiction avec le dogme catholique de la transsubstantiation. Il y a toujours six Méditations, comme les six jours de Dieu. Sauf que la méditation est devenue moyen de connaissance et n’est plus un exercice spirituel d’adoration…

Les Principes de la philosophie, publiés en 1644, exposent la métaphysique et la physique en un tout complet, où la mécanique apparaît au cœur du système. Fidéiste mais adepte du doute, Descartes a « une indifférence totale au salut chrétien » (p.294). Il rencontre Pascal mais se montre cassant, ne supportant pas la critique métaphysique. Il entretient une correspondance suivie avec la princesse Élisabeth, âgée de 24 ans alors que lui en a 45. Elle est cousine de la reine Christine de Suède, avec qui il correspond aussi sur l’invite de l’ambassadeur de France en Suède, dès 1647. Il écrira pour elle un Traité des Passions de l’âme où le corps vivant est conçu comme une machine, que l’âme – pur esprit – investit durant l’existence. Elle aurait son siège dans la glande pinéale. Ce qui est intéressant est que Descartes croit que le conditionnement du corps peut influencer l’âme, ce qui explique la méthode Coué comme l’homéopathie et les miracles de Lourdes, par exemple.

Par touches successives, l’auteure brosse en érudite et d’une langue fluide le portrait d’un cérébral, indifférent aux biens matériels comme à la pensée des autres, qui demande à être compris avant de se livrer. L’abandon parental l’a rendu angoissé, dépressif, et il masque tous ses mouvements affectifs sous l’abstraction théorique. Sa mission sur cette terre est son œuvre, composer une philosophie naturelle totale pour remplacer Aristote. Il est bien montré le caractère imaginatif de ce héraut de la rationalité, dont le système a pris naissance dans le rêve de 1619. La froide analyse s’efface toujours devant l’intuition pour connaître la vérité. Les exemples concrets sont légion pour faire saisir l’essence de la pensée (morceau de cire chaude, malin génie, etc.), tandis que Descartes passe volontiers par la fiction pour se faire admettre par l’Église.

Ce penseur sérieux et pratique ne peut qu’être déçu par la France, pays de cour où le théâtre social compte plus que la profondeur de pensée. Il part en Suède en 1649 à l’invitation de la reine Christine et y mourra à 53 ans, le 11 février 1650, d’une pneumonie officiellement, mais peut-être empoisonné. L’auteure fait l’inventaire des symptômes et des hypothèses et, sans trancher, elle pointe l’étiologie d’un empoisonnement à l’arsenic, peut-être administré par des hosties du père Viogué, aumônier catholique de l’ambassade. Ce serait pour Raison d’Église : la conversion envisagée de la reine au catholicisme (qui aura d’ailleurs lieu quatre ans plus tard).

Ses restes seront rapatriés à Paris en 1667, dans l’église Sainte-Geneviève du Mont, avant d’être envisagés pour le Panthéon par décret d’octobre 1793 mais non suivi d’effet. Le philosophe sera inhumé à l’église Saint-Germain des Prés. L’adhésion à sa philosophie nouvelle est le fait de petits cercles libéraux, tandis que les Jésuites l’interdisent par deux fois en 1682 et 1696, et que Rome le met à l’Index – comme tout ce qu’elle ne comprend pas. L’abbé Baillet compose en 1691 une biographie pieuse tandis que Descartes rencontre enfin son temps avec La crise de la conscience européenne décelée par Paul Hazard entre 1680 et 1715. La raison se substitue aux dogmes et nous entrons dans un nouveau monde ; bientôt l’Ancien régime sera balayé et la technique prendra son essor. Victor Cousin fera de Descartes, en 1824, le génie national français. Husserl, Heidegger et Sartre y feront depuis référence.

Voilà un beau livre éclairant !

Françoise Hildesheimer, Monsieur Descartes – la fable de la raison, Flammarion, septembre 2010, €25.40, 511 pages avec carte, liste des résidences et des correspondants, chronologie, sources et bibliographie, index des noms et Préface de 1647 par Descartes de ses Principes de la philosophie.

Catégories : Livres, Philosophie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,