Articles tagués : mère de famille

Sophie Hannah, Les monstres de Sally

Je ne sais s’il existe une « école de Manchester » pour les romans policiers, mais les écrivains et écrivaines de la ville livrent en général des œuvres de bonne facture, nettement plus élaborés psychologiquement que celles des Américains. Evidemment il y a moins d’action et le déroulé de l’enquête est passablement plus brouillon.

Sophie Hannah insiste sur ce que vivent les mères de famille ayant des enfants petits : c’est la galère ! Comme elle dédie ce livre à « Susan et Suzie » (deux suceuses, selon la consonnance de leur nom), on peut se dire qu’elle connait la façon dont les enfants sucent la moelle de leurs parents. Exigeants, butés, colériques, ils et elles ont tout pour se faire détester. Sauf qu’ils sont vulnérables, chair de la chair et de temps à autre adorables. Chacun et chacune réagit selon son tempérament.

Rien de plus opposé que Nick et Sally. Tous deux travaillent, mais autant lui est désordonné, optimiste, prenant tout à la légère et le temps venu, autant elle est maniaque, angoissée, courant toute la journée avec une liste interminable de choses à faire – qu’elle ne réussit pas à caser. Le trait est un peu gros pour la vraisemblance mais permet d’ancrer le crime dans son contexte. Car il y a crime, et même au pluriel, et plus encore en prévision. Les romans policiers ne font plus dans la dentelle (ni dans l’arsenic) depuis longtemps. C’est aujourd’hui du sanglant, du brutal et de la série. Pour motifs psychiatriques, c’est la mode.

Donc Sally Thorning vit l’une de ses journées harassantes habituelles – sans savoir décrocher ni tempérer. Obsessionnelle compulsive, ou presque, elle veut que tout soit en ordre, bien rangé dans des cases, et que chaque chose soit accomplie dans les temps. Hélas ! La nounou des enfants, Zoé 6 ans et Jake 3 ans, lui annonce ne pas pouvoir finalement les garder durant une semaine alors qu’elle l’avait promis, étant grassement payée. Mais elle ne peut, de par la loi (anglaise), garder plus de trois jeunes enfants à la fois et elle a hérité, outre de celui qu’elle garde habituellement, des jumeaux de son amie qui doit aller… se faire refaire les seins. Sally est furieuse de cette futilité et, quand elle quitte en pétard la nounou, s’aperçoit à peine de ce qui se passe dans la rue. Quand soudain, « on » la pousse sous les roues d’un bus, qu’elle ne parvient que par un miracle à éviter, non sans se meurtrir les jambes, la joue, le bras, et déchirer sa robe. Serait-ce la nounou qu’elle a quittée pleine de ressentiment ?

Son mari Nick qui ne s’en fait jamais est à la maison dans le désordre mis par deux enfants petits, tout simplement en train de regarder les infos à la télé. S’affiche le visage d’un homme désespéré qui vient de perdre sa femme et sa fille, toutes deux retrouvées nues dans la baignoire, mortes noyées. Probablement un suicide, mais… On le présente comme Mark Bretherick mais… cet homme ne saurait être Mark : Sally la rencontré fortuitement un Mark Bretherick dans un hôtel où elle se reposait, ayant obtenu une semaine de congés clandestins pour compenser le voyage professionnel impérieux à laquelle elle devait sacrifier. Ils ont fait connaissance au bar, ont échangé de menus propos sur la vie quotidienne, se sont aperçus qu’ils habitaient la même petite ville – et ont couché ensemble. Un séjour fortuit mais agréable, dont Nick ne doit rien savoir, évidemment. Sally n’a pas voulu le « tromper » mais cela s’est fait sans y penser, et elle ne va pas poursuivre la relation. D’ailleurs Mark Bretherick ne la rappelle pas.

Mais si Mark n’est pas Mark, alors qui est-il ?

C’est le début d’une enquête menée par la police sur les cadavres de la mère et la fille, de Sally sur le mystérieux Mark, des amis, relations et comparses des uns et des autres, sans oublier l’ingrédient obligatoire dans le standard des « thrillers » (qui ne thrillent plus autant qu’avant) : les amours compliquées des flics entre eux. Avec une fois, encore la caricature : l’amoureux transi qui a peur de franchir le pas ; l’amoureuse désespérée qui angoisse à l’idée de l’avouer ; le baiseur invétéré de tout ce qui porte jupe et pas de culotte ; le frigide qui s’en moque comme de son premier slip ; le nouveau capitaine au nom imprononçable (pour la « diversité »), le chef impavide mais qui exige (pour « l’autorité » qu’il faut réaffirmer dans la société) que l’enquête soit bouclée avant-hier…

Un début en fanfare qui s’étire, passionnant, sur les relations entre mère et fille, une enquête farfelue où les « intuitions » remplacent souvent les faits et rendent parfois elliptiques les révélations, une progression qui s’embourbe alors que se multiplient les chapitres décentrés, une fin glaçante tout grand ouverte sur les abîmes de la psyché. On ne savait pas le système de mœurs héritées de l’ère victorienne en Angleterre aussi apte à fabriquer des tordus et des tordues !

Sophie Hannah, Les monstres de Sally (The Point of Rescue), 2008, Livre de poche 2012, 503 pages, €4,84

Catégories : Livres, Romans policiers | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , | Poster un commentaire

Indépendance ou assistanat à Tahiti ?

150 militants du parti indépendantiste d’Oscar Temaru ont participé il y a quelques jours à la quatrième étape du Tavini tour, une marche en l’honneur du premier anniversaire de la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes de l’Organisation des Nations unies. Les pancartes « Pas de Justice, Pas de Démocratie » fleurissaient sur le parcours ainsi que des drapeaux des Nations Unies et on redit toujours les mêmes phrases du style : « Justice coloniale, nous voulons être libres, notre prison est remplie de petits voleurs tandis que ceux qui ont volé des milliards, etc, etc. Mais aussi : il faut continuer à profiter des fonds européens car on a encore beaucoup de travaux à réaliser, et l’Europe est aussi une opportunité pour aller porter notre message hors de l’océan Pacifique ». Le Tavini Tour s’est terminé en apothéose à Faa’a mais, sur les 5 000 sympathisants bleu ciel attendus, il n’y en avait qu’un millier. L’expert indépendant en matière de gouvernance et de développement constitutionnel auprès de l’ONU, Carlyle Corbin était présent à ce premier anniversaire. Ma vieille tête mélange un peu tout, ils veulent l’indépendance (c’est tout à fait leur droit) MAIS avec les sous de la France et de l’Europe. Ils clament pourtant partout qu’ils sont Ma’ohi et que leur pays est aussi grand que toute l’Europe. C’est à ne plus rien comprendre ou alors je ne pige rien !

Justice – coloniale bien-sûr : 28 ans de réclusion criminelle dont 18 ans de période de sûreté pour l’assassin marquisien d’un globe-trotter allemand. Une version invraisemblable où les 95 kg de muscles du charmeur des Marquises reconnaissaient avoir tué d’une balle dans la tête et brûlé le corps d’un Allemand pas trop baraqué, qui faisait le tour du monde avec sa compagne. Et cela parce que ce dernier l’aurait « violé ». A l’époque des faits, la presse internationale avait parlé de cannibalisme.

trois vahines seins nus

Loi des séries ou pas, une touriste allemande s’est fait violer à Rurutu (Australes). Pas très bon pour le tourisme tous ces faits divers au moment où Gaston Flosse et son gouvernement mettent le paquet pour les attirer – les touristes. Aux dernières nouvelles, l’agresseur a été arrêté, il était déjà connu de la justice pour des faits similaires. Il s’est suicidé en prison dès la première nuit de son enfermement.

Nouvelle tragédie conjugale, une mère de famille meurt sous les coups de son mari à Fangatau (Tuamotu). Fangatau, 5,9 km² de terres émergées, 11,1 km² de lagon, pas de passe, 135 habitants en 2002, tous catholiques, vivent du coprah. Une femme de 37 ans, mère de trois jeunes enfants, avait rejoint avec son tane (mari, homme, concubin) au village où une bringue était organisée. L’alcool, les disputes, violemment frappée par son tane, elle chute sur le sol et ne se relève pas.

A Faa’a, la communauté adventiste a organisé, en avril, des journées « vie de famille » avec le soutien de la mairie de Faa’a et la Direction des Affaires sociales. Sujets abordés : « Le rôle du père de famille auprès de son fils ; l’importance du respect de soi, des autres et de la jeune fille pour les ados ; bien-être et estime de soi pour les jeunes femmes ». Les enfants étaient pris en charge pour jouer calmement et les 34 petits jouissaient d’une nurserie afin de soulager les mamans. Un déjeuner en commun pour ces 70 familles, puis un concert avant de regagner leurs foyers avec comme cadeau un sac de vivres. La prochaine journée « Vie de famille » aura lieu en mai. Faa’a est la commune la plus peuplée de Tahiti, et un grand nombre d’habitants y vivent entassés dans des bidonvilles…

fleur 2

Le Kura Ora II est à quai à Papeete depuis plus d’une dizaine de jours pour effectuer des réparations urgentes et les atolls des Tuamotu meurent de faim. Le bureau Veritas a imposé d’effectuer des travaux indispensables sur cette goélette bloquée à Papeete. Les atolls attendent désespérément les marchandises commandées. Quant à mourir de faim cela semble très exagéré car il y a des cocos, du poisson. Evidemment les cartons de cuisses de poulet sont absents des rayons de la supérette, le lait pour les enfants manque, le fret par avion est très cher. C’est l’atoll de Raroia et celui de Takume qui crient le plus fort. Ce qui inspire P’tit Louis : « Tu t’rends compte, à Takume ils n’ont plus que du kaveu (crabe de cocotier), du poisson, du uru (fruit de l’arbre à pain), et du lait de coco ! A cause du bateau » et l’autre de répondre « Hé ! la situation est pratiquement désespérée, on se demande même s’ils vont survivre ! ». Aux dernières nouvelles, c’est le Tahiti Nui 1 (bateau de la flottille administrative) qui devrait assurer la desserte, le bateau incriminé n’étant toujours pas remis en état de naviguer.

Hiata de Tahiti

Catégories : Politique, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Rentrée à Tahiti

Depuis le 16 août les collégiens et lycéens ont repris le chemin des établissements scolaires. Mais la veille…

Il est 16h38 ce mercredi 15 août, un tremblement de terre durant 4 secondes, les murs et les meubles ont bougé. Magnitude 4 sur l’échelle de Richter, et à 50 km de Tahiti. La peur m’a privé de 5 g de graisse. Une secousse sur le fond océanique dans la région de Teahitia, côte est de Tahiti. Nous avons nettement ressenti la secousse, le sol a bougé, les meubles tremblé, certains ont découvert des fissures dans leur habitation, Moorea a ressenti également la secousse. Les autres archipels n’ont pas été concernés. Séisme isolé, pas de réplique et aucun danger dit le laboratoire géophysique de Pamatai. Le 16 mars 2008, il y avait déjà eu un séisme de magnitude 3 dont l’épicentre se situait à une profondeur de 10 km toujours dans cette même région de Teahitia. Vous avez été sages, vous aurez droit à une petite carte du volcan Mehetia et des volcans sous-marins.

Grande nouveauté pour les collégiens le lendemain : tout le monde en uniforme ! De la 6e à la 3e. Les dents ont grincé, certains ont parlé des droits de l’homme bafoués. Les requêtes de parents d’élèves visant à empêcher l’uniforme à l’école ont été rejetées par le Tribunal administratif. Une tenue 700 FCP (5,87 €), les parents des élèves boursiers recevront 3000 FCP (25,14 €). Je vous rassure tout est fabriqué en Chine. Hein ? La Chine, vous disiez ? « Pour acheter les nouveaux linges (habits), mes filles commandent plutôt sur Internet en surfant sur un site français, dit une mère de famille parlant des dépenses pour la rentrée des classes ».

Que de victoires ! Les rameurs polynésiens gagnent toutes les courses, sur 200 m, sur 500 m, sur…, sur… Sonnez trompettes, résonnez tambours à Nottingham. Grâce au soutien personnel du milliardaire australien Clive Palmer, grand ami du président du gouvernement polynésien soi-même, sous la houlette du ministre de l’Éducation, des Sports, etc., les athlètes du Fenua ont tout raflé. Ce succès sportif anime la compétition entre Tavini (Indépendantiste) et Tahoera’a (autonomiste) qui concourent dans la discipline verbale ! Oscar l’Indépendantiste : «Un pas vers les Jeux Olympiques, grâce à mon ami australien Clive Palmer, une vision de notre futur ». L’autonomiste Tahoera’a lui parle des nombreux déplacements des élus indépendantistes à Paris, sébiles à la main tandis que le prix de l’essence et du gasoil s’envole.

Le dragon boat vient de la Chine ancestrale. L’engouement pour cette discipline dure depuis une vingtaine d’année en Chine, Allemagne, Grande-Bretagne. Ce sport se pratique à 10 ou 20 rameurs auxquels s’ajoutent un barreur et un batteur, sur une embarcation de 12 m de long sur 1m20 de large, avoisinant les 300 kg. Ses adeptes rêvent d’en faire une discipline olympique. C’est sur la Tamise, my God, en marge des Jeux olympiques de Londres qu’a été organisé ce 10e championnat européen… Et c’étaient des Mao’hi qui ont tout gagné… je n’y comprends plus rien !

Changement à Paris, changement à Papeete. Tandis que Richard Didier, Haussaire, s’apprête à regagner Paris, son remplaçant Jean-Pierre Laflaquière débarque. Arrivé fin janvier 2011 sur le territoire, le Haut-commissaire de la République française était un homme affable et apprécié ici, mais il avait été conseiller pour l’Outre-mer du président Chirac. Il est donc remplacé par le préfet hors-cadre Jean-Pierre Laflaquière. On change tout à Paris, enfin un peu, ce sont donc 13 préfets qui ont été nommés en conseil des ministres, et ce nouveau Haussaire porte le numéro 13… C’est la valse à 13 temps, à 13 temps. Et cela sent comme une odeur d’indépendance…

À vos télés sur France 3 : le magazine Thalassa devrait programmer en décembre 2012 voire janvier 2013 une émission de 110 mn sur la Polynésie française. Le réalisateur Gil Kebaïli a mis en boîte plein d’images et de documents sur les Marquises et l’atoll de Raroia. Il a voyagé pendant 2 mois au fenua. Il a ainsi pu filmer les fêtes du Heiva aux Marquises, une chasse au cochon sauvage, tandis que sur l’atoll il a filmé un mariage, des coprahculteurs, une ferme perlière. Donc des tas d’images à découvrir prochainement sur France 3.

Hiata vous salue, portez-vous bien ; je cours préparer ma valise pour la Chine.

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,