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L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet

Tecumseh Sansonnet Spivet, dit T. S. (Kyle Catlett), a 10 ans (12 au tournage) ; son second prénom vient d’un piaf mort le jour de sa naissance. Il vit dans une ferme du Montana avec son frère jumeau dizygote Layton (Jakob Davies), sa grande sœur ado Gracie (Niamh Wilson) et ses parents, son père cow-boy texan Tecumseh Elijah (Callum Keith Rennie) et sa mère entomologiste Dr Clair (Helena Bonham Carter). T.S. est le laissé pour compte de la famille, bien moins pré viril et casse-cou que son frère, le préféré de papa, et en butte à l’indifférence de sa mère qui n’en a que pour les sauterelles et autres infects.

C’est que le gamin raisonne en scientifique, analysant les choses et les gens, ce qui est trop compliqué pour une tête de fermier texan et laisse de marbre la mère préoccupée d’autre chose. Quant à la sœur elle ne rêve que starlettes et concours de beauté de miss Montana… T.S. joue donc avec son frère du même âge, bien qu’ils soient très différents. Autant Layton aime les armes et tirer sur les boites de conserve à la winchester, autant T.S. préfère mesurer l’écart du son et calculer des statistiques. Il compte ainsi le nombre de regards échangés entre chacun des membres de la famille tout le long du dîner : son père ne le regarde jamais mais jette sept coups d’œil à Layton, sa mère ne le regarde qu’une fois. Conclusion : « il » ne m’aime pas.

Lors d’une visite au muséum de la ville la plus proche, le jeune garçon entend une conférence scientifique d’un professeur sur le mouvement perpétuel, impossible à réaliser selon lui. Enthousiasmé à l’idée d’avoir un but et d’exercer utilement son esprit, contrairement aux âneries qu’il est censé apprendre avec son prof de sixième, il décide de s’y mettre. Il envoie au Smithsonian American Art Museum de Washington les plans d’une roue à mouvement (presque perpétuel), le magnétisme ayant besoin d’être régénéré quand même – mais seulement tous les quatre cents ans. Il a la surprise de sa vie lorsqu’une sous-secrétaire (Judy Davis) téléphone à la maison pour lui annoncer que l’inventeur a gagné le prix Baird. T.S. est obligé de mentir, de parler pour son père, car il craint d’être disqualifié en raison de son âge. Mais on est en Amérique, où tout est possible.

Lors d’une visite au muséum de la ville la plus proche, le jeune garçon entend une conférence scientifique d’un professeur sur le mouvement perpétuel, impossible à réaliser selon lui. Enthousiasmé à l’idée d’avoir un but et d’exercer utilement son esprit, contrairement aux âneries qu’il est censé apprendre avec son prof de sixième, il décide de s’y mettre. Il envoie au Smithsonian American Art Museum de Washington les plans d’une roue à mouvement (presque perpétuel), le magnétisme ayant besoin d’être régénéré quand même – mais seulement tous les quatre cents ans. Il a la surprise de sa vie lorsqu’une sous-secrétaire (Judy Davis) téléphone à la maison pour lui annoncer que l’inventeur a gagné le prix Baird. T.S. est obligé de mentir, de parler pour son père, car il craint d’être disqualifié en raison de son âge. Mais on est en Amérique, où tout est possible.

Il est donc convoqué à Washington pour le recevoir et dit qu’il ira. Il ne sait comment, car ses parents ne sont au courant de rien, ignorent et méprisent ce qu’il peut faire, encore plus pris à ce moment par la mort de Layton. Le jumeau s’est tué d’une balle de winchester alors que les deux garçons jouaient seuls, sans surveillance, dans la grange. Le coup est parti et Layton est tombé raide mort – le fils cow-boy préféré du cow-boy.

Dans l’indifférence générale, T.S. prépare donc son voyage incognito, avec une lourde valise où il emporte un tas d’objets inutiles mais fétiches pour un garçon de 10 ans, comme deux sextants, un baromètre, un chronomètre, un spiromètre, un mètre, un squelette d’oiseau, huit caleçons et trois pulls mais aucune chemise de rechange, un canif multifonction et une peluche – plus le journal intime de sa mère. Il veut comprendre. Son père le dépasse sur la route au matin de son départ sans s’arrêter, comme s’il l’ignorait et voulait le bannir de sa vie après la mort de son préféré.

T.S. voile de rouge un signal ferroviaire pour arrêter un train de fret, monte à bord en se cachant, et réussit à traverser les États-Unis du Montana jusqu’à Chicago, terminus du fret. Il doit échapper à la sécurité ferroviaire, sympathiser avec un clochard céleste nommé Deux Nuages (Dominique Pinon), filer entre les mains d’un policier de Chicago qui la joue lourdaud viril (Harry Standjofski). C’est à ce moment qu’il se casse deux côtes en sautant d’une branche d’écluse. Un routier d’un énorme truck rutilant le recueille au bord de la route (Julian Richings), un peu inquiétant mais finalement épris de selfies qu’il collectionne.

Au Smithsonian, la sous-secrétaire n’en croit pas ses yeux, mais le garçon est reconnu sur ses talents à expliquer sa machine et ses capacités à calculer mesuré par électrodes. Il est soigné torse nu par un docteur avant d’être revêtu d’un costume pour la cérémonie. Il y fait un discours en trois points, malgré sa timidité devant une assemblée où presque tout le monde a un doctorat. Le troisième point lui a échappé et il embraye sur la mort de son frère qui explique sa solitude et sa venue ici. Grande émotion dans la salle, gros succès mondain.

Le voici médiatique et la secrétaire s’empresse de se faire mousser pour l’entraîner dans des shows télévisés. Mais sa mère, qui l’a vu à la télé au Smithsonian, vient le rejoindre et l’arracher aux griffes du show man qui lui pose des questions en ne laissant jamais que dix secondes pour chaque réponse, tant il tient à maîtriser le sujet et enchaîner le show. C’est là que le Texas se rebiffe contre Washington, la ferme contre la télé, la famille contre les histrions.

Car le sujet dépasse l’aventure pour enfants. Il s’agit de l’Amérique et de ses excès en tous genres, de l’inventeur de 10 ans récompensé, à la télé-réalité inepte. Des grandes distances entre États et entre mentalités, entre Ouest encore sauvage et Est civilisé décadent. Mais aussi de l’écart intime entre père et fils, mère et enfants.

Sont agités nombre de mythes américains : les indiens, car Tecumseh est un prénom qui signifie quelque chose comme étoile filante ou jaguar céleste ; la traversée du continent en train comme au temps de la Grande dépression ; les routiers et les routards comme dans les années soixante hippies de Kerouac ; l’atmosphère du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne avec ses sociétés savantes et ses querelles d’ego ; l’ombre de Freud et des névroses familiales.

D’admirables paysages, des dialogues construits et intelligents, l’émotion d’un gamin au visage sensible qui se sent abandonné de tous mais qui part construire sa vie – un beau film. Ce n’est pas un film américain, ce qui explique sans doute pourquoi.

DVD L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (The Selected Works of T. S. Spivet), Jean-Pierre Jeunet, 2013, avec Kyle Catlett, Helena Bonham Carter, Callum Keith Rennie, Judy Davis, Niamh Wilson, Gaumont 2014, 1h41, €7.00 Blu-ray €32,99 (liens sponsorisés Amazon partenaire)

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Les Blues Brothers de John Landis

Les Frères du Blues sont Jake « Joliet » (John Belushi) et Elwood Blues (Dan Ackroyd), un petit gros et un grand maigre, tous deux affublés d’un chapeau noir, d’un costume noir, d’une cravate noire et de lunettes noires Ray-Ban Wayfarer. Même leur voiture, une Dodge Monaco 1974, est noire et blanche, ancienne voiture de flics aux parechocs, moteur et amortisseurs renforcés. Ce qui permet de folles courses-poursuites dans les centres commerciaux, la campagne ou sur les avenues de Chicago. On dit que treize Bluesmobiles et une cinquantaine de voitures de police furent détruites durant le tournage – ce qui entretient la légende de ce film-culte.

Jake sort de la prison Joliet d’Illinois – d’où son surnom – pour un braquage de station-service qui a mal tourné. Son frère Elwood l’attend à la sortie avec une voiture de flic d’occasion. Les deux vont tout d’abord chez la bonne-sœur dirigeante de l’orphelinat où ils ont passé leur enfance en noir et blanc. Car tout est noir et blanc dans ce film : les costumes des Brothers, l’uniforme de « la pingouine », leur voiture, l’orchestre de Noirs et de Blancs qu’ils tentent de reformer, le légal et l’illégal – et peut-être l’Amérique elle-même, en proie au doute des années Carter.

La leçon est que tout peut se résoudre en rythme et musique, les impôts dus par l’orphelinat, le mauvais goût des bouseux du Bob’s Country Bunker dont le patron (Jeff Morris) ressemble furieusement à Nicolas Hulot, la police et même la prison. Car il s’agit d’une « mission du Seigneur » comme le chante un révérend endiablé – James Brown lui-même !

Ce film réunit toute une brochette d’artistes célèbres : outre les Blues Brothers, James Brown, Cab Calloway, Ray Charles, Aretha Franklin, John Lee Hooker ; Steven Spielberg y fait même une apparition comme le percepteur qui affiche sur la porte de son bureau « retour dans 5 minutes ».

La frénésie chasse le blues plus que les flics machos, la rigide discipline nazie du parti des svastikas ou l’hystérie amoureuse de l’ancienne fiancée de Jack (Carrie Fisher) aussi démesurée (bazooka, explosifs, lance-flammes, pistolet-mitrailleur) que malhabile (elle détruit tout alentour mais n’atteint jamais ses cibles).

Les Brothers furent histrions de télé avant de créer leur propre groupe de blues. L’émission Saturday Night Live de la chaîne NBC faisait monter la fièvre du samedi soir. Ils tentent de la pérenniser dans le film. Leur look de tueurs à gage de la Mafia aux costumes de croque-mort italien ne fait pas peu pour leur succès. L’apparence de sérieux qu’ils donnent (habillés comme les Men in black du FBI) explose en arnaques, danses et musiques de rythm and blues, avant de se muer en courses folles à la James Dean où les flics – trop peu fantaisites – n’ont pas le beau rôle.

L’époque (juste avant les années Reagan) était à la dérision, Nixon venant d’être « empêché » pour mensonges après le Watergate, Jimmy Carter ne se montrant pas à la hauteur des événements : le deuxième choc pétrolier dû à l’Iran venait de débuter et la centrale nucléaire de Three Mile Island connaissait la plus grave fuite radioactive qui ait jamais eu lieu sur le territoire des Etats-Unis.

Une explosion de rythmes d’essence sexuelle pour un pays qui avait vraiment besoin de se retrouver son énergie ; un film qui reste culte vu qu’aucun n’est aujourd’hui capable de réunir autant de talents, dans un scénario aussi dynamique, avec des effets spéciaux aussi démesurés. Action, rires, musique : toute une Amérique du divertissement qui se met en scène en 2h30 pour notre grand plaisir.

DVD Les Blues Brothers (The Blues Brothers), film de John Landis, 1980, avec John Belushi, Dan Aykroyd, James Brown, Cab Calloway, Ray Charles, Aretha Franklin, Universal Pictures 2006, €9.64 

Site officiel : http://bluesbrothersofficialsite.com/

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Jules Verne, Le testament d’un excentrique

jules verne le testament d un excentrique

En cette fin de siècle XIXe, les Etats-Unis fascinaient la France. Ils étaient le pays neuf qui devenait puissant, empli de vitalité, de liberté, d’audace et d’ingéniosité. Y régnaient le jeu, l’entreprise et l’argent, tout y était possible. Aussi le feuilletoniste pour la jeunesse Jules Verne ne pouvait qu’éprouver de l’enthousiasme pour un tel pays et en faire le théâtre d’une aventure.

Celle-ci est bien différente des quêtes habituelles, car il s’agit d’un jeu. William J. Hypperbone, un milliardaire de Chicago et membre éminent du Club des Excentriques, a légué sa fortune de 60 millions de $ à sa mort au joueur qui parviendra le premier au jardin de l’Oie, à l’issue d’un périple de 63 cases au travers des Etats-Unis. Six noms de personnes nées à Chicago ont été tirés au sort, et un septième rajouté par codicille au testament sous les initiales énigmatiques de X.Y.Z. Chacun doit partir sur un coup de dés et effectuer son étape en 15 jours, à peine d’être disqualifié. Les dés sont tirés tous les deux jours, aussi chaque joueur recevra un télégramme à midi sonnante à l’étape où il se trouve.

jules verne le testament d un excentrique jeu de l oie des etats unis

Le jeu de l’Oie connaissait un grand engouement à la fin du siècle. On le disait venu des Grecs mais il était probablement une copie d’Egypte où existait le jeu du Serpent. Il s’agit d’une spirale de 63 cases, marquée d’oies de 9 en 9, où deux dés servent à avancer ou à reculer selon le sort. Des pièges sont disposés sur le parcours comme les primes à payer, le puits, la prison, le labyrinthe ou la mort. Le jeu de l’Oie figure un destin humain géré par le sort. Jules Verne y ajoute, aux Etats-Unis, le mérite. 63 cases pour 50 Etats, chacun doit se préoccuper d’être à la bonne heure au bon endroit, ce qui n’est pas toujours aisé. Si le chemin de fer forme une toile dense au nord-est, c’est moins le cas vers l’ouest et vers le sud ; il faut alors emprunter le steamer sur la mer ou sur les fleuves, la diligence ou le cheval – et même la triplette ou l’automobile à pétrole !

jules verne le testament d un excentrique gravure

Malgré un voyage dépourvu de sens, cette aventure bien encadrée ne va pas sans péripéties, et les caractères des personnages sont contrastés pour l’effet. Flanqué d’un commensal, chacun va mener le jeu à sa façon, matamore ou dilettante, avide ou généreux ; chacun va trouver son trésor en allant : l’amour pour la jeune vendeuse Lissy Wag et pour le peintre Max Real, les sensations et des articles pour le reporter Harris T. Kymbale, la publicité pour le boxeur illettré Tom Crabbe, la découverte d’une vraie vie de dépense pour le couple usurier Titbury, la réalité des éléments et du sort pour l’irascible commodore Hodge Urican. Et jusqu’à la fortune pour le mystérieux X.Y.Z.

jules verne voyages extraordinaires pleiade

Le lecteur suit une cavalcade au travers des Etats-Unis encore pionniers, où les bandits ne sont pas absents, ni les parieurs sans scrupules, où l’on peut se passionner de faire s’emboutir deux locomotives à pleine vitesse sur un tronçon de railroad, et où les coyotes en bande peuvent attaquer de paisibles cyclistes en Californie. Les joueurs voyagent sans voir, le plus souvent, morts-vivants manipulés comme des pions – mais s’ils le veulent seulement. Max Real s’enchantera du parc national de Yellowstone et en ramènera des peintures ; Lissy Wag visitera le labyrinthe grandiose des grottes de Mammoth au Kentucky. Jusqu’aux avares Titbury qui, malgré eux mais au final ravis, passeront deux semaines à 100$ par jour dans un palace de la Nouvelle-Orléans.

Ce n’est pas le plus passionnant des romans de Jules Verne, mais il a été bien injustement oublié. Le lecteur est captivé par la course et pris par le jeu. Le premier chapitre ne dévoile que lentement l’histoire et le dernier laisse pantois, ce qui est du grand style.

Jules Verne, Le testament d’un excentrique, 1899, Livre de poche 1979, 474 pages, €10.78

e-Book format Kindle, éditions Arvensa, 531 pages, €0.99

Jules Verne, Voyages extraordinaires : Voyage au centre de la terre, De la terre à la lune, Autour de la lune, Le testament d’un excentrique, Gallimard Pléiade 2016, 1376 pages, €50.00

Les romans de Jules Verne déjà chroniqués sur ce blog

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Où partir pendant la guerre du Golfe ?

Du 23 février au 9 mars 1991, j’effectue un raid en kayak de mer « pour observer les baleines grises » en Baja California au Mexique, avec l’agence “ Grand nord / Grand large ”.

carte Basse Californie

Il faut dire qu’il y a peu de possibilités de voyager à l’époque, la première guerre du Golfe est imminente pour faire reculer le dictateur irakien Saddam Hussein qui a envahi le Koweït. Tous les vols sont annulés, sauf les liaisons transatlantiques car les missiles Scud lancés d’Irak pleuvent sur l’Arabie Saoudite, Israël, Bahreïn, le Qatar et menacent la Turquie. Ce périple pour « voir les baleines » est donc un peu contraint et forcé : y serais-je allé si j’avais eu un autre choix ? Probablement pas, puisque j’irai au Népal les mois suivants, lorsque la guerre aura eu lieu, que Saddam Hussein aura été vaincu en quelques semaines et que les craintes d’attentats aériens auront diminué, notamment à Roissy. L’inquiétude était forte en ce temps-là chez les Américains comme chez les Français, du fait de l’importante communauté arabe en France. C’est dire si les contrôles étaient multipliés à Roissy même.

Ogre Saddam Hussein et Stephen 23août1990

Après une préparation aérienne de la coalition internationale de 34 pays, qui a commencé le 16 janvier, la mise en route des troupes terrestres n’a pas encore eu lieu mais la date de l’ultimatum à l’Irak expire cette nuit. Le commandant de bord du Boeing nous déclare au micro qu’il nous informera du déclenchement de l’offensive dès qu’il en aura connaissance. Rien ne se passera durant le vol. De fait, mais nous ne le saurons qu’au retour car nous étions avant l’Internet et les mobiles… les troupes terrestres américaines, saoudiennes et koweïtiennes foncent vers Koweït-City dès le 24 février. http://guerredugolfe.free.fr/fevrier.htm Environ 250 chars américains vont combattre les 200 chars soviétiques de la Garde républicaine, élite du régime qu’ils vaincront très vite, les Britanniques s’enfoncent vers Bassorah pour prendre les Irakiens à revers tandis que les Français se dirigent vers As-Salman pour prendre l’aéroport.

Explosion de joie patriotique au retour aux États-Unis, le 8 mars, la guerre terrestre s’est terminée en quelques jours, le 27 février Saddam Hussein s’est retiré du Koweït, a accepté sans conditions les résolutions de l’ONU et réclamé un cessez-le-feu immédiat. Nous n’avons rien suivi de cette guerre éclair médiatique.

cactus Basse Californie

Nous débarquons à Chicago en fin de soirée du 23 février et le fonctionnaire des douanes est méfiant. Bien que disposant d’un visa de 5 ans obtenu à Paris et d’un tampon d’entrée-sortie à Anchorage (Alaska) deux ans avant, il avise mon passeport sur lequel figure en plus d’un visa pour le Mexique un tampon marocain et un algérien ; c’est ce dernier qui l’intrigue. Conversation en anglais : « Pourquoi avez-vous été en Algérie ? – Pour faire du tourisme au Sahara. – Pourquoi aller au Sahara ? – C’est comme pour vous le Mexique, un lieu mythique et de vacances avec randonnée en chameau. » Peut-être mon accent en anglais, pas si marqué : « – Vous êtes sûr que vous êtes français ? Chantez-moi une chanson… » Je commence Au clair de la lune. Pas simple de me souvenir d’une chanson, il y a belle lurette que les Français ne chantent plus, n’apprenant même plus à l’école primaire, n’allant plus ni aux scouts, ni à la messe. Après quelques mesures : « Bon, ça va, passez ! ».

Parce que nous ne sommes pas seulement en transit pour le Mexique, nous prenons un vol intérieur aux États-Unis pour joindre San Diego, y passer la nuit pour partir la journée suivante. Nous louons un van pour sept, y entassons nos bagages – dont les quatre kayaks de mer démontés dans leurs gros sacs – et passons la frontière. Il serait plus sûr pour tout un tas de raisons (de mécanique, d’assurance, etc.), me dit-on, de louer aux États-Unis et pas au Mexique.

mer Basse Californie

Celui qui nous guide est un étudiant en médecine en cinquième année à Paris, dont je n’ai pas jugé utile de me souvenir du nom. Il était très centré sur lui-même et un brin autoritaire. Abordant la randonnée en kayak pour la première fois, je me suis dit (à tort) que mon carnet prendrait l’eau, et je n’ai pris aucune note. Seules les photos (à l’époque argentiques et avec un appareil étanche, donc en faible nombre) et la documentation de l’agence subsistent comme traces, hormis les souvenirs. Je reconstitue donc ce séjour de mémoire ; elle est faillible, mais des images gravées sur la rétine me restent parfois, isolées, je ne sais pourquoi. Ce ne sont en tout cas pas de « faux souvenirs ».

Nous débarquons à San Diego pour y découvrir une ville basse, très étendue, longeant la mer. Nous aurons une journée au retour pour visiter la ville.

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