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Eternelle adolescence matznévienne

« Ce qui rend la vie sociale si ennuyeuse, c’est son hypocrisie. Chacun se compose un personnage, affecte une unité de surface. Celui qui ose avouer ses contradictions fait scandale. On le traite d’immature ou de débauché. Pourtant, c’est ainsi : coexistent en nous un spirituel et un sensuel, un cynique et un tendre, un égoïste et un généreux, un Don Juan et un amant capable de fidélité, un destructeur et un créateur. La lucidité nous invite à confesser notre nature contradictoire, fugitive, polymorphe ; mais la lucidité est une vertu infernale, c’est-à-dire une vertu qui autorise les pharisiens à nous envoyer rôtir en enfer » p.57. Certes mais, cher Matzneff, il ne s’agit pas de résoudre ses contradictions selon ce qu’on croit être « la » morale unique en tout temps et en tous lieux, comme si un Dieu unique omnipotent nous enjoignait de lui obéir sous peine d’enfer éternel. Si certains le croient, ils ne peuvent imposer à tous ce fantasme totalitaire.

Devenir adulte, c’est non pas « résoudre » mais « vivre avec » ses contradictions, inhérentes à la nature humaine et à ce monde ici-bas, mêlé et imparfait. L’idéal n’est qu’une image, il n’est jamais accompli. Cela dit, si au lieu d’en jouir il en avait élevé, Gabriel Matzneff aurait probablement une autre conception des « jeunes personnes ». Il les saurait fragiles, même si le plaisir ne doit pas leur être interdit.

Gabriel Matzneff en son enfance

L’un des modèles de Gabriel Matzneff est Giacomo Casanova, « un séducteur qui connait des succès, mais aussi de nombreux échecs, un amant qui fait l’expérience du plaisir, du bonheur, de la passion partagée, mais aussi  celle du dédain, de la trahison, de la douleur ; c’est un infidèle qui aspire à la constance, un cynique tendre, un écorché vif toujours encombré de nouvelles amantes et tourmenté par la nostalgie de ses amours évanouies, un bon chrétien disciple d’Epicure et du Sequere deum des stoïques, un hédoniste tenté par le monastère, un pédophile hétéro sensible à la beauté des jeunes garçons, un cavaleur plein d’énergie vitale qui manque de se suicider, un être que dévorent ses pulsions contraires et qui, de cette existence incohérente, hors norme, a tiré une œuvre qui nous émeut, nous amuse, nous captive, nous enseigne et nous enchante » 2010, p.158. Ne voilà-t-il pas un bon portrait de lui que Matzneff revendique pour la postérité ?

Un autre modèle est Montherlant. Mais celui-ci, adulte, vivait une « alternance », ainsi appelait-il ses actes contradictoires et successifs ; ils tournaient autour d’un axe : ce qui fait la morale de soi, l’image que l’on a de nous-mêmes à nos propres yeux. Il semble que Matzneff n’ait jamais vraiment mûri comme Montherlant l’a fait, voulant vivre « en même temps » ses contradictions. Est-ce un vice de son époque incapable de choisir ? Inapte à construire une personnalité ? Signe que mai 68 perdure, les marcheurs politiques se veulent « en même temps », façon plus subtile d’opérer une « synthèse » à la Hollande mais guère plus efficace. A certains moments, il faut décider, prendre un chemin et pas un autre, quitte à bifurquer ensuite. D’où le sentiment de flou de la politique actuelle du président Macron et les citoyens déboussolés. S’il est réaliste de naviguer à vue quand le brouillard se lève et d’actionner la barre pour éviter tout obstacle brusquement surgi, il n’en demeure pas moins qu’un cap doit être défini si l’on veut aller quelque part. L’adolescence prolongée, dans la vie comme en politique, est ridicule et stérile, Matzneff l’apprend à ses dépens.

En revanche, la foi est peut-être la part d’adolescence que nous pouvons garder jusqu’à un âge avancé. Elle est doute et impossibilité raisonnable à décider ; elle est curiosité et élan. « Nous pouvons, c’est mon cas, (…) avoir des doutes sur l’enseignement de l’Eglise et simultanément avoir le sens du sacré, de la transcendance » p.75. Raison et sentiments… L’adolescent subsiste dans l’adulte. « J’ai une unique certitude qui constitue le pivot et la justification de ma vie agitée : nous sommes sur cette Terre bénite et maudite pour créer de l’amour, pour créer de la beauté » 2009, p.130. Romantique, isn’t it ? Tellement « jeune » en tout cas. « Il n’y a pas de foi chrétienne sans une rencontre personnelle avec le Ressuscité » p.53.

Mais qu’un Dieu existe ou pas, au fond quelle importance ? Il s’agit seulement de « croire » car l’illusion aide à vivre, surtout à l’âge où l’on se construit. Nietzsche l’avait bien compris qui faisait de « l’artiste » le type humain le plus haut à l’âge adulte et de la lucidité contre toutes les croyances une sur-humanité. Dans « les prières (…) l’essentiel est le plaisir et la consolation que nous éprouvons en les formulant. Si Dieu n’existe pas, tant pis pour lui » déclare Matzneff p.156.

L’adolescence, même attardée, donne à penser. Mais elle semble de moins en moins socialement acceptable.

Gabriel Matzneff, Séraphin c’est la fin ! 2013, La Table ronde, 267 pages, €18 e-book Kindle €12.99

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Exorcisme, lèpre et dents de Gauguin

Monseigneur Coppenrath traiterait de quatre à cinq cas « d’oppression diabolique »  chaque année. Il les soulage par des « prières de libération » spectaculaires pour certaines. C’est une charge confiée par le Vatican. Il se définit lui-même : « je suis un véritable exorciste ». En septembre 1987, l’atoll de Faaite avait été le théâtre d’une tragédie après la venue de « trois prétendues prêtresses » du « Renouveau charismatique ». Cela s’était traduit par des scènes d’hystérie collectives et la mort de six personnes jetées vivantes dans les flammes d’un bûcher. Récemment, en 2005, une sexagénaire avait été torturée lors d’un exorcisme familial à Paea (Tahiti). Suite à l’interview de Monseigneur, P’tit Louis a réagi à sa manière.

exorcisme ptit louis

On a fêté les cent ans d’Orofara, le village des lépreux. C’est en 1914 que le village avait ouvert ses portes. Les autorités de l’époque faisaient face au nombre croissant de lèpre en Polynésie en regroupant les malades à l’écart de la population. Elles choisirent Mahina qui ne comptait alors que peu d’habitants. Les lépreux y vécurent en vase clos, isolés des autres habitants. Il ne demeure aujourd’hui que neuf malades à Orofara. Le maire de Mahina souhaite inscrire Orofara au patrimoine de l’Unesco.

paul gauguin autoportrait 1903

Les dents de Paul Gauguin ont été restituées à la commune de Hiva Oa. Elles avaient été trouvées dans une bouteille dans un puits comblé de la maison du peintre. Elles ont été authentifiées par des tests ADN avec une probabilité de 90% d’avoir appartenues à Paul Gauguin. Arrachées par qui ? On ne sait pas ! Elles ont été remises lors de l’escale du Paul Gauguin au maire de Hiva Oa Etienne Tehaamoana par Catherine Boyle-Turner.

Hiata de Tahiti

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Une autre image de la femme musulmane

Article repris par Medium4You.

Rappelons qu’Auguste Mouliéras, professeur de la chaire publique d’arabe d’Oran est l’auteur, fin XIXème, d’une encyclopédie anthropologique sur le Maroc. Soumise, la femme en Islam ? Pas toujours… Tout dépend de son caractère, de son intelligence, de la puissance de sa famille, des mœurs de sa tribu. Exemple :

« Quoi qu’en dise Perron et sa docte cabale, c’est-à-dire les pseudo-arabisants-sociologues qui ont suivi les brisées de l’ancien directeur de l’école de médecine d’Égypte, la musulmane est encore la reine de son foyer comme au temps des Abbassides et des Arabes antéislamiques. Il est bien certain toutefois qu’elle n’a jamais l’occasion d’étaler en public son réel prestige. Le monde fermé de l’Islam, en effet, n’a pas nos bals, nos soirées, nos réunions mondaines, où les deux sexes fusionnent si intimement, se coudoient, s’observent et se font remarquer. Invisible derrière ses voiles et ses murailles, la mauresque, arabe ou berbère, ne livre son existence quotidienne qu’à ceux qui vivent avec elle, à son mari, à ses frères, à ses proches parents. Or, jusqu’à présent, ceux-ci n’ont point jugé à propos de divulguer les secrets du harem soit du haut d’une tribune ou de la scène d’un théâtre, soit dans les pages brûlantes d’un roman de mœurs orientales. Nos psychologues en redingote se sont donc trouvés dans l’obligation absolue, ou d’étudier la femme arabe uniquement dans les livres arabes, rien que dans les livres arabes, ou de se copier les uns les autres en parlant des horizontales algériennes et tunisiennes. Ceux qui ont puisé leurs inspirations dans la littérature du peuple de Mahomet nous ont montré la femme poète, artiste et lettrée, c’est-à-dire l’exception. Les autres nous ont donné leurs impressions sur les filles perdues de l’Islam, les mouquères dépravées de l’Afrique du Nord, autre exception qui ne prouve rien en faveur de leur thèse. Au point de vue spécial de la femme et de son influence dans la société islamique, il y a peu de chose à glaner à travers la littérature arabe, car les compatriotes du Prophète ont évité avec soin de déchirer le voile de leur vie privée. Quand, par hasard, ils mettent en scène une femme, c’est toujours une savante ou une sainte. Il est évident que l’hôtel de Rambouillet et les mystères de Lourdes ont leur place, si l’on veut, dans les études gynécologiques, mais cette place est restreinte parce que les précieuses et les bigotes ne sont dans une nation qu’une infime minorité.

Faite dans des conditions si défectueuses, l’enquête de nos africanistes ne devait et ne pouvait aboutir qu’à la condamnation navrante et sans appel qui est sur toutes les lèvres chrétiennes « La musulmane existe comme bête de somme, comme chair à plaisir. Son influence morale n’existe pas ». (…) Entrons dans le vif de la question par des exemples qui démontreront que la musulmane des classes laborieuses de la société islamique est pour le moins aussi influente et aussi heureuse que l’épouse de l’ouvrier chrétien. Si je choisis à dessein le monde des travailleurs, c’est parce qu’il constitue l’immense majorité humaine, le troupeau innombrable et souffrant des pauvres, l’élément producteur et générateur par excellence. A côté de lui, que sont les riches ? Une quantité négligeable ou peu s’en faut.

A quelques lieues d’Aïn-Béïdha, dans la province de Constantine, il est une tribu arabe, les Ôùlad Daoud, dont j’ai conservé le meilleur souvenir. Un modeste agriculteur, le vieux Si Ah’med ben T’ayyéb paraissait gouverner en prince débonnaire son grand douar, vaste agglomération d’une vingtaine de tentes sous lesquelles vivaient ses fils, ses filles, ses brus, ses petits-fils, ses arrière-petits enfants, tout un monde de parents de différents degrés, très unis entre eux, s’aimant, s’entraidant, la vraie famille patriarcale en un mot, telle que je l’aime. Arrivé en 1874 dans ce milieu exclusivement arabe pour y apprendre le plus difficile des idiomes terrestres, muni d’une simple lettre de recommandation de mon savant professeur, le regretté Napoléon Seignette, je fus accueilli par ces braves gens comme un adolescent inexpérimenté que j’étais alors, c’est-à-dire en toute sincérité de cœur, sans aucune arrière-pensée, en parent plutôt qu’en ami. Non, ils ne m’ont rien caché, mes chers hôtes, que je bénis encore après un quart de siècle de séparation. Ils furent pour moi des conseillers éclairés, des guides sûrs et désintéressés, presque des frères, malgré la différence de race et de religion.

Quelles maisons de verre que ces tentes arabes, quelle mine, quel trésor d’observations pour qui a des yeux et des oreilles ! Vivant de leur vie, m’intéressant à tout ce qu’ils faisaient, agriculture, élevage, tissage, tonte des moutons, castration des taureaux, cuisine, transhumance, labours, prières, ablutions, chasse aux puces exécutée sur la personne du vénérable Si Ah’med par les mains pieuses de ses fils de trente et quarante ans, longues veillées, conversations interminables avec les femmes et les hommes, telle est la vision, très nette et très douce, de mes trois mois de séjour là-bas qui me passe rapidement devant les yeux.

Une fée magique gouvernait la colonie. C’est elle, je le sus plus tard, qui avait décrété mon admission dans le giron de la grande famille. C’était la pieuse Khadhra, la vieille et sainte femme du chef, la mère sacrée de ses grands fils, la belle-mère non moins respectée des enfants du patriarche issus d’un premier lit. Or, le prudent Si Ah’med ne prenait jamais une décision sans consulter la reine du douar et celle-ci faisait marcher son monde au doigt et à l’œil, un froncement de ses sourcils étant un ordre auquel on n’avait encore jamais désobéi. Une nuit, par un orage épouvantable, nous étions campés sur la pente d’une colline. Affolés par le tonnerre et la pluie, les troupeaux envahissaient les tentes, piétinant les dormeurs, renversant les personnes qui étaient debout. Des trombes d’eau menaçaient à chaque instant d’emporter nos toits de laine. Éperdues, les mères se sauvaient au centre du douar, leurs enfants serrés sur la poitrine, criant que c’était la fin du monde, faisant in-extremis la profession de foi islamique. Cependant, nous, les hommes, nous déclarions qu’il fallait se réfugier au plus vite dans le vieux bordj inhabité de Seignette, à trois kilomètres de là. Et nous appelions Si Ah’med, le conjurant de sortir enfin de sa tente où il paraissait avoir pris racine : – Sidi, partons, allons au bordj, le t’oufan (déluge) nous emporte ! – Calmez-vous, enfants, répondit la voix tranquille du vieillard. Khadhra est en prière. Attendez qu’elle ait fini. Elle vous dira ensuite ce qu’il faut faire.

Patiemment, nous restâmes immobiles sous les grondements du tonnerre et la pluie battante. Tout à coup, un pan de la tente du chef se souleva, et Khadhra parut au milieu des éclairs. « Tous à vos tentes, que personne ne sorte, l’orage va finir, s’il plaît à Dieu. » Tandis qu’elle parlait, je voyais, comme en plein jour, sa main rigide tendue vers nous dans l’attitude de souveraine omnipotence qui lui était habituelle. Un quart d’heure plus tard, nous dormions tous du sommeil du juste, chacun ayant regagné précipitamment sa couche sur l’ordre formel de la femme arabe illettrée qui gouvernait le douar.

(…) Une dernière observation qui a bien son importance : pas une seule fois, durant mon séjour au milieu d’eux, je n’ai été témoin de sévices, de cris, de querelles et de coups dans les vingt ménages arabes qui m’entouraient. Chacun vaquait à ses occupations avec le calme et la régularité placide des temps bibliques. Puis, le soir, réunis devant ma tente qui était devenue le forum de notre village aux maisons de laine, assis pêle-mêle avec les femmes et les enfants, nous causions, et, souvent aussi nous écoutions celle de ces dames qui avait une histoire à raconter, un bon mot spirituel à placer. De ce qui précède, il ne faut pas conclure que tous les maris mahométans sont des modèles de patience, de douceur et de galanterie. Non, loin de là. Ce que j’affirme cependant, c’est qu’ils ne sont ni meilleurs ni pires que nos paysans, et je puis ajouter, sans crainte d’être taxé d’exagération, que le buveur d’eau islamique est et sera toujours un époux mille fois moins insupportable que l’ouvrier alcoolique de nos grandes villes industrielles.

De la campagne et de l’atelier passons à la jeunesse des écoles. Quittons l’Afrique française, où l’instruction est nulle chez la femme arabe, et entrons au Maroc. Courons à Fas [on dit aujourd’hui Fès], la capitale intellectuelle du pays. (…) Si Ah’med ben Es-Snousi veut bien nous accompagner. C’est un vieil étudiant, c’est un barde populaire, et aussi un poète lettré, d’une fécondité, d’une facilité d’improvisation extraordinaire. Habitant Fas depuis douze ans, il connaît les coins et les recoins de la capitale, les mœurs, les coutumes, l’état d’âme de ses coreligionnaires.

« Moi, serviteur de mon Dieu, Ah’med ben Es-Snousi, j’ai étudié à Fas pendant douze ans et j’y ai vu une femme, s’appelant El-Aliya bent Si-t’-T’ayyéb ben Kiran, qui nous faisait un cours de Logique dans la mosquée des Andalous. Entre elle et nous se trouvait un grand rideau qui nous empêchait de la voir, mais nous pouvions l’entendre. C’était une femme d’une érudition vaste, d’un savoir infini dans toutes les branches des connaissances humaines. Mieux qu’aucune femme de la ville, elle possédait son Coran dans sa mémoire. La plupart des femmes de Fas, en effet, apprennent le vénérable Livre divin. Toutefois elles étaient bien inférieures à Madame El-Aliya en métaphysique (autrement dit, dans le domaine des richesses intellectuelles qui proviennent de la raison pure). Nous suivions donc les leçons d’El-Aliya, et elle nous stupéfiait par l’étendue de sa science. Les femmes de Fas sont d’ailleurs très fortes en littérature elles goûtent particulièrement les poésies de l’imam El-R’ernat’i. El-Aliya faisait gratuitement ses conférences aux étudiants. Son cours avait lieu à midi pour les hommes et après la prière de quatre heures du soir pour les femmes. Elle expliquait aux étudiantes la Vjerroumiya (grammaire arabe) avec les commentaires d’El-Ezhari.» (…)

Une femme arabe professeur de Logique, qu’en pensent nos géographes et nos sociologues qui ont répété sur les tons les plus lugubres que le Maroc est plongé dans les ténèbres d’une barbarie sans nom, dans l’océan d’une ignorance incurable ? Et veuillez remarquer que notre El-Aliya dédaigne absolument le psittacisme coranique abrutissant que vous connaissez. L’intelligente Marocaine plane dans les régions élevées de la science des sciences, la sophia des stoïciens, la science du raisonnement, celle qu’Hamilton et Kant ont pu définir la science de la pensée en tant que pensée. »

Sensibles féministes, sages profonds, et vous divins philosophes qui rêvez l’égalité, la fraternité et la science universelles, réjouissez-vous! Non, le Mag’rib n’est pas l’immense et noir tombeau que l’on croyait » page 737.

Auguste Mouliéras, Le Maroc inconnu tome 2 – exploration des Djelaba, 1899, disponible gratuitement sur Gallica

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