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Paris insolite de la Sorbonne à l’Observatoire

En face de la Sorbonne, entrée rue des Écoles, Montaigne sourit aux passants. Il a la pantoufle toute brillante de leurs caresses ! Il en a vu, ce sceptique, et il a raison de l’être – au vu de la Morale socialiste quand elle est en actes (DSK et les filles, l’écolote parigote et Cahuzac avec leurs comptes en Suisse, le trésorier de la campagne Hollande et ses amis caïmans, les pépés Guérini, le détournement des subventions socialistes des Bouches-du-Rhône…). L’époque Montaigne était aux guerres de religion, la nôtre aux guerres des moralismes – le plus moral n’étant pas celui qui le dit le plus fort ! Moi, Président de la République… quel blabla !

Paris montaigne square paul painleve

Car l’université de Sorbonne n’a pas que du classique à montrer. Rue Cujas, demeure un vestige de la scatologie mai 68 : ce hall très laid, béton années 60 et monumental moderne (le pire !), est couvert de graffiti et d’affiches à demi-déchirées. Lèpre universitaire qui montre bien jusqu’où la dégradation est allée. Les dessous parisiens ne sont décidément jamais très propres, pas plus sur les trottoirs qu’en politique ou dans les âmes…

Paris rue cujas hall paris 1

Le Panthéon (en grave restauration) reste cette église voulue par Louis XV pour sainte Geneviève puis « nationalisée » par la laïcité révolutionnaire pour imiter l’Angleterre en la dédiant aux « grands hommes » (deux femmes seulement, Sophie Berthelot et Marie Curie – il faut dire qu’elles n’ont pas toujours la bonne taille). On aurait pu mettre Jeanne d’Arc, mais elle a disparu en fumée. Qui d’autre ? Marguerite Yourcenar ? Elle n’aurait pas voulu. On cherche. Il y aura peut-être bientôt Brigitte Bardot…

Paris pantheon

Poursuivons rue Saint-Jacques : après la plaque à Jean de Meung, auteur immortel mais quasi inconnu du Roman de la Rose au XIIIème siècle, la SEDIREP, librairie Matsuru des férus d’arts martiaux.

Paris sedirep rue st jacques

Traversez la rue Gay Lussac (qui n’était pas gay bien qu’il ait travaillé côté physique). S’y élève l’église Saint-Jacques du Haut Pas, première étape – mais oui ! – du chemin de Compostelle. Les théophilanthropes l’ont utilisée comme lieu de culte en 1797. Ce n’est pas parce qu’on est sans culottes qu’on est aussi sans morale (même si tout ça échoue en 1803). Juste au coin, tournez à droite rue de l’Abbé de l’Épée, un beau nom adapté au PC du Colonel Fabien, pseudo de Pierre Georges. Ce militant résistant, communiste à 14 ans, engagé dans les Brigades internationales en Espagne à 17 ans, tueur de l’aspirant Moser au métro Barbès en 1941, pris puis évadé, devient le chef des FTP pour le sud de l’île de France. Il appelle à l’insurrection parisienne, fait la jonction avec l’armée Leclerc, mais est tué par une mine qu’il avait voulu examiner de trop près vers Mulhouse, en 1944.

Paris rue abbe de l epee pc colonel fabien

Par une perspective, vue sur la coupole du Val de Grâce, « l’hôpital de ces malades qui nous gouvernent », titrait Le Monde en 2007. De Gaulle, Pompidou, Mitterrand, Chirac, Raffarin, y furent soignés entre autres. Plus Arafat et Bouteflika, qui ne nous gouvernent pas mais bénéficient des privilèges des ex-colonisateurs.

Paris rue du val de grace

A Port-Royal, devant la grille des jardins de l’Observatoire, une plaque de bronze sur socle de béton trace la « méridienne verte » de l’an 2000, de Barcelone à Dunkerque. Cette « performance » de l’architecte Paul Chametov matérialise le méridien de Paris qui traverse la France du Nord au Sud.

Paris meridienne verte jardin de l'observatoire

La fontaine de l’Observatoire exhibe un ensemble en bronze, un globe terrestre de Legrain soutenu par des femmes à poil de Jean-Baptiste Carpeaux et flanqué de chevaux marins d’Emmanuel Frémiet datant de fin 19ème. Pour la suite, en allant vers le Sénat, beaucoup de marbres nus représentent la nuit, le jour, l’aurore…

Paris femmes a poil jardin de l observatoire

Le Sénat est désert en ce printemps tardif, les pelouses « au repos » et les sénateurs assoupis au moment de se pencher sur la loi gay. Le contrevenant qui piétine la pelouse de ses grosses rangers sur la photo est un gardien – il prend tous les droits, comme ceux qui ont n’importe quel minuscule pouvoir à leur portée.

Paris senat jardin du luxembourg

Traversons le jardin d’un train de sénateur jusqu’à la sortie « musée » où la queue des bobos et des provinciaux atteint « plus d’1 h » comme indiqué sur un panneau. Il faut dire que le musée du Luxembourg expose ce printemps Chagall, peintre religieux et juif, mort centenaire en 1985. Mais il vaut mieux venir le matin… En face, la rue Férou où l’on dit qu’habite Claude Bébéar, polytechnicien créateur d’Axa. On dit aussi dans les milieux bien informés qu’il est le « parrain » du capitalisme français. Sur un mur aveugle, le Bateau ivre de Rimbaud imprimé par une fondation. Pourquoi ce tag ? Parce que le poème a été pour la première fois déclamé des fenêtres d’un café tout proche. L’adolescent avait 17 ans.

Paris rimbaud rue ferou

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Matilde Asensi, Iacobus

Aimez-vous le mystère, le moyen-âge, les Templiers ? Lisez ce livre, vous allez être servis ! Matilde Asensi est journaliste espagnole, elle a baignée toute petite dans ce monde catholique et vénérable des pèlerinages et des églises. Pour son second roman (mais le premier traduit en français), inspiré du Nom de la rose et du Da Vinci code, elle frappe fort. Un moine-soldat de trente ans, Galcerán, appartenant à l’ordre des Hospitaliers pour une faute sociale de jeunesse que nous découvrirons, est mandaté par le pape Jean XXII pour enquêter sur les morts mystérieuses de son prédécesseur, le pape Clément V, du roi de France Philippe le Bel et de son grand chancelier Guillaume de Nogaret. Maurice Druon a écrit une vaste fresque historique passionnante sur Les rois maudits.

C’est que ces trois hauts personnages avaient pour point commun la malédiction in extremis du Grand maître des Templiers Jacques de Molay, brûlé par ordre royal après un procès d’inquisition stalinien. Tout visiteur dans la capitale peut d’ailleurs voir la plaque apposée à l’endroit du bûcher, dans ce square du Vert-Galant qui fait face au Louvre, dominé par le pont Neuf. L’ordre du Temple était devenu très puissant, suscitant des jalousies dans l’église et le siècle, possédant même une forteresse aux marges du Paris médiéval, aujourd’hui le quartier du Temple. L’ordre était réputé être aussi fort riche, ce qui suscitait les convoitises royales, l’État étant toujours à sec pour dépenser sans compter par bon plaisir politique (tradition française qui dure jusqu’à aujourd’hui).

Rivalité de puissance et volonté de taxer ont donc fait chuter le Temple. Sauf que l’on a trop volontiers oublié sa troisième force : celle de la connaissance. S’étant frottés aux pays d’Orient, dépositaires de la culture grecque via les érudits persans, les chevaliers du Temple avaient acquis des savoirs en médecine, en poisons, en alchimie, qui les rendaient redoutables. On dit même qu’ils avaient découvert sous le temple de Salomon à Jérusalem l’Arche d’alliance, véritable pile de Leyde composée de bois d’acacia et d’or pur, qui permet la puissance à qui sait s’en servir.

C’est pour cela que le pape est inquiet : ne va-t-il pas être le prochain sur la liste ? Ces trois morts dans l’année, selon la malédiction de Molay, sont-elles naturelles ? Galcerán va enquêter… et découvrir qu’à chaque fois deux mystérieux personnages étaient dans les parages, disparaissant aussitôt le décès constaté. Jean XXII va donc – grâce à Galcerán – signer l’accord de créer un ordre nouveau de chevalerie catholique, au Portugal. Même s’il sait que le roi du Portugal protège les Templiers sur sa terre et que les derniers qui ont échappé vont s’y rallier.

Mais pour être moine obéissant au pape, soldat chargé d’une mission pour l’Église, on n’en est pas moins homme. Galcerán de Born fut jadis chevalier, d’une bonne famille de noblesse catalane. S’il est entré dans les ordres, ce n’est que sur injonction familiale après avoir connu l’amour à 16 ans. Le premier chapitre le voit rechercher un enfant de 13 ans, trouvé bébé à la porte du monastère Ponç de Riba. Missionné par le pape, il a tous les pouvoirs nécessaires et en use pour engager le novice comme écuyer. Il le nomme Jonas parce qu’il veut le ramener à la lumière après son purgatoire monastique. Ce piment adolescent va injecter de l’humour dans cette quête trop grave. De l’amour aussi, parce que ce garçon est son fils mais qu’il ne lui dit pas de suite. Peu à peu, ces deux êtres solitaires et soumis à obéissance vont se lier, se trouver, s’éduquer l’un l’autre. Jusqu’à remettre en cause ce que la société leur a jusqu’ici imposé.

Car le pape ne s’en tient pas là. Avide d’or et de puissance comme Philippe le Bel, il va lancer Galcerán sur les traces du trésor des Templiers, jamais retrouvé. Le surnom du moine est en effet ‘le Perquisitore’, qu’on peut traduire par enquêteur. Il n’a pas son pareil pour observer, faire parler les gens, mettre bout à bout les indices. Parlant l’espagnol, l’italien, le français et l’arabe pour le présent, le grec et l’hébreu pour le passé, le moine-soldat est aussi versé dans les sciences médicales, apprises dans les traités grecs, arabes et juifs. Il a donc les connaissances suffisantes pour déchiffrer les codes. Car le trésor est disséminé sur le chemin de Compostelle, dissimulé sous des constructions religieuses ornées de symboles à décrypter. Lequel chemin n’est pas celui de Jacques, récupération papale pour garder le pouvoir, mais celui de Priscillien, évêque de Galice du IVe siècle condamné pour hérésie par Rome (p.352) ! Galcerán et Jonas vont rivaliser d’observation et d’acuité intellectuelle pour découvrir quelques dépôts. Aussitôt pillés par les sbires du pape…

Menacé par cette milice papale, écœuré par l’avarice de l’Église et sa volonté de tout régenter, jusqu’aux idées de chacun, le moine-soldat hospitalier va décider de jouer les Jonas pour lui aussi. Il va quitter son ordre sans ordre, pour disparaître avec les siens. Avec son fils qu’il doit parfaire pour qu’il devienne un homme, et que sa mère n’a jamais voulu reconnaître par rigidité sociale. Avec cette femme juive rencontrée à Paris, Sara au teint de lait et aux taches de rousseur, appelée sorcière parce qu’elle maîtrise les poisons et parce que son intelligence lui permet de deviner le destin de ceux qui viennent la consulter. Galcerán de Born va quitter son ordre, sa famille d’origine et jusqu’à son nom pour commencer une autre vie, avoir un autre enfant. Sauf qu’il reste médecin et enquêteur dans l’âme, ce pourquoi il va travailler à consolider ce contrepouvoir au pape et à l’Église que sont les Templiers dont la renaissance a lieu sous un autre nom.

Aventure, mystère, amour, tous les ingrédients sont réussis pour un bon roman policier. Le lecteur apprendra des choses nouvelles : sur le Temple, le pape et le chemin de Saint-Jacques. Il sera ému par les relations père-fils, par les relations femme juive-moine catholique, par l’éveil des consciences. Car tous les personnages évoluent, jamais figés dans leur rôle, ce qui donne au texte une résonance vivante qui parle à chacun de nous. Un bien beau livre qui vous tiendra en haleine, par action, par passion et par raison. Il vous donnera les clés de la liberté !

Matilde Asensi, Iacobus – une enquête du moine-soldat Galcerán de Born, 2000, Folio policier 2007, 387 pages, €7.69 

Les autre romans de Matilde Asensi chroniqués sur ce blog

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