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Trésors de la mer tahitienne

En avril, ne te découvre pas d’un fil. Ici on crève de chaud et la grippe est aux portes. Le Prairial était parti en mission à travers le Pacifique, en débarquant à Clipperton, un paquet bien ficelé les attendait.

prairial cachet postal

Cadeau de bienvenue ? Yes, 1,2 kilo de cocaïne. Rien d’extraordinaire pour cette région. Une mission scientifique de 14 personnes est sur place accompagnée par une section du détachement terre du Rimap. Là-bas ils sont à 6 000 km de Tahiti. Bon séjour et bonnes récoltes… de renseignements scientifiques.

cocaine paquet

Dans le port de Papeete, sont venus plusieurs navires de recherche ces derniers jours : NOOA Ronald H. Brown, bateau américain qui appartient à la National Oceanic and Atmospheric Administration. Il collecterait des données climatologiques et s’intéresserait en particulier à El Nino. Il y avait aussi le Yuan Wang 6, navire chinois reconnaissable entre tous avec ses larges paraboles et qui vient souvent saluer le port de Papeete ! Également Polaris 2, brise-glace battant pavillon panaméen.

l atalante ifremer

L’Atalante, navire scientifique français qui venait de mettre à l’eau une mini-station d’observation dans le cadre du programme Thot et s’apprêtait à effectuer des relevés des fonds marins dans l’optique d’étendre la superficie de la ZEE polynésienne. Il devait intervenir également pour le compte de l’armée, en cartographiant le plancher sous-marin des anciens sites d’expérimentation nucléaire. La mini-station a déjà parlé. Son dispositif « flotteur profileur » remonte à heure fixe en surface et transfère les informations recueillies entre 1 000 et 2 000 m de fond : température, salinité, oxygène, chlorophylle. Tout est mesuré et parle aux scientifiques de l’IRD. L’IFREMER elle s’occupe de la « croûte ». Toujours d’après les scientifiques la Polynésie serait riche en « encroûtements cobaltifères », en « dépôts métalliques » contenant du cobalt, du fer, du manganèse, et autres métaux précieux. À quand la richesse ? Il faudra patienter encore un peu !

Pitcairn carte

Pitcairn, vous connaissez ? C’est à 2 200 km à l’est de Tahiti. Et c’est british ! Les révoltés du Bounty ? Le seul territoire britannique d’outre-mer dans l’océan Pacifique ! Un ensemble de 4 îles, superficie totale 47 km2. La majorité des habitants (ils sont 50) descendent des mutins du Bounty et de leurs femmes tahitiennes. Donc, le gouvernement de Sa très Gracieuse a présenté un projet en vue de créer une grande réserve marine, d’une superficie de 831 334 km2, un peu plus vaste que le Royaume Uni ! 1 250 espèces marines ont été recensées dans cette zone à ce jour. L’environnement marin est exceptionnel d’après les scientifiques, récifs coralliens les plus profonds du monde et les eaux parmi les plus claires de la planète.

Hiata de Tahiti

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Mer amère à Tahiti

En février une tortue verte avait été découverte au large près d’un dispositif de concentration de poissons, la patte et la tête coincées dans du matériel de pêche. Le MRCC et la Diren l’avaient confié au docteur vétérinaire de la place, spécialisé en reptiles. Son foie et ses reins étaient abîmés, elle était maigre, déshydratée. La tortue baptisée Hope (Espérance) a été remise en forme avant de subir une opération. Intubée elle a été nourrie avec un mélange de soupe de légumes, de vitamines et de produits pour la soigner. Elle a été amputée sous anesthésie de la patte avant droite. L’opération a duré 5 heures. Elle se trouve actuellement en convalescence, ses soignants espèrent la relâcher d’ici 2 à 3 mois.

hope la tortue verte de tahiti photo ladepeche

Des nouvelles fraîches : Hope survivra sur trois pattes. Elle passe sa convalescence au centre des tortues du Méridien de Bora Bora. Elle est actuellement entre les mains des biologistes. Elle est en forme, a commencé à se nourrir seule. Pour le moment elle est seule dans son bac, sa cicatrice mettra 45 à 60 jours pour guérir. Elle nage sans aide. Ensuite elle ira dans un hoa vivre en semi-liberté et, si tout se passe bien, elle retrouvera le grand bleu en fin de convalescence.
L’Assemblée nationale a voté la création de l’Agence française de la biodiversité, 5 sièges du conseil d’administration sont réservés aux Ultramarins. Il faudrait faire vite, ici au fenua, car 61 espèces sont en danger critique d’extinction. La Polynésie française, c’est 88 espèces éteintes, 61 espèces en danger critique d’extinction, 87 espèces vulnérables et 21 en danger. Des chiffres encore ? La France compte 13 325 espèces endémiques ; 10% des récifs coralliens mondiaux sont « en France » (4e rang mondial) surtout en Nouvelle-Calédonie et Polynésie. La Nouvelle-Calédonie abrite à elle seule 3 000 plantes dont 2 423 sont endémiques. La Polynésie française compte plus de 550 plantes, 989 mollusques (sur terre et en mer) et 27 oiseaux endémiques. La Polynésie française compte à elle seule 20% des atolls de la planète.

chanos chanos poisson lait

Dans la presqu’île Vairao, l’Ifremer étudie actuellement l’espèce Chanos chanos ou poisson-lait. Lors de mon séjour à Kauehi, j’avais déjà brièvement évoqué le chano, connu localement sous le nom de pati ou ava. Les scientifiques ont sélectionné 500 individus afin de poursuivre un élevage pilote. Ce petit poisson est intéressant pour les pêcheurs et les gourmets. Ce poisson herbivore est présent dans les eaux des Tuamotu et offre un ratio intéressant entre ses faibles besoins alimentaires et sa croissance. Les pêcheurs devraient également tendre l’oreille car le Chanos chanos pourrait remplacer la sardine achetée à grands frais (+ 2000 XPF le carton de 10 kg) pour servir d’appâts. Pour déguster le chano, nous attendrons encore un peu, priorité aux pêcheurs.

jeune marin torse nu

Un jeune marin-pêcheur avait disparu du Vini Vini 9. L’équipage le pensait tombé à la mer, avait averti le MRCC qui avait organisé une importante et coûteuse opération de recherche en engageant le Gardian de la flottille 25F de la Marine Nationale et l’hélicoptère inter-administrations Dauphin, ainsi que trois navires de pêche dont celui du disparu. Après près de 24 heures « d’absence » le disparu est réapparu – alors que les recherches venaient d’être arrêtées. Il s’est réveillé après un repos de presque 24 heures et est venu sur le pont, effarant tous ses collègues. Fatigué, c’était sa première campagne de pêche, il s’était trouvé un petit coin à l’avant du bateau pour dormir sans prévenir quiconque, enroulé dans une couverture, l’équipage le cherchait dans la partie vie du bateau à l’arrière. Tout est bien qui finit bien, mais combien de moni envolé encore une fois ?

Hiata de Tahiti

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Pêcher à Tahiti

Il est des pêcheurs polynésiens passionnés comme I. Certain sont nés pêcheurs déjà dans le ventre de leur mère. I. pêche toutes de sortes de poissons en respectant la nature, pas de surconsommation, il pêche ce dont il a besoin. Il chasse au fusil à harpon sur les patates, à la canne, au filet, au trident, à la traîne, il pêche aussi la langouste dans les périodes autorisées. Il pratique le rama komaga qui consiste à ramener le poisson en eau peu profonde puis à l’assommer avec un bois ou un couteau.

Pour le rama (pêche au flambeau), une pêche de nuit récifale, il utilise aujourd’hui le morigaz (lampe tempête) ou le moripata (lampe torche). Autrefois, on attachait des feuilles de cocotiers séchées (niau) pour servir de torche et éclairer le pêcheur. A chacun sa technique.

S’il veut attraper des rougets ou des carangues, il utilise des mouches ; si ce sont des mérous alors ce sera une queue de bernard-l’ermite ; pareil pour les bonites ou les veve (mérous de récif) ; avec le nylon, il attrapera thons, thasards, ruhi (carangues noires), mahi mahi (dorades coryphènes).

Avec le moulinet, c’est une pêche plus sportive et physique qui permet d’attraper de grosses prises plus au large comme les espadons. Il pêche au paru ce qui lui permet d’atteindre les poissons des profondeurs supérieures à 200 m. Avec son potoru (harpon à 3 dents) ou son pumaha (harpon à 4 dents) il tire sur ce qui se présente depuis le récif à marée basse. Il appâte les balistes avec des bénitiers (coquillages, pas récipients d’église). Avec son bateau, il pratique la pêche rodéo qui consiste à suivre les balistes en zigzaguant entre les patates de corail. Il pourrait parler de ses pêches pendant des jours et des jours. C’est un être passionné, qui respecte les traditions, sa culture tout suivant le mode de vie contemporain.

Le cycle de reproduction de l’anguille est encore mal connu. Les jeunes anguilles vivent dans les rivières des vallées. Au moment de la reproduction, elles commencent une migration qui durera de cinq à dix ans pour les mâles et entre douze et vingt ans pour les femelles. Elles vont rejoindre le site de reproduction dont le lieu reste encore peu précis dans le Pacifique. Après la reproduction, les individus décèdent. Les larves à tête plate qui naissent en mer seront ramenées vers les côtes par les courants marins. Il leur faudra environ 6 mois pour parcourir cette distance, elles se métamorphoseront en civelles près des côtes. Elles colonisent les embouchures des cours d’eau entre octobre et avril, avec un pic à la nouvelle lune de décembre. Une civelle mesure 50 mm de long pour un poids de 100 mg. Dix-neuf espèces d’anguilles connues dans le monde sont menacées d’extinction. Il y a une surpêche en Europe. Un marché économique important 230 000 tonnes de poissons vendues par an dont 70% aux consommateurs japonais. Un kilo de civelles a atteint 2 millions de FCP ! A vos porte-monnaie…

A Fidji, un chef traditionnel affirme que les Chinois vident la côte de ses ressources. Les hommes d’affaires chinois paieraient les villageois pour obtenir le droit de pêcher comme bon leur semble, poissons, crustacés, bêches de mer. Ils pilleraient le thon également, au grand dam des locaux. Ils ont pillé le Pacifique Nord, ils poursuivent dans le Sud. Aux Salomon, au Vanuatu, les gouvernements accordent trop de licences, à Fidji également. Les bateaux chinois sont partout à Fidji, aux Salamon, au Vanuatu, à Kiribati. Et après ?

Les 2600 océanographes réunis en Australie ont prévenu que les récifs coralliens dans le monde étaient en train de décliner rapidement et ont appelé à agir de manière urgente sur le changement climatique pour sauver ce qu’il en reste. La grande barrière de corail en Australie, qui est pourtant un des écosystèmes marins les mieux protégés au monde, a enregistré un déclin de 50% de ses coraux en un demi-siècle. Plus de 85% des récifs dans le triangle asiatique des coraux sont menacés directement par des activités humaines, telles que le développement des régions côtières, la pollution et la surpêche. (Le triangle asiatique = Indonésie, Papouasie-Nouvelle guinée, Philippines, Salomon, Timor oriental. Il couvre près de 30% des récifs coralliens du monde et abrite plus de 3000 espèces de poissons).

Hiata de Tahiti

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Toujours la fête à Tahiti !

Fêtes traditionnelles :

A Punaauia voici la fête de l’orange comme chaque année. Il s’agit de protéger la vallée de la Punaruu et le célèbre plateau des orangers. Cette année, la glane de 20 oranges était vendue 5000 FCP, l’an passé on n’avait  déboursé que  3000 FCP ! Les orangers sont malades, 200 pieds d’orangers peuplent la pépinière. On croise les doigts !

Rauata Temauri a été élue Miss Tahiti, c’est la 51e miss Tahiti !

Le Heiva 2011 bat son plein. Concours de chants et de danses à Toata. Qui gagnera cette année ? Courses de va’a (pirogues), lever de pierre (énormes), courses de fruits (à qui en emporte le plus le plus vite). Chaque année amène son lot de gagnants et de perdants. Ces concours ont été préparés de longue date, confection des costumes, répétitions, mises en scène et, pour les sportifs, longs entraînements.

A Paea a eu lieu la traditionnelle marche sur le feu sous la conduite du grand prêtre de la cérémonie du Umu Iti Raymond Graffe. Tout s’est bien passé pour cette 58e édition.

Fêtes perso :

A Takaroa (Tuamotu), des monte-en-l’air se sont introduits dans l’agence postale et ont dérobé le coffre-fort, une nuit. Takaroa, un atoll des Tuamotu, 24 km de long, 1700 habitants, une piste d’atterrissage et une seule et unique passe pour y accéder en bateau ! Depuis la gendarmerie, dépêchée sur les lieux, a retrouvé les trois voleurs.

Non, nous ne sommes pas en Corse mais à Faaone, sur la côte Est de Tahiti : v e n d e t t a. Une vieille histoire de terre, on se cherche, l’un envoie un parpaing dans le pare-brise de l’autre, l’autre s’en prend à un fare (maison à toit de tôle), à des voitures du clan adverse… Prosper Mérimée, êtes-vous lu dans les écoles polynésiennes ? Probablement ! En tout cas, deux personnes en prison et deux enfants blessés, 14 points de suture à l’un, deux dents cassées à l’autre…

Aux Marquises, à 30 nautiques de Ua Pou, voilier contre baleine : trois marins à la mer. Ils ont été récupérés mais leur voilier a coulé. La baleine, qui ne possède pas de système d’écholocation, lorsqu’elle remonte à la surface pour respirer ne pouvait se douter que traînait justement là un voilier sur l’immensité du Pacifique. La baleine s’est bien amusée.

Fête compensatoire :

Papeete a reçu la visite du Yuan Wang 5, fleuron de la technologie chinoise. Un navire de 222 mètres de long, large de 22 m, 300 membres d’équipage. Ce bijou qui a déjà accosté plusieurs fois au port, suit et contrôle des communications maritimes.

Fête de la science et de l’économie :

Mataiva, petit atoll des Tuamotu de 8,5km sur 3,6km est très convoité… Il y aurait du phosphate mais n’ébruitez pas la nouvelle. Des roches phosphatées ont été repérées à l’état brut, pures à 70%. Mais voilà, si les scientifiques ont conclu à 70 gisements exploitables,  il y a un « mais » : la majorité de la population veut continuer à protéger son lagon et rejette le projet d’extraction des phosphates. Mataiva est riche également d’une forêt primaire, d’une colonie de sternes et nodi sur le motu Teaku un Ofa’i Taunoa sur la plage de soupe de corail où viennent pondre des tortues, son pito, un bateau fantôme dans une cocoteraie et même un pont de 120 m de long qui serait le plus long pont de Polynésie. Les deux cents habitants veulent conserver toutes ces richesses et ont réglementé la pêche afin que celle-ci dure très longtemps. Sages îliens.

Encore un anniversaire : quarante ans de recherches sur les récifs coralliens au fenua. Hourrah ! Les professeurs René Galzin et Bernard Salvat ont tenu une conférence à ce sujet.

Portez-vous bien les amis, profitez bien de vos vacances.

Hiata de Tahiti

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