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Les savants sont trop souvent des spectateurs, dit Nietzsche

Dans la suite de « l’immaculée connaissance » du chapitre précédent de Zarathoustra, Nietzsche poursuit les savants. Il s’attaque aux personnes cette fois, plus qu’au concept de connaissance soi-disant neutre et objective. Il fait des savants des « spectateurs », « assis au frais, à l’ombre fraîche », « ils se gardent bien de s’asseoir où le soleil brûle les marches ». En fait, ils ne s’engagent pas.

La figure de l’intellectuel engagé sera celle des années cinquante et soixante, qui revalorisera Nietzsche et tous les penseurs du soupçon. Dans le XIXe siècle de Nietzsche, les savants et intellectuels restaient en marge. « Pareils à ceux qui stationnent dans la rue et qui, bouche bée, regardent les passants ils attendent et regardent, bouche bée, les pensées imaginées par d’autres. » Ils sont petits, bas et mesquins, ces intellos. « Lorsqu’il se croient sages, je suis horripilé de leurs petites sentences et de leurs vérités : leur sagesse a souvent une odeur de marécage. »

Ils cachent le vide de leur pensée sous des oripeaux chatoyants et l’absence d’idée créatrice sous des sophismes de langage. « Ils sont adroits, leurs doigts sont agiles : que vaut ma simplicité auprès de leur complexité ! Leurs doigts s’entendent à tout ce qui consiste à enfiler, à nouer et à tisser ; ils tricotent les bas de l’esprit ! Ce sont de bons mouvement de pendules : pourvu que l’on ait soin de bien les remonter ! Alors elles indiquent l’heure sans se tromper et font entendre en même temps un modeste tic-tac. Ils travaillent, semblables à des moulins et à des pilons : qu’on leur jette seulement du grain ! – ils s’entendent à moudre le blé et à le transformer en une poussière blanche. » Ce sont des rouages professoraux, pas des chercheurs de vérités. Ils actionnent la logique et la dialectique, et tout ce qui fait tic. Ils emmêlent, comparent et embrouillent, ils sont doués pour ça – ce qui leur évite de créer. Mais du grain ils font de la poussière…

Leur principale mission est de se surveiller les uns et les autres, et de critiquer celui qui sort du lot, jaloux. « Ils savent aussi jouer avec des dés pipés ». Ce pourquoi Nietzsche/Zarathoustra, qui a été un des leurs lorsqu’il enseignait la philologie à l’université de Bâle, leur est devenu étranger. « Leurs vertus me déplaisent encore plus que leur fausseté et leurs dés pipés. »

Le philosophe n’est donc plus « un savant » pour « les brebis », ces êtres qui suivent toujours le troupeau. « Je suis encore un savant pour les enfants et aussi pour les chardons et les pavots rouges. Ils sont innocents, même dans leur méchanceté. Mais je ne suis plus un savant pour les brebis. Tel est mon lot – qu’il soit béni ! » Car ruminer dans le troupeau des savants qui ne savent pas qu’ils ne savent au fond rien, ce n’est ni être savant, ni être chercheur, ni être créateur. Pour ce faire, il faut s’élever au-dessus d’eux tous, ce qu’ils « ne veulent pas entendre », par envie, orgueil et esprit de troupeau. Et les brebis, béent, béates, et bêlent leur assentiment.

Avoir des connaissances étendues, c’est être savant – mais que fait-on de ces connaissances ? Une bonne encyclopédie (aujourd’hui en ligne d’un simple clic) en sait plus que tous les savants du monde. Dès lors, à quoi cela sert-il d’être savant si l’on ne fait rien de la connaissance ?

Arrive alors le second sens du mot savant : celui du chien. Il est dressé pour exécuter certains exercices, le chien savant – mais est-il pour cela savant comme on le dit des savants chez les hommes ? Le savoir-faire et l’habileté qu’évoque Nietzsche ne remplace pas la réflexion et ne fait pas une création.

C’est toute la différence entre la science et le technique. La seconde ne fait qu’appliquer avec savoir-faire et habileté les découvertes de la première – mais elle ne « trouve » rien, elle adapte. L’astuce n’est pas le génie – et trop souvent les « savants » ne sont qu’astucieux, pas créateurs ; ils bidouillent des réponses avec ce qu’ils ont, ils ne posent pas les questions qui importent.

« Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses ; c’est celui qui pose les vraies questions », dit Claude Lévi-Strauss dans Le Cru et le cuit. Il rejoint directement Nietzsche.

(J’utilise la traduction 1947 de Maurice Betz au Livre de poche qui est fluide et agréable ; elle est aujourd’hui introuvable.)

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1884, traduction Geneviève Bianquis, Garnier Flammarion 2006, 480 pages, €4,80 e-book €4,49

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Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier

Un homme amoureux, Raoul (Gérard Depardieu à 30 ans), désespère de voir sa jeune femme Solange (Carole Laure) déprimer et dépérir. Il la sort, elle se laisse guider ; il lui parle, elle ne répond rien ; il la distrait, elle ne rit pas. Que faire ? Il est prêt à tout pour qu’elle sourie enfin, pour qu’elle reprenne goût à la vie. Lui faire l’amour ne lui fait rien ; ils ont essayé d’avoir un enfant, elle ne peut pas : « c’est psychologique » dit le psy. Elle a des malaises mais elle n’a rien : « c’est dans la tête » dit le médecin.

Moniteur d’auto-école costaud mais pas futé, Raoul décide un grand truc surréaliste et parisien : il va « donner » sa femme à n’importe qui, tiens, comme cet autre qui la regarde dans la brasserie de la place Clichy, un dimanche où il attend ses moules en feignant de lire une revue musicale. C’est Stéphane, barbu et à lunettes (Patrick Dewaere à 31 ans), prof de gym dans le civil et interloqué par la proposition inouïe. Mais Raoul insiste : qu’il sorte avec elle, couche avec elle, lui fasse un enfant – lui ne peut pas, ne peut plus. La seule chose qu’il peut est de lui lâcher la grappe pour qu’elle retrouve la liberté de respirer et peut-être de vivre.

Stéphane s’insurge, Raoul insiste, une passante est prise à témoin (Sylvie Joly), on demande son avis à Solange – qui s’en fout. Mais après tout, les deux gars deviennent potes et cela leur va ainsi. Chacun besogne Solange à son tour, Stéphane lui présente sa collection complète des Livres de poche (plus de 5000 volumes, le nec plus ultra de la culture petite-bourgeoise des années soixante et soixante-dix), et sa collection de 33 tours de Mozart (le seul musicien qu’il connaisse, aspirant culturel comme aurait diagnostiqué Bourdieu). Mais ni le musclé ni l’intello ne parviennent à défrigidifier Solange, même si elle a chaud aux fesses, tricote seins nus dans l’appartement et qu’elle est obsédée du ménage.

Le petit commerçant fruits et légumes du dessus (Michel Serrault), qui ne peut pas dormir à cause du raffut que fait Mozart à trois heures du matin, est mis dans le coup après quelques pastis. Le trio emmène Madame à l’Opéra, mais elle s’ennuie et « fait un malaise » pour qu’on s’occupe d’elle. Qui est-elle ? Une potiche ? Une Bovary perpétuellement insatisfaite ? Une frigide barjot post-68 qui ne sait pas choisir entre jeter définitivement sa gourme avec n’importe qui ou popoter avec l’époux qui ramène les sous ? De l’impasse de la vie bourgeoise dans le machisme installé.

Elle pleure – pour rien ; se trouve mal – sans rien avoir. Diagnostic des loustics : il faut changer d’air, partir en vacances. Stéphane entraîne Raoul comme moniteur de colonie de vacances et Solange suit. Les gosses en puberté – que des garçons entre eux selon les coutumes du temps – chahutent et bizutent le plus bêcheur. Il s’agit de Christian, un fils d’industriel intello au « quotient intellectuel de 158 » et au cocasse accent belge. Ce qui donne une scène hilarante de fin de cantine où les petits suisses du dessert volent dans la gueule du Beloeil (c’est son nom) et coulent jusque sous son tee-shirt. Solange s’insurge, son instinct maternel (de convention) prend le dessus et elle décide de protéger et materner le garçon qui se réfugie dans une cabane (fœtale) dans les arbres au lieu de jouer avec les autres.

Elle a enfin « son enfant » et peut agir selon le rôle social de mère que l’on attend d’elle. Sauf qu’elle ne sait pas faire et cueille un « bébé » de 13 ans déjà, qui commence à avoir des désirs d’homme. Les garçons du dortoir, qui couchent en slip ou torse nu, veulent faire « la bite au cirage » au Beloeil, boutonné dans son pyjama de soie bleue, comme c’était la coutume en ces temps aujourd’hui regrettés. Solange exfiltre Christian et lui permet de dormir dans sa chambre – où il n’y a qu’un lit, le sien. Christian explore en scientifique le corps endormi de sa protectrice, écarte les bretelles pour voir le sein, soulève la chemise de nuit pour dégager la chatte, remonte une jambe pour écarter les cuisses… Pas sûr que les vierges effarouchées des ligues de vertu qui sévissent comme des harpies sur les réseaux sociaux d’aujourd’hui ne permettent de faire encore un tel film, pourtant pudique et amusé. Rien de vicieux mais le désir de connaître, une négociation raisonnable entre quotients intellectuels à maturité, et le reste est suggéré.

Séduite par le désir naturel du jeune garçon, par son bagout d’adulte autant que par sa peau veloutée qu’elle caresse sur sa joue, Solange s’ouvre enfin. Bras, cœur et cuisses, elle accueille l’autre comme elle n’a jamais réussi à le faire jusqu’à présent. Elle rencontre un mâle qui demande et non qui prend, qui hésite et non qui viole. Christian est physiquement l’anti-Raoul et intellectuellement l’anti-Stéphane. Entre ses bras Solange n’est pas une chose mais une partenaire ; il a besoin d’elle comme elle a besoin de son affection. Critique acerbe du machisme inconscient d’époque mais aussi, par contraste, du jeunisme porté par la vague post-68 au point de cueillir « la jeunesse » dès la première puberté ; critique de la vie bourgeoise conventionnelle qui enferme en prison. Le développement de l’histoire donne à voir autrement l’époque que nous avons vécue sans le savoir.

Solange tricote – activité réservée aux femmes inactives de la bourgeoisie rangée ; elle trame des pulls à col roulé – vraies prisons de grosse laine pour les mâles qu’elle rend ainsi physiquement captifs et sur lesquels elle pose sa marque d’appartenance. Trait d’humour : Raoul, Stéphane, Christian, le père de Christian (Jean Rougerie) et le futur bébé auront chacun un pull à col roulé avec côtes tissés de deux laines – tel une armure.

Le retour de la colo est, comme toujours, difficile. Quitter ses copains et la liberté des vacances pour retrouver les parents et la vie scolaire sont une épreuve. Christian veut, moins que les autres, retrouver ses vieux en DS, « des cons » dit-il, et il s’enfuit dans Béthune à l’arrêt du car. Après une course poursuite dans les rues désertes et sur les terrils alentour, Christian se résigne et admet qu’il doit retourner chez les Beloeil. Outrés, et portés à punir selon la coutume du temps, ceux-ci le flanquent en pension. Mais Christian a cette fois quelque chose à apporter à ses condisciples : il narre comment il a séduit une femme et les garçons le soir en redemandent. Ils veulent savoir comment ça se passe, comment on entreprend, comment on est « dans » une femme. Le croient-ils ? Pas vraiment… mais ils rêvent.

Jusqu’à ce que Solange débarque à la pension en pleine nuit, déboule dans le dortoir où tous les gosses de riches sont en pyjama, et embrasse à pleine bouche le garçon devant ses copains médusés. C’est que le fruits et légumes s’est fait passer pour un sondeur de l’IFOP et a pu obtenir de sa bourgeoise envolée de mère (Éléonore Hirt) le nom et le lieu de la pension où le fils a été placé. Que Raoul et Stéphane, cagoulés, ont surpris et neutralisé le gardien qui faisait sa ronde. Christian est enlevé, consentant, jusqu’au lundi matin. Mais les gendarmes ne l’entendent pas de cette oreille. Comme une épouse, un fils est une « propriété » et seul le « chef » de famille peut en disposer. Les deux trentenaires sont condamnés à la prison – exit le duo Depardieu-Dewaere, ces crétins magnifiques – tandis que le petit-commerçant enlève bobonne qui a versé dans un virage et ne se souvient plus de rien.

Les mois passent, Christian est revenu au château avec son père après la disparition de sa mère ; Solange s’est fait engager comme bonne. Le père a assez de travail à gérer son entreprise et le fils fait l’amour à la bonne tous les soirs, comme dans les romans conventionnels bourgeois (y compris le premier de Philippe Sollers). Inévitablement, elle tombe enceinte, sa frigidité s’est évaporée avec le machisme. Les emprisonneurs sont emprisonnés et elle est libérée. Christian s’installe dans les fonctions du père, lui versant régulièrement le whisky qu’il aime mais qui est mauvais pour sa santé, jouant au billard comme un futur chef d’entreprise. La France giscardienne a grincé à la sortie du film, dont la fin est moins réussie que le début, mais qui excelle dans la provocation des cons.

DVD Préparez vos mouchoirs, Bertrand Blier, 1978, avec Gérard Depardieu, Carole Laure, Patrick Dewaere, Michel Serrault, Riton Liebman, Eléonore Hirt, Jean Rougerie, Sylvie Joly, StudioCanal 2008, 1h45, €50.02

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La ferme de Robert

Nous quittons la guest house d’Islande pour une journée de transfert en bus. Nous avons dormi tard, près de douze heures pour moi. Il est vrai que j’avais mis les boules Quiès. La journée connaîtra deux moments remarquables : le supermarché et la ferme de Robert, notre chauffeur.

Sur la route, nous croisons des vols d’oies sauvages dans une lumière d’aquarium. Les grosses bêtes volent en V en suivant l’oie de tête. Elles ont de lourds battements d’ailes et ne sont pas très futées, surtout lorsqu’elles doivent croiser le camion. L’une d’elle hésite et suit son chemin, parallèle au nôtre pendant plusieurs minutes, à 40 km/h, perdant ainsi sa horde qui vole en perpendiculaire ! Ces bestioles ont le cul trop gros pour décoller aisément, je me demande comment Nils Olgersson en Suède, même réduit pour mauvaise conduite, a pu chevaucher une oie au-dessus de toute le pays. Le camion a failli en tamponner une qui avait du mal à s’élever en traversant la route. Les nuages plombent le ciel, s’écharpant en lambeaux de brume assez sinistres ou en draperies romantiques lorsque le soleil parvient à percer par transparence. La lumière est très changeante.

Vers la fin de la matinée, nous nous arrêtons à Burdadalur au supermarché pour renouveler les provisions de groupe. Nous sommes dans un bourg classique, où le store fait station services et lieu de convivialité. Des vieilles commentent les potins du coin tandis que leurs vieux patientent, taciturnes, en regardant les rayons. Les ados locaux y effectuent leur boulot d’été dès 14 ans, vu le minois très jeune de l’un d’eux au self. Un seize ans dévore des yeux une fille un peu plus âgée qui vient payer ses courses et cherche sa monnaie ; le visage impassible, seul le regard marque l’intérêt. Elle ne répond pas à la sollicitation et fait semblant de ne pas le voir. Un moutard blond de dix ans vêtu d’un tee-shirt synthétique, à la chevelure qui boucle dans le cou, sort un carnet de fidélité qu’il vient faire tamponner auprès d’un adolescent en caisse contre une barre chocolatée. Il s’en retourne tout content auprès de sa mère qui arpente les rayons pour approvisionner le foyer.

Le supermarché montre ce qui attire le plus son public : un rayon sucreries et un rayon laine fort achalandé. Cela donne-t-il une idée des activités d’hiver des dames ? La laine se vend en chiné ou normale, par pelotes de 50, 100 et 250 g. Il faut par exemple deux pelotes de 100 g pour réaliser une écharpe. Des revues de patrons sont aussi en vente, ainsi que des aiguilles de toutes tailles et de tous usages, notamment des aiguilles courbes pour le col et les chaussettes ou les gants, des bobines, et ainsi de suite. Les filles du groupe achètent chacune 1 kg de laine de diverses couleurs, en général austères (brun, beige, gris, violet), comme cadeaux aux amies d’âge mûr (leur âge) et mamans (désormais grand-mères sans toujours des petits-enfants). Les légumes, plutôt pâles, sont en panier, considérés comme des choses fragiles. La banane, importée, est le grand luxe du pays et assez chère. Le rayon viandes vend surtout de l’agneau préparé de diverses façons, mariné, épicé ou fumé, les gigots sous plastique, et de la charcuterie industrielle. L’Islande élève aussi le porc.

La pluie a cessé sur la route et il fait frais. Pour le pique-nique, Robert nous offre sa ferme au bord du fjord Hrutafjördur, côté est. Il élève 200 moutons, laissés libres l’été dans la campagne alentour. Mais il en faut 600 selon lui pour en vivre aujourd’hui. Il effectue donc de petits boulots annexes, comme la location de son camion et son activité de chauffeur tous terrains. Sa femme est une plantureuse matrone au visage carré. Ils ont deux fils de 20 et 16 ans et une fille dont il ne précise pas l’âge, mais qui doit être la petite dernière. L’aîné construit des ponts, le second poursuit des études à l’université. Les deux garçons jouent de la batterie et s’enregistrent. J’en entends un morceau au magnétophone alors que les autres s’en vont, et ce n’est pas mal du tout.

Nous sommes accueillis à notre descente de camion par deux chiens noir et blanc aux longs poils et la queue en panache. Ce sont des chiens islandais, experts en gardiennage de moutons. Ils auront nos restes d’os et de viande des côtelettes qui restent d’hier et que Le guide nous propose froides. « C’est très bon quand elles ont été très grillées », nous dit-il.

La ferme est composée de la maison d’habitation, d’un hangar à matériel, d’une bergerie et de balles de foin sous plastique blanc rangés le long du mur en attendant l’hiver pour nourrir les bêtes. La pièce principale de la ferme d’habitation, séparée des autres bâtiments, sert de cuisine, de salle à manger et de salon. Le plafond est de frette et le plancher de revêtement couleur bois. Canapé et fauteuils sont dans les tons bruns, ornés de fleurs et faces à la télévision et à la chaîne stéréo. Des tableaux peints ou brodés, des bibelots contournés, le tout est kitsch au possible, avec références culturelles nordiques et revêtements confortables.

Nous déjeunons de hareng au vinaigre ou à la crème curry, de saumon cru gravlax à l’aneth, croquant sous la dent. Il est très savoureux avec du pain noir et de la crème aigre. Le jambon, les saucissons épicés, les fromages divers (gouda local en tranches, ‘camembert’ local pasteurisé et une sorte de brie du même genre) et la soupe Knorr en sachet complètent le saumon.

Nous repartons en quittant les fjords du nord-ouest pour gagner le centre de l’Islande. Le paysage vert riant où paissent les moutons va laisser la place à une steppe désertique dès que la route monte. Sur le plateau central, la région des glaciers stérilise presque toute végétation. Seule une herbe rase subsiste, ou des lichens. Plusieurs lacs artificiels servent de réserves aux conduites forcées des centrales électriques.

Au gîte d’Aufagi, les chambres sont à quatre avec lits superposés. Trois douches sont disponibles, mais un bain collectif chaud est à l’extérieur (après douche) et les filles s’y précipitent pour trois quarts d’heure au moins, papotant dans le bain. Il ne pleut plus, mais le ciel est bas.

Nous dînons de crevettes au curry servies avec du riz, d’une salade verte et d’une crêpe en dessert. Je suis fatigué, même si nous n’avons pas marché. Les lits superposés sont sans rebord mais la psychologie fait que l’on ne tombe pas, l’inconscient ayant enregistré le risque.

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