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Propriété interdite de Sydney Pollack

Propriété interdite, Affiche

Le drame de la Grande Dépression des années 1930 est que la crise financière a engendré une crise économique qui a dégénéré en crise sociale avant – in extremis aux Etats-Unis mais ni en Italie ni en Allemagne – la crise politique inévitable. Le malheur de se sentir inutile, de ne plus pouvoir se nourrir ni se loger, rend les gens égoïstes et agressifs, volontiers extrémistes. Les Américains résoudront cela avec le New Deal et la France majoritairement rurale votera Front populaire, mais les pays voisins s’enfonceront dans l’autoritarisme fasciste en Italie, franquiste en Espagne, nazi en Allemagne, rexiste en Belgique, conservateur protectionniste au Royaume-Uni.

Dans le microcosme de Dodson, petite ville ferroviaire du Mississippi, la crise raréfie le transport du coton et les trains s’arrêtent de moins en moins. La compagnie privée de chemins de fer doit licencier une partie des cheminots qui assurent la maintenance. C’est un drame social adapté d’une pièce de Tennessee Williams qui va bouleverser les relations fragiles entre hommes et femmes, intérieur et extérieur : on ne vit plus que pour soi, ni en autarcie géographique mais on dépend du grand monde

Owen Legate (Robert Redford) est l’agent blond chargé de la sale besogne ; il n’aime pas ce qu’il fait mais il le doit pour faire bien son boulot. Il a la beauté du diable et séduit immédiatement Alva Starr (Natalie Wood, 28 ans au tournage), la coquette du lieu, un peu pute à l’occasion, lorsqu’il vient prendre pension à l’auberge de sa mère. Courtisée par tous les gros mâles musclés du fer, Alva se fait peloter et embrasser à la chaîne et ne refuse pas sa bouche goulue, papillonnant de ses grands yeux pour aguicher les hommes, ou entrainant tous les pensionnaires à se baigner tout nu dans le réservoir de la ville. Même le petit ami forgeron de sa mère (Charles Bronson), rêve de la violer. Son père est parti, il en avait marre de sa bonne femme si l’on comprend bien (et on le comprend de plus en plus à masure que le film avance) ; Alva rêve donc de séduire pour compenser le père absent. Elle désire se faire aimer, ce qui est touchant ; elle use de ses moyens corporels, ce qui est la plus vieille pratique du monde.

Mais elle ne souhaite au fond que fuir loin de cette existence rétrécie sans futur. Elle rêve de La Nouvelle-Orléans, la grande ville du Mississippi où elle croit la fête permanente et les princes charmants plus faciles à trouver. Lorsqu’elle s’y rendra, elle rencontrera des gamins noirs faisant la manche, des dormeurs en recoins de porte et des dragueurs de trottoir. Pour elle, que la plate réalité fait fuir après le départ de papa, le monde doit être vu avec magie. Comme la boule de neige qui fait croire à la fraîcheur en plein été, il est nécessaire de penser autrement qu’ici et maintenant. Le vieux wagon désaffecté que son père a peint pour elle et décoré de son prénom est le lieu de l’évasion, tout en restant sur place. Elle y invite Owen, qui s’efforce de lui ramener les pieds sur terre, en vain.

Il ne peut que tomber amoureux de cette fée, ondoyante comme une ondine maléfique mais la tête dans les étoiles. Lui aussi doit compenser le réalisme dramatique de sa fonction de « débaucheur ». Il va donc débaucher les hommes (de leur travail) et la fille (de son corps). Les premiers lui casseront la gueule, manière de se défouler, tandis que la mère d’Alva (Kate Reid) va tout faire foirer pour sa fille par souci premier de ses propres intérêts, sous couvert de ceux de « la famille ». Ce qu’elle veut ? Qu’Alva fasse la pute devant Monsieur Johnson, pensionnaire riche dont l’épouse est grabataire et qui songe à entretenir la fille tout en assurant un capital à la mère à Memphis. Elle ne songe même pas à la petite sœur Willie, sa seconde fille (Mary Badham, 14 ans au tournage), garçon manqué au gros nez qui joue pieds nus avec les vauriens du coin et s’attife de loques à la va-vite. Elle est dans la réalité plate et ne vise pas plus haut.

Le film commence avec Willie et se termine par Willie, manière de boucler la boucle : à quoi cela sert-il de rêver aux étoiles quand on va nu-pieds dans la poussière ? Ne faut-il pas avant tout mettre un pas devant l’autre avec toutes ses breloques et sa poupée, en équilibre comme sur des rails, pour avancer dans la vie ? C’est ce qu’elle suggère au compère de son âge, blond comme Owen, qui vient lui demander ce qu’elle fait avec sa vieille robe rouge qu’elle porte sans soutien-gorge (mais avec une culotte blanche qu’on ne devine qu’à la fin, les trous au début laissant présager qu’elle n’en portait même pas). Le seul tort du garçon, malgré sa chemise au col ouvert et son visage poussiéreux, est de conserver un brushing trop parfait, même après un roulé boulé sur le ballast.

A l’inverse, le film fait réfléchir sur les rails mêmes : ceux qu’imposent la société avec ses lois d’airain des emplois et du devoir. Rêver, n’est-ce pas une façon de poétiser la vie ? D’y mettre un supplément d’âme qui, parfois, peut réussir ? Alva réussit presque… mais elle a trop obéi à sa mère. Oisillon fragile et immature, elle n’a pas su prendre son envol lorsqu’il le fallait, avec décision. Au pays des pionniers, cette demi-mesure ne pardonne pas.

DVD Propriété interdite (This Property Is Condemned), Sydney Pollack, 1966, avec Natalie Wood, Robert Redford, Charles Bronson, Kate Reid, Mary Badham, Alan Baxter, Robert Blake, John Harding, Paramount 2004, 1h50, €12.99

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Guerres picrocholines à Tahiti

La guerre est déclarée, ce ne sera pas la guerre des boutons mais la guerre des cailloux, de la fumée et de la poussière. Un couple polynésien s’est nanti d’origines impériales pour interdire, pour légiférer et pour insulter leur voisinage. Ils épient jour et nuit les faits et gestes de leurs voisins, contestent les limites des terrains (à leur seul profit évidemment), font venir la police municipale pour un oui, pour un non etc. De guerre lasse, les gens ne répondent plus aux insultes « impériales », aux mesquineries, mais trop c’est trop.

guerre des boutons 1961

Voilà qu’avec leur kyrielle de voitures, bateau, tracteur, 4×4, ils envoient les cailloux dans le jardin des autres. Les insanités pleuvent et les cailloux sont rejetés sur le chemin. Bientôt les mitrailleuses feront leur apparition. Chacun étant dans son bon droit ! et ici au fenua, les pito (nombrils) sont démesurés Peut-être que dans peu vous verrez en exclusivité mondiale la guerre des cailloux sur la télévision nationale.

L’ancienne base arrière du CEP de Hao rencontre des problèmes d’eau pour les toilettes de son aérogare. Ne riez pas ! Les sanitaires de l’aérogare sont fermés actuellement, ce qui oblige les touristes et les habitants prenant l’avion de s’égailler dans la nature pour faire leurs besoins pressants et naturels ! La réponse des autorités de l’atoll est : « le problème de l’aérodrome est lié au manque d’eau. L’usine de désalinisation étant fermée aux heures d’ouverture de l’aérodrome, celui-ci se trouve sans approvisionnement. Cela vient du fait qu’aucune citerne de récupération des eaux de pluie n’a été installée sur le site. Cette situation a été signalée aux ministres compétents (le précédent et le nouveau) depuis le mois d’avril 2014 ». La situation va perdurer, et on ne sait pas jusqu’à quand. Moi non plus.

carcasses voitures

Cinq mois déjà que le terrain bordant la route Papeete-Taravao, situé face au restaurant Terre-Mer, s’est transformé en dépotoir sauvage. Carcasses de voitures, débris en tout genre, sacs-poubelles ont été déposés là à l’insu du propriétaire du terrain. Les coupables n’ont à ce jour pas été retrouvés. Le propriétaire est dépassé. Certes les plaques d’immatriculation des voitures ont été ôtées… mais il faut avoir un matériel de remorquage pour amener jusque-là ces carcasses de voitures.

Régulièrement sur le territoire les carcasses sont enlevées et broyées avant d’être expédiées en Nouvelle-Zélande ou ailleurs, mais chacun doit mettre la main au porte-monnaie et c’est là que le bât blesse. Alors, nettoyage ou pas nettoyage ? En tout cas, pour les touristes qui font le tour de l’île lors des escales de bateaux de croisière, ces vues leur donnent une piètre image de la Polynésie. Aux dernières nouvelles le propriétaire du terrain ayant été sommé de nettoyer son terrain, la municipalité se chargerait d’éliminer les carcasses de voitures !

Hiata de Tahiti

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