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Cap Blanc

Nous pique-niquons avec ce que nous avons emporté du gîte devant le château, sur les tables et bancs mis à disposition près de l’accueil. Une boîte contient du taboulé à la tomate, un sandwich au fromage et une pêche. Je reprends de l’eau à la source près du château ; elle est parfaitement buvable au sortir du tuyau.

Nous allons à pied à travers la forêt jusqu’à l’abri de Cap Blanc en traversant la rivière Beune sur un pont de pierre en arche qui date du XIIIe siècle, puis un canal mort sur des briques posées à même la boue. Le site magdalénien de Cap Blanc, découvert en 1909, est fermé d’un mur pour conserver les gravures en ronde bosse des préhistoriques. Aucune photo n’est autorisée, décision de fonctionnaires peu compréhensible alors que la photo ne peut endommager la pierre et que l’État, c’est nous. Mais c’est ainsi. De même que nous devons porter le masque anti-Covid parce que nous sommes « à l’intérieur ».

Après le petit musée qui jouxte l’accueil, la grotte nous est ouverte – qui était initialement un abri sous roche désormais clos. Une frise de chevaux et autres animaux, des bovidés, des cervidés, sont sculptés en ronde bosse sur la paroi. Le sommet s’est écroulé, préservant les sculptures. Le site a été découvert en 1901 – toujours un 12 septembre. Le lieu a été fouillé par Peyrony, dont le seul intérêt était de trouver de belles pièces pour les mécènes qui le finançaient. Un squelette de femme a été découvert lors de secondes fouilles. Il est d’époque magdalénienne et celui d’une personne de la trentaine avec des dents saines, ensevelie en position de fœtus sans aucune parure mais avec trois grosses pierres sur elle, sur la tête, sur les mains et sur les pieds. Peut-être pour ne pas qu’elle s’envole de sous la terre. Le fait que cette jeune femme soit ensevelie au pied de deux chevaux sculptés au-dessus d’elle est peut-être symbolique. Était-elle l’une des artistes de la frise ? L’anecdote est amusante, le squelette a été vendu au musée de Philadelphie aux États-Unis en 1910 mais celui-ci, n’achetant que des vestiges découverts devant des témoins fiables, le squelette a été remis en terre et « redécouvert » devant lesdits témoins pour assurer la transaction. Celui que nous voyons actuellement est un moulage. La perforation rectangulaire du pariétal droit par un net coup de tête de pioche est celle du fouilleur terrassier qui l’a découvert avant de stopper le massacre. Les fouilles d’époque étaient du terrassement pour découvrir de beaux objets à vendre aux collectionneurs, sans aucun souci scientifique. Il faudra attendre les années 1950 et les méthodes d’André Leroi-Gourhan, pour que la préoccupation du sol archéologique intervienne dans le geste de fouilles.

Dans le musée existe la tête de cette Dame du Cap Blanc reconstituée en résine par le Field Museum avec des parures tout à fait hypothétiques puisque rien n’a été trouvé lors des fouilles. La femme, qui ressemble à l’une des nôtres, porte une parure de perles de pierres et de coquillages en résille sur la tête. Il s’agit d’une analogie.

Nous poursuivons par deux heures de marche en forêt parmi les surfaces planes d’anciens terrains de charbonniers qui faisaient couver le charbon de bois pour augmenter son pouvoir calorifique avant qu’on ne découvre le procédé du coke, la pyrolyse de la houille dans un four. Ce charbon alimentait les fonderies de fer dont le métal est présent à l’état dans la région pour fabriquer des boulets et des canons à Bordeaux et la Rochelle.

Nous avons à monter une rude côte en sous-bois puis une côte sur une route surchauffée avant de retrouver l’église de Sireuil et le parking du minibus à ses pieds. Ce fut une rude journée et la douche est bienvenue, chaude de cette fois car la manette est montée à l’envers ! Le temps est lourd et se couvre jusqu’à l’orage.

Nous avons au dîner un plat de charcuterie avec du beurre, une tourte au confit de canard et aux salsifis, et des fraises du Périgord. Le confit de canard est effiloché et les salsifis très épluchés, ce qui n’a aucune des conséquences intestinales habituelles. L’apéro est cette fois un vin de figues que je trouve un peu trop sucré ; je préférais le vin de noix d’hier. Ce sont toutes les spécialités du pays que nous fait goûter l’hôte.

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Cienfuegos

Nous reprenons notre bus Agrale brésilien. Passe sur la route une charrette tirée par un âne avec trois générations cubaines dessus : le grand père à moustaches est en marcel blanc de campesino, le père porte une chemise de petit-bourgeois et de grosses lunettes à montures, le fils a le short et le débardeur lâche et coloré de sa génération. Les yeux brillants, la peau lisse, la tête se tournant vers tout ce qu’il y a à voir, la curiosité en éveil, c’est bien lui le plus beau.

Sergio se ressaisit du micro pour répondre à des questions silencieuses pour les passagers qui ne sont pas immédiatement derrière les profs du premier rang. « Oui, les gens se mariaient parce qu’ils avaient le droit d’acheter de l’électroménager. » Philippe, saisissant cette remarque au vol : « ben ils avaient qu’à divorcer quand c’était usé, ils se remariaient un peu plus tard, et hop ! » Françoise, intéressée : « ça coûte cher un divorce, à Cuba ? » Sergio : « 400 pesos. Les femmes coûtent toujours cher. Le prix est élevé pour ne pas encourager les divorces d’humeur ». Il ajoute : « les jeunes mariés, pour leur lune de miel, ont accès aux hôtels en dollars, comme les travailleurs méritants. » Donc faire un petit c’est un travail méritant ?

cienfuegos gamin

Sergio avoue des études universitaires d’anglais à La Havane, cinq ans d’université. Il a appris le français à l’Alliance Française. Très lisse, il esquive les questions polémiques ou gênantes et ne dit jamais plus qu’il ne faut. Tout a toujours l’air de devoir être retenu contre lui. C’est devenu une seconde nature. Tout ce qu’il qualifie « de droite » voit sa question réglée. Il n’y a pas à réfléchir mais à mettre de côté. « La vente des ordinateurs au privé ? » (encore une question invisible des profs ?) « ce n’est pas permis à Cuba. Il y a une taxe de 100% à l’importation. Seules les entreprises d’État et les administrations y ont accès. Internet existe depuis 1996 mais est peu répandu, les café Internet ouverts par le gouvernement sont à faible débit… et très surveillés. Il y a Internet dans le public mais les liaisons sont soumises à autorisation – ou clandestines (selon le site de la CIA, toujours bien informé, 4 fournisseurs d’accès Internet gouvernementaux existent à Cuba). Le téléphone ? Il y a en réalité 1,2 millions de téléphones pour 11,1 millions d’habitants (mais Sergio gonfle les chiffres par propagande officielle, comme d’habitude), surtout dans les entreprises. Depuis 1995, Cuba a signé une joint-venture avec les Mexicains pour développer le téléphone fixe. En avril 2001, la visite du Président chinois a conduit à accorder à Cuba 420 millions d’€ de crédits pour moderniser le réseau télécom et acquérir un million de téléviseurs fabriqués à Shanghai. Les particuliers qui veulent un téléphone doivent en « justifier le besoin par des attestations d’organisations publiques, associations ou syndicats ». Le téléphone mobile ? « Il concerne surtout les étrangers, les diplomates ou les commerciaux. Quelques régions touristiques sont reliées au réseau » – en gros 10% de la population. Cuba serait le 149ème pays (sur environ 195) en termes d’équipement mobile : l’accès au réseau cellulaire est vendu cher à Cuba et doit être payé en pesos convertibles. 1.6 millions de téléphones mobiles existeraient quand même en 2012 – la situation a explosé en quelques années, libérant un peu plus l’information et l’échange, minant un peu plus le paternalisme autoritaire à prétexte « révolutionnaire » des frères Castro. Des paquetes sont vendus sous le manteau, DVD reprenant des séries américaines et des extraits de journaux télévisés du monde extérieur; la censure laisse faire – tant qu’aucune info ne conteste la forme du régime… comme en Chine communiste.

Et le président François, hilare, serre avant-hier la louche au cacochyme Fidel, dont le frère Raul vient de se « reconvertir » auprès du pape François. Du moment que tout ce vieux monde conserve le pouvoir…

francois hollande et fidel castro 2015

Nous doublons une quarantaine de cyclistes américains en vélo, une association sportive qui a dû se revendiquer de la pédale pour avoir le droit officiel d’aller à Cuba. Sur la route, deux charognards urubus dévorent le cadavre d’un petit chat écrasé. Plus loin un autre, perché sur un poteau téléphonique, prend le soleil, les ailes écartées comme une figure héraldique.

cienfuegos fillettes

Voici Cienfuegos, renommée ainsi en 1829 du nom d’un gouverneur qui a beaucoup fait pour le développement économique de sa province. Rien à voir avec le compagnon de Castro. Ce sont des gens de Bordeaux, en 1819, qui ont fondé la ville, Louis de Clouet et cinquante colons. Aujourd’hui, Cienfuegos est une base navale militaire, une cimenterie, une raffinerie, un port sucrier. La ville abrite la seule centrale nucléaire cubaine, commencée par les Russes en 1980 puis abandonnée après la chute du soviétisme (ouf ! selon les écolos).

Le prado de Cienfuegos est « le plus long de l’île de Cuba, 1,5 km », selon Sergio. Il a été construit en 1912. Les façades à colonnes sont peintes pastel, les fenêtres portent des grilles forgées. En bord de mer s’élèvent les villas coloniales chic de style hispano-américain début de siècle. Une maison en bois du 19ème siècle a le style tout à fait Nouvelle-Orléans – nombre des colons fondateurs venaient en effet de Louisiane. Avant d’entrer dans la vieille ville, nous roulons dans des quartiers aux nombreuses écoles. Sur les stades attenants s’ébattent les enfants, les garçons en short s’adonnent au foot. Dans le port est ancré un grand trois-mâts barque. Sur les façades des villas sont posés de nombreux panneaux « chambres à louer » pour attirer le touriste chez l’habitant. Ce doit être mieux qu’à l’hôtel, en tout cas plus original pour qui veut visiter l’île autrement. Nous effectuons un court arrêt au Palacio del Valle, un bâtiment de style mauresque bâti en 1917. Un Cubain d’ici en plein travail dort sur le parapet au soleil le long de la mer. L’eau est nacrée, légèrement embrumée.

Un ado passe avec sa mère, vêtu d’un débardeur à trous bleu ciel brillant. Un autre porte une double chaîne au cou, un lacet noir et du métal doré. Ils ont le souci de leur beauté à peine adolescente. Est-ce un trait local ? Dans son « Voyage à La Havane », l’écrivain cubain (bien sûr en exil) Reinaldo Arenas met en scène un couple obsédé par le vêtement, la parure et la reconnaissance sociale, sujet de la nouvelle « Tant pis pour Eva » écrite en 1971. La recherche de l’identité est un sport pathétique national. Sur la bâche d’un camion il est écrit en espagnol « attencion al turismo ». Il ne faut pas effectuer de traduction littérale du style « attention aux touristes » comme Françoise qui se précipite dans tous les faux amis mais traduire plutôt « services pour le tourisme ». Si elle voit sur une bouteille écrit vino de mesa, elle est capable de traduire « vin de messe » !

cienfuegos fier ado cuba

Le bus nous mène sur la place principale, le Parque José Marti, pour un arrêt d’une heure. Autour de la place s’élèvent un théâtre, un collège, une église, un palais, l’Assemblée provinciale, le palais des Pionniers, un café… Des gavroches errent entre les bancs du parc, désœuvrés. Ils traînent leur ennui débraillé, à peine intéressés par les rares touristes qui passent devant eux, un peu plus par une grand-mère et son petit fils qui donnent à manger des graines aux pigeons.

cienfuegos gavroches

L’église cathédrale de la Purissima Conception est vide de fidèles, peu décorée et en réparations. Ses vitraux français représentent les douze Apôtres et sa façade néo-classique (terminée en 1869) est plus belle que les horreurs qui se bâtissaient à la même époque en France. Le théâtre Tomas Terry se visite, mais il faut encore payer trois dollars pour voir une salle de spectacle à l’italienne où Caruso et Sarah Bernhardt se sont produits. Je préfère faire un tour de l’autre côté de la place, devant le palais Ferrer à l’élégant belvédère aérien où l’on monte par un escalier à colimaçon. Le baroque exubérant se mêle au néo-classique austère pour faire du bâtiment un ensemble bizarre mais séduisant.

Nous enfilons une rue commerçante. D’une boutique de jeux pour enfants s’échappe une épaisse fumée. Cela n’a l’air de ne gêner personne. Il paraît que l’on y enfume des moustiques ou autre vermine… Une queue sur le trottoir : c’est un marché et l’on attend son tour pour présenter ses tickets de rationnement. Plus loin, un coiffeur taille et tond à la chaîne. Puis s’ouvre un magasin multiple où des femmes se font manucurer alors que d’autres peuvent se faire ressemeler leurs chaussures. Les hommes peuvent en acheter pour 250 à 380 pesos. Un coin librairie vend des romans d’aventure dont « La guerre du feu » de Rosny en espagnol et des récits révolutionnaires comme « Descamisados » – les Sans-Chemises – de l’auteur cubain né en 1942 Enrique Acevedo González, engagé dès 14 ans dans la rébellion castriste. Le mauvais papier a jauni avec le temps et les opuscules brochés sont poussiéreux. Qui achète encore ces vieilleries idéologiques édifiantes ? On se croirait dans une librairie catholique des années 50. Le reste des vitrines du magasin présente en un seul modèle à la fois des produits d’entretien, des vases à fleur, des chemises de garçons, des colliers et des bagues en fer blanc.

cienfuegos lyceens

À côté est installé un vaste atelier de confection orné du portrait barbu du Fidel en personne, tel un patriarche méditerranéen veillant sur son cheptel de femmes besogneuses. Des rangées d’ouvrières sont vissées à leurs machines à coudre, confectionnant des chasubles, des robes et des chemises. Il y a du monde dans la rue en ce mercredi matin, des femmes en courses mais aussi des hommes adultes (ne travaillent-ils pas ?), des jeunes, quelques enfants qui sortent de classe, sac au dos et chemise ouverte au soleil fort. Certains portent au cou le foulard rouge du primaire mais ont détaché la plupart des boutons de leur chemisette d’uniforme, ce qui leur donne un aspect cocasse à la David Copperfield. Ce débraillé, peu compatible en principe avec l’austérité partisane ou l’embrigadement révolutionnaire tant vanté au musée de la Moncada, montre que la population n’est plus dupe des slogans ronflants, même les enfants qui imitent tout. La mise à l’aise des corps, la manifestation de la sensualité juvénile, le souci de l’apparence personnelle, sont les premiers pas vers la liberté d’être, une forme de résistance. Toute dictature a toujours voulu discipliner les corps pour plier les volontés et limer les esprits. Le laxisme vestimentaire d’ici est une preuve que l’idéologie revue par la Caraïbe n’est pas aussi totalitaire qu’à Moscou, Pékin ou Phnom Penh, et c’est heureux.

Quittant Cienfuegos, nous apercevons dans la campagne des traces d’un ouragan comme il s’en produit régulièrement sur Cuba : toits arrachés, arbres cassés, palmiers écrêtés côté vent. « Des milliers » de logements, des centaines d’écoles et de locaux industriels sont, selon les statistiques officielles (« milliers » est un terme de la langue de bois), détruits ou endommagés. La région est dédiée aux plantations de bananes et de mangues. Des slogans vides peuplent toujours les murs ; on ne les voit même plus. Mais le contraste entre l’idée et la réalité saute parfois aux yeux comme la pancarte « entreprise machin d’avant-garde » au-dessus d’un portail rouillé et d’un mur en ruines, ou cette banderole « seguimos im combatte » (« nous sommes au combat ») sous laquelle deux vieux gros, avachis, cuvent leur rhum sur un banc.

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Le mythe de la vahiné

Bougainville qui découvre Tahiti associe la femme à la déesse Vénus. L’amour libre et innocent dans une nature paradisiaque enflamme l’imagination des Européens et, aujourd’hui encore, la vahiné compte beaucoup dans l’attrait touristique pour Tahiti. Vahiné : être humain de sexe féminin adulte. La vahiné, femme-fleur, est l’image de la sensualité, celle qui allume l’œil de toutes les personnes du sexe masculin. La parure : chevelure étalée et odorante, fleur à l’oreille ou bouquet odorant dans les cheveux, paréo drapé mettant en valeur la peau nacrée grâce au monoï, les seins nus au naturel. L’Européen tombe amoureux d’une image traditionnelle alors que la femme « exotique » regarde vers la modernité et adopte les manières européennes, parfum parisien de prix ou eau de Cologne bon marché.

La société polynésienne est très attachée à l’idéal de beauté de la vahiné. Preuve en est le nombre de concours où s’affrontent chaque année la fine fleur des jeunes filles, de miss Tahiti à miss Motocross en passant par miss Université et miss Moorea… Il existe en tout plus de 50 compétitions pour 250 000 habitants ! Tout semble fait pour répondre aux fantasmes de l’homme. La femme polynésienne jouissait traditionnellement d’une certaine liberté, d’une certaine forme d’égalité avec les hommes.

Mais il faut vite s’éloigner du mythe, même s’il irrigue les esprits, même celui des vahinés elles-mêmes. Il faut évoquer le nombre d’affaires de viol et d’inceste, affaires qui ne sont que la partie émergée d’un immense problème social. Ouvrez le journal, vous y trouverez des affaires de mœurs devant le tribunal de Papeete : 50% des dossiers traitent de l’inceste. La souffrance et la maltraitance des filles est l’envers du mythe de la vahiné libre de son corps et vouée au plaisir.

Les jeunes femmes qui ont goûté à la vie plus libre de la ville vivent leur choix comme autant de déchirements entre les obligations traditionnelles dues à leur famille et leurs aspirations personnelles. Ce mal de vivre entraîne des suicides, des SOS de femmes qui ne savent pas où se situer. En Océanie, une étude récente montre que le taux de suicide a augmenté de 20 à 30% à partir de 1980. La femme polynésienne est l’objet d’une double représentation masculine : celle de la société traditionnelle et celle de la société européenne. D’où les drames relatés par la presse.

Version comique : Au Club Med de Bora Bora, en début 2006, l’ancien footballeur Maradona en vacances avec sa famille a jeté un verre à la tête d’une ancienne miss Bora Bora. Cela a fait les gros titres de la presse internationale et a suscité des reportages des télévisions du monde entier. Plainte, plainte en rétorsion à la gendarmerie, finalement un accord a été conclu entre le concubin de l’ex-miss et Maradona pour 8000$. Sur quoi l’ex-miss a filé acheter vêtements, CDs, téléphone portable, avant que le cours du dollar ne dégringole…

Version tragique : Une Polynésienne d’à peine 18 ans succombe à la suite d’un viol collectif de 13 personnes (dont 4 mineurs). Après avoir abusé d’elle, son corps dénudé a été jeté dans un caniveau ; le plus jeune violeur a 15 ans et le plus âgé 37. Tout le monde s’insurge, crie au scandale, même la ministre de la Condition féminine, mais toutes les associations dignes de ce nom avaient prévenu les pouvoirs publics que de tels agissements étaient susceptibles de se produire si rien n’était fait. Il s’agit d’un drame dans le quartier déshérité de Faaa, drame de la solitude, de l’ignorance, de l’alcool. La réflexion d’une avocate fait frémir : « dans de tels procès vécus au Palais de Justice, on s’aperçoit que ces violeurs n’ont eu qu’une vie sexuelle très pauvre. Il arrive souvent que ces hommes n’aient eu que 2 ou 3 expériences sexuelles dans leur vie. » Leur seul « enseignement » se limite trop souvent aux seuls films pornos. Certains jeunes violeurs ne vont plus à l’école depuis l’âge de 10 ou 12 ans et traînent dans les quartiers, fréquentent des adultes encore plus paumés qu’eux, goûtent à l’alcool. Les parents n’évoquent jamais la sexualité avec leurs enfants, c’est un sujet tabou en Polynésie – malgré le mythe !

Versions misérables en juin 2006 au tribunal de Papeete : Une fillette a été abusée par son grand-oncle faamu de 36 ans son aîné. A 9 ans les premiers attouchements, à 11 ans les rapports sexuels, à 13 ans le premier bébé. Trois enfants naîtront. Cette fille n’a porté plainte qu’une fois adulte, après avoir rencontré un autre homme. Certains faits sont prescrits. Le violeur : « elle était comme ma femme, elle ne se refusait pas ; c’est même elle qui me provoquait ! » La mère biologique : « je ne sais rien, j’avais d’autres enfants à charge. » La grand-mère : « j’ai honte de cette affaire. C’est ma petite-fille qui m’a amenée ici, au tribunal. Pourquoi elle me fait ça ? Elle a couché avec mon mari… » La famille est un huis clos : 14 ans de prison. Autre affaire : à 14 ans violée par l’ami de sa mère, elle la prévient mais celle-ci ne la croit pas. C’est sa grand-mère qui avertira les gendarmes. Le beau-père est arrêté. Au tribunal, il dira qu’elle était consentante car elle ne l’avait jamais repoussé. Au lieu des 20 ans de prison prévus par la loi, il est condamné à 14 ans et n’en fera que 6…

Hiata de Tahiti

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