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Inviter à l’agneau braisé

Dans cet hiver interminable du mois d’avril, ni froid ni chaud, cuisiner roboratif en pensant aux saveurs du sud paraissait tout indiqué. C’est ainsi qu’amphitryon ai-je régalé récemment mes convives. Quelques cannelés salés au chèvre et dés de courgette au cumin avec le champagne d’apéritif, puis des Saint-Jacques aux algues de Roscoff en croûte feuilletée, avant l’agneau braisé et ses aubergines à la tomate.

canneles sales aperitif

Pour l’agneau, choisir de l’épaule. Le gigot est possible mais plus dur et le collier possible aussi mais assez gras. Vous pouvez prendre une épaule désossée (300 g par personne environ, la viande réduit à la cuisson) ou mélanger les morceaux (épaule, collier, gigot) – 1.3kg pour 4. L’important est de couper le tout en morceaux de 8 cm à peu près, pour une cuisson uniforme.

En cocotte de fonte, mettez deux cuillerées à soupe d’huile d’olive, écrasez en chauffant à feu moyen 5 à 10 filets d’anchois et du piment (ou du poivre), puis faites colorer la viande 5 à 6 mn en retournant les morceaux une fois ou deux. Ne salez pas, les anchois s’en chargent…

Versez alors 25 cl de vin blanc sec (ou rouge corsé selon vos goûts), 3 gousses d’ail écrasées (selon grosseur, en gros 1/3 de tête d’ail). Couvrez, mettez à feu doux et laisser à couvert 1 ou 2 heures. Si votre feu est doux (2 ou 3 sur 10 par exemple), la viande n’attachera pas.

agneau en train de braiser

Une fois cuite, retirez la viande et faites réduire la sauce à grand feu jusqu’à ce qu’il en reste de quoi juste recouvrir la viande. Versez dans un verre une cuillerée à café de farine délayée dans un peu d’eau froide (ou de prunelle, ou de marc, c’est meilleur), ajoutez une cuillerée à café d’origan séché, remuez bien, puis versez le tout dans la sauce en train de réduire. Éteignez le feu et laissez cuire 3 à 4 mn en remuant.

Remettez alors la viande, enrobez-là bien de sauce – c’est prêt. Si, comme moi, vous avez fait ce plat à l’avance, réchauffez la cocotte fermée dans un four à 150° durant 15 mn, ce sera parfait.

Pour les aubergines à la tomate, rien de plus simple.

aubergines en tranche cuites au four

Comptez une demi-aubergine par personne, coupez-les en quatre dans la longueur (sur 1 cm d’épaisseur environ). Salez-les au sel fin puis frottez les tranches les unes sur les autres afin de faire pénétrer. Laissez dégorger une heure. Non pas tant pour « enlever l’amertume », comme il était de mise autrefois, que pour éviter que vos tranches d’aubergine ne servent d’éponge à huile !

Une fois dégorgées, essuyez rapidement l’eau sortie des tranches d’aubergine avec un papier absorbant, coupez les tranches en 2 pour avoir deux morceaux d’environ 10 x 6 cm, plus faciles à cuire. Faites chauffer 2 à 3 cuillerées d’huile d’olive dans une poêle large et faites frire à feu moyen (pas trop chaud !) en retournant une fois. Ne superposez pas les morceaux, procédez en deux fois si nécessaire. La cuisson complète devrait durer 15 mn environ. Pour ma part, ayant beaucoup d’aubergines, j’ai utilisé la plaque dans le four mais, si la cuisson est moins grasse (tranches huilées au pinceau), elle dessèche plus le légume et dure plus longtemps (environ 25 mn à 180° chaleur voûte et sole).

coulis de tomate

Préparez un coulis de tomate, soit avec des tomates fraîches en saison, soit avec une boite de tomates pelées pour 4 personnes (400 g). Dans une poêle ou une casserole à fond large (pour l’évaporation), mettez une cuillerée à soupe d’huile d’olive, faites revenir un oignon et deux gousses d’ail, le tout haché, avec une cuillerée à soupe d’eau pour éviter de brûler. Une fois l’oignon devenu transparent, en quasi purée, ajouter un peu de thym sec ou d’origan, puis versez les tomates épluchées ou la boite de tomates pelées puis faites réduire à feu moyen une dizaine de minutes. Salez (pas trop), poivrez. La sauce doit rester liquide mais épaisse.

coulis de tomate et basilic

Dans un plat à four, versez la moitié de ce coulis, puis les aubergines frites, des feuilles de basilic déchirées (ou du basilic sec faute de mieux, mais pas trop, le sec ayant un goût plus fort). Complétez avec le reste du coulis de tomate, qui doit recouvrir les demi-tranches d’aubergine. Parsemez alors de mozzarella, de brousse ou de feta (je préfère ce fromage, la mozzarella étant trop caoutchouteuse si elle n’est pas de très bonne qualité), un peu de parmesan, ou une chapelure de biscottes écrasées avec le parmesan râpé – à votre guise. Mettez au four 35mn – et voilà !

aubergines pretes a enfourner

Agneau braisé plus aubergines à la tomate font un alliage de saveurs délicieux. Servez avec un vin rouge assez fort, type Cahors ou Chianti, ou un vieux Bordeaux, et vous atteindrez un stade proche de l’extase.

Rien n’est difficile, tout peut être fait à l’avance et réchauffé au four traditionnel un quart d’heure avant de dîner, pendant l’apéritif. Évitez le micro-onde pour les aubergines, elles deviennent molles ; la viande peut l’accepter mais le four tradi haut et bas ou chaleur tournante est meilleur.

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Tarte patriotique

Il n’y a pas que le badaboum des tambours, les criaillements des cuivres astiqués une fois l’an, ni les pan pans des feux d’artifices qui, le soir venu, mettent des étoiles dans les yeux des enfants. La fête nationale se doit d’être aussi gastronomique. Nous ne sommes pas pour rien au pays de Rabelais, père de Grandgousier au nom évocateur. Aujourd’hui, point de réflexion ni d’affectifs souvenirs, place aux sens : les jambes pour le défilé, les oreilles pour se les casser, les yeux pour se rassasier de couleurs… et le ventre pour être bien. Entreprenons une « tarte patriotique ».

Des trois couleurs, le bleu en cuisine est le plus difficile à trouver. Nous avons cru aux sardines dont l’argent bleuté se rapproche le plus du reflet métallique de la hampe du drapeau. Le blanc pourrait être fromage, la France, chacun le sait, en est amplement fournie, mais c’est réservé à la « pizza nationale italiana », créée à Naples sous Garibaldi avec le vert basilic, le blanc mozzarella et le rouge tomate. Pour la France, nous ne ferons point de pizza ni ne mettrons de fromage. Bleu sardine, donc, blanc de pâte et rouge tomate nous suffirons. Pour être différent, et pour faire joli, nous retournerons la tarte traditionnelle selon le procédé « tatin ». Ces demoiselles furent, comme Larousse, Kir et Poubelle, parmi les rares Français qui ont donné leur nom de famille à une création utile. Ce n’est pas si courant.

Préparez une pâte brisée (vous pouvez aussi utiliser de la feuilletée) avec 200 g de farine, 100 g de beurre, une pincée de sel moulu et un peu d’eau, que vous travaillerez à la main dans une jatte jusqu’à obtenir une boule de pâte point trop collante (pas beaucoup d’eau, à doser par petits coups, à la fin du pétrissage). Laissez reposer une heure au frais.

Pendant ce temps, coupez 1 kg de tomates bien rouges (les « cœur de bœuf » sont mes préférées) soit en deux dans l’épaisseur si elles sont petites, soit plutôt en trois ou en quatre (dans le cas des grosses « cœur de bœuf »). Ne pas dépasser 1 à 2 cm d’épaisseur. Mettez les tranches dans un plat à four, saupoudrez-les d’un peu de sel, de feuilles de romarin hachées au couteau et d’un filet d’huile d’olive étalé à la fourchette. Faites sécher au four à 80° (thermostat entre 2 et 3) en position « four » ou « four + grill » durant une heure environ (tout dépend de l’aquosité de vos tomates). L’objectif est de faire rendre l’eau de végétation pour ne pas noyer la tarte ultérieurement.

Huilez le fond du moule à tarte avec un pinceau et de l’huile d’olive, sans excès, en insistant sur les bords. Placez en rosace comme sur l’image les filets de sardines crus parés (soigneusement écaillés !). Placez le côté queue vers le centre, et la peau vers le fond du plat pour faire « bleu » et ne pas dessécher le poisson à la cuisson (en tatin, le plat sera retourné). Vous pouvez utiliser aussi des filets d’anchois frais ou bien une banale boite de sardines dont vous ôterez l’huile et dont vous étalerez en deux délicatement, dans le sens de l’épaisseur, les bêtes si elles sont grosses. Posez entre elles pour le rouge (et pour les tenir) les tranches de tomates une fois séchées au four. Ajoutez quelques brins de romarin haché si vous aimez. En plus des tomates, que je n’avais par exemple pas prévu en suffisance (ça réduit, ces légumes-là !), vous pouvez ajouter des lamelles de poivron rouge cuites à l’eau bouillante 10 mn (toujours pour réduire l’eau rejetée).

Étalez la pâte au rouleau à la dimension du plat et rafraîchissez-là au frigo 10 mn au moins une fois étalée. Placez la pâte reposée sur les tomates, aplatissez bien les bords pour recouvrir la préparation. Badigeonnez au jaune d’œuf dilué dans un peu d’eau votre pâte si elle est brisée, ou de beurre fondu si elle est feuilletée. Enfournez selon les caractéristiques de votre four et de chacune des pâtes, en gros 25 mn à 200° en four + grill en cas de feuilletée, 30 mn à 180° en four chaleur tournante en cas de brisée (35 mn en four classique).

Une fois cuite cette tatin salée, passez une lame de couteau entre la pâte et le bord du moule avant de retourner sur un plat à la dimension. Vous serez stupéfait de l’alignement des sardines sur leur lit de tomates ! Salez légèrement au gros sel, poivrez (il est meilleur de poivrer après cuisson qu’avant), ajoutez un peu d’huile d’olive juste pour le goût (il existe des pulvérisateurs si vous ne voulez pas en mettre beaucoup). Servez chaud.

Un vin rouge léger, type Saumur frais, Beaujolais ou Côtes de Provence (tous vins patriotiques) ira parfaitement avec ! En Bretagne, tentez le Muscadet nantais, mais la saveur sera plus acide.

Bonne fête.

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Pizza pour les gamins

Les vacances, le mercredi, le week-end, autant de moments privilégiés pour faire plaisir aux gamins et gamines qui sortent et font du sport. Je ne suis pas moi-même un adepte de la pizza, cette galette de pain tartinée de tomate et semée de fromage et d’olives. Je n’ai mangé de vraiment bonnes pizzas qu’au sud de Rome, là où l’on en fait tous les jours…

Le plus souvent en effet, nous avons un disque pâteux, mal cuit, sur lequel surnagent, dans un mélange ethnique sans dominante, divers ingrédients fourrés au hasard. Le métissage culinaire n’est pas de la cuisine. Ce pourquoi les mauvais pizzaiolos forcent sur l’huile pimentée, elle fait passer la masse médiocre.

Il existe cependant de vraies pizzas. Elles peuvent être délicieuses si l’on dispose de pâte à pain levée selon les règles, agrémentée d’ingrédients qui vont bien ensemble et cuite à four très chaud.

La pizza napolitaine, inventée pour Garibaldi aux couleurs du drapeau, marie avec bonheur tomate, mozzarella et basilic frais. On peut aussi remplacer le basilic par olives et anchois.

La pizza alsacienne ne s’appelle pas pizza mais flammekueche ; elle n’est pas différente, pâte à pain ornée de lardons, oignons et crème fraîche. La Provence fait la pissaladière dans le même genre, oignons et anchois… Et l’on peut inventer sa propre recette, en prenant garde que ce n’est pas en accumulant tout ce qui traîne au frigo qu’on réussit une bonne pizza !

Mon expérience de l’année précédente ne m’avait guère satisfait… Autre recette, plus lente, pour résultat bien meilleur. Je vous la livre.

Première étape et la plus importante à mon avis : la pâte à pain.

Il est utile de faire lever lentement la pâte plutôt que de l’acheter toute congelée. Un sachet de levure de boulanger pour 500 g de farine. Mais pas n’importe quelle farine, la farine dite « à pain » est préférable pour que le résultat ne soit pas ou trop dur, ou trop élastique…. Ajoutez deux cuillers à soupe d’huile d’olive dans la pâte, cela lui donnera du liant et du goût. Commencez par la levure, que vous faites mousser avec très peu de sucre et l’eau tiède. Ajoutez alors l’huile et le sel, puis la farine. Pour former la boule, pas d’eau chaude ! Un peu d’eau tiède seulement – ça change tout. Et à dose homéopathique, la pâte doit rester lisse comme une pâte à modeler surtout pas trop liquide. Laisser lever une douzaine d’heures dans le bas du frigo – et tant pis si vous êtes pressé(e) ! Une bonne cuisine ne se fait pas à la va-vite. Allez plutôt au restaurant ou mangez autre chose. La galette de pomme de terre couverte de sauce tomate et de mozzarella passée au grill est plus rapide à faire que la vraie pizza et contente les appétits impatients de se bourrer.

Pour 500 g de farine, vous aurez deux pizzas d’un diamètre de 30 cm. Vous pouvez n’en faire qu’une et garder l’autre 3 jours au réfrigérateur, ou congeler le reste de pâte – à condition de la dégeler 24 h avant la prochaine utilisation.

Seconde étape : les ingrédients.

Une fois votre pâte étalée, huilez-là au pinceau avant d’y placer quoi que ce soit, cela l’empêchera de détremper… Placez ensuite tomate, mozzarella, basilic ou autre chose. Si vous utilisez des ingrédients secs (jambon, lardons, coquillages, légumes), ils doivent être mis dans l’huile avant de les poser.

Troisième étape : la cuisson.

Le four doit être préchauffé largement à l’avance pour que la température soit stabilisée, au moins un bon quart d’heure ! Mettez votre four au maximum, une bonne pâte ne lève bien que dans une atmosphère très chaude. Le thermostat 9 (270°) s’impose. Elle cuit très vite : une douzaine de minutes selon les ingrédients dessus. La pâte doit être levée et croustillante, pas brûlée. D’où l’intérêt de huiler jusqu’aux bords inclus.

Quatrième étape : la pizza se réchauffe mal.

Servez-là sitôt sortie du four. Rien que le parfum de la pâte à pain en train de cuire met déjà l’eau à la bouche. Les petits s’en régalent, quant aux adolescents, surtout garçons, et plus encore après le foot, ils se pâment ! Offrez-leur ce plaisir simple.

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Rendre heureux les enfants par la pizza

Pour ma part, je n’aime pas la pizza au nord de Rome, la meilleure étant cuite à Naples. Le pavé mollasson qu’on trouve congelé est répugnant, tandis que la restauration standard ne sait pas faire de la bonne pâte à pain.

Mais les enfants et les ados adorent la pizza, son goût standard bien connu qui les rassure, sa consistance qui leur bourre l’estomac. Pourquoi donc ne pas faire avec eux la pâte, la garnir et l’enfourner, pour qu’ils en goûtent toutes les étapes ?

Les vacances de février, où il ne fait pas vraiment beau, est le moment requis. La fraîcheur de l’air donne faim et malaxer la farine avec l’huile, pétrir la pâte, la voir lever, l’étaler et la garnir, voilà qui réjouit déjà les sens. Le toucher, l’odorat et même le goût sont sollicités avant l’assiette.

Prenez donc 250 g de farine, délayez 20 g de levure de boulanger (en sachet dans les grandes surfaces) dans 2 cuillers à soupe d’eau tiède. Creusez un puits dans la farine, mettez l’eau et la levure, une cuiller à café de sel fin et 4 d’huile (d’olive, c’est meilleur). Malaxez.

Pétrissez bien, au moins 10 mn. C’est long 10 mn et ça ravira les enfants qui se passeront la boule comme un antistress en salle des marchés. Ils se seront lavés les mains avant, bien sûr !

Laissez lever la pâte sous torchon dans le four préchauffé autour de 30°. Elle doit doubler de volume et cela demande bien 2 h.

Étalez-la ensuite, pas trop fine, sur un plan fariné. Moi je la mets directement sur la plaque du four mais certains préfèrent l’intermédiation du plat à tarte pour que la forme soit plus ronde.

Une fois étalée, tapissez de gruyère en lamelles (ou de mozzarella en tranches fines mais c’est plus élastique). Badigeonnez de sauce tomate sans peau ni pépins, ni morceaux. Ornez de quelques anchois à l’huile, de quelques olives noires, d’un peu de thym ou d’origan saupoudré.

Certains ajoutent une purée d’ail et d’oignon ou mettent le fromage au-dessus de la tomate. Les napolitains ornent de basilic et ne mettent pas forcément d’anchois pour respecter le drapeau italien (rouge tomate, blanc mozzarella et vert basilic). Vous faites comme vous aimez. Avec les enfants, vous ferez à leur goût, ce sont eux qui en mangeront le plus.

Une fois prête, arrosez la pizza garnie d’un filet d’huile d’olive avant d’enfourner à four préchauffé à 210° (thermostat 7) comme pour cuire le pain. Elle doit cuire environ 30 mn.

La bonne odeur qui sort du four, une fois prête, réjouit le cœur enfant. C’est un bonheur de voir leur joie. Ils n’en laisseront pas une miette !

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