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Alexander Kent, A l’honneur ce jour-là

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Le Destin… Sir Richard Bolitho, vice-amiral de la Rouge, la flotte britannique de Sa Majesté, est en 1804 affecté aux Antilles. La guerre a repris contre Napoléon après l’éphémère paix d’Amiens; il rêve d’envahir l’Angleterre. Les vieux vaisseaux sont retapés pour faire bonne figure et l’Hyperion, démâté lors d’un précédent combat, est récupéré après avoir servi de ponton flottant. Mais ce qui compte est avant tout le caractère des hommes. Bolitho, engagé dès 12 ans, a appris à les connaître et à les aimer parce qu’il sait les reconnaître et s’en faire aimer. Surnommé Dick Égalité par ses marins, il n’a pas la morgue des aristocrates qui se croient d’une race supérieure, non plus que la dureté de ceux qui ont peur.

Son capitaine de pavillon, Haven, est de ceux-là : il fait fouetter les hommes pour un rien, juste pour assurer son pouvoir ; un autre, Sinclair, maniaque de la discipline, fera enchaîner un marin nu durant cinq jours sur le pont, pour avoir désobéi aux ordres de rationnement d’eau. Bolitho ne peut le supporter mais soupçonne quelques replis dans la psychologie de son capitaine. En effet, ce dernier croit que son second, jeune homme fin et musclé à l’air de gitan, a engrossé sa femme. Cela le ronge, il sortira de ses gonds pour tirer sur lui un jour de grande chaleur, alors qu’il apprend par une lettre de son épouse que le bébé est né. Sauf que Parris, le Second, – cela finit par se savoir – préfère les hommes… et s’est accoquiné avec le vicomte Somerwell, celui-là même que Kate, amoureuse jadis de Bolitho, a épousé par désespoir.

Mais Kate aime encore Richard, et sir Bolitho s’est lassé de sa lady Belinda trop londonienne, frivole fêtarde des salons de la haute. Il n’y a pas que les hommes dans l’univers des marins. Les femmes sont le rêve quand on est au loin, le réconfort lorsqu’on est au port, et parfois cet aiguillon qui pousse aux coups du sort. Bolitho, amiral, n’a pas sa place dans les coups de main ; c’est pourtant au cœur de l’un d’eux qu’il se met volontairement, afin de venger une frégate prise par l’ennemi. Est-il suicidaire ? Ou a-t-il plutôt le goût de l’aventure comme à vingt ans ? Il va se faufiler jusque sous la forteresse espagnole qui garde le port aux galions remplis d’or destinés à l’Espagne, alliée de Napoléon. Il va emporter un vaisseau – avec son chargement – au nez des canonniers et à la barbe des vieux barbons. De quoi le racheter aux yeux de l’Amirauté où ces Messieurs « qui font la guerre avec des mots et du papier », selon les dires de Nelson, voient d’un mauvais œil le « scandale » de l’adultère. Bolitho n’en a cure, préférant les bateaux aux bureaux et l’océan aux cancans.

Affecté l’année suivante en Méditerranée, où il revoit brièvement son neveu affectionné Adam dans sa vingtaine flamboyante, il va se heurter avec sa demi-douzaine de navires, à une escadre espagnole de douze vaisseaux. Le vieil Hyperion, un soixante-quatorze qui fait flotter sa marque, est détruit par les bordées d’un quatre-vingt-dix espagnol arrogant, mais l’amiral et ses hommes survivants ont capturé six espagnols avant de rallier Gibraltar. Ce haut-fait n’égale pas l’exploit de Nelson, aux prises avec la flotte franco-espagnole du vice-amiral de Villeneuve à Trafalgar au même moment – où il perdra la vie le 21 octobre – mais il a probablement permis à l’escadre hispanique en Méditerranée de ne pas venir en aide à celle de l’Atlantique. Bolitho applique la tactique même de Nelson : tronçonner la flotte ennemie en deux pour forcer aux abordages.

Adam est désormais capitaine de vaisseau et Bolitho retrouve sa vieille demeure familiale de Falmouth où Kate le rejoint, séparée de son bougre d’époux qui l’avait fait emprisonner et que Bolitho, bouillant de rage, a délivrée à Londres en jouant avec audace de son rang.

Comme toujours, l’aventure est captivante et le spleen comme la tendresse ne sont pas absents de cet univers viril. En cet hiver qui commence et dans ce pays morose, plusieurs heures d’évasion vous attendent, au soleil nu et au grand large.

Alexander Kent, A l’honneur ce jour-là (Honour This Day), 1987, Phébus Libretto 2013, 408 pages, €10.80
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Matilde Asensi, Le salon d’ambre

L’auteur, femme et espagnole, livre ici son premier roman. Moins abouti et plus court que les suivants publiés en français (Iacobus et Le dernier Caton), il n’en définit pas moins l’univers original d’intrigue policière d’une créatrice formée au journalisme et née à Alicante. Le héros est une femme ; le monde est l’histoire de l’art ; le protagoniste est une secte secrète. Dans ce premier opus, Ana est la fille d’un antiquaire de façade aux activités occultes bien plus lucratives : le trafic d’œuvres d’art. Il s’agit de voler aux riches pour vendre à d’autres riches.

Les opérations s’effectuent comme en service commandé, dans le secret digne d’un univers d’espionnage. Le « club d’échecs » est organisé hiérarchiquement, avec Roi, Tour, Cavaliers et Pions (valets). Ana, commando experte, est pion, ce qui signifie qu’elle est chargée de l’opération physique de voler les œuvres. Ce n’est ni sans danger ni sans adrénaline et, à la trentaine, elle aime ça. Comme un homme. Nul ne se rencontre, nul ne se connait, sinon par des conversations virtuelles sur l’Internet mondial, en crypté, en passant par des serveurs anonymes… Nous sommes en pleine modernité.

Une affaire vient de se terminer et d’habitude plusieurs mois de silence et de vie normale s’écoulent avant qu’une autre ne survienne, manière de ne pas attirer l’attention. Pourtant, voici que Roi exige une nouvelle opération fort excitante : voler un tableau en haut d’une tour, dans une salle sous alarmes, sise dans un château bavarois au milieu d’un lac. Son propriétaire, riche industriel allemand ex-nazi, ne veut pas la vendre au riche russe ex-KGB qui la veut.

Tout se passe à merveille, comme dans les opérations spéciales, avec forces gadgets, matériel et astuces, sauf que… le tableau n’est pas un mais deux. Un autre est encollé au dos. L’acheteur le sait-il ? Le club d’échecs décide de chercher pour lui-même, surtout que l’énigme – un vieux Juif peint dans la boue, orné d’une inscription yiddish codée – excite les experts.

La piste conduit à une authentique énigme, le Bernsteinzimmer, « salon d’ambre » en français. Il s’agit de panneaux d’ambre fossile de la Baltique couleur de miel, taillés pour orner un salon de luxe offert par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume 1er au tsar de Russie Pierre-le-Grand en 1716. Les six tonnes d’ambre furent volées par l’armée nazie en 1941 au palais Catherine à Tsarskoïe Selo. L’affaire est historiquement authentique et jusqu’ici cette œuvre d’art n’a jamais été retrouvée. Matilde Asensi en profite pour faire tout un roman de son hypothèse personnelle.

Elle crée une action bien enlevée, un thème stimulant pour l’esprit, avec ce qu’il faut de caractères humains tranchés et posés, pour que le lecteur accroche. Il palpite aux opérations de nuit ; il s’amuse des relations avec la vieille tante, supérieure d’un monastère et receleuse d’œuvres d’art, aux jérémiades sur les enfants de la vieille gouvernante au prénom inouï – Ézéquiela ; il se laisse aller aux sentiments d’amour naissant entre Ana et l’un des membres (viril) du club ; il s’agace de la fille de 13 ans experte en hacking et qu’il faut tolérer. Chacun se débrouille et l’on passe un bon moment.

En ces temps de féminisme militant, où trop d’hégéries croient exister en suscitant des « polémiques » médiatico-politiques futiles, voir évoluer de vraies femmes dans un univers d’espionnage souvent réservé aux hommes est un délice. L’égalité des sexes n’est pas le renversement des rôles, mais l’équilibre des actes avec le tempérament différent de chacun.

Matilde Asensi, Le salon d’ambre (El salón de ámbar), 1999, Folio policier 2007, 243 pages, €6.17 

Le vrai salon d’ambre historique

Le trafic d’œuvres d’art en Italie 

Tous les romans policiers de Matilde Asensi chroniqués sur ce blog

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Matilde Asensi, Iacobus

Aimez-vous le mystère, le moyen-âge, les Templiers ? Lisez ce livre, vous allez être servis ! Matilde Asensi est journaliste espagnole, elle a baignée toute petite dans ce monde catholique et vénérable des pèlerinages et des églises. Pour son second roman (mais le premier traduit en français), inspiré du Nom de la rose et du Da Vinci code, elle frappe fort. Un moine-soldat de trente ans, Galcerán, appartenant à l’ordre des Hospitaliers pour une faute sociale de jeunesse que nous découvrirons, est mandaté par le pape Jean XXII pour enquêter sur les morts mystérieuses de son prédécesseur, le pape Clément V, du roi de France Philippe le Bel et de son grand chancelier Guillaume de Nogaret. Maurice Druon a écrit une vaste fresque historique passionnante sur Les rois maudits.

C’est que ces trois hauts personnages avaient pour point commun la malédiction in extremis du Grand maître des Templiers Jacques de Molay, brûlé par ordre royal après un procès d’inquisition stalinien. Tout visiteur dans la capitale peut d’ailleurs voir la plaque apposée à l’endroit du bûcher, dans ce square du Vert-Galant qui fait face au Louvre, dominé par le pont Neuf. L’ordre du Temple était devenu très puissant, suscitant des jalousies dans l’église et le siècle, possédant même une forteresse aux marges du Paris médiéval, aujourd’hui le quartier du Temple. L’ordre était réputé être aussi fort riche, ce qui suscitait les convoitises royales, l’État étant toujours à sec pour dépenser sans compter par bon plaisir politique (tradition française qui dure jusqu’à aujourd’hui).

Rivalité de puissance et volonté de taxer ont donc fait chuter le Temple. Sauf que l’on a trop volontiers oublié sa troisième force : celle de la connaissance. S’étant frottés aux pays d’Orient, dépositaires de la culture grecque via les érudits persans, les chevaliers du Temple avaient acquis des savoirs en médecine, en poisons, en alchimie, qui les rendaient redoutables. On dit même qu’ils avaient découvert sous le temple de Salomon à Jérusalem l’Arche d’alliance, véritable pile de Leyde composée de bois d’acacia et d’or pur, qui permet la puissance à qui sait s’en servir.

C’est pour cela que le pape est inquiet : ne va-t-il pas être le prochain sur la liste ? Ces trois morts dans l’année, selon la malédiction de Molay, sont-elles naturelles ? Galcerán va enquêter… et découvrir qu’à chaque fois deux mystérieux personnages étaient dans les parages, disparaissant aussitôt le décès constaté. Jean XXII va donc – grâce à Galcerán – signer l’accord de créer un ordre nouveau de chevalerie catholique, au Portugal. Même s’il sait que le roi du Portugal protège les Templiers sur sa terre et que les derniers qui ont échappé vont s’y rallier.

Mais pour être moine obéissant au pape, soldat chargé d’une mission pour l’Église, on n’en est pas moins homme. Galcerán de Born fut jadis chevalier, d’une bonne famille de noblesse catalane. S’il est entré dans les ordres, ce n’est que sur injonction familiale après avoir connu l’amour à 16 ans. Le premier chapitre le voit rechercher un enfant de 13 ans, trouvé bébé à la porte du monastère Ponç de Riba. Missionné par le pape, il a tous les pouvoirs nécessaires et en use pour engager le novice comme écuyer. Il le nomme Jonas parce qu’il veut le ramener à la lumière après son purgatoire monastique. Ce piment adolescent va injecter de l’humour dans cette quête trop grave. De l’amour aussi, parce que ce garçon est son fils mais qu’il ne lui dit pas de suite. Peu à peu, ces deux êtres solitaires et soumis à obéissance vont se lier, se trouver, s’éduquer l’un l’autre. Jusqu’à remettre en cause ce que la société leur a jusqu’ici imposé.

Car le pape ne s’en tient pas là. Avide d’or et de puissance comme Philippe le Bel, il va lancer Galcerán sur les traces du trésor des Templiers, jamais retrouvé. Le surnom du moine est en effet ‘le Perquisitore’, qu’on peut traduire par enquêteur. Il n’a pas son pareil pour observer, faire parler les gens, mettre bout à bout les indices. Parlant l’espagnol, l’italien, le français et l’arabe pour le présent, le grec et l’hébreu pour le passé, le moine-soldat est aussi versé dans les sciences médicales, apprises dans les traités grecs, arabes et juifs. Il a donc les connaissances suffisantes pour déchiffrer les codes. Car le trésor est disséminé sur le chemin de Compostelle, dissimulé sous des constructions religieuses ornées de symboles à décrypter. Lequel chemin n’est pas celui de Jacques, récupération papale pour garder le pouvoir, mais celui de Priscillien, évêque de Galice du IVe siècle condamné pour hérésie par Rome (p.352) ! Galcerán et Jonas vont rivaliser d’observation et d’acuité intellectuelle pour découvrir quelques dépôts. Aussitôt pillés par les sbires du pape…

Menacé par cette milice papale, écœuré par l’avarice de l’Église et sa volonté de tout régenter, jusqu’aux idées de chacun, le moine-soldat hospitalier va décider de jouer les Jonas pour lui aussi. Il va quitter son ordre sans ordre, pour disparaître avec les siens. Avec son fils qu’il doit parfaire pour qu’il devienne un homme, et que sa mère n’a jamais voulu reconnaître par rigidité sociale. Avec cette femme juive rencontrée à Paris, Sara au teint de lait et aux taches de rousseur, appelée sorcière parce qu’elle maîtrise les poisons et parce que son intelligence lui permet de deviner le destin de ceux qui viennent la consulter. Galcerán de Born va quitter son ordre, sa famille d’origine et jusqu’à son nom pour commencer une autre vie, avoir un autre enfant. Sauf qu’il reste médecin et enquêteur dans l’âme, ce pourquoi il va travailler à consolider ce contrepouvoir au pape et à l’Église que sont les Templiers dont la renaissance a lieu sous un autre nom.

Aventure, mystère, amour, tous les ingrédients sont réussis pour un bon roman policier. Le lecteur apprendra des choses nouvelles : sur le Temple, le pape et le chemin de Saint-Jacques. Il sera ému par les relations père-fils, par les relations femme juive-moine catholique, par l’éveil des consciences. Car tous les personnages évoluent, jamais figés dans leur rôle, ce qui donne au texte une résonance vivante qui parle à chacun de nous. Un bien beau livre qui vous tiendra en haleine, par action, par passion et par raison. Il vous donnera les clés de la liberté !

Matilde Asensi, Iacobus – une enquête du moine-soldat Galcerán de Born, 2000, Folio policier 2007, 387 pages, €7.69 

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Matilde Asensi, Le dernier Caton

Article repris par Medium4You.

Le lecteur surpris et ravi découvrira ici un ‘Da Vinci Code’ à l’espagnole. Une belle intrigue aux rebondissements inattendus, une héroïne qui n’a pas froid aux yeux ni aux jupes, un capitaine suisse de la garde pontificale et un Alexandrin d’Égypte beau et érudit.

Tout commence par l’héroïne, une bonne sœur de 38 ans qui travaille sur les manuscrits anciens de la bibliothèque secrète dans les caves du Vatican. Son chef cardinal lui ordonne d’entrer en réunion : elle doit, sous le sceau du secret le plus absolu, exécuter une mission pour l’Église. Le Pape lui-même bénit l’opération et veut qu’on aille très vite. Un homme a été trouvé mort dans un accident d’avion, des reliques catholiques répandues près de son cadavre. Sa peau est scarifiée d’étrange façon : des croix surmontées de couronne et des lettres grecques… Lui est Éthiopien, serait-il copte ? Mais pourquoi enquêter ?

Sœur Ottavia vit entre sa pension de sœurs, son laboratoire aux manuscrits et sa famille sicilienne… Si l’auteur du thriller est née à Alicante, elle connaît bien l’univers catho et les ressorts mentaux de l’entrée en religion. Il se trouve que le capitaine de la garde suisse est l’Exécuteur des basses œuvres du Vatican et que l’Alexandrin érudit est chassé d’Égypte par le fanatisme musulman qui monte. Est-ce pour cela que les morceaux de la Vraie Croix, découverte par la byzantine Hélène, disparaissent soudainement des reliquaires ? D’ailleurs, ce n’est pas mieux à Byzance, Constantinople, Istanbul : « Il reste très peu de fidèles orthodoxes à Istanbul. Le processus d’islamisation a pris une telle ampleur, et le nationalisme est devenu si violent, que la majorité de la population actuelle est turque et de religion musulmane » p.392. Toutes les civilisations ne sont pas « égales » aux yeux musulmans.

Nous sommes en plein secret, même s’il n’y a pas complot. Sachez que le Paradis terrestre existe quelque part, qu’une secte cachée depuis un millénaire garde ses portes et sélectionne ses élus, et que tout fait sens. A commencer parLa divine comédie’ de Dante, sur laquelle tous les collégiens italiens suent sang et eau. Pourtant, ce livre est initiatique…

Nous voici embringués dans une histoire qui se tient, aux péripéties innombrables. Peut-être l’auteur aurait-elle pu diviser son livre en plus de chapitres ? Il est en effet difficile de quitter les pages qui coulent comme un torrent.

Outre l’intrigue, haletante, vous apprendrez une foule de choses utiles, telles que multiplier par neuf à l’aide des deux mains, courir un marathon sans l’avoir jamais fait, et même marcher sur le feu sans vous brûler ! Avec un petit rappel de civilisation, pas inutile par les temps qui courent : « Si les Perses avaient gagné la bataille de Marathon, s’ils avaient imposé leur culture, leur religion et leur politique aux Grecs, le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existerait probablement pas » p.370. Malgré le relativisme bobos des repus à bons salaires d’État, habitant en quartiers sécurisés, et bien qu’aucune culture ne soit en soi « supérieure » à une autre – juste différente – il est plus sain de dire que nous ne serions pas ce que nous sommes si nous nous laissons faire. Hier comme aujourd’hui…

« Si vous n’êtes pas capable de percevoir ce qui vous entoure, ni de sentir ce que vous éprouvez, si vous ne savez même pas profiter de la beauté parce que vous ne pouvez même pas la voir où elle se trouve, (…) ne prétendez pas être en possession de la vérité… » p.540. C’est un élu du Paradis qui vous le dit.

Un grand livre, gros et passionnant !

Matilde Asensi, Le dernier Caton – une enquête de soeur Ottavia Salina (El ultimo Caton), 2001, Gallimard Folio 2009, 576 pages, €7.41

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Cuzco

Cuzco, 3400 m d’altitude, le nombril du monde : ce n’est pas une création espagnole. El Cuzco existait déjà, a survécu à la destruction des monuments incas par les Hispaniques.

Cuzco, capitale du Tahuantinsuyu, est construite selon un plan régulier, précis, fonctionnel avec un quadrillage de rues et grands axes qui convergent vers la grand-place centrale où se déroulaient les cérémonies religieuses, civiles et militaires. Dans la ville, les yeux croisent les bases des monuments incas comme l’un des murs du temple des vierges du Soleil en andésite, les balcons coloniaux. El Cuzco a conservé son âme, l’art métis est incomparable, les toits de tuiles rouges toujours présents.

Se promener dans la ville est une leçon d’histoire. Au détour d’une église baroque on croise la population indienne vêtue de tissus colorés, accompagnée ou non de lamas à quatre pattes. Le couvent de Santo Domingo, construit à l’époque coloniale, repose sur les vestiges du Coricancha (l’enceinte d’or), le temple inca dédié au soleil et aux astres et dont les salles et jardins rutilants d’or ont été pillés par les Espagnols. Le monastère a conservé certaines salles du Coricancha dont une très vaste qui abrite un autel sacrificiel.

Au sortir de la ville, il y a maints sites à visiter.

Sacsayhuaman (aigle royal) : situé sur le plateau surplombant Cuzco est une fortification impressionnante édifiée entre 1438 et 1500. L’un des blocs gigantesques de la muraille pèse 12 tonnes. Les Incas ne connaissaient pas la roue. Beaucoup de tentatives d’explications mais « rien au bout ». Signalons qu’entre deux blocs de pierre ajustés avec précision sans ciment on ne peut rien glisser, pas même une lame de couteau.

La construction de trois enceintes successives en zigzags était percée de trois portes d’accès étroites successives. Elles étaient munies d’huisseries énormes, séparées par des terrasses couronnées de tours. Cette citadelle aurait abrité la garnison chargée de défendre la capitale. D’autres pensent que ce bastion était probablement un centre cérémoniel très ancien, une maison du Soleil ? Qui sait ?

Kenko est un sanctuaire rupestre. Un canal en zigzag débouchait autrefois sur une sorte de grande cuve creusée dans le roc, à pic sur le vide. La grotte de Kenko abrite une table en pierre qui faisait sans doute office d’autel pour le sacrifice d’animaux (ou plus si imagination).

Lago est une grande roche fendue en deux par Viracocha, le dieu des Incas, avec deux chambres souterraines. Un lieu de méditation d’offrande, de cérémonies occultes.

Kusilluchayoq est encore un lieu de culte pré inca qui possède des labyrinthes, cavernes avec des sculptures de singes.

Pukapukara est un site très très rustique, au sommet d’une colline. Reste un ensemble de fortifications (la forteresse rouge). On murmure qu’elle gardait l’entrée de la vallée sacrée des Incas et la route de Cuzco.

Tambu Machay est appelé « le bain de l’Inca »  il est alimenté par des sources d’eau froide. Un système hydraulique qui constitue une véritable prouesse technique alimente encore en eau cristalline une série de bassins rituels réservés jadis à l’Inca et son épouse. Des murs de pierres polygonales perchés de niches trapézoïdales ont été érigés autour d’une source naturelle où l’on célébrait un culte des eaux.

Hiata de Tahiti

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