François Huguenin, L’Action française

Article repris sur le site Action française.

Retour vers le futur ? Cette école de pensée fondée en 1898 après l’affaire Dreyfus pour faire pendant à la Ligue des droits de l’homme, a eu une vaste influence intellectuelle jusqu’aux années 1970, mais n’a jamais pu aboutir politiquement. Les raisons en sont multiples, dues aux saignées successives des guerres et aux partages binaires qu’il fallait alors opérer. L’intelligence a péri dans les tranchées, avant d’éclater entre collabos, pronazis et résistants. C’est que la droite n’est pas simple… Les idées Action française reviennent-elles ?

François Huguenin a étudié avec minutie l’embrouillamini de personnalités, de courants, d’idées, réunis autour de la figure emblématique de Charles Maurras. Il évacue avec discernement le double problème de l’antisémitisme et du maréchalisme, qui sont dérives personnelles dues à la peur de la division et de la guerre civile franco-française, doublées d’une personnalité maurassienne physiquement sourde et intellectuellement persuadée d’avoir raison.

L’Action française n’était pas en soi raciste, ni en faveur d’un pouvoir militaire. Elle voulait la monarchie comme type idéal de société « organique » tirée de « la nature », où règne l’ordre hiérarchique et les communautés d’appartenance. Le monarque n’était pas pour elle « l’État c’est moi » mais, à l’anglaise, l’incarnation de la personnalité nationale. Ce à quoi on pourrait objecter que Jeanne d’Arc a joué aussi ce rôle sous la Troisième république. Si l’auteur se pose en effet la question de la Tradition en régime républicain, il n’explique que très partiellement pourquoi les maurassiens ont exclu tout régime autre que monarchique. La pensée d’un Tocqueville apparaît nettement plus vivante et plus pratique que celle d’un Maurras…

Charles Maurras, obsédé de sensualité à l’adolescence, a rigidifié sa raison pour se dompter. Il était sourd et félibrige, aimant le localisme de son Sud. Est-ce que ceci explique cela ? L’auteur passe très vite, peu à l’aise avec les synthèses et préférant le factuel. Les racines maurassiennes sont Joseph de Maistre et Auguste Comte, l’apologie de l’Ancien régime contre la révolution et le scientisme de la Raison. Anti-cosmopolite, anticapitaliste, antilibérale, l’Action française est souverainiste : autorité en haut, libertés en bas.

L’individu n’existe pas, ce concept abstrait ne réalise la personne que dans la famille, unité communautaire de base auxquelles se superposent d’autres communautés « organiques » englobantes comme le village, la province, les associations, le métier, la corporation, la nation. L’Action française est donc résolument anti-jacobine et anti-égalité (« révolte de l’égoïsme et de l’envie »). Pour elle, il faut faire la société bonne pour que l’homme soit bon : une resucée de la Cité de Dieu sous l’égide de la bonne vieille religion (François Huguenin poursuit sa quête sur le sujet dans un autre livre, Résister au libéralisme).

Outre une Ligue, fondée en 1898, l’Action française crée en 1906 un Institut d’enseignement supérieur privé, une maison d’édition, un quotidien en 1908, un mouvement de jeunesse la même année, les Camelots du roi, plusieurs revues intellectuelles et ainsi de suite. Manque à la somme de Huguenin une chronologie pour éclairer ce foisonnement. De grands écrivains ont été influencés par l’Action française : Paul Bourget, Maurice Barrès, Léon Daudet, Jacques Bainville, Patrice de La Tour du Pin, Georges Bernanos, Jacques Maritain, Thierry Maulnier, Robert Brasillach, Maurice Bardèche, Lucien Rebatet, Claude Roy, Kléber Haedens, Georges Blond… Sans parler de ceux qui gravitent autour comme Gide, Montherlant, Malraux et Mauriac.

Charles Maurras sera élu à l’Académie française en 1938 (avant d’en être exclu en 1945… comme si l’on pouvait exclure de l’immortalité un « Immortel » – à moins que ce ne soit que du vent ?). Le Pape a condamné « les traces de renaissance du paganisme » (gréco-latin) de Maurras en 1926 et a mis ses œuvres à l’Index : il fera moins la fine gueule devant le paganisme germanique des nazis dans les années 1930…

Mais le fascisme n’attirera que quelques personnalités proches d’Action française : l’État totalitaire était à l’opposé de la subsidiarité (comme on dit à Bruxelles) entre la nation et les communautés. Henri Massis fustigera même le « bolchevisme raciste » des nazis. Traditionnaliste, l’Action française est catholique de culture, la foi étant affaire personnelle et l’Église étant exclue de l’organisation politique depuis le Moyen-âge. La Providence comme la Nation ou l’État sont des mythes barbares, totalitaires, bien loin des conceptions « de nature » sur le modèle patriarcal. L’Action française politique serait plus proche de Franco que de Mussolini, encore moins d’Hitler ! Maurras et Pujo furent maréchalistes pour faire hiberner la nation française dans la guerre (mais Maurras a approuvé les prises d’otages français et la politique antijuive !) ; Robert Brasillach, Georges Valois et Lucien Rebatet se font nazis par rancœur contre les égoïsmes et divisions de la démocratie libérale parlementaire de leur temps ; d’Estienne d’Orves, d’Astier de la Vigerie, de Bénouville, Renouvin et le colonel Rémy seront résistants pour faire vivre la nation en ses profondeurs, comme disait De Gaulle. Il n’y a donc pas de voie unique pour la pensée Action française, comme la gauche stalinienne a toujours voulu le faire croire.

L’héritage ? L’Action française ne fait plus parler d’elle, aujourd’hui que le catholicisme est revivaliste à l’américaine et que les grandes idéologies ont sombrées avec l’URSS, la maolâtrie, le Cambodge « démocratique » des Pot et la sénilité crispée des Castro. Les années 1950 ont vu la naissance d’une « jeune droite » littéraire appelée les Hussards avec Roger Nimier, André Blondin, Michel Déon et Jacques Perret. Gabriel Marcel, Michel de Saint-Pierre et Bertrand de Jouvenel ont renouvelé les idées ; l’auteur cite aussi Gabriel Matzneff. Pierre Boutang a essayé de faire revivre une politique. On pourrait aussi – l’auteur n’en parle pas… – mentionner Pierre Joubert, Serge Dalens, Jean-Louis Foncine (tous scouts de la collection Signes de piste), Hergé (François Huguenin a un petit air de Tintin) et Jacques Martin, père d’Alix, et probablement Philippe Murray et Renaud Camus. Maurras meurt en 1952, mais c’est la Nouvelle droite d’un côté et les Nouveaux philosophes de l’autre qui reprendront certaines thèses : libertés contre totalitarisme, État organique européen, nations enracinées mais ouvertes, sociabilité de l’ordre naturel. Sans parler de la Vème République, dont l’organisation doit beaucoup aux idées de Maurras…

Et aujourd’hui ? On peut trouver des rapprochements chez les cathos intégristes – mais ce n’est pas l’Action française historique. Certaines proximités se font chez François Bayrou, beaucoup moins au Front national, mais beaucoup chez les écologistes : critique de la société de consommation, du capitalisme financier, du paraître narcissique au détriment de l’être, de la croissance quantitative plus que qualitative, de la centralisation jacobine d’État ; refus des banlieues tristes au profit des terroirs enracinés ; loisir communautaire plutôt que travail en miettes ; l’Europe, mais si elle est protectrice de la diversité, en subsidiarité. Ce pourquoi il reste intéressant de se replonger dans ce mouvement de droite oublié : il court toujours sous la glace, et d’autant plus que la gauche n’a plus grand-chose à dire.

Le lecteur regrettera les coquilles innombrables du volume, issues probablement d’un logiciel de reconnaissance de caractères non relu : dans le même paragraphe Muillain pour Guillain, Aus pour plus, A la main pour les Romains, Mont-fort où le tiret a été laissé en milieu de phrase… C’est dommage pour un travail qui se veut érudit.

Si les détails sont largement exposés, manque à cette étude de vigoureuses pages de synthèse qui sortent du jargon Science Po ou de la philosophie allemande… Dire par exemple que l’Action française est « l’être de l’étant » est une cuistrerie qui n’explique rien. Développer en quoi la nature et la tradition fondent un conservatisme révolutionnaire qui n’est ni réactionnaire ni progressiste serait beaucoup plus utile. François Huguenin fait dans la dentelle (et les historiens universitaires adorent cela), mais son pointillisme névrotique manque l’essentiel : en quoi l’Action française nous intéresse-t-elle ? Pourquoi a-t-elle tant séduit, jusqu’à De Gaulle et Mitterrand (et peut-être – ce n’est pas dit – Bayrou) ? A trop se perdre dans les sous-sectes littéraires et les scrupules d’obéissance catholique, où est le mouvement ?

Malgré ces défauts, la somme ici éditée en poche a une profondeur historique qui manque trop souvent aux histoires des idées politiques. Un siècle complet, c’est rare. Comprendre la droite, c’est aussi comprendre ce que fut la France intellectuelle et ce qui reste dans la politique aujourd’hui de l’Action française.

François Huguenin, L’Action française – une histoire intellectuelle, 1998, édition revue et complétée août 2011, Perrin Tempus, 686 pages, €11.40

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9 réflexions sur “François Huguenin, L’Action française

  1. Au moins un point sur lequel nous trouvons un point d’accord minimal. sartre étaiit un infâme salaud.

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  2. salluste

    L’action française dans le petit dictionnaire du gauchiste : des salauds !
    C’est simple c’est rapide et ça permet surtout de ne pas se poser de questions. Ce sont les mêmes qui bouffent du consumérisme imbécile jusqu’à la lie en réclamant leur pitance du mois à l’Etat, Maoiste un jour Sarkozyste quelques années plus tard, aucune médiocrité n’est en dessous d’eux puisque le gauchiste n’aspire qu’à ça, la médiocrité pour lui et pour les autres, il a même un nom pour ça : l’égalité. L’action française est probablement le dernier mouvement politique français depuis tous les partis sont devenus l’annexe d’une internationale quelconque.
    Je préfère encore Brasillach qui a été exécuté pour ses crimes à Sartre qui après s’être bien gardé d’insulter l’occupant n’a eu rien de plus pressé que de devenir le révolté de posture petit bourgeois et méprisable des périodes pacifiés, en un mot une salope.

    Bon vent Argoul

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  3. Ah bon ? J’ai du louper un épisode, j’en étais resté à votre poste de documentaliste dans un collège du côté de Meaux… Mais c’est vrai que vous paraissez moins sur la défensive, ce qui pourrait s’expliquer si vous avez quitté le mammouth.
    Le politiquement correct de la morale militante etc. ne vous visait pas spécialement, puisque je répondais au commentaire de Judem.
    L’insistance politiquement correcte sur la Shoah n’est à mon avis pas une bonne chose. En parler, oui, en être obsédé, non. Cela fige l’histoire, le mouvement de la société, les capacités à penser correctement le PRESENT. Je sais bien que nos collèges sont de plus en plus remplis de population d’origine culturelle disons anti-judaïque, sans parler du retour des intégrismes catho et facho style années 30. Mais cela me rappelle « la faim du monde » et « le racisme » fin des années 60 dans ce qu’on appelait alors, de la 6è à la Terminale « le lycée » : on en avait tellement marre de ces sujets bateau, de ce moralisme obligatoire, que c’était comme le catéchisme, « cause toujours on n’y croit pas » !
    Si je lis les faits divers récents et récurrents, les détails morbides avidement exposés aux élèves pour « leur faire horreur » sont plutôt de nature à les inciter à l’imitation. Voir l’affaire Halimi et le reste. Fofana envoie paraît-il des vidéos depuis sa cellule. A-t-il séduit lui aussi le directeur comme sa copine-appât ?
    Mais pour cette note, je crois que l’inévitable argument « il y a eu des fachos » donc tout est à jeter, n’est pas recevable. Il y a eu des Cordier et des De Gaulle, sans parler d’Astier et autres, cités dans le texte.
    Ce qui est actuel n’est donc pas la politmorale E.NAtionale du gavage des faibles d’esprit mais ce qui agit encore de nos jours de ce courant de pensée. Qui existe malgré les anathèmes. Et qui ne compose qu’une phrase dans votre long et premier développement en commentaire.

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  4. ‘ ‘sans les blocages idéologiques ni les tabous politiquement corrects de la morale militante style éducation nationale.’ ‘

    Indécrottable Argoul… (dit avec le sourire) je ne vois pas en quoi il y a du « politiquement correct » dans un coup de chapeau donné par un type très à gauche à nombre d’authentiques patriotes qui, 80 ans plus tôt, dans les rangs des Camelots du Roi, lui auraient a minima cassé la gueule.
    Et c’est justement parce que l’Action française ne fut pas l’Action française pendant la guerre que ses dirigeants furent proprement indéfendables.

    Enfin le croiriez-vous? Il m’arrive parfois, pendant une heure, un jour, une semaine, voire tout un mois d’oublier que j’ai appartenu à l’éducation nationale – de manière assez distanciée d’ailleurs : j’ai fait d’autres choses avant, pendant et après. Et je ne suis pas – d eloin – le seul dans cette situation : c’est vous qui êtes formaté!

    Cordialement

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  5. Oui, tout est là : ce qui est, est, de toute éternité, donc ne peut pas, ne doit pas changer. Quiconque veut avoir une « histoire » personnelle, détachée des appartenances, racines et identités claniques et tribales va contre les desseins du Dieu, de la Nature, de la Race, de l’Histoire, de Gaia, etc.
    La culture est l’histoire collective d’une expérience qui nous a façonné. La comprendre permet aussi de désappartenir de soi, de prendre de la distance, d’être une personne. L’esprit critique est un leg précieux. L’ouverture à ce qui est autre aussi. Donc lire l’histoire de l’Action française permet de mieux comprendre le présent, sans les blocages idéologiques ni les tabous politiquement corrects de la morale militante style éducation nationale.

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  6. Judem

    Nature, organique, l’individu n’existe pas : cela contient déjà en germe tous les autres maux.

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  7. Je me crois moins manichéen que vous me décrivez, quand je cite ces nombreux (j’insiste là dessus) militants d’AF qui ont d’instinct su où était le devoir, la morale, le droit chemin, la justice, malgré un conditionnement qui pesait souvent depuis le baptême (quand des « consciences de gauche » que tout aurait du porter vers ce chemin ou du moins vers la stricte neutralité se sont fourvoyées).
    Quand je vois le cheminement instinctif de Cordier (Caracalla), la somme de responsabilités qu’il sut endosser à l’âge où je n’étais encore qu’un gamin immature – un peu plus de vingt ans et pourtant la vie m’avait bien plus façonnée que celle de la plupart de mes copains, quand j’admire le parcours de ceux que vous citez, je me dis que non, je ne suis pas d’une pièce.
    Même cette petite cervelle de Darnand, mieux entouré, moins mal conseillé, orienté, persuadé, aurait sans doute fait, dans un autre contexte, un grand compagnon de la Libération (en 42 son offre de rejoindre Alger et de servir dans un corps franc était tout, sauf un retournement de veste comme celui de Pucheu qui le paya cher, mais le contexte ne s’y prêtait pas: il est devenu un soldat perdu lâché par tous sauf par son ami Bruckberger qui était « en face », pourtant)

    Ils sont la démonstration vivante de la saloperie ultime de ceux que vous citez, qui vont de Maurras à Brasillach, qui n’ont même pas l’excuse de la bêtise ou de la sénilité car dans leur genre, c’étaient des génies.
    J’ai cité la déportation (ah! le fameux mot de Brasillach: « et surtout, n’oubliez pas les petits! ») mais j’ai aussi évoqué cette servitude intellectuelle qui faisait de monarchistes des rebelles au Roi, de catholiques des excommuniés en puissance, des patriotes des vassaux d’une puissance occupante barbare et ennemie héréditaire (mot de Maurras) tout ça pour… se venger de divergences politiques ou même politiciennes! Un peu court…

    Cordialement.

    PS. Tout arrive… je suis assez d’accord avec vous pour trouver des dérives maurassiennes dans ce qu’elles ont de pire chez Bayrou voire chez certains verts.

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  8. Tiens, je vous croyais moins politiquement correct… Vous avez du zapper le paragraphe qui suit, bloqué par le mot « évacuer ». peut-être ai-je pensé écrire « évaluer » et l’acte manqué vous a-t-il précipité dans cette impasse du raisonnement où vous ne « commentez » plus que l’éternel ressassement des déportations ? Pourquoi ne pas accuser les Irakiens d’avoir déporté à Babylone les Hébreux mille ans avant le Christ ? L’histoire avance, croyez m’en, et votre blocage permet tout juste de mettre sous le tapis la poussière des institutions de la Ve République, des dérives sectaires écolos, du fond d’ambiance Bayrou… entre autres.
    Ce paragraphe « oublié » par votre lecture sélective, le voici : « L’Action française politique serait plus proche de Franco que de Mussolini, encore moins d’Hitler ! Maurras et Pujo furent maréchalistes pour faire hiberner la nation française dans la guerre (mais Maurras a approuvé les prises d’otages français et la politique antijuive !) ; Robert Brasillach, Georges Valois et Lucien Rebatet se font nazis par rancœur contre les égoïsmes et divisions de la démocratie libérale parlementaire de leur temps ; d’Estienne d’Orves, d’Astier de la Vigerie, de Bénouville, Renouvin et le colonel Rémy seront résistants pour faire vivre la nation en ses profondeurs, comme disait De Gaulle. Il n’y a donc pas de voie unique pour la pensée Action française, comme la gauche stalinienne a toujours voulu le faire croire. » Oui, « stalinienne » : ce régime paranoïaque voulait figer la pensée lui aussi. Comme toujours, cela a explosé.
    Je ne nie pas que l’histoire ait connu des déportations et des dérives. Mais l’Action française est née en 1898, bien avant Pétain et la Shoah… C’est comme si vous éliminiez Marx parce que Staline et Mao l’ont perverti : il a eu quand même d’autres disciples un peu plus féconds. Ce qui m’intéresse, l’avez-vous compris ? c’est l’écho d’AF aujourd’hui, son idéologie qui court encore sous la surface.
    Je ne suis pas moi-même tenté par cette pensée éternisante anti-modernité, figée dans la Cité de Dieu reconstituée en âge d’or. Mais il ne faut pas bloquer la pensée dans les aléas historiques. J’espère que les blogueurs auront une autre lecture que la vôtre, sinon il ne reste plus qu’à se jeter des invectives.
    Stériles, comme d’habitude. Ce que réussissent trop bien nos politiciens dans cette campagne 2012 sans aucun intérêt.

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  9. ‘ ‘François Huguenin a étudié avec minutie l’embrouillamini de personnalités, de courants, d’idées, réunis autour de la figure emblématique de Charles Maurras. Il évacue avec discernement le double problème de l’antisémitisme et du maréchalisme, qui sont dérives personnelles dues à la peur de la division et de la guerre civile franco-française, doublées d’une personnalité maurassienne physiquement sourde et intellectuellement persuadée d’avoir raison.

    L’Action française n’était pas en soi raciste, ni en faveur d’un pouvoir militaire. Elle voulait la monarchie comme type idéal de société « organique » tirée de « la nature », où règne l’ordre hiérarchique et les communautés d’appartenance.’ ‘

    Cette « évacuation avec discernement » permet d’évacuer… l’essentiel. Parce qu’appeler à envoyer des dizaines de milliers de Juifs, y compris des femmes et des enfants, y compris des Français depuis des générations, y compris des héros de guerre dans des camps dont on a prétendu piteusement après guerre qu’on ‘ne savait pas qu’ils étaient de mort’ comme si les conditions faites aux déportés sur le sol même de la France, au Vel d’hiv, à Drancy, pouvaient laisser supposer qu’ils partaient pour ailleurs (pourquoi pas une villégiature?)et cela « par peur de la division » et de la guerre civile, c’est un peu fort.
    Bref, par haine de quelques milliers de Juifs, on poussait la France dans les bras d’un pays et d’un régime désignés auparavant comme l’ennemi naturel et on soutenait la collaboration active avec une puissance occupante qui avait une qualité pour elle: la franchise. En effet Hitler a toujours annoncé qu’il n’envisageait pour la France qu’un destin de pays vassal privé de toute autonomie.

    Que ce soit par patriotisme qu’on ait contribué à jeter la France dans les pattes du régime le plus barbare qui soit et qui en outre était la négation même des principes de l’Action Française (primauté de l’Etat totalitaire et de son Führer sur l’individu mais encore plus sur les familles) en dit long sur les contorsions intellectuelle d’un Maurras qui fut une des pires ordures du XXe siècle, dont les crimes furent infiniment plus grands que ceux du jeune con de Milicien à petite cervelle qui n’avait eu que le tort de lui faire confiance et qui n’eut pas droit à un beau procès en cours d’Assises, lui, avec des ténors du barreau pour le défendre: juste une cour martiale de quelques minutes et douze balles contre un mur dans les heures qui suivaient

    Voilà un parti qui se voulait monarchique… et qui était désavoué par l’Héritier du royaume. Qui affirmait la primauté de l’Eglise catholique quand celle-ci, à un moment, a menacé d’excommunication ceux qui lisaient son journal. Etonnant paradoxe surtout pour qui porte au chef naturel un culte illimité!

    On ne jettera pas toutefois la pierre aux militants d’AF. Parce qu’ils ont été trompés par des salauds lumineux et que c’est arrivé à bien d’autres, qui prétendaient tous agir pour le bien général et je pense aux dérives staliniennes, en particulier. Surtout qu’on n’oubliera pas que malgré ce conditionnement (souvent familial) bien des hommes ont su quand il le fallait trouver instinctivement le chemin de l’honneur et du devoir, devant pour cela couper tous les ponts avec leurs racines. Daniel Cordier est l’un d’entre eux, emblématique (je recommande « Caracalla » pour comprendre ce cheminement)

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