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Ferry retour pour Bødø

Nous sortons aujourd’hui tout ce qui reste de nourriture, il faut tout finir. Petit-déjeuner et pique-nique pour le midi sur le ferry, chacun se prépare ses sandwiches. Nettoyage du rorbu, balais, aspirateur, serpillère. Plusieurs poubelles à monter dans les bennes. Nous allons faire un tour au supermarché Matkroten où je termine mes couronnes norvégiennes sur un paquet de cookies aux airelles. Une fille rapporte de la soupe de Bergen en sachet (pomme de terre, épices, crème, 6.5% de morue séchée) pour 23 NOK (3€). Les sachets de stockfish sont à plus de 50 NOK (presque 7€).

moskenes ferry Lofoten

Le bus taxi vient nous prendre à 11h30 pour le ferry qui part à midi, à Moskenes. En attendant Bødø, nous pique-niquons à l’intérieur, lisons nos livres. Certains dorment : dont les grandes gueules qui, pour une fois, font silence. Un couple norvégien d’âge mûr se fait servir une platée locale : de gros morceaux de jambon entourés de pommes de terre et d’une purée de navets. Nous n’avons pas goûté ce plat.

moskenes ferry gueule ouverte Lofoten

A Bødo, petite ville où n’y a rien à faire bien que nous arrivions vers 16h, la visite est vite effectuée. Ses 45 000 habitants sont principalement militaires et étudiants, les trois églises sont fermées, la principale « pour travaux » comme il est écrit en anglais sur la porte.

Bødø port

Le seul endroit animé, hors du port, est la galerie marchande unique qui contient café, boutiques, fast-food et même un cinoche.

Bødø ville moderne

Les teens y traînent volontiers leur ennui collectif, hésitant à se faire tatouer ou piercer, attractions qui semblent bien marcher vu le nombre de boutiques qui y sont consacrées. Il fait 15° mais ils restent en tee-shirt, parfois sans manche, parfois col en V, comme ce 12 ans en short et tongs. C’est l’été !

Bødø jeunes

Reste à déguster des gaufres dans le salon de l’hôtel qui permet de les cuire gratuitement. Le rendez-vous pour dîner a été fixé à 20 h par les filles avides de courses. Elles se croyaient dans une grande ville du sud, mais les commerces ferment ici à 18h. Je reste à regarder des livres de photos dans le salon cosy fait pour les longs mois d’hiver.

Bødø statues nues

Nous avons quitté Bødø à 15°, la température d’Oslo est de 18°, il fait 26° à Paris en arrivant.

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Moskenes et musée du télégraphe de Sørvågan

Je pousse jusqu’à Moskenes à pied, distant de 3 km, endroit où nous prendrons le ferry de retour. Il n’y a rien à voir que quelques maisons, une petite église entourée d’une pelouse sur laquelle s’élève une stèle de granit aux morts de 1939-45, et une maison des Témoins de Jéhovah.

moskenes eglise Lofoten

Le bar près du quai d’embarquement des ferries permet de boire un pot avant de partir. Une famille de tout blond est installée et le petit garçon me regarde avec l’insistance de la curiosité. Je suis trop bronzé pour son habitude.

moskenes port de ferry Lofoten

Pas grand monde aujourd’hui, autour de 1130 habitants, mais constamment du monde dans l’histoire : des traces d’habitats de l’âge du fer, datant de 5500 ans sont déjà présentes sur ces îles. Surtout à l’est, où les conditions portuaires sont plus favorables.

moskenes Lofoten

Dans la rade, un vélo est curieusement accroché à un poteau. Il ne doit être accessible à pied que lors des grandes marées. Dans un virage, un mur de mouettes offre son abri du vent et sa chaleur à toute une colonie. Elles ne piaillent pas à gorge ouverte, comme souvent mais se dorent au soleil, savourant la chaleur.

velo sur l eau moskenes Lofoten

Sur la route qui serpente en S, suivant les sinuosités de la côte, des fleurs, des maisons en bois, des boites aux lettres.

villa ete Sørvågan Lofoten

Devant une grande maison flanquée d’un garage, un gamin en short lave au jet une voiture au soleil. Un copain habitant en face, chaussé et vêtu d’un tee-shirt bleu, l’aura rejoint à mon retour. Nous voyons très peu de gosses dans ces villages dispersés.

gamin laveur Sørvågan Lofoten

Je visite le petit musée du télégraphe qui n’ouvre que de 11 à 17 h. Pour 40 NOK (5€), le fils du dernier directeur régional du télégraphe fait visiter sa maison vouée aux souvenirs. Un siècle et demi de techniques de la communication sont recueillis ici. On se demande pourquoi le premier télégraphe a été installé en 1861 sur cette côte la plus sauvage d’Europe. Qu’à cela ne tienne, c’était pour rendre la pêche à la morue plus rentable, de 25% selon le rapport 1859 de l’inspecteur des pêcheries Motzfeldt. Appelé Lofotlinja (ligne Lofoten), long alors de 170 km reliant 9 villages dont Svolvaer, il a été remplacé dès 1906 par le télégraphe sans fil à code Morse de technologie Telefunken, le premier du nord de l’Europe. En 1908 a eu lieu le premier contact norvégien avec un bateau en mer depuis Sørvågen. En 1919 est inauguré le radiotéléphone « Cod and com », morse et morue. En 1941, durant la guerre entre Allemands et Alliés, le mât radio de Søvågan a été détruit. Mais les Allemands ont développé durant la guerre la radio à large bande pour des transmissions plus sûres. L’Autorité norvégienne des télécoms a mis la main après guerre sur des équipements Telefunken dans la bande décimétrique et a pu établir, dès 1946, le premier fil radio civil. Le musée présente une impressionnante collection de téléphones, depuis ceux à manivelle et lampe jusqu’aux derniers mobiles roses chinois à bas prix. Le fils, qui a mon âge, montre des photos de son père en exercice et de lui enfant.

musee telegraphe Sørvågan Lofoten

Du ponton du rorbu où je lis, j’observe deux ados arriver en canots à moteur, un chacun, annoncés de loin par le ronron rendu aigu par la vitesse. Ils font s’envoler en criaillant les bancs de mouettes, posées sur l’eau pour se chauffer au soleil. Ils les visent exprès, ces oiseaux leur déplaisent par leurs cris discordants et incessants. L’expression « vos gueules, les mouettes ! » n’a pas été rendue célèbre pour rien. Les ados ont peut-être 14 et 12 ans, un brun et un blond, l’aîné enveloppant et protégeant le cadet par ses virevoltes en canot. La même frime qu’en scooter dans nos rues. On dit qu’ils draguent les filles de la même façon. Habituellement en tee-shirt car c’est l’été, ils ont enfilé veste et combinaison flottante pour aller sur la mer. Élémentaire prudence de fils de marins.

Sørvågan Lofoten

Le groupe de trentenaires qui nous a rejoint dans le rorbu d’à côté, a eu aujourd’hui une rando folle qui a duré dix heures vers le plus haut sommet des Lofoten le Hermanndalstinden, 1029 m. Nous leur donnerons du poisson, un lieu chacun, qu’ils feront griller au retour vers 22 h, très fatigués. Leur randonnée alpine a dominé la baie avec passages à vide et, peut-être, la vue des aigles pêcheurs qui nichent en altitude. Partis trop tard, ils se sont étirés, le sommet étant toujours plus loin. Trois ont abandonné après le pique-nique (encore six heures de marche, dont trois pour monter après manger), deux autres 200 m – donc deux heures – avant la fin ; seuls quatre plus le guide ont continué, le couple de chasseurs alpins de 30 ans et les deux cousins. Ils ne sont pas venus pour jouir du paysage mais pour en chier; pas pour la culture mais pour la nature. Des bêtes.

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Rorbu norvégien de Sørvågen

Le bus nous mène directement à Ramberg, en changeant d’île par un tunnel sous la mer. Nous passons de l’île de Flakstadøy à Moskenesøy. Nous faisons des courses au Bunnpris (Bonprix ?) de Ramberg, la ville principale de cette nouvelle île. La grisaille continue, le vent fait moutonner la mer et rend ses eaux grises.

lumiere Lofoten

Nous pouvons quand même apercevoir depuis le bus la plus belle plage de sable blanc des Lofoten, dans l’une des échancrures de Ramberg. La route, plus loin, est en réparation, écroulée par endroit sous les avalanches de l’hiver.

sorvagen port Lofoten

Notre rorbu est sur pilotis au-dessus des eaux du petit port mixte de pêche et de plaisance de Sørvågen (prononcez soeurvôgeunn). Il appartient à une série, tous peints couleur sang de bœuf, et possédés par un Français, fondateur de l’agence Sentiers nordiques à laquelle Terre d’aventures sous-traite le séjour. Il vient ici quatre mois l’été et repart en France au siège de Montpellier le reste du temps. Son agence pratique aussi le trek au Népal et au Tibet.

village de a Lofoten

Le vent est tombé au matin, mais le ciel reste très couvert, avec du crachin par moment. Nous faisons l’étape prévue, le tour du lac de Å i Lofoten. Le village de Å, au nom réduit à sa plus simple expression (prononcer ô), se trouve à l’extrémité sud de la route qui traverse l’archipel. Le lac est un quasi-fjord, séparé seulement de la mer par la barrière de rochers sur laquelle est construite la route, la fin de l’E10. Le sentier à plat qui fait le tour du lac est chaotique, escarpé, glissant, boueux, toutes les sources coulant vers l’eau mère. Glissant et accidenté, le parcours est dur aux chevilles et au cuir non étanche. Nous ne montons pas au col, version optionnelle pour les mordus d’efforts, mais nous pique-niquons sur une butte qui s’avance sur le lac. Les sommets sont voilés.

paysage Lofoten

Nous revenons vers 16 h dans notre rorbu rouge. Le petit port est calme, isolé du large par une anse bien fermée. Le vert et bleu des éléments contraste avec la couleur des bâtiments et des bateaux, tous peints de couleur vive pour animer un peu les mois d’hiver où le crépuscule est quasi permanent. Les mouettes sont posées réglementairement à 40 cm l’une de l’autre sur le toit d’un hangar ; elles se mettent parfois à criailler de la gorge, sans raison apparente, ou se poursuivent avec des cris discordants. Ce sont des oiseaux sociaux où la hiérarchie se respecte. Des moineaux aux plumes gonflées se chauffent sur les planches du ponton. Un hoche-queue ou bergeronnette, chassait les insectes au ras des rochers, à la sortie du lac.

mouettes Lofoten

Menu crevettes, salade de tomates, carottes râpées et maïs en boite, côte de porc avec riz-champignons. Le guide a cuit un far breton sans grumeaux dans le four qui existe dans tous les rorbus. Une fille en engloutit deux parts (après deux côtes de porc), si bien que le plat entier y passe. Elle est nommée doberman d’honneur en référence à l’autre groupe, plus jeune et plus sportif, qui engloutit chaque soir un monceau de nourriture impressionnant. Les autres finissent la soirée au bar du coin, de l’autre côté du port.

pluie ete Lofoten

Au matin, dimanche, bruine. La rando est compromise. Il faut voir les fendards du beau soleil, « venus ici pour marcher » quand j’ai objecté qu’il y avait peu de culturel dans le séjour, reculer devant une petite pluie et la perspective de patauger dans la boue sur le chemin !

perles de rosee Lofoten

Une fille et moi pouvons pousser à pied jusqu’à Å pour repérer la boutique « de souvenirs » manquée hier. Notre marche s’allonge donc de 5 km aller et autant au retour pour aller constater qu’il existe des cartes postales, des livres en norvégien, anglais et allemand, des figurines, des sachets de stockfish (de la vulgaire morue séchée fort chère). Le tout peu attrayant. Des ados en visite sortent d’un car de tourisme norvégien. Ils sont de haute taille et, dès 14 ans, on leur en donnerait 16 ; mais leur carrure fluette laisse deviner leur extrême jeunesse. Nous sommes dimanche et beaucoup de Norvégiens viennent à cette extrémité de route pour le week-end. L’E10 se termine en effet en parking juste après la boutique. Quelques Italiens ont poussé jusqu’ici aussi depuis la pointe de leur botte au sud de l’Europe.

boites aux lettres lofoten

Sur le chemin, nous pouvons admirer des boites aux lettres personnalisées de dessins et peintures, mettant en scène X et Y. Ils donnent dans le style anarchiste des années post-68 : un vieux pêche devant une vieille qui tricote (ils avaient 20 ans en 68 ?) ; ou plus allégorique : le carrelet et la mouette.

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