C’est la saison des mape. L’Inocarpus fagifer, ou châtaignier polynésien (ou mape, ou i’i, ou ihi), pousse aux bords des rivières. Il peut atteindre la hauteur de 30 m. Il adore les fonds de vallées des îles hautes. Reconnaissable à ses racines proéminentes, dentelées et tortueuses qui émergent du sol sur plusieurs mètres. Après sa floraison, le mape donne un fruit (drupe) qui prend des couleurs au stade de maturité : du vert au jaune, via l’orange, le mape contient une amande comestible. La récolte s’étend de mars à mai. Les femmes récoltent ces fruits qui doivent être lourds sinon c’est pourri et plein de bébêtes. Il faut casser le mape avec un couteau en plusieurs endroits pour recueillir l’amande. Il faut compter environ 5 à 6 coups de couteau pour extraire le fruit. Il faut être vigilant pour ne pas se blesser car le fruit est de petite taille. Les mape sont enduits d’une pellicule fibreuse. On les met à tremper dans l’eau durant 3 jours afin qu’ils ramollissent. Ensuite ils seront cuits plus de deux heures dans une eau sucrée/salée. Prêts, ils seront vendus par 5 pour 100 XPF. Les Polynésiens en raffolent, chauds, moi pas du tout ! Le mape entre également dans la composition de certains remèdes. Le suc des fruits verts permet de guérir des piqûres de poisson-pierre. Les feuilles sont utilisées contre la dysenterie. La sève de l’écorce et des jeunes pousses permet d’obtenir des teintures noir, bleu, vert violet ou rouge.
Aux Tubuai (Australes), encore trois cas de ciguatera dont un sérieux pour ceux et celles qui avaient mangé du poisson pêché à la ligne dans le port de Mataura. Il est de notoriété publique que cet endroit est connu pour ces poissons impropres à la consommation… mais qui pourrait interdire à ces Polynésiens de ne pas consommer du Tahivahiva ? L’agent responsable de l’intoxication a été découvert en 1976 aux îles Gambier. Les poissons herbivores broutent les algues et ingèrent ainsi la micro-algue responsable de ce phénomène. Une thèse est soutenue à l’Université fin avril 2014 : « Vers une valorisation industrielle d’un remède traditionnel pour le traitement des intoxications ciguatériques ». Il s’agit de plantes appartenant à la famille des Boraginacées : l’Heliotropium foertherianum. En Polynésie il faudra d’abord faire en sorte que la tête, les viscères des poissons soient pour le compost et ne demeurent pas ce délice des palais polynésiens.
J-P Despèriers dans Saveurs de Polynésie, donne une recette de toast tahitien : « Pour 8 personnes : 8 à 10 filets de poissons fumés : thon (ou espadon, thazard, etc.), 1 avocat, 1 botte d’oignons verts, 2 citrons, 150 g de beurre, 1 pain complet tranché, poivre, aneth. Laver les oignons verts et les tailler très finement. Mélanger le beurre avec les oignons ciselés, le jus d’un citron et le poivre. Éplucher l’avocat, le couper en deux, retirer le noyau et détailler la chair en fines lamelles, puis citronner chacune d’elles. Tartiner le pain légèrement toasté avec le beurre. Disposer sur chaque canapé une couche d’avocat et de poisson fumé. Enlever les bordures et tailler chaque tranche de pain en deux. Décorer d’un brin d’aneth et servir frais. »
Nana, mea ma ! (Au revoir à vous tous)
Hiata de Tahiti
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