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Européennes du goût à Aurillac

Dès le vendredi 3 juillet, et jusqu’au dimanche 5, la ville d’Aurillac – plutôt connue pour ses températures basses à la météo nationale – se met en joie avec son festival gastronomique et culturel annuel. Elle attend 30 000 visiteurs sur ces trois jours. Peut-être vous ?

europeennes du gout 2015

Cette année, le héros sera le livre – de cuisine – qui en a bien besoin. Des auteurs feront des dédicaces.

Mais la gastronomie exige que l’on mange : et l’on sera servi !

europeenne du gout 1

Les chefs vont animer des laboratoires culinaires, des ateliers de pâtisserie ouvriront pour les enfants (il faut s’inscrire au 04 71 46 86 50), le village du goût offrira des dégustations de produits locaux, et l’Office de tourisme du pays d’Aurillac organisera un concours des Goudots gourmands, jugé par un jury populaire – il y avait 3340 dégustateurs l’an dernier.

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Un concours de cuisine amateur est aussi organisé (inscription avant le 15 juin par courriel à catherine.pouget@aurillaccongres.com).

Le Parcours du goût (inscription 15€ au 04 71 46 86 50) fera découvrir les produits du terroir local tels que jambon sec (Cantal Salaisons), terrine de bœuf et sa salade de lentilles (Le Cochon d’Or), Saint-Nectaire (EARL Mercier de Marchastel), dessert à base de carrés d’Auvergne (Boulangerie Gladines de Saint-Martin Valmeroux), Gentiane apéritive et vin rouge d’Auvergne (Louis Couderc), Auvergnat Cola pour les enfants.

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Après tout, le terroir, qui fait le fond culturel de la France, mérite de voir son image mise en valeur.

Le faire en s’amusant, par le sens du goût librement, égalitairement et en toute fraternité de la panse – voilà qui est intéressant.

europeenne du gout 5 goudots

Les berges de la Jordanne serviront de cadre champêtre et apaisé pour les quelques 60 exposants du marché. Ils doivent être, selon le cahier des charges, soit producteurs, soit artisans.

Le soir, concerts de chanson française et jazz manouche.

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Lieu du festival : Cours d’Angoulême 15 000 AURILLAC (France)

Hébergements et séjours : Office de tourisme du pays d’Aurillac Tél. 04 71 48 46 58 Fax. 04 71 48 99 39 http://www.iaurillac.com

aurillac carte de situation

Accès : Par la route :
– De Clermont Ferrand par l’A75 puis RN122
– De Limoges par l’A20 puis RN120
– De Montpellier par l’A75 (via le Viaduc de Millau) puis RN122
– De Toulouse par l’A20 puis RN122

En train : Gare d’Aurillac – Renseignements au 08 36 35 35 35

En avion : AURILLAC – PARIS / Hop : http://www.hop.fr

Fannie Cipriani Billetterie – Communication – Commercialisation, Lundi au Vendredi de 14h à 18h30
Aurillac Développement 1 Bis Place des Carmes 15000 AURILLAC Tél : 04 71 46 86 50 http://www.aurillaccongres.com

aurillac carte postale 1900

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Cuisine italienne, histoire d’une culture

Voici un livre savoureux, par deux professeurs d’histoire des universités du nord de l’Italie. Comment s’est constitué ce qui est devenu de nos jours « la cuisine italienne » ? De cette mosaïque de terroirs à l’international-food connue de tous : macaronis, pizzas, spaghetti bolognaise…

Car l’Italie est avant tout un espace physique et mental, bien avant que le pays ne s’unifie à la fin du 19ème. Elle est ouverte sur trois mers, aux poissons différents ; elle a des échanges avec la France et l’Allemagne, mais aussi avec l’Espagne et le Levant. Le premier livre de cuisine italien date du 13ème siècle, le ‘Liber de coquina’, probablement écrit à Naples.

Mais le ‘modèle’ italien date du 15ème siècle, recyclé par la ville, lieu d’échanges et de production imprimée. Il note la fonction de passeurs des commerçants arabes ; ce sont eux qui introduisent par exemple l’aubergine depuis l’Espagne et la Sicile, considéré longtemps comme « met de juif » ; ils introduisent aussi dès le haut Moyen âge les agrumes et le sucre de canne. Haricots verts, fenouil et choux-fleurs n’apparaissent qu’au 16ème siècle, la tomate fin 17ème seulement dans la cuisine, à Naples, sur influence espagnole, la pomme de terre au 18ème comme substitut de farine lors de disettes et le poivron au 19ème siècle, considéré comme « vulgaire ». La méridionalisation de la cuisine italienne (huile d’olive, tomate, aubergine, poivron, ail, anchois, poissons de roche) est née seulement au début du 20ème siècle, avec le tourisme balnéaire !

Manger à l’italienne, c’est surtout manger herbes et légumes. Le chic médiéval, c’est la viande ; celle issue de la chasse des nobles ou des élevages de porcs dans les forêts germaniques et gauloises. Les régions italiennes connaissent surtout les végétaux, qui poussent bien, quelques céréales et le poisson. L’Eglise et sa coutume de faire maigre pousse à alterner chair riche et jeûne (plus de 100 jours par an !).

Les nobles et les bourgeois des villes peuvent faire venir du frais à grand frais ; les pauvres des campagnes sont condamnés à ce qui pousse en saison et aux conserves, en général salées ou séchées, ce qui forme un goût particulier. Ce goût, justement, se distingue selon la classe : qui est riche aime l’épice et le sucre – rares et chers – ; qui est pauvre se contente de sel et des herbes aromatiques et préfère l’aigre au doux. Minestrone, polenta et rizotto sont plats de pauvres.

Et les pâtes ? C’était aussi un plat de pauvres, mais « les Romains connaissaient déjà, comme d’autres populations de la Méditerranée et d’ailleurs, la pratique de pétrir la farine avec de l’eau et de ‘l’étaler’ en une large feuille appelée ‘lagana’ – la future lasagne – qui était ensuite découpée en bandes avant d’être cuisinées. » p.84 Ce n’est qu’au Moyen Âge que la méthode de faire bouillir la pâte dans l’eau, le bouillon ou le lait est apparue.

Les pâtes sèches seraient dues aux Arabes (dans les recueils de cuisine du 11ème siècle) pour se garantir des provisions lors de leurs caravanes à travers le désert. Les pâtes longues seraient elles aussi dues aux Arabes, selon des images du 14ème, siècle où apparaît d’ailleurs en Italie la fourchette, tant il est difficile de manger des pâtes brûlantes et glissantes avec les doigts… Les pâtes se mangent systématiquement avec du fromage ; l’usage de la tomate en sauce n’est adopté que vers 1820. Quant aux raviolis, ils dérivent de la tourte et désignaient autrefois la seule farce.

Un chapitre est consacré à la diététique. Dès la Renaissance, on se préoccupe du bon équilibre alimentaire, fondé en premier sur les distinctions entre aliments « chauds » et « froids » du médecin grec Galien (2ème siècle). D’où ces associations étranges, qui subsistent jusqu’à nos jours comme le melon/jambon de Parme, la poire avec le fromage ou la salade en début de repas pour « ouvrir » l’appétit.

La « réduction » bourgeoise réduit le nombre de mets en vue d’économie et de santé, valorisant l’épargne et la tempérance, pour se différencier des seigneurs dont la profusion et le décor sont pure ostentation.

Avec le 19ème siècle apparaît la cuisine de restaurant comme un ordre quasi militaire : on parle de « chef » et de « brigade », l’uniforme est blanc pour signifier l’hygiène en cuisine et noir pour le service, effectue comme une cérémonie. Tandis que naît le « gastronome », dandy expert en auberges et menus, la « cuisine » devient la pièce principale de la famille dans les maisons et les appartements.

L’alimentation est très conservatrice car on se veut tel qu’on mange ou ce qu’on mange nous construit. La cuisine italienne évolue entre habitude et progrès, marmite à vapeur de M. Papin (1681), froid artificiel (18ème siècle), conserves de M. Appert (1810), fours à température constante (19ème siècle), réfrigération (années 1960 seulement dans le populaire)… L’internationalisation de la cuisine italienne ne prend son essor qu’après la Seconde Guerre mondiale : le terme « pizza » est encore inconnu du ‘Larousse gastronomique’ en 1938 !

Comment l’homme fait des nécessités physiques (manger) et des contraintes économiques (ce qu’on trouve, et à prix abordable) une culture. La cuisine, comme le reste, est le fruit de l’histoire, elle dit l’apparence et le prestige, le statut social, la tradition et la nouveauté, le bien-être et l’austérité. Culture, oui : « Qu’est-ce que la gloire de Dante, à côté de celle des spaghettis ? » se demande Prezzolini en 1954. N’importe quel inculte américain ou autre connaît les spaghettis – mais qui connaît encore Dante Alighieri ?

Alberto Capatti & Massimo Montanari, La cuisine italienne – histoire d’une culture, 1999, préface de Jacques Le Goff, Seuil 2002, 423 pages, €22.14

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