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2 Riga musée d’art national

Dès notre arrivée, nous prenons le bus pour le musée national des Beaux-arts de Lettonie, un bâtiment du XIXe siècle. Il présente surtout de la peinture locale, principalement du début du XXe siècle. Je vois de belles choses sur la nature, les hommes, les saisons, mais rien de mondial. Il s’agit d’une peinture traditionnelle et régionale, centré sur le pays. Guita, notre guide de la journée, est purement lettone de culture mais lituanienne de nationalité. Elle parle un français chantant un peu archaïque, très clair et plutôt précis. Elle vante la sensibilité à la nature des gens de son pays, capables de manifester contre la coupe des arbres plus que pour l’âge de la retraite. C’est une sensibilité « un peu païenne », dit-elle. Elle est issue de la culture des Vieux Prussiens avant les conquêtes teutoniques et polonaises des XIIe-XIVe siècle.

Un grand escalier s’ouvre pour accéder à l’étage. Ses vitres donnent sur le parc solitaire et glacé où trois ados en survêtement font du skate à grands raclements de planche. Ils ne sont pas très doués. Le hall du premier est orné de cartouches présentant les paysages du pays, dans le style Europe centrale de tradition.

Une belle femme de Johan Nepomuks Hibers en 1845 : elle est sereine en mauve pâle sur fond de vert. La nature, les bouleaux, les lacs gelés, la neige, sont chantés par Janis Roberts Tilbergs.

Les paysages de Mihaels Aleksandrs Mihelsons, peintre du plein 19ème, sont à la fois réalistes et romantisés. Julijs Feders, à la même époque, fait de même. Il présente la nature telle qu’il la voit et la célèbre en sa natureté.

Arturs Baumanis va jusqu’à en faire une Arcadie pour des humains au naturel, demi-nus, vivant en communauté sous l’égide d’un patriarche. Johans Walters fait se baigner des enfants nus en 1904. Janis Rozentals n’hésite pas, en 1901, à peindre des enfants jubilant, au printemps, le torse nu, le garçon de 12 ans comme la fille du même âge. Ils sont amis par la nature. Leur chair chante de joie au soleil renaissant ; ils sont le cosmos qui bouillonne, la sève qui monte, la vie qui s’élance.

Le même peintre expose une mère apaisée, tenant son bébé dans les bras en 1905.

J’aime aussi ce moulin pâteux, coloré, exacerbé, d’Uga Skulme en 1936. Une maison est au fond, un bois sur la gauche ; la forêt et le vent fournissent l’énergie aux hommes. Nikolajs Breikss, en 1936, chante la marqueterie des champs et des prés aux abord d’un village, la nature domptée, adaptée à l’humain par l’humain, havre de paix et de douce prospérité… qui va être bouleversé et ravagé par la guerre qui vient et qui est déjà prévisible en cette fin des années trente.

Le printemps de Vilhelms Purvitis n’en est que plus éclatant, explosant de pétales, la vie en fleurs en 1933 encore, le tragique du végétal exubérant.

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Perlette goutte d’eau

J’avais déjà 5 ans lorsque ce petit livre est paru. Il m’apprenait l’écologie sans le savoir, comme l’autre faisait de la prose.

C’est l’histoire d’une goutte, tombée d’un nuage parce quelle trouve le paysage joli. Une campagne humanisée avec champs carrés verts et jaunes, toits de tuiles rouges des villages.

Elle tombe comme une fleur dans une fleur, une anémone qui prenait le frais et n’avait heureusement plus soif. Le soir tombait, Perlette s’endormit sous les pétales.

Quand le soleil revient au matin, le papillon puis la fleur commencent à avoir soif et Perlette, qui ne veut pas être avalée, se glisse le long de la tige et rebondit jusque dans le ruisseau.

Elle échappe à peine aux larges goulées d’un bœuf à l’abreuvoir puis rencontre un moulin, où elle pousse les pales avec ses consoeurs pour faire tourner la roue. Elle pousse ensuite un train de bois.

Le soir venu, elle échappe au gros rat et au gros poisson puis repart au fil de l’eau.

Petit ruisseau devient grand fleuve et passe par la grande ville. mais Perlette ne veut pas visiter par le petit tuyau car ce sont les égouts.

Après avoir navigué toute la nuit, elle parvient à la mer. Elle en a assez et une vieille méduse lui dit de s’adresser au Père Soleil. Il souffle sur elle comme Dieu donne la vie et la rend légère pour monter dans le ciel.

Où elle retrouve son petit nuage rose et peut raconter ses aventures à ses sœurs.

Le livre est indiqué « de 7 à 12 ans » mais les gamins d’aujourd’hui sont moins ignares qu’en 1960 et il faut plutôt lire de 3 à 7 ans. C’est tout le cycle de l’eau qui est conté de façon poétique ; il explique d’où vient la pluie et l’eau des rivières, ce qu’elle accomplit en chemin avant de retourner au nuage. C’est une histoire concrète d’écologie appliquée. Pédagogique et toujours édité !

Marie Colmont, Perlette goutte d’eau, 1960, dessins de Gerda, Albums du Père Castor Flammarion 1993, €7.00

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Perros-Guirec

Cette petite ville balnéaire de la côte nord de la Bretagne est célèbre depuis deux siècles pour son chaos de rochers en granit rose. Ses quelques sept ou huit mille habitants doublent à la belle saison, lorsque les familles et le troisième âge débarquent pour se promener, jouir du sable, grimper aux rochers, et déguster ses crustacés dans les innombrables restaurants de l’endroit. Le Sentier des douaniers court le long de la côte, sur les landes de Ploumanac’h. Perros vient du breton ‘penn’ qui veut dire cap, et de ‘roz’ qui veut dire colline vers la mer. Quant à Guirec, c’est un saint moine venu d’Angleterre évangéliser les Bretons en débarquant à Ploumanac’h.

La plage de Trestraou, pleine de soleil, permet de jouer le soir au casino ou de voir en saison les expositions au palais des congrès. On y embarque pour visiter les Sept-Îles, remplies d’oiseaux. C’est fou ce que ces fous de Bassan sont agiles, tandis que criaillent les goélands !

La plage battue des vents à Trestrignel a le charme sauvage des rochers encaissés, jusqu’à la pointe du Château. Mais c’est la plage de Saint-Guirec, au bourg de Ploumanac’h, qui intéresse le touriste. C’est là en effet, à l’orée de la promenade dans le chaos de rocs arrondis par les millénaires et les vagues, que s’élève l’oratoire au saint Guirec.

Mais ne contribuez pas à détruire un peu plus la statue de bois, œuvre du sculpteur Yves Hernot en 1904 et déjà restaurée en 1938 ! Une vieille coutume voulait en effet que les jeunes filles piquent une épingle dans le nez du saint : si elle tient, voici un bon présage de mariage.

Dans la ville, le bassin du Linkin est devenu une aire d’activités nautiques. Ce sont les scolaires qui en jouissent durant les mois de travail, et les touristes enfants durant l’été. On peut louer de petits bateaux pour naviguer sur cette mer miniature.

Non loin de là se dresse le musée de l’Histoire et des traditions de Basse-Bretagne, dans la bâtisse qui servait de Capitainerie du Port. Il a été inauguré en 1989 par Pierre-Jakez Hélias, auteur du ‘Cheval d’Orgueil’. Des moulages en cire rappellent surtout le temps de la Révolution, où les paysans et leurs seigneurs entendaient toujours croire en Dieu alors que la République laïque méprisait ce genre de superstition.

Mais c’était là le prétexte idéologique pour condamner ces « arriérés » bretons : la vraie raison était la levée en masse, décrétée depuis Paris sans aucune considération pour les paysans par des bourgeois oisifs ou des artisans des faubourgs ruinés. par la révolution. Les gens des campagnes n’ont pas accepté qu’on ignore leur avis car ils devaient planter, sarcler et récolter pour nourrir leur famille. Ce n’est certes pas « la République » qui allait donner à manger aux enfants ! La paroisse de Perros-Guirec, enclavée dans l’évêché de Tréguier faisait partie du doyenné de Lannion relevant de l’évêché de Dol – et c’était bien compliqué.

Mais la révolte prenait toutes les formes. Depuis la levée des fourches jusqu’aux actes de résistance des femmes ravitaillant les maquis d’ajoncs.

De l’obstiné parler breton jusqu’aux messes en pleine mer, données par les curés réfractaires.

Le visiteur curieux peut visiter aussi la maison du peintre Maurice Denis, nabi et impressionniste, voir le moulin de la Lande du Crac’h de 1727 en granit rose et qui tourne avec le vent, ou encore le parc des sculptures en granit entre la Clarté et Ploumanach. On sera même étonné de trouver ici une église Saint-Jacques, car la ville était (mais oui !) lieu de passage pour la route vers Compostelle. Elle drainait les pèlerins venus de Grande-Bretagne.

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