Articles tagués : garage

Histoires de bêtes à Tahiti

Je tire mes rideaux, appelle Grisette, qui répond d’ordinaire avec un miaou charmeur, ou impératif, mais ce matin je l’entends miauler plaintivement d’une voix rauque. Que se passe-t-il ? Un visiteur inopportun ? Un coq affamé ? J’ouvre la porte, personne ! Bizarre ! J’appelle encore, toujours ce miaulement inhabituel. Cela vient du garage. Je m’y précipite, ouvre la porte mais Grisette n’en sort pas ! Je l’appelle… toujours ces miaulements et toujours pas de Grisette, pourtant les sons viennent du garage. Il est 5 h 30, il fait encore nuit noire, je pars chercher mon mori pata (lampe de poche). Où est cachée Grisette et pourquoi ne sort elle point ? Soudain, en balayant le garage avec mon mori pata je la découvre perchée tout en haut du rideau métallique de la porte voiture ! Mais que fais-tu là, chatte, perchée dans une situation aussi inconfortable ? Elle est juchée, cramponnée au rideau métallique, collée contre ce qui reste de mur. Vite, un escabeau. V. se perche sur l’escabeau, puis dans le bac de la Land-Rover et tend les bras pour se saisir de sa chatte qui heureusement a rétracté ses griffes quand elle s’est sentie en sécurité. Quel début de journée !

08/14 GRISETTE PERCHEE DANS GARAGE

On n’a pas d’eau à Papeari MAIS on a deux tortues, originaires des Galápagos, don de M. Nordhoff quand il quitta Tahiti. Souvenez-vous, en 2009, elles (un mâle et une femelle âgées d’environ 200 ans) avaient été attaquées par des chiens dans l’enceinte du Jardin botanique de Papeari. Elles ont été soignées à titre bénévole par un vétérinaire de la place mais l’une d’elles présente encore des séquelles de l’attaque. Elle avait été mordue jusqu’à l’os des pattes et reçu des soins à la carapace avec de la résine, l’autre est quasiment guérie. C’est la Direction de l’environnement qui « reprend les tortues en main ». Elles pèsent environ 200 kg, mesurent 1,5 m. Il serait question de lancer une campagne de collecte de médicaments, aussi de fruits, de légumes pour varier leur alimentation. A votre bon cœur.

08/14 SAUVETAGE DE GRISETTE

Le cochon a grillé, enfin pas vraiment, ce sont les locaux de la Charcuterie du Pacifique qui ont été victimes d’un incendie spectaculaire à Mahina. Il a détruit le stock des produits secs. 100 millions de cochonnerie partis en fumée. La production pourrait redémarrer dans un mois, les travaux de réhabilitation ont démarré hier sans conséquence sur l’emploi.

Il fend le crâne de son fils de 11 ans avec un outil à décortiquer le coco. Un père et son fils abusaient de deux fillettes en détresse ; ces deux fillettes étaient placées dans cette « famille d’accueil ». On aurait pu juger cette affaire en cours d’assises, non ?

gamin torse nu et cuisine

Une bagarre éclate, il le mord et lui arrache la lèvre. Heureusement la police a retrouvé le bout de viande et l’affaire se passait en face de l’hôpital du Taaone, les chirurgiens ont fait une couture. Le recousu réclame 500 000 XPF. Les juges ne l’entendent pas ainsi, c’est le mordu qui écope de 4 mois de prison ferme, c’est lui qui avait commencé la provocation et la bagarre le premier.

C’étaient les nouvelles d’une expatriée, portez-vous bien. Ia Orana

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Moskenes et musée du télégraphe de Sørvågan

Je pousse jusqu’à Moskenes à pied, distant de 3 km, endroit où nous prendrons le ferry de retour. Il n’y a rien à voir que quelques maisons, une petite église entourée d’une pelouse sur laquelle s’élève une stèle de granit aux morts de 1939-45, et une maison des Témoins de Jéhovah.

moskenes eglise Lofoten

Le bar près du quai d’embarquement des ferries permet de boire un pot avant de partir. Une famille de tout blond est installée et le petit garçon me regarde avec l’insistance de la curiosité. Je suis trop bronzé pour son habitude.

moskenes port de ferry Lofoten

Pas grand monde aujourd’hui, autour de 1130 habitants, mais constamment du monde dans l’histoire : des traces d’habitats de l’âge du fer, datant de 5500 ans sont déjà présentes sur ces îles. Surtout à l’est, où les conditions portuaires sont plus favorables.

moskenes Lofoten

Dans la rade, un vélo est curieusement accroché à un poteau. Il ne doit être accessible à pied que lors des grandes marées. Dans un virage, un mur de mouettes offre son abri du vent et sa chaleur à toute une colonie. Elles ne piaillent pas à gorge ouverte, comme souvent mais se dorent au soleil, savourant la chaleur.

velo sur l eau moskenes Lofoten

Sur la route qui serpente en S, suivant les sinuosités de la côte, des fleurs, des maisons en bois, des boites aux lettres.

villa ete Sørvågan Lofoten

Devant une grande maison flanquée d’un garage, un gamin en short lave au jet une voiture au soleil. Un copain habitant en face, chaussé et vêtu d’un tee-shirt bleu, l’aura rejoint à mon retour. Nous voyons très peu de gosses dans ces villages dispersés.

gamin laveur Sørvågan Lofoten

Je visite le petit musée du télégraphe qui n’ouvre que de 11 à 17 h. Pour 40 NOK (5€), le fils du dernier directeur régional du télégraphe fait visiter sa maison vouée aux souvenirs. Un siècle et demi de techniques de la communication sont recueillis ici. On se demande pourquoi le premier télégraphe a été installé en 1861 sur cette côte la plus sauvage d’Europe. Qu’à cela ne tienne, c’était pour rendre la pêche à la morue plus rentable, de 25% selon le rapport 1859 de l’inspecteur des pêcheries Motzfeldt. Appelé Lofotlinja (ligne Lofoten), long alors de 170 km reliant 9 villages dont Svolvaer, il a été remplacé dès 1906 par le télégraphe sans fil à code Morse de technologie Telefunken, le premier du nord de l’Europe. En 1908 a eu lieu le premier contact norvégien avec un bateau en mer depuis Sørvågen. En 1919 est inauguré le radiotéléphone « Cod and com », morse et morue. En 1941, durant la guerre entre Allemands et Alliés, le mât radio de Søvågan a été détruit. Mais les Allemands ont développé durant la guerre la radio à large bande pour des transmissions plus sûres. L’Autorité norvégienne des télécoms a mis la main après guerre sur des équipements Telefunken dans la bande décimétrique et a pu établir, dès 1946, le premier fil radio civil. Le musée présente une impressionnante collection de téléphones, depuis ceux à manivelle et lampe jusqu’aux derniers mobiles roses chinois à bas prix. Le fils, qui a mon âge, montre des photos de son père en exercice et de lui enfant.

musee telegraphe Sørvågan Lofoten

Du ponton du rorbu où je lis, j’observe deux ados arriver en canots à moteur, un chacun, annoncés de loin par le ronron rendu aigu par la vitesse. Ils font s’envoler en criaillant les bancs de mouettes, posées sur l’eau pour se chauffer au soleil. Ils les visent exprès, ces oiseaux leur déplaisent par leurs cris discordants et incessants. L’expression « vos gueules, les mouettes ! » n’a pas été rendue célèbre pour rien. Les ados ont peut-être 14 et 12 ans, un brun et un blond, l’aîné enveloppant et protégeant le cadet par ses virevoltes en canot. La même frime qu’en scooter dans nos rues. On dit qu’ils draguent les filles de la même façon. Habituellement en tee-shirt car c’est l’été, ils ont enfilé veste et combinaison flottante pour aller sur la mer. Élémentaire prudence de fils de marins.

Sørvågan Lofoten

Le groupe de trentenaires qui nous a rejoint dans le rorbu d’à côté, a eu aujourd’hui une rando folle qui a duré dix heures vers le plus haut sommet des Lofoten le Hermanndalstinden, 1029 m. Nous leur donnerons du poisson, un lieu chacun, qu’ils feront griller au retour vers 22 h, très fatigués. Leur randonnée alpine a dominé la baie avec passages à vide et, peut-être, la vue des aigles pêcheurs qui nichent en altitude. Partis trop tard, ils se sont étirés, le sommet étant toujours plus loin. Trois ont abandonné après le pique-nique (encore six heures de marche, dont trois pour monter après manger), deux autres 200 m – donc deux heures – avant la fin ; seuls quatre plus le guide ont continué, le couple de chasseurs alpins de 30 ans et les deux cousins. Ils ne sont pas venus pour jouir du paysage mais pour en chier; pas pour la culture mais pour la nature. Des bêtes.

Catégories : Norvège, Voyages | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,