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Des pissenlits par la racine de Georges Lautner

La musique cuivrée de Georges Delerue et les dialogues tamponnés de Michel Audiard servent la brochette de grands acteurs français des années soixante pour cette adaptation enlevée du polar de Clarence Weff, Y’avait un macchabée, parue en Série noire. Mais la mise en scène de Georges Lautner, par ses effets de noir et blanc et ses angles de caméra, accentuent le comique. Durant une heure trente je pouffe, je ris, je m’esclaffe. Les années sont passées mais le rire demeure.

Dans un café de Paris relouqué formica, juke box et flipper en hommage à la puissance ricaine qui colonise toujours les esprits malgré de Gaulle, deux comédiens de théâtre et deux truands s’entretiennent séparément. Jérôme le contrebassiste de la pièce (Michel Serrault) et Jo tout juste sorti de prison (Maurice Biraud) jouent chacun un ticket de tiercé ; c’est son copain Pomme-chips (Gianni Musy) qui va jouer pour Jo et il met le ticket dans la poche de sa veste écossaise qui a rougi framboise, ringarde à souhait. Puis chacun va à ses affaires. Sauf que les duos sont liés : Jacques (Louis de Funès) est le cousin de Jérôme, gnome à casquette pied de poule ; il a piqué la môme à Pomme-chips, le copain de Jo durant son séjour en prison car, cinq ans, c’est long pour Rockie la belle blonde aux seins pommés qui aime baiser et est nommée la Braise (Mireille Darc éblouissante).

Pomme-chips, baptisé ainsi pour son amour de la patate croustillante trop grasse et trop salée à la moderne, veut se faire Jacques au couteau sinon à la bite. Celui-ci ne peut retourner chez Rockie et il suit au théâtre Jérôme et son compère acteur Pierre (Venantino Venantini), où le truand qui est sans un ne pourra pas entrer. Mais c’est compter sans la ruse de ce repris de justice qui se faufile dans les décors et traque le pauvre Jacques dans les coulisses.

La pièce se déroule comme si de rien n’était, encore que le machiniste soit surpris par les déclenchements d’orage et de neige à contretemps, dus aux ébats mortels des deux rivaux derrière le rideau. C’est la Dernière de La lune dans la bière, après cinq ans de représentations. La pièce se passe à Moscou au temps de la Grande armée et l’officier du tsar (Jérôme) jure un amour éternel à sa partenaire malgré les temps troublés.

En arrière-plan, le couteau que tend Pomme-chips sur le ventre de Jacques est détourné par celui-ci et, dans une partie de bras de fer, retourné contre lui. Il se retrouve planté dans son dos et c’est bien fait pour sa pomme. Jo lui avait en effet dit et répété « mollo » ! Mais si la chips trop raide est grillée, que faire du cadavre ? Jacques avise l’étui de contrebasse dont joue Jérôme l’officier à sa belle russe et y boucle le truand. Les manœuvres d’après scène emmèneront l’accessoire chez Jérôme, musicien avant d’être comédien. Puisqu’ils arrivent, Jacques se planque dans un coffre en osier – qui est emmené aussi.

Pierre convie les acteurs à fêter la finale dans son appartement au septième étage (avec ascenseur) de son immeuble. Ce lieu clos est objet de quiproquos et de comiques de répétition où les seins de la Braise et Dieu lui-même sont mis à contribution. Tous se retrouvent avec coffre et étui à contrebasse dans le salon où un général (Hubert Deschamps) montre des diapositives de ses vacances, des AMX 13 tout récents évoluant sur les Champs. L’arrivée de la môme seins au balcon et boa de fourrure au col fait sensation chez les vieilles bourgeoises ridées confites en convenances. Mais ils se sont trompés d’appartement : Pierre est en face. Le contraste est saisissant entre le classique ringard de la soirée générale et le jazz déhanché et criard de la soirée dernière. Jo, qui avait accompagné Rockie au théâtre avec les billets donnés par Jérôme à Jacques, a suivi mais ce barouf nouveau pour lui, exilé cinq ans à l’ombre dans ce début des années soixante qui change très vite, s’isole dans une chambre pour se faire la Braise qui ne demande que ça.

Ils se retrouvent face au coffre et à l’étui. Les ébats des deux mettent Jacques prisonnier en rage et il secoue le coffre, ce qui fait trembler l’étui (belle métaphore sexuelle subliminale), ce qui pousse la Braise à s’évanouir et le Jo à se déprendre. Il va voir, ouvre l’étui et trouve le cadavre, une Pomme-chips ratatinée dans sa veste à chier, son couteau dans le dos. Gasp ! Lui qui est en conditionnelle ne peut se faire serrer par les cognes sans en reprendre pour des années ! Il veut fuir mais à ce moment entrent d’abord le milliardaire au gros carnet de chèques (Darry Cowl) dont il se sert pour éventer la fille (le parfum du fric, même en carnet, fonctionne toujours avec les putes), puis Jérôme qui veut récupérer sa contrebasse, suivi de Pierre qui vient aux nouvelles. Le coffre bouge encore et Pierre le déverrouille, faisant surgir Jacques, ce qui assomme Pierre et fait s’éteindre une nouvelle fois la Braise… tandis qu’une vieille folle en fichu (Raymone) passe devant eux, ouvre l’étui et repart en chantant « y’a un cadavre dans la contrebasse » !

Il faut se débarrasser dudit cadavre avant que ça fasse vilain, pas de ça chez moi, dit Pierre. Jérôme, Jacques et la Douane (Raymond Meunier) un copain de Jo, se saisissent de l’étui de contrebasse pour le descendre de l’appartement. C’est alors que la police arrive et les truands sont bien marris ainsi que les comédiens. Mais les flics ne viennent pas pour eux ; quand la folle rechante sa ritournelle sur le cadavre dans la contrebasse, le flic ne percute pas, il est venu pour la remettre à l’asile, pas pour la croire.

L’étui se retrouve dans la 2CV de Jérôme, bien pratique avec son toit de toile ouvrant pour transporter de longs bagages, et Jacques à ses côtés. Direction chez la tante Olphie en banlieue ; elle va être conviée à héberger Jacques le temps de trouver une alternative à Rockie chez qui il ne peut plus loger parce que Jo a pris la place. C’est juré, le cadavre sera enterré demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, dans le jardin. Mais Jacques, qui n’arrive pas à dormir et énerve Jérôme dans un autre comique de répétition, pousse ce dernier à lui coller un somnifère, ce qui fait qu’ils se réveillent tous deux plus tard que prévu et… découvrent que la veste de Pomme-chips est sur le dos de la chaise et que le cadavre n’est plus dans la contrebasse ! En revanche, un autre étui est à côté dans lequel se trouve un squelette bien blanchi. L’oncle Absalon (Francis Blanche) est rentré, il travaille au Museum d’Histoire naturelle et travaille dans son atelier. Pour arrondir ses fins de mois, il traite souvent des cadavres envoyés par la Faculté de médecine afin d’en faire de beaux squelettes de démonstration. Ainsi a-t-il « fini » tout naturellement Pomme-chips, et sa femme a réparé le trou dans le dos de la veste qui peut encore servir et qu’il va désormais porter.

Tout finirait bien si Jo ne découvrait qu’il avait gagné plus d’une brique avec le tiercé dans l’ordre annoncé à la radio : 7-9-18. C’est ce qu’il a joué, sauf que le ticket est toujours dans la poche de Pomme-chips qui a disparu. Il faut donc retrouver le Jacques et lui faire dire où se trouve la veste dans la poche de laquelle est le ticket gagnant. Jo commande donc à la môme de se prostituer pour lui afin de regagner le magot. Ce qu’elle fait bien volontiers, trouvant Jérôme séduisant, qui va le conduire à Jacques, puis aux restes de Pomme-chips. Elle se fait donner des « cours de contrebasse » en soirée tardive, chez elle, dans sa chambre aux lumières tamisées, la jupe fendue jusqu’aux hanches. L’archet est la métaphore virile tandis que la contrebasse avec sa taille et sa forme est la métaphore féminine, du moins c’est ce que tente de réciter Jérôme dans sa leçon tandis que la Braise boude la théorie pour passer directement aux travaux pratiques.

Jacques est retrouvé, mais à l’hôpital où il a fait une commotion cérébrale puis une jaunisse (comique d’excès) lorsqu’il a su pour le cadavre. Il bredouille, susurre, s’agite, du vrai de Funès en folie, et la Douane comme la Braise venus à son chevet finissent par comprendre que le ticket est dans la veste et que la veste est désormais sur le dos d’Absalon. Il faut alors circonvenir le vieux savant amateur de dolichocéphales (des affiches à la gloire de Pétain ornent la chambre d’amis). Pour cela visiter le Museum, puis profiter de la fermeture lorsqu’il se change pour extirper délicatement le ticket tout en le flattant d’autre part.

Sauf que le ticket n’est pas le bon ! C’est celui qu’a joué Jérôme au même moment. Il s’est retrouvé dans la veste parce que Pomme-chips a doublé la queue au comptoir pour jouer les chiffres de son patron et que le serveur lui a donné le ticket que venait de lui tendre Jérôme. Tel est pris qui croyait prendre ! Jo, en rage d’être floué d’une brique et un peu plus, crée un faux ticket comme cinq ans auparavant, ce qui lui vaut d’être remis en tôle pour récidive. Et Jérôme s’envole depuis les Champs en Facel Véga avec le pactole et la Braise pour la côte d’Azur ; tous deux rigolent à n’en plus finir.

Le film est enlevé, le tempo des blagues asséné à répétition, nul ne peut s’ennuyer. Bien sûr, cela paraît un peu désuet aujourd’hui, mais servi avec tant de brio par la brochette d’acteurs au mieux de leur forme que ce serait dommage de bouder le noir et blanc pour se priver d’un bon divertissement à l’ironie bien française. Pouffez, riez, esclaffez-vous !

DVD Des pissenlits par la racine, Georges Lautner, 1964, avec Louis de Funès, Mireille Darc, Michel Serrault, Maurice Biraud, Francis Blanche, TF1 Vidéo, 1h36, €12.90 blu-ray €32.00

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MASH de Robert Altman

MASH est l’abréviation de Mobile Army Surgical Hospital, hôpital militaire mobile de chirurgie, rien à voir avec la « purée » (mash en anglais). Encore que… la guerre de Corée (1950-1953) a inspiré en 1968 à l’ancien chirurgien militaire Richard Hornberger un roman satirique sous le pseudo de Richard Hooker, Mash : A Novel About Three Army Doctors. Faire une satire de l’armée en pleine guerre du Vietnam en prenant prétexte de la Corée est une façon de dénoncer la guerre.

Le film se passe en 1951 au moment où deux « capitaines » chirurgiens débarquent dans l’unité de campagne du 4077e M.A.S.H., « Hawkeye » (Œil-de-faucon) Pierce (Donald Sutherland) et « Duke » Forrest (Tom Skerritt). Le grade de capitaine est donné automatiquement aux médecins dans l’armée, afin qu’ils aient le pouvoir hiérarchique nécessaire à l’exercice de leur métier qui exige souvent des ordres dans l’urgence.

Mais ces deux-là agissent comme des étudiants en corps de garde : ils défient les règles, parlent en même temps, draguent à tout va, picolent comme pas deux. C’est que « la guerre » est devenue ridicule après l’affrontement mondial des deux blocs entre 1939 et 1945 et que la Corée ne justifie pas les vies américaines. Dès lors prier Dieu la Bible à la main tous les soirs, respecter à la lettre les règles bureaucratiques imbéciles et faire révérence aux hiérarchies troufion n’est pas le principal. Mieux vaut bien faire son métier médical sur le terrain, opérer des blessés dans l’urgence et la fatigue lors des arrivages massifs après les combats. Les opérations à ventre ouvert, les mains baignant dans le sang, ponctuent tout le film. Or, pour faire bien son métier, il faut savoir se détendre.

Jeu de poker, martinis composés par le boy coréen à qui l’on apprend son métier d’homme (17 ans), flirt poussé avec les infirmières et gradées du camp, passage au lit pour une bonne baise, blagues en tout genre – voilà ce qu’il faut. Les gags sont convenus et ne font plus autant rire qu’à l’époque coincée où le film est sorti, mais certains marchent toujours.

Les deux compères commencent par « emprunter » une Jeep que le colonel Henry Blake (Roger Bowen) commandant leur unité ne rend pas, ordonnant seulement d’en changer les plaques. Ils se frittent presque aussitôt avec leur compagnon de tente, le major Frank Burns (Robert Duvall) – burns signifie brûlures – d’autant plus cul bénit qu’il se révèle mauvais chirurgien, préférant voir « la volonté de Dieu » ou la faute d’un sous-fifre – et jamais la sienne – lorsque l’un de ses patients meurt. Œil-de-faucon et Duke exigent du colonel qu’il fasse dégager Burns de leur tente et qu’il demande un chirurgien thoracique. Et c’est « Trapper John » (Elliott Gould) qui débarque, réservé et mystérieux, pas très heureux d’être mobilisé loin du pays. Mais Hawkeye l’a déjà rencontré et finit par reconnaître en lui le héros d’un match de football (américain) universitaire et il est intégré au duo.

Arrive en même temps que lui une infirmière major, Margaret Houlihan (Sally Kellerman), qui va chapeauter toutes les infirmières. Elle aussi est règlement-règlement et les chirurgiens ne tardent pas à la chambrer. Comme elle s’entend avec Burns (qui se ressemble s’assemble) pour dénoncer dans une lettre conjointe au général l’anarchie et le joyeux bordel que font régner les docteurs, ces derniers ne manquent pas d’aller tirer un micro sous la tente où elle baise avec Burns à grands cris, soupirs et aveux tels que « oui ! oui ! » ou « j’ai les lèvres en feu ». Elle en tirera son surnom car ses ébats sont diffusés en direct sur les haut-parleurs du camp et tout le monde sait qu’elle baise chaude comme l’enfer et trompe sans vergogne maris, femmes et fiancés. Sous la douche, elle voit brusquement la toile se lever alors qu’elle est à poil et l’assemblée alignée comme au théâtre (même le chien est assis comme les autres) pour se repaître du spectacle et vérifier si elle est une fausse blonde. Seul le boy est éloigné par une « bonne âme », probablement cul bénite, en arrière-plan (scène réjouissante) alors que le capitaine Œil-de-faucon lui avait donné le premier jour une revue porno pour parfaire son apprentissage de la lecture et son bon usage de « la langue ».

Lorsque le dentiste du camp Waldowski (John Schuck) reste impuissant avec une infirmière, il se croit devenir pédé et veut se suicider « puisqu’il ne peut plus être un homme ». Les trois docteurs lui demandent comment il voudrait procéder. La balle dans la tête ne le tente pas, « trop sale », et il demande plutôt « une pilule comme Hitler ». L’homosexualité assimilée au nazisme était d’époque, tout cela était « le Mal ». Mais les docteurs ne sont pas des meurtriers, plutôt des mystificateurs. Cérémonie est faite pour la mort annoncée en une Cène reconstituée où le dentiste tient le rôle de Jésus entouré de ses douze apôtres. Le traître Judas lui remet sa pilule et, après avoir rompu le pain et bu le vin, il se couche dans son cercueil sur la musique « Painless Suicide, Funeral and Resurrection » de Johnny Mandel. D’où il ressuscite à la troisième heure ragaillardi, Œil-de-faucon ayant soudoyé une caporale infirmière pour coucher avec le gisant soigneusement réparé par une bonne nuit de sommeil avec la pilule de somnifère. La fille est convaincue lorsqu’elle soulève le drap qui recouvre le gisant, le sommeil le fait bander raide.

Un lieutenant arrive en hélicoptère bulle destiné aux blessés (un sur une planche posée sur chaque patin). Il est porteur d’un ordre de mission pour Duke qui doit en urgence aller au Japon opérer le fils d’un député gravement blessé, sur demande de Washington. Duke emmène son compère Œil-de-faucon et leurs clubs de golf. Une fois encore, le colonel commandant l’hôpital américain au Japon veut la jouer règlement mais les chirurgiens ont noté une erreur de diagnostic qui aurait pu être fatale, l’éclat blessant n’ayant pas fait un caillot dans la veine mais dans l’artère allant au cœur, et leur compétence leur vaut d’échapper aux arrêts. Ils soignent de même un bébé américano-nippon du bordel associé à l’hôpital, ce qui est théoriquement interdit par le règlement. Mais un bébé est un bébé et une vie vaut autant qu’une autre.

La lettre de dénonciation étant parvenue au général, celui-ci débarque au 4077e M.A.S.H. et, en attendant le colonel, lie connaissance avec le trio de chirurgiens de retour au camp en train de déguster un martini préparé par le boy. Il les trouve sympathiques et, dans la conversation, propose un match de football américain entre unités avec pari en prime, 5000 $ au pot, la sienne étant bien préparée. Il n’existe aucune équipe au 4077e mais Œil-de-faucon décide de faire demander par le colonel un neurochirurgien. Ce sera Oliver Harmon « Spearchucker » (Fer de lance, traduit par « Bazooka » dans la VF) Jones (Fred Williamson), un ancien joueur de football professionnel… noir. Les Noirs comme les homos sont mal vus dans les années cinquante aux Etats-Unis mais seul le talent compte et, comme dit le colonel, « sur un terrain de foot, on est tous égaux ». Le match se déroule de façon burlesque, le « plan » étant de jouer la première mi-temps en amateur de façon à faire monter les paris, et d’introduire le professionnel Bazooka en seconde mi-temps pour rafler la mise. Ce qui est réussi de justesse, non sans ruse burlesque comme ce joueur qui dissimule le ballon ovale sous son maillot et profite que les autres se foutent sur la gueule pour courir tranquillement le porter au but.

Puis les chirurgiens sont démobilisés, ils ont fait leur temps de spécialiste. Ils repartent dans la Jeep « empruntée » qu’ils rendent ainsi à son unité. Ils ont œuvré en professionnels, ils se sont bien amusés, ils ont montré l’absurdité des guerres offensives qui écharpent les humains pour l’orgueil des politiciens et l’honneur du pays. Mais, un demi-siècle plus tard, les Yankees ne l’ont toujours pas compris. Nous-mêmes, que faisons-nous encore au Mali ?

Palme d’or du Festival de Cannes 1970. Une série TV est tirée du film au vu de son succès.

DVD MASH, Robert Altman, 1970, avec Donald Sutherland, Elliott Gould, Tom Skerritt, Sally Kellerman, Rene Auberjonois, Robert Duvall, Twentieth Century Fox 2003, 1h56, standard €7.64 blu-ray €8.46

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