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Le Bounty de Roger Donaldson

Bien qu’il s’agisse d’un film des années Mitterrand et de la gauche au pouvoir, je ne peux m’empêcher de songer à la blague du curé en train de confesser une matrone, et qui demande à un enfant de chœur quelle était le tarif que donnait l’ancien curé pour une pipe. Réponse du gamin, blasé : Oh, un bounty ! En anglais, c’est une « prime ». Ce Bounty-là est un bateau mais enrobé lui aussi de sexe.

Le Bounty est un trois-mâts charbonnier enregistré par la Navy comme cotre ; il est donc commandé par un lieutenant de vaisseau sans autre officier, pas par un capitaine avec officiers et détachement de fusiliers. Le lieutenant William Bligh (Anthony Hopkins), né à Plymouth en 1754, avait 33 ans au départ en 1787, marié, deux fillettes, lorsqu’on lui confie la mission « humanitaire » de ramener de Tahiti des arbres à pain en pot pour les acclimater en Jamaïque afin de nourrir les esclaves. Il a connu Fletcher Christian 23 ans (Mel Gibson – 28 ans au tournage), lorsqu’il était capitaine de commerce du Britannia et lui propose comme ami de venir avec lui. Son équipage de 46 hommes est composé du maître navigateur John Fryer, du chirurgien (alcoolique), de l’artilleur et du charpentier, plus deux seconds maîtres et deux aspirants de 15 ans.

Au siècle des Lumières, une belle aventure de mer avec une mission botanique : voilà qui devrait enthousiasmer un équipage jeune. Las ! La pruderie religieuse et la discipline de mer de la Navy allait la transformer en enfer. Bligh est le seul maître à bord après Dieu, il décide des châtiments devant tous et n’hésite pas à humilier qui le défie. Un peu de pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Quant au frustrations sexuelles, à peine exsudées par l’homoérotisme du bizutage des jeunes au passage de la Ligne, elles se révèlent au grand jour une fois arrivé à Tahiti.

Après avoir tenté durant 80 jours (le temps d’un tour du monde à la Jules Verne !) de passer le Cap Horn qu’il avait abordé trop tard du fait des retards d’ordres de l’Amirauté (de vrais bureaucrates imbus d’eux-mêmes), l’équipage est épuisé et empli de ressentiment avec les caprices du chef à bord. La danse, sain exercice qui devrait les divertir, est devenue obligatoire, avec chiens de garde exigeant de lever plus haut les genoux ; elle s’est transformée en devoir, voire en punition.

Ce pourquoi les cinq mois de relâche à Tahiti le 26 octobre 1788 pour empoter les arbres à pain, après 27086 milles marins de navigation, sont perçus comme un paradis dans la baie de Matavai au nord de l’île. Les filles sont quasi nues, ne portant qu’un vague pagne de feuilles de palmier sur le sexe, et peu farouches, désireuses mêmes de prendre du plaisir. Les cérémonies envers les dieux font même de la copulation une offrande et une fête collective. 18 officiers et marins dont Christian, qui a fini par tomber amoureux de la fille du chef (Tevaité Vernette), ont été traités pour des maladies vénériennes. Fletcher Christian, les aspirants et la plupart des jeunes marins ont ôté leur chemise, baisent à tout va, arborent des colliers de coquilles ou se font tatouer.

Le travail comme la discipline s’en ressentent, faisant monter la pression du capitaine soucieux de sa mission comme du bon ordre de la marine et comptable de la Morale. Il ne tarde pas à sévir, faisant fouetter au sang les plus rétifs. Trois s’évadent une nuit, mais finissent par revenir, rejetés par les indigènes ; ils sont à nouveau fouettés. Bligh n’a pas même envisagé que cinq mois hédonistes rendraient insupportable la discipline de fer que sa névrose obsessionnelle le poussait à rétablir dans toute sa rigueur. Son zèle fanatique sur la propreté du navire reflétait probablement une jalousie punitive envers la « saleté » qu’est pour lui liberté sexuelle et vestimentaire de Fletcher Christian, second qui donnait à son avis le mauvais exemple à tout l’équipage, jusqu’aux élèves-officiers de 15 ans. Sans compter peut-être une attirance très marine pour sa jeunesse vigoureuse et imberbe.

La mutinerie contre un tel tyran devenait inévitable. Christian n’était pas officier de la Navy mais venait des navires de commerce. Sa conception du devoir n’était donc pas de principe mais fondée sur l’efficacité pragmatique. Le 28 avril 1789 dans la nuit, à environ 30 milles au sud de l’île de Tofua, Christian décida de chasser le capitaine et ceux qui voudraient le suivre – mais sans tuer personne. Il plaça les 19 sur une chaloupe envoyée à la dérive avec cinq jours de nourriture et d’eau, un sextant, une boussole et une boîte à outils.

Bligh a réussi à rallier le port de Coupang dans les Indes néerlandaises sur la côte du Timor après des semaines de navigation éprouvante. Rapatrié en Angleterre le 14 mars 1790, il a été jugé, ce que le film présente avec les moments évoqués en flash-back. Il sera acquitté pour avoir fait respecter l’ordre, malgré sa rigueur, et avoir sauvé ceux de sa chaloupe, faisant preuve d’un caractère exceptionnel. Il finira vice-amiral en 1814 et mourra à 63 ans en décembre 1817.

Quant aux mutins, ils sont retournés à Tahiti, Fletcher Christian pour retrouver et emmener sa femme, les autres pour en enlever par traîtrise. Certains désirent rester ; ils seront capturés par la Navy et jugés pour mutinerie, trois seront pendus. Devenu capitaine et navigateur du vaisseau, Christian a réussi à trouver le 15 janvier 1790, après plusieurs mois, l’île Pitcairn à 2 200 kilomètres à l’est de Tahiti. Les mutins brûlent leur vaisseau pour ne pas se faire repérer et empêcher quiconque de fuir pour dénoncer leur repaire. Il semble que la situation ait ensuite dégénéré en septembre 1793 par une série de meurtres de mutins par les Tahitiens (dont Christian, blessé par balle et achevé à la hache), lesquels ont été par la suite tués par les veuves des mêmes mutins. Le fils de Christian a survécu et a donné des descendants. L’île fut retrouvée 18 ans après par un baleinier américain mais la Navy n’avait plus personne à juger.

Le réalisateur Roger Donaldson se fonde sur le roman de Richard Hough, Captain Bligh and Mr. Christian (e-book Kindle), qui fait une relation nuancée des protagonistes. Il n’y a pas le tyran d’un côté et les flemmards de l’autre, la vareuse collet monté d’un côté et le torse nu de l’autre, mais un choc de situations et l’incapacité manifeste de Bligh comme de Christian de tenter de comprendre son vis-à-vis. La domination hiérarchique écrasante empêchait tout compromis, avec la justification ultime du Règlement de marine et de la Bible. Reste que passer d’une grande liberté à la contrainte disciplinaire est difficile et demande du doigté : sur les navires, mondes clos, comme en politique…

DVD Le Bounty (The Bounty), Roger Donaldson, 1984, avec Mel Gibson, Anthony Hopkins, Laurence Olivier, Edward Fox, Daniel Day-Lewis, MGM 2003, 2h06, €21,38, Blu-ray €18,90

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Robert Merle, L’île

robert merle l ile

Le canevas de ce roman est fourni par la révolte de la Bounty, cette frégate anglaise de 28 m mutinée le 28 avril 1789 contre son capitaine William Bligh. Les rebelles, par peur des représailles, décidèrent de s’installer sur l’île Pitcairn dans le Pacifique et de fonder une colonie. Robert Merle ne reprend pas l’histoire réelle mais il part de ce qui est vraiment arrivé (pour autant que les témoignages contradictoires puissent l’avérer) pour dévier vers la fiction en laissant courir son imagination.

L’auteur est séduit par les grandes catastrophes qui saisissent tout soudain des hommes ordinaires et les force à s’adapter à la situation imprévue : Week-end à Zuydcoote dans la poche de Dunkerque, La mort est mon métier dans les camps nazis, Malevil après l’explosion atomique, l’avion détourné de Madrapour. La survie devient brutalement un impératif et chacun révèle ce qu’il est vraiment.

Neuf Britanniques, six Tahitiens et douze tahitiennes débarquent donc sur l’île déserte du Pacifique, à l’écart des routes commerciales et mal déterminée sur les cartes. Un bon moyen de se cacher de la Royal Navy qui ne va pas manquer de les faire chercher pour les juger et les pendre pour mutinerie. Très tôt, les problèmes vont naître : émergence d’un nouveau chef, une autre forme de prise de décisions, un racisme latent qui conduira au meurtre, rôle des femmes, attrait de la terre à posséder.

Le plus intéressant personnage de cette histoire est Mac Leod, fourbe matelot écossais qui évincera les officiers du bord et mènera les plus vils et les plus faibles par la ruse et la menace. Face à lui, le nouveau capitaine Mason est un bourgeois borné et puritain, très marqué par la mort de son neveu Jimmy, mousse de 15 ans tué d’un coup de poing par l’intraitable capitaine. C’est ce meurtre qui a déclenché la mutinerie, dernière frasque d’une longue série d’humiliations et de punitions d’une stupide et inflexible figure d’Anglais du siècle. Les réflexes de classe passent mal en 1789…

Le second, Purcell, est la figure centrale du livre, le bien opposé au mal incarné par Mac Leod. Il sera le seul britannique survivant à la fin des 697 pages. Jeune, souple, intelligent et ouvert, il sait s’adapter aux coutumes tahitiennes et n’a rien de cette pruderie ridicule des autres Blancs. S’il n’a pas non plus leur orgueil de race, il possède une conscience morale nourrie de la Bible, si exigeante qu’elle rend la vie humaine sacrée – malgré tout. En fait, la religion compte peu pour le personnage, qui ne prie jamais. Mais il est viscéralement pacifique, profondément humain, amoureux, sensible, très lié aux femmes qui le comprennent à merveille et l’admirent.

Les pages les plus douces du roman sont celles où il évoque Ivoa, sa femme tahitienne qui lui donnera un enfant, ou Jones, matelot de 17 ans à peine, « drôle et gentil », fier de ses muscles nouveaux qu’il garde toujours un peu crispés pour les faire ressortir, ou encore Mehani, son « frère » tahitien, ou Omaata la géante placide, généreuse et sage. Purcell est un poète aimant l’union et la concorde. Étonnamment moderne par cela, il est en complet porte-à-faux avec ceux de son temps.

Trop idéaliste, trop hésitant, trop confiant en ce désir de paix qu’il croit enraciné en chacun, il apparaît comme un président Carter dont il a les références et les scrupules. Seul parmi les Anglais, il a su se libérer des entraves physiques et sociales qui corrompent la morale ou la rigidifient en aigrissant le caractère par l’insatisfaction. Il est un homme heureux, heureux de l’instant qu’il vit, de ceux qui l’entourent dont il voit surtout les qualités, heureux d’être lui-même. Il est le « sauvage » parmi les Blancs austères et névrosés. Les matelots ne le comprennent pas, ni le capitaine. Seuls les très jeunes, les Tahitiens et les femmes sont de plain pied avec lui. Tous les autres Britanniques ont au fond du même un ressentiment perpétuel qui les ronge et les rend agressifs, envieux et égoïstes.

jeune indien amerique torse nu

Mason s’accroche au formalisme par habitude de caste – et parce qu’il ne se sent pas à la hauteur de sa tâche. Mac Leod, fils de pauvre, famélique depuis l’enfance, a une haine envers tout ce qui est supérieur à sa condition. Johnson est un faible vieillard que les femmes ont toujours battu, en Angleterre comme sur l’île. Smudge est un petit laid fort couard, vrai roquet hargneux rempli de ressentiment contre la force et la beauté. Purcell, à l’inverse, est bon parce qu’il n’est aigri par rien.

« Mais il ne suffit pas d’être bon », comme lui dit le chef des Tahitiens après la première tuerie. « Tu dis : je partage avec vous l’injustice. Mais cela ne supprime pas l’injustice » p.335. Purcell compatit, mais s’abstient d’agir, inhibé devant la violence. Il est pourtant courageux et prend des risques considérables pour se faire entendre des deux camps et tenter de réconcilier les uns et les autres. Si cela lui vaut l’admiration de ses adversaires, sa diplomatie reste inefficace car il n’admet pas la violence nécessaire à faire respecter les accords. Même si l’on répugne à tuer, cacher cette répugnance peut rendre les exhortations plus plausibles.

La force est le dernier recours du diplomate quand les situations échouent ; jamais la négociation seule n’a suffit sans la menace. Si tu veux la paix, prépare la guerre. Qui refuse la guerre n’aura jamais la paix. Comme chacun sait que tuer est tabou pour le lieutenant Purcell, on le laisse dire. Dès que l’un ou l’autre transgresse l’interdit et tue, Purcell reste sidéré, désarmé, sans force. Il n’est pas crédible. S’il avait su ne pas hésiter et choisir fermement son camp en prouvant sa détermination à le défendre jusqu’au bout, la guerre n’aurait pu s’allumer et se répandre dans l’île.

La grande leçon du livre est là : il faut, en certaines circonstances, faire taire les nuances et avoir le courage de choisir son camp jusqu’à recourir à la violence lorsque l’on a épuisé les autres moyens. Même si l’on répugne à tuer, la détermination de le faire est indispensable pour exposer sa volonté, aux autres comme à soi-même. Ainsi devons-nous agir contre le terrorisme : par le droit, mais sans aucun scrupule.

Le message chrétien est ambigu qui demande de tendre l’autre joue. A la lettre, et malgré Gandhi, la non-violence systématique est une faillite. Ce dogme fait les martyrs et les saints mais pas les chefs efficaces. Or, lorsque la survie de tout un groupe est en jeu, on n’a que faire des martyrs, alors qu’un chef est indispensable. Une autorité doit s’imposer, s’il le faut par la force s’il n’est pas d’autre langage, pour faire reconnaître ici et maintenant la sagesse ; à charge, une fois la crise passée, de tempérer la force par l’adhésion volontaire de la majorité. Avec le risque que l’illusion des bons sentiments ne précipite les circonstances à imposer la dictature, faute de décision ferme dans les temps. Robert Merle, qui était socialiste, savait combien le pétainisme ne l’emporte que faute de fermeté. A trop refuser de voir le réel, l’urgence emporte la force bien au-delà de ce qui aurait été nécessaire… C’est ainsi que les bons bourgeois idéalistes se retrouvent avec Hitler ou Castro.

Purcell semble l’avoir compris, mais seulement après toutes ces épreuves, et l’aventure se termine sur une note d’espoir – bien différente du destin réel des mutinés de la Bounty. Mais L’île, bien sûr, est un roman.

Robert Merle, L’île, 1962, Folio 1974, 696 pages, €9.70

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Sur la mer polynésienne

Elles sont arrivées ! La première baleine de la liste ayant pris place dans nos eaux était une solitaire arrivée le 31 mai. Une éclaireuse ? Depuis on en compte plus d’une quinzaine autour de Moorea, Tahiti et Tetiaroa. Ces baleines, mâles, femelles parturientes et quelques juvéniles ont parcouru quelques 6 000 km avant de s’ébattre dans nos eaux. La Polynésie est un sanctuaire pour les baleines. Il y a donc des règles pour approcher ces mammifères et les observer. Il faut se tenir à une distance de 50 m des adultes et à 100 m des baleineaux, garder une vitesse constante, changer de cap progressivement, ne pas approcher ces animaux par l’arrière. Rien que du bon sens mais que certains individus jugent trop contraignant.

TAHITI

Nos requins du Pacifique seraient-ils plus sociables, moins agressifs que ceux autour de l’Australie ou de la Réunion ? Ici, les attaques de requins sont rares. Certes, on cite quelques cas de morsures mais pas d’attaques mortelles. En Polynésie française, les requins sont protégés depuis 2006. Pour le requin bouledogue, sa présence est anecdotique, le requin blanc ne fréquente pas notre mer, mais le requin tigre s’y plaît. Nos eaux sont très claires ce qui n’est pas le cas à la Réunion.

D’abord des chiffres : la population de Pitcairn compte 50 habitants en 2015 contre 250 dans les années 50. Les îles Pitcairn sont composées de 4 petites îles volcaniques d’une superficie totale de 47 Km2 et dont seule celle nommée Pitcairn est habitée. Elles sont situées à environ 2 100 km à l’est de Tahiti. Ce petit morceau de terre où vivent depuis des générations des descendants de l’équipage du Bounty, ces marins qui s’étaient mutinés en 1789, a légalisé le mariage gay – selon le gouvernement qui l’a annoncé sur son site. Apparemment, nul, parmi la cinquantaine d’habitants ne serait à priori susceptible d’être intéressé par la nouvelle loi mais le territoire tenait à se mettre à la page, a expliqué le vice-gouverneur Kevin Lynch. C’est ici la dernière possession britannique dans le Pacifique entre la Nouvelle-Zélande et le Chili. La capitale des îles Pitcairn ? – Adamstown. Je suis sûr que vous ne le saviez pas.

ado gay colliers

Encore Clipperton : un autre confetti dans le grand océan, royaume des crabes, des oiseaux (quelques 110 000 fous masqués la plus importante communauté au monde) – et des rats. A 12 000 km de la France, à 6 000 km de Tahiti et à 1 300 km du Mexique, l’atoll de 7 km2 – dont 1,7 km2 de terres émergées seulement – est considéré comme le plus isolé du monde par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Avec cette ile isolée et inhabitée, la France dispose d’un véritable laboratoire à ciel ouvert. Clipperton est une chance pour la France ; elle ne devrait pas la gâcher. Ressources halieutiques (thonidés), champs sous-marins de nodules polymétalliques, position géographique dans une ZEE (zone économique exclusive) de 435 000 km2 supérieure à celle de la France métropolitaine (336 000 km2). Clipperton a permis à la France, en 1973, d’adhérer à l’Inter American Tropical Tuna Commission (I.A.T.T.C.) qui ouvre l’une des zones de pêche les plus riches au monde et de participer à ses travaux (le tuna est le thon). Un accord lie la France et le Mexique, qui est autorisé à y faire naviguer 43 thoniers. En décembre aura lieu la conférence mondiale sur le climat (COP 21). Verra-t-on François Hollande se saisir de ce dossier et autoriser la création sur l’atoll d’un observatoire de l’océan « sur les plans faunistique, climatique et environnemental » ? Jacques Chirac n’avait pas saisi cette opportunité or, comme le dit le député UDI du Tarn Philippe Folliot, « Clipperton ne doit pas rester en jachère ». Rappel : Clipperton a été découvert par des marins français en 1711, le jour du vendredi saint, l’atoll fut d’abord appelé île de la Passion avant de prendre le nom d’un flibustier britannique qui écumait la région. Encore les Anglais !

Hiata de Tahiti

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Trésors de la mer tahitienne

En avril, ne te découvre pas d’un fil. Ici on crève de chaud et la grippe est aux portes. Le Prairial était parti en mission à travers le Pacifique, en débarquant à Clipperton, un paquet bien ficelé les attendait.

prairial cachet postal

Cadeau de bienvenue ? Yes, 1,2 kilo de cocaïne. Rien d’extraordinaire pour cette région. Une mission scientifique de 14 personnes est sur place accompagnée par une section du détachement terre du Rimap. Là-bas ils sont à 6 000 km de Tahiti. Bon séjour et bonnes récoltes… de renseignements scientifiques.

cocaine paquet

Dans le port de Papeete, sont venus plusieurs navires de recherche ces derniers jours : NOOA Ronald H. Brown, bateau américain qui appartient à la National Oceanic and Atmospheric Administration. Il collecterait des données climatologiques et s’intéresserait en particulier à El Nino. Il y avait aussi le Yuan Wang 6, navire chinois reconnaissable entre tous avec ses larges paraboles et qui vient souvent saluer le port de Papeete ! Également Polaris 2, brise-glace battant pavillon panaméen.

l atalante ifremer

L’Atalante, navire scientifique français qui venait de mettre à l’eau une mini-station d’observation dans le cadre du programme Thot et s’apprêtait à effectuer des relevés des fonds marins dans l’optique d’étendre la superficie de la ZEE polynésienne. Il devait intervenir également pour le compte de l’armée, en cartographiant le plancher sous-marin des anciens sites d’expérimentation nucléaire. La mini-station a déjà parlé. Son dispositif « flotteur profileur » remonte à heure fixe en surface et transfère les informations recueillies entre 1 000 et 2 000 m de fond : température, salinité, oxygène, chlorophylle. Tout est mesuré et parle aux scientifiques de l’IRD. L’IFREMER elle s’occupe de la « croûte ». Toujours d’après les scientifiques la Polynésie serait riche en « encroûtements cobaltifères », en « dépôts métalliques » contenant du cobalt, du fer, du manganèse, et autres métaux précieux. À quand la richesse ? Il faudra patienter encore un peu !

Pitcairn carte

Pitcairn, vous connaissez ? C’est à 2 200 km à l’est de Tahiti. Et c’est british ! Les révoltés du Bounty ? Le seul territoire britannique d’outre-mer dans l’océan Pacifique ! Un ensemble de 4 îles, superficie totale 47 km2. La majorité des habitants (ils sont 50) descendent des mutins du Bounty et de leurs femmes tahitiennes. Donc, le gouvernement de Sa très Gracieuse a présenté un projet en vue de créer une grande réserve marine, d’une superficie de 831 334 km2, un peu plus vaste que le Royaume Uni ! 1 250 espèces marines ont été recensées dans cette zone à ce jour. L’environnement marin est exceptionnel d’après les scientifiques, récifs coralliens les plus profonds du monde et les eaux parmi les plus claires de la planète.

Hiata de Tahiti

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Révolte ou révolution à Tahiti ?

Le festival de la Bounty a eu lieu à la mairie de Papeete du 25 au 27 octobre. Une petite délégation de Pitcairn était venue au fenua. La plupart étaient des descendants des mutins dont leur chef Fletcher Christian, mais l’un des descendants de William Bligh était présent également. Source d’inspiration que cette histoire d’une mutinerie devenue mythique. Livres, films ont voulu narrer l’exploit du Capitaine Bligh ou la romance de Fletcher avec une vahiné. La mutinerie a  inspiré écrivains et cinéastes : Charles Nordhoff et James Norman Hall, Jules Verne, Bengt Danielsson, les créateurs de la série Simpson où Bart incarne Fletcher Christian, également quatre films avec Errol Flynn, Clark Gable, Charles Laughton, Marlon Brando, Mel Gibson. A quand le prochain ? Au fait, savez-vous combien Pitcairn compte d’habitants ? Non ? Seulement 52.

bobby holcomb tahiti

La biographie de Bobby Holcomb écrite par Dorothy Levy et Bruno Saura vient de sortir en librairie. Bobby était un touche-à-tout de génie que les Polynésiens ont redécouvert. Né à Hawaï, enfance en Californie, hippie à San Francisco, quinze années en Polynésie, à Huahine surtout. Musicien, peintre, s’inspirant de la mythologie ma’ohi, croyait fermement en la magie, au mana. Pour qui s’est arrêté à Huahine, le mana transpire partout et principalement à Maeva. Il écrivit des chansons en incluant les noms des marae alentours, en langue tahitienne et en anglais, il fut reconnu comme chanteur, peintre. Même quand son ami Quincy Jones voulut lui envoyer un jet privé pour le faire soigner en Amérique, lui qui était si malade,  lui répondit : je dors au pied d’une montagne sacrée, cela suffit.

bobby holcomb tahiti b

Adieu les contrefaçons ? Hop un procédé révolutionnaire, une étiquette contenant des informations comme lieu de production, date de production, producteur, zone géographique précise, etc, pas plus grosse que quatre cheveux, est un hologramme pouvant être révélé via un lecteur standard d’une cinquantaine d’euros et connecté à un simple ordinateur. Protection et traçabilité. Enfin pourrait-on dire. D’autres inventions qui pourraient bien changer la face de la perle : nettoyage bio pour les bios salissures, la révolution du nucléus. Le nucléus, c’est le cœur de la perle, c’est autour de lui qu’elle se fabrique. Actuellement les nucléus sont fabriqués avec des coquilles d’unionidae, une espèce de mollusque bivalve. Les rebuts étaient détruits avec leur nucléus. Gâchis. Un procédé permet désormais de recycler les perles n’ayant pas une couche nacrière suffisante pour être commercialisées. Une machine permettra de détacher la nacre du nucléus pour l’utiliser dans la cosmétique ou la teinture, les nucléus pourront après traitement être revendus aux perliculteurs. On pourra aussi fabriquer localement un nucléus à base de poudre de nacres. Les tricheurs n’auront qu’à bien se tenir !

Le venin du cent-pieds serait un antidouleur prometteur. Ce scolopendre ou mille pattes (Scolopendra subspinipes) cache dans son venin un antidouleur efficace. Des chercheurs australiens ont isolé une molécule susceptible d’inhiber les nerfs qui transmettent la douleur. Le venin du cent-pieds s’est avéré potentiellement aussi efficace que la morphine sur un canal nerveux particulier.

La dengue a fait sa première victime, un bébé de six mois. La progression de la dengue se poursuit. Deux virus circulent allègrement au fenua et maintenant le Zika a fait son apparition avec des plaques sur la peau, une fièvre importante une rougeur des yeux, des douleurs articulaires, des courbatures. On a beau crier sur tous les toits, sur toutes les télévisions  qu’il faut se protéger individuellement des moustiques. Tous les archipels sont touchés, sauf les Gambier. Que chacun détruise ses gîtes à moustiques. Les médecins ne savent pas comment le Zika est arrivé au fenua, et personne n’est immunisé.

Le ferry Aremiti II est construit aux Philippines pour un chantier australien et devrait bientôt relier l’Ile sœur à la capitale. Il embarquera 960 passagers et 140 véhicules légers. Construit en un an et demi, ce nouveau joujou a été mis à l’eau fin septembre, la livraison est fixée au 24 novembre, son arrivée dans la rade de Papeete prévue pour le 6 décembre, il devrait commencer ces trajets avant la fin de l’année. Bateau entièrement en aluminium, il mesure 80 m de long pour 17 m de large, intérieur très design ! Le snack-buvette attend sagement ses futurs clients ! Le navire api (nouveau) effectuera des traversées à 20 nœuds, mu par 4 moteurs MTU de 3 000 chevaux.

Hiata de Tahiti

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