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Jego & Lépée, La conspiration Bosch

Un bon roman historique qui se passe dans l’Europe du XVIe siècle, durant la Renaissance. La profusion et l’étroitesse de chacun des 64 chapitres donne un peu le tournis, d’autant que l’on passe d’un personnage à l’autre et d’un lieu à un lieu différent, mais la mayonnaise réussit à prendre.

Tout commence à Bois-le-duc, au nord du Saint-Empire romain germanique, sous le règne de Maximilien de Habsbourg. Des églises sont profanées par des cadavres découpés en morceaux et arrangés en singeant le calvaire du Christ. Ce sont des croix à l’envers, des torses affublés de têtes de cochon ou des troncs flanqués de pattes de bouc. Comme si le diable était revenu sur la terre et plantait sa griffe en cette année 1510, pour préfigurer l’Apocalypse prévue par les textes. D’autant que le chiffre de la Bête, 666, apparaît mystérieusement sur les restes de chair – ce qui est tu par l’Église…

La terreur monte dans les chaumières et le peuple des villes commence à gronder. Des émeutes éclatent, des incendies s’étendent. Le pape Jules II ne fait rien, hésitant à excommunier tout le Saint-Empire, d’autant qu’il n’a pas couronné encore l’empereur récemment élu. Les grandes puissances autour s’agitent, car il s’agit bel et bien de politique. La religion n’a que faire dans ces événements, elle ne sert (comme toujours) que de prétexte pour agiter les âmes simples.

Le jeune et bouillant Henri VIII d’Angleterre veut envahir la France avec l’aide de Maximilien du Saint-Empire ; la France veut faire excommunier ledit Saint-Empire pour éviter l’alliance des États allemands avec l’Espagne. Le Saint-Empire bouillonne de révolte contre l’Église de Rome, sa corruption et ses prévarications. Le pape vieillissant est au carrefour de ces intrigues et doit mesurer sa parole et ses actes.

Mais ne voilà-t-il pas que les artistes s’en mêlent, réunis en confrérie puissante pour défendre leurs propres intérêts, ou simplement la libre expression de leur art ? Léonard de Vinci reprend la peinture devant la fille de Ginevra, peinte sans les mains 25 ans plus tôt. Hiéronymus (Jérôme) Bosch poursuit ses figures hantées d’humains tentés par le vice et en parsème ses tableaux. Il semble curieusement inspirer certaines des compositions de chair humaine qui profanent les lieux sacrés. Le beau Raphaël, auprès du pape, intrigue avec un sourire cruel. Le vieux peintre Giorgione cherche à s’opposer aux malversations mais finit mal. L’Europe gronde, les peuples y voient la fin du monde, tandis que les hérétiques allemands relèvent la tête.

La belle Gabriela, noble florentine d’un père banquier très riche et fille de Ginevra, tombe amoureuse de Philippe le Beau, fils de Maximilien. Mais celui-ci est enlevé brutalement un soir à Milan alors que la jeune fille venait de le quitter. Elle n’aura de cesse de le retrouver, mettant au jour par son obstination un sombre complot dont les ramifications s’étendent à toute l’Europe, avant de disparaître. Philippe non plus ne reparaîtra jamais devant son père, soi-disant mort de la peste qui sévit à Venise, laissant l’éducation à la royauté de son fils Charles à son père. Le gamin de 10 ans deviendra quand même Charles Quint.

Léonard, vieillissant, diminué, cherche l’essence qui anime le corps humain en disséquant des cadavres, tout en s’appuyant sur l’épaule lisse du bel éphèbe blond Lorenzo qui le sert. Il lui caresse la tête, constamment ébouriffée comme s’il sortait du lit (ce qui est souvent le cas, suggère l’auteur), ou passe sa main le long de ses côtes pour une caresse tendre. Il est mandaté par le pape pour enquêter de façon scientifique et esthétique sur les compositions de morceaux humains que la crédulité populaire attribue au diable – mais que le pape, prudent, veut croire à la méchanceté humaine. Tandis que le chevalier Bayard, sous les ordres de Louis XII de France, cherche à modérer les forces qu’il a lancées en premier pour déstabiliser le Saint-Empire.

C’est une course échevelée pour mettre au jour la vérité, un faisceau d’intrigues croisées qui mêlent comme d’habitude la politique à la foi, la communication à la vérité, les manigances humaines au diable sous prétexte de stratégie chrétienne. Le roman est assez bien composé, un peu rapide malgré passion et aventure, mais le lecteur ne s’ennuie pas.

Yves Jego & Denis Lépée, La conspiration Bosch, 2006, Pocket thriller 2007, 410 pages, occasion €2,73 (liens sponsorisés Amazon partenaire)

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Christian Jacq, Le procès de la momie

Le célèbre égyptologue auteur de best-sellers antiques se décentre cette fois-ci en 1821 à Londres. Un aventurier colosse qui veut se faire reconnaître par la « bonne « société impériale britannique est allé fouiller et piller des tombeaux égyptiens après que Bonaparte ait mis les pyramides et les momies à la mode. Il en a rapporté de quoi ouvrir une exposition et trafiquer amulettes, vases canopes et autres babioles découvertes. Giovanni Belzoni a réellement existé ; il a réellement publié à Londres en 1820 un livre de ses aventureuses fouilles et Christian Jacq cite les parties dont il s’inspire.

Mais il organise autour du personnage et de l’Egypte un véritable roman policier prévictorien. Londres est le centre commercial de l’empire et l’aristocratie comme la haute finance s’épanouissent après les guerres napoléoniennes, sous le roi libertin George III, futile et dépensier. Les salons s’ennuient et bruissent de rumeurs sur les uns et les autres. Aussi lorsque Belzoni, aidé de son imposante épouse Sarah, invite une sélection de lords, de professeurs et de politiciens à venir assister à la sortie de bandelettes d’une momie, c’est la ruée. Chacun se presse pour être au premier rang et pouvoir raconter dans les salons durant des mois ensuite ce privilège.

La profanation ne plaît pas à tout le monde. Un pasteur hystérique y voit (naturellement) une offense à Dieu ; un aristocrate ultraconservateur une viande des siècles bonne à donner aux chiens ; un professeur de médecine légale veut disséquer le cadavre du jeune homme sous sarcophage, étonnamment bien conservé. Chaque invité ou presque veut une part de cette relique, qui un bandage du visage, qui le voile sur le torse, qui le tissu bitumineux des pieds, qui le vase de côté, qui l’amulette du front.

Lorsque la séance est terminée, le médecin-légiste fait emmener la momie nue dans le grand amphithéâtre de la faculté, où il doit passer la nuit à l’examiner. Le lendemain, il est retrouvé mort – et la momie a disparu. Suivent très vite le pasteur (que personne ne semble regretter) et le lord acariâtre (que seul regrette le parti conservateur au pouvoir, pour son financement), à chaque fois déchiquetés avec un crochet à momifier. Trois morts pour une momie, quel est ce mystère ?

L’inspecteur de la police de Londres Higgins goûte les débuts enchanteurs d’une retraite bien méritée, entre son chat Trafalgar et son chien Gebb, sur son domaine du Gloucestershire, à relire La tempête de Shakespeare. Il a proposé en vain la création d’une police délivrée de la corruption et plus professionnelle sous le nom de Scotland Yard, mais cela lui a été refusé. D’obscures manipulations politiciennes tiennent à ce que le crime reste vigoureux, tout comme aujourd’hui les paradis fiscaux sont utiles aux coups fourrés anonymes de certains services d’Etat.

Mais la qualité des victimes fait scandale et son passé d’enquêteur hors pair le font rappeler : il faut que cette affaire se résolve au plus vite pour rassurer la bonne société, et qu’il attrape l’agitateur révolutionnaire qui se fait appeler Littlewood. Il promet le pouvoir du peuple et la décapitation des riches sur le modèle de la Terreur sous Robespierre : inconvenant, n’est-il pas ? Higgins aura fort à faire pour démêler les deux affaires qui pourraient n’en faire qu’une. Qui a intérêt au crime ? A quelle fin voler la momie ? Serait-elle ressuscitée, selon les indications du Livre des morts des anciens Egyptiens dont Champollion vient in extremis de rendre la lecture possible en résolvant l’énigme des hiéroglyphes ?

Chapitres courts, action un peu lente au début qui s’accélère très vite, intrigue bien tordue pour égarer les soupçons du lecteur – ce roman policier historique est bien fait et passionnant, même si les personnages (sauf Higgins) sont assez caricaturaux. Comme dans les romans d’aventures pour adolescents dans les années 1960 des éditions Marabout, un « dossier » illustré sur la momification est proposé comme « instructif » à la fin de l’édition originale. Un bon moment de lecture qui permet de s’évader doublement : à Londres en 1821 et en Egypte antique !

Christian Jacq, Le procès de la momie, 2008, Pocket 2010, 480 pages, €1.98

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Huysmans, Là-bas

La fin de siècle a mal l’âme et la raison dérive vers la déraison. Hystérie féminine, occultisme clérical, fascination pour l’ogre Gilles de Rais – tout concourt à dire « la névrose » du siècle en modernisation. La « chandelle » de la Tour Eiffel oppose son fer aux cloches de l’église Saint-Sulpice, quartier de l’auteur ; les trouées Haussmann pour le Paris moderne donnent la nostalgie du château fort de Tiffauges ; l’exaspération de religiosité catholique après la défaite face à la Prusse engendrent son inverse, la recherche du démon.

Dans un roman enlevé et bien écrit, captivant, Huysmans trace le portrait au burin de son temps. C’est probablement sa meilleure œuvre, fouillée, documentée, ensorcelante. L’écrivain Durtal, célibataire, à pour amis le docteur des Hermies qui lui présente Carhaix, le sonneur de cloches de Saint-Sulpice. C’était juste avant que l’électricité, qui apparaissait dans Paris, n’enlève ce métier aux hommes. Le sonneur habite la tour même de l’église avec vue d’un côté sur la place et la Mairie, de l’autre sur les toits de la nef. C’est sombre, humide, médiéval, mais pittoresque – et offre une vue imprenable sur l’époque. L’écrivain et le docteur habitent à deux pas, dans le quartier. Ils se réunissent donc autour d’un pot au feu concocté par la mère Carhaix (servi avec des anchois et agrémenté d’un petit Chinon), ou d’un gigot « cuit à l’anglaise » que le docteur apporte et apprête, buvant des élixirs curieux en apéritif comme « la crème de céleri » et des liqueurs fortes au café. Ils dissertent des cloches, des légendes, d’occultisme qui séduit alors la capitale.

Tout le chapitre XI est consacré aux prédations cruelles de Gilles de Rais sur de jeunes garçons (viols, lacérations, éventrements, pendaison, égorgement), que Durtal s’efforce de relater d’après les minutes du procès pour en faire un roman. Tout un autre chapitre, le XIX, fait vivre une messe noire : des pratiques hystériques se roulent dépoitraillées au pied de l’autel où le chanoine Docre vient de célébrer une messe à l’envers, nu sous sa soutane et éjaculant sur les hosties sous la main de ses enfants de chœur. Les harpies se précipitent pour en croquer des miettes souillées. C’est érudit, de première main scandaleux et donc révélateur. Huysmans s’est documenté auprès de sources fiables, l’abbé Boullan, Henriette la maîtresse du sar Péladan. L’âme de la bourgeoisie parisienne fin de siècle est pourrie de l’intérieur, matérialiste aspirant à se faire peur, jouisseuse dans la profanation de tout sacré. Le pire n’en est pas moins l’écrivain catholique Chantelouve qui tient salon doctement, accumulant les œuvres pies tout en laissant sa femme Hyacinthe jouer la succube et forniquer avec n’importe qui malgré son confesseur. Durtal subit sa féminité dévorante de femelle décadente, bien que son chat lui reproche. Une bête sensible et bien croquée. Mais cette insatiable hystérique est une intermédiaire avec le monde de la nuit qui fascine l’écrivain : elle connait (charnellement un temps) le chanoine sacrilège, sait où et quand se tient une messe noire dans Paris et peut même inviter Durtal. Le diable est dans tous les détails.

Huysmans explore la réalité de son temps, hanté de régression médiévale devant les assauts du moderne, « plus de 3000 » adeptes du diable à Paris, écrit-il à son ami Prins fin 1890. « Les queues de siècle se ressemblent. Toutes vacillent et sont troubles. Alors que le matérialisme sévit, la magie se lève » p.1120. Gilles de Rais est le modèle du pire et les adorateurs contemporains du démon aspirent à lui ressembler. Ils jettent des sorts à distance, empoisonnent, sodomisent, raillent les sacrements, souillent les calices et les hosties, se vautrent dans la chair vile en faisant taire tout esprit. A l’inverse le christianisme médiéval de Grünewald, par exemple, montre combien la chair torturée peut mener à l’Esprit. Son Christ, véritable « cadavre en éruption » p.926 Pléiade, le montre à l’envi. Traiter le spiritualisme à la manière naturaliste était un dernier tour de force. Verlaine trouve le livre « épastrouillant ».

Composé en musique, alternant les chapitres sur le Moyen Âge avec les chapitres sur le XIXe siècle comme un battement de cloche, le roman est tout échos aux rumeurs de son temps comme aux caractères des personnages. Durtal n’est-il pas une sorte de Gilles de Rais, hanté de vice et de sadisme comme lui ? Le chanoine un héritier des sorciers ? La Chantelouve une goule issue du satanisme médiéval ? L’auteur découvre même un nouveau péché, non répertorié chez les catholiques : le « pygmalionisme ». C’est l’amour sexuel d’un auteur pour son œuvre, qui fantasme sur sa créature, baise charnellement sa statue, ce « qui tient à la fois de l’onanisme cérébral et de l’inceste » p.1063.

Huysmans déplore en passant l’action de Jeanne d’Arc qui a fait, en poussant au sacre de Reims, « une France sans cohésion », cousant des nationalités réfractaires. « Il nous a donné, et pour longtemps, hélas ! de ces êtres au brou de noix et aux yeux vernis, de ces broyeurs de chocolat et mâcheurs d’ail, qui ne sont pas du tout des Français, mais bien des Espagnols ou des Italiens. En un mot, sans Jeanne d’Arc, la France n’appartenait plus à cette lignée de gens fanfarons et bruyants, éventés et perfides, à cette sacrée race latine que le diable emporte ! » p.957. Les « nationalistes » d’aujourd’hui apprécieront : c’est l’Etat qui fait nation et pas l’ethnie.

Il déplore aussi la décadence culturelle de son époque, que Pline l’ancien déplorait déjà… « La nouvelle génération ne s’intéresse plus qu’aux jeux de hasard et aux jockeys ! – oui, c’est exact ; maintenant les hommes jouent et ne lisent plus ; ce sont les femmes dites du monde qui achètent les livres et déterminent les succès ou les fours ; aussi, est-ce à la Dame, comme l’appelait Schopenhauer, à la petite oie, comme je la qualifierais volontiers, que nous sommes redevables de ces écuellées de romans tièdes et mucilagineux qu’on vante ! ». Cela n’a pas vraiment changé… et, ajoute Huysmans, prophétique, « ça promet, dans l’avenir, une jolie littérature, car, pour plaire aux femmes, il faut naturellement énoncer, en un style secouru, des idées déjà énoncées et toujours chauves » p.1099. Diablement vrai.

Joris-Karl Huysmans, Là-bas, 1891, Gallimard Folio 1985, 416 pages, €9.10 e-book Kindle €8.99

Huysmans, Romans et Nouvelles, Gallimard Pléiade 2019, 1856 pages, €73.00

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Yasushi Inoue, Lou-Lan

yasushi inoue lou lan
Le livre recueille quatre nouvelles dont trois se passent en Chine ancienne, période sauvage aimée d’Inoue. La Chine, dans ses marges, est en proie aux incursions nomades qui pillent les petits royaumes tampons, sans cesse écartelés entre les allégeances.

Le collier de la princesse Yong-Tai conte la profanation d’une tombe Tang par des chercheurs d’or sans foi ni loi. Un chef impitoyable est enterré vivant par son jeune frère dans la tombe pillée, par amour pour une belle, mais aussi parce qu’on ne profane pas impunément la beauté et la noblesse. L’acte impitoyable répond à l’âme impitoyable, dans un pragmatisme qui dépasse la simple vengeance pour atteindre à une sorte d’équilibre universel, comme pour remettre à l’endroit l’ordre cosmique perturbé.

À méditer face aux exactions daechistes, où les belles âmes bien au chaud dans leurs quartiers préservés n’envisagent que la rééducation en prison alors qu’il faut abattre sans hésiter de telles bêtes sauvages avant qu’elles ne vous déchirent et dévorent.

La coupe est elle aussi une belle histoire d’amour. Un archéologue ami de l’auteur l’invite à admirer à Kyoto une coupe ancienne en verre persan, retrouvée dans le tombeau de l’empereur Ankan, régnant au VIe siècle japonais. Elle ressemble étrangement à une coupe du Shoso-in, temple zen, réputée d’une autre époque. Confronter les deux coupes, n’est-ce pas réunir l’amour qu’elles symbolisaient il y a plus de mille ans ? Volée à une princesse amoureuse de l’héritier qui allait devenir empereur, voici qu’elle réapparaît pour être réunie à celle de son amant…

Lou-lan, qui donne son titre au recueil, est une étrange cité des bords du lac Lob Nor. Soumise aux aléas militaires de l’histoire, elle est envahie, pillée, désertée de ses habitants, occupée par les soldats han, puis laissée au désert. Elle disparaît vers 615 pour ne réapparaître qu’en 1900 sous la pelle de l’explorateur suédois Sven Hedin ! C’est que le climat change et que le sable bouge. Le lac Lob Nor se déplace selon le fleuve qui l’alimente. La jeune reine de jadis, veuve, s’était donné la mort pour ne jamais quitter la cité. Est-ce son tombeau fidèle que l’on a retrouvé ?

Le sage est une autre histoire de fidélité. Un peuple heureux, donc sans histoire, parmi les Scythes antiques du VIe siècle, avait établi auprès de la source un gardien vigilant. Chacun ne devait puiser qu’une jarre par jour et la grotte était fermée la nuit. Ainsi l’eau se renouvelait, comme un pacte de vie avec les hommes. Et puis l’histoire a surgie, sous les traits d’un jeune homme, fils de chef, livré en otage lorsqu’il avait 5 ans. Autre tribu, autres mœurs, le jeune chef s’impose immédiatement et répute vieilleries toutes ces superstitions. Et ce qui devait arriver arriva : la source, trop sollicitée, ébranle une pierre bleue qui servait de bouchon ; une fois sautée, c’est tout un lac qui se déverse et noie le village ainsi que les alentours ! Le lac Issy-koul vient de naître, au milieu des montagnes du Tien-Chan.

Toutes ces histoires ont pour lien commun la fidélité : à l’amour, aux traditions, à l’ordre naturel. Qui a l’outrecuidance de passer outre se voit puni de son audace. Pour maîtriser la nature, il faut lui obéir, les Chinois appellent cela chevaucher le tigre. Une leçon aux Japonais d’après-guerre qui changent vite avec la modernité sans racines – et à tous les peuples de la terre.

Yasushi Inoue, Lou-Lan, 1951-1969, Picquier poche 1995, 151 pages, €6.60
Les romans de Yasushi Inoue chroniqués sur ce blog

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