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Emeric Lebreton, Robot révolution

Au secours, les robots nous envahissent ! Ou plutôt, bienvenue les robots, adaptons-nous Folleville !

Ce livre de combat, écrit par un entrepreneur en conseils d’orientation professionnelle, est un manuel militant. « Toute destruction est création », aurait dit l’économiste Joseph Schumpeter en exergue – il parlait surtout de « destruction créatrice », du genre le roi est mort, vive le roi. Ce qui signifie qu’il n’existe plus de métier d’allumeur de réverbères ni de chaisière dans les parcs et jardins car la technique a remplacé ces travaux devenus inutiles. Il en est de même aujourd’hui et parler de « révolution » est un brin exagéré, sauf que cela va plus vite.

Le terme « robot » a été inauguré en 1924 sous la plume d’un Tchèque à propos des ouvriers artificiels fabriqués par sa firme (déjà !). Il vient du mot tchèque et russe « travail » : « corvée » plutôt en tchèque, « esclavage » plutôt en russe – question de culture. Désormais, avec les puces électroniques de plus en plus puissantes, tous les métiers sont envahis. Algorithmes et « intelligence » artificielle détrônent les fonctions de service, les smartphones eux-mêmes remplacent appareil photo, caméra, boussole, thermomètre, GPS, courrier, montre, calculatrice, lampe de poche, mètre, scanner, babyphone et ainsi de suite. Ils ne font pas encore le café mais vous pouvez le commander avec eux au bar le plus proche. Babbel supprime des profs de langue (d’ailleurs inutiles, au vu des performances des élèves après 6 ans de cours !), Linky supprime des employés EDF (et leurs avantages indus en consommation d’énergie gratuite à l’heure du combat pour le climat), les chatbots (robots parlant) suppriment le secrétariat médical, le conseil bancaire ou d’assurance, les algorithmes automatiques rendent superflus les traders et certains robots écrivent même des articles de journal.

Cinq facteurs permettent de prédire la robotisation des métiers : 1/ les économies (de salaire, d’emplois, de valeur ajoutée), 2/ la solidité et la fiabilité (humains malades, mortels, fragiles, non formés), 3/ les réglementations (code du travail, code civil, code pénal), 4/ les facteurs sociaux (démographie, chômage, volonté politique, morale, attirance pour les nouvelles technologies)… et c’est tout, il en manque un car il ne nous en est présenté que quatre et pas cinq. De quoi avoir encore faim.

Six questions sont à se poser selon l’auteur pour prédire l’automatisation d’un métier : cet emploi est-il 1/ répétitif ? 2/ complexe ? 3/ pénible ? 4/ attractif ? 5/ d’interagir avec des humains ? 6/ bien payé et concerne de nombreux salariés ? Si oui – robotisation en marche forcée !

Comment s’adapter ? Se poser la question de ce que les consommateurs veulent encore acheter seulement à des humains et si des entreprises veulent encore travailler. Ce que les salariés doivent faire ? Réponse assez basique : 1/ un bilan de compétences, 2/ se former, 3/ évoluer professionnellement (expertise, reconversion, créer sa boite) – en bref de l’hyperindividualisme capitaliste.

Compétences à développer : la base (rechercher et trouver des infos, capacité à créer des relations, influencer et convaincre, curiosité et ouverture d’esprit), compétences techniques (couplées au digital, maîtrise des langues étrangères), aptitude à changer (contrer routine et stress grâce à l’intelligence émotionnelle). Autrement dit, mieux vaut une tête bien faite, qui allie cœur et sens, plutôt qu’un crâne d’œuf inapte aux relations humaines ! C’est plutôt encourageant – mais « les diplômes » ou « le concours », ces sésames bien franchouillards, sont nettement dévalorisés par la nouvelle donne… et les « écoles de commerce » (globishées en Business Schools) nettement avantagées !

Comme à chaque génération, de nouveaux métiers vont apparaître. L’auteur en cite 15 exotiques, parmi eux coach en curiosité, fermier urbain, croque-mort numérique, praticien en désintoxication digitale, coach holistique (travailler sur toutes les dimensions de son être…), pilote de drone. Il oublierait presque le sien : conseil en formation globale.

Emeric Lebreton est aussi radical qu’un écolo sur le climat : « les entreprises (y compris l’entreprise-Etat) qui ne prendront pas le virage de l’automation seront balayées ». Je ne crois guère à la disparition des Etats pour cause de paperasserie non digitale… Pour les entreprises, « il faut » élaborer « un plan à trois ans » pour évaluer les compétences digitales des salariés, mettre en place des outils de communication et former ses employés. Quant à l’Etat, il doit fabriquer les infrastructures de télécommunication (très haut débit, télétravail, autoroutes de l’information), offrir un crédit d’impôt pour favoriser l’automation des entreprises et des particuliers, créer un système de formation digital, agir sur l’éducation, réduire la fiscalité sur le travail pour protéger l’emploi en phase de transition – autrement dit plus de dépenses et moins d’impôts ! Mais « veiller à ce que le monde reste humain » parce que les règles se multiplient dans le même temps que les capacités de contrôle social se renforcent, restreignant la liberté. Le capitalisme le plus implacable assaisonné d’une couche de « social » pour faire passer. L’auteur a très bien appris sa leçon de culture yankee, sans même songer à un autre modèle à l’heure où les Yankees se rencognent en leurs frontières et font la guerre économique, culturelle et militaire au reste du monde, « alliés » inclus.

« La France fait du surplace, donc elle recule », alors qu’en 2034 les robots seront moins chers que la main d’œuvre africaine selon l’Overseas Development Institute et que les classes moyennes, moyennement qualifiées, seront les plus touchées, créant une société en sablier : les riches en haut, les pauvres en bas et presque rien au milieu.

Une bibliographie sommaire de cinq titres seulement, dont deux sur les tares françaises et deux de l’auteur lui-même, éminemment modeste – manière de dire que la réflexion théorique c’est bien, mais que la pratique décisionnelle c’est mieux. Orient’action, société de conseils en orientation professionnelle créée en 2014 par l’auteur, a tout intérêt au développement des robots (en général américains) pour mieux « coacher » les salariés déboussolés. Simple à lire pour se faire peur, cet essai stimulant n’est donc pas innocent, même s’il est intéressant.

Emeric Lebreton, Robot révolution : les robots vont-ils détruire nos emplois et notre économie ? 2019, éditions Orient’action, 335 pages, €24.90 e-book Kindle €9.99

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

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Démocratie et algorithmes

Les Lumières avaient du bon, elles visaient à découvrir en l’humain ses possibilités cachées et à les révéler au grand nombre. La raison est la chose du monde la mieux partagée, disait Descartes. Mais chaque mouvement connait le risque de sa dérive. De la raison nait le raisonnable, mais aussi le rationnel et le rationalisme.

Si chacun peut être raisonnable, s’il maîtrise ses passions et sublime ses pulsions, le rationnel est déjà plus ambigu. Connaître en raison le monde est le but du savoir scientifique qui fonctionne par essais et erreurs, hypothèses et tests. Mais cette méthode rationnelle est elle-même une croyance, comme l’a montré Nietzsche, une « volonté de savoir ». Cette volonté côtoie d’autres volontés, toutes aussi légitimes qu’elle, comme la volonté de se préserver et la volonté de puissance. Faire de la rationalité l’alpha et l’oméga de l’être humain, c’est le réduire. Croire au tout mathématisable, c’est amputer l’humain.

Le rationaliste croit que tout est calculable, que tout est paramétrable et qu’il suffit d’accumuler des masses de données (Big data) pour en calculer les probabilités selon les circonstances, et définir des modèles algorithmiques pour décider. Exit l’humain, place aux machines ; exit la politique, cet art de concilier les contraires par la négociation et le compromis, place au rationnel pur.

Déjà, les politiciens montrent qu’ils maîtrisent de moins en moins les décisions. Les grands problèmes de notre époque ne sont plus à la mesure des élus, souvent professionnels de la politique avec une vue étroite des choses et des gens, faute d’expérience dans la réalité vécue. Leur temps est celui de l’élection, pas du long terme – qui seul importe pour le climat, les ressources, les migrations, la démographie, la santé, et ainsi de suite. Ils ne sont plus audibles parce qu’ils fonctionnent entre eux, en petits jeux tactiques, tout en se servant au passage dans l’argent public et vivant largement. Une fracture entre peuple et élite se double d’une perte de légitimité du régime représentatif : pourquoi élire des prébendiers s’ils sont impuissants à faire quoi que ce soit d’utile ?

La tendance longue est à la bureaucratie, remplacer l’action politique par la gestion des choses. Elle est amplifiée, depuis des décennies, par la technocratie : c’est pas moi, c’est « on ». Les hautes autorités, Bruxelles, la Cour de justice, la Banque centrale, le FMI, l’ONU… sont autant de démission apparente du politique, qui noie les décisions sous l’anonymat et la machinerie bureaucratique. Ce pourquoi, avec ses gros sabots, Donald Trump touche une corde sensible : lui veut réhabiliter la décision politique, même si c’est avec une insigne maladresse et avec un mépris total des conséquences. Le Brexit est l’expression de la même tendance, en plus subtil.

Bureaucratie, technocratie, ne restait à venir que l’automatisme. Le voilà qui vient. La personne disparaît au profit de la donnée, le gouvernement au profit de la gouvernance, le pouvoir de décider à l’abandon aux machines. Ce vieux mythe de la société autorégulée, harmonieuse, cette République de Platon ou ce Phalanstère de Fourier, renaissent avec l’idéologie transhumaniste, transdémocratique. Le destin historique du marxisme rejoint la main invisible du libéralisme pour enfumer le peuple par un opium puissant : celui du tout-calculable par la puissance informatique, du tout-prévisible par les algorithmes du Big data, du non-travail grâce aux machines, robots et autres applications numériques. Et les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) – tous américains… – de se réjouir du monde qui vient, tout entier voué au divertissement, au temps de cerveau disponible, au paraître, à la futilité – et à l’International Business Machine.

Big Brother is watching you !

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Édouard Tétreau, Analyste

edouard tetreau analyste au coeur de la folie financiere
La vraie vie vécue des années folles, celles de la bulle Internet 1998-2000, par un analyste en charge du secteur médias au Crédit lyonnais Securities Europe à Paris. Écrit clair, il y a de l’action à l’américaine et des exemples précis (sous pseudos pour éviter le judiciaire). Tout est vrai – j’y étais.

Mais, mieux que les anecdotes navrantes (la lâcheté Messier) ou croustillantes (le Puritain maître de la finance américaine et ses putes à Paris), une interrogation sur le snobisme social, les sursalaires indus et la course à la cupidité court-terme. La finance anglo-saxonne est une nuisance de l’économie globale, une guerre économique où « le droit », brandi par les puritains yankees, sert surtout à ligoter les autres, Européens et Japonais – alors que des hordes de lawyers et d’opportuns centres offshore à quelques dizaines de minutes de côtes américaines permettent d’y échapper.

Ce livre est écrit après l’éclatement des prémisses de la grande bulle (les valeurs technologiques en 2000 ont précédé la paranoïa du 11-Septembre en 2001 puis la comptabilité frauduleuse et l’audit mafieux en 2002) – mais avant le délire des dérivés en 2007 et la faillite de Lehman Brothers en 2008 – avec les conséquences systémiques, donc économiques, donc sociales, donc politiques dont on n’a pas encore vu tous les effets. Il décrit « comment ce théâtre de gens si savants au-dehors est en fait construit sur du sable. Le sable mouvant des fantasmes et des incohérences humaines » p.273.

Car vous pensiez que les analystes, après 5 ans minimum d’études supérieures en macroéconomie, audit, évaluation des entreprises et mathématiques financières, sont des experts capables de diagnostiquer la santé ou la maladie des sociétés cotées, de proposer des remèdes et de conseiller utilement les investisseurs ? Vous n’y êtes pas ! « Dans la formulation de son message comme dans sa conception, l’analyste doit aller au plus vite. Ce qui signifie : lire le communiqué de presse de la société, ou l’interview, ou le tableau de chiffres et, dans un minimum de temps, sortir le commentaire qui va faire vendre » p.39. Il ne s’agit pas de mesurer mais d’agiter. La bourse exige de la volatilité, des écarts de cours pour générer du business, donc de juteuses commissions. Ce pourquoi l’analyste passe plus de temps à commenter l’immédiat, appeler les clients, organiser des roadshows, qu’à analyser les entreprises. Il n’a plus « dans l’année que deux ou trois douzaines d’heures pour travailler activement sur chacune des entreprises suivies » p.174.

A son époque (2004) c’étaient les conseils d’achat et de vente aux gestionnaires de portefeuille pour faire tourner plus vite leurs actifs ; aujourd’hui (2014) plus besoin des gérants, le trading à haute fréquence, par algorithmes informatisés, s’en charge tout seul : plus besoin non plus d’analystes, ni de vendeurs, ni même de clients… Seul le marché pur et abstrait est le terrain de jeu pour les spéculateurs, entièrement déconnecté des entreprises réelles, de ce qu’elles produisent et des gens qui y travaillent.

Mais ce n’est pas que le commerce ou la bougeotte qui tord le métier d’analyste. C’est aussi la chaîne d’organisation, depuis l’entreprise jusqu’aux portefeuilles, qui incite à la stupidité. « Le processus d’investissement sur les marchés est simple : il suffit de suivre, ou de se raccrocher à la recommandation déjà émise par quelqu’un d’autre » p.49.

  • L’analyste sell-side (attaché aux vendeurs de titres) va suivre le communiqué de la société, pondérer par les analyses des autres notamment des puissants anglo-saxons, bidouiller un objectif de cours au pif, faute de temps pour valider ses nouvelles hypothèses et recalculer, tout cela à l’intérieur du « consensus » qui fait que la soi-disant « analyse » tourne en rond dans l’entre-soi.
  • Puis l’analyste buy-side (attaché aux investisseurs) va résumer les analyses des sell-side, opérer une synthèse en fonction de ses convictions – en général très consensuelles pour ne pas faire de vagues – et conseiller aux gérants tel investissement plutôt qu’un autre.
  • Ledit gérant n’est pas obligé de suivre mais, s’il ne le fait pas, il travaille sans filet ! Sa hiérarchie le blâmera pour ne pas avoir suivi le « comité d’investissement », les « analyses maison », le « processus raisonné de choix des valeurs »… Il n’est pas grave de se tromper avec tout le monde ; mais c’est se faire virer que d’avoir raison contre tout le monde.

edouard tetreau

L’auteur l’a vécu, analyste médias dans les années flambeuses de J6M chez Vivendi (Jean-Marie Messier moi-même maître du monde, disait-il de lui-même…). « Le 6 mai [2002], deux jours après un changement de notation de l’agence Moody’s sur la dette de Vivendi, j’envoyais une note, alertant les clients investisseurs du Crédit lyonnais Securities d’un risque de faillite (bankruptcy) de ce groupe. Le lendemain, tous mes travaux furent placés sous embargo, en prélude à diverses sanctions disciplinaires. Le 3 juillet, Jean-Marie Messier quittait la présidence d’un groupe à quelques heures de la quasi-cessation de paiement » p.15.

Édouard Tétreau s’est reconverti en créant Mediafin, conseil en communication pour les entreprises. Il a publié fin 2010 ’20 000 milliards de dollars’ témoignage de trois années aux États-Unis après 2007 pour développer une filiale du groupe Axa, qui lui a fait comprendre combien la religion de la finance restait prégnante, laissant présager une bulle de la dette américaine vers 2020. L’ouvrage a été traduit en chinois, montrant combien la Chine est vigilante sur ses investissements en bons du Trésor des États-Unis…

Il y a pire que la vente à tout prix et la mauvaise organisation : l’emprise de toute une idéologie de la finance qui s’apparente à une véritable religion venue des États-Unis. Les croyants usent de mots magiques comme « création de valeur », « benchmark », EBITDA (bénéfices avant toute autre dépense), WACC (coûts du capital) et autre jargon en anglais. Lorsqu’il n’existe aucun mot dans votre langue pour traduire des concepts étrangers, vous les utilisez comme des boites noires sans savoir trop ce qu’elles contiennent. Mettant les habits d’une autre culture, vous avancez patauds, incertains, servilement scolaires. Ne comprenant pas le fond, vous singez. Non seulement vous vous abêtissez, mais vous agissez comme tout le monde pour donner le change et l’illusion sociale d’avoir compris. C’est bien ce qui se passe en analyse financière comme en gestion de portefeuille, j’en ai eu l’expérience directe personnellement (voir Les outils de la stratégie boursière, 2007).

Le « benchmark » est par exemple considéré par les directeurs de gestion français comme un garde-fou à surtout ne jamais franchir au-delà d’une étroite fourchette. La simple lecture d’un dictionnaire vous apprend que benchmark signifie en anglais utile le niveau du maçon : il est donc une mesure, pas un carcan ! Un maçon qui pave un trottoir parfaitement horizontal, selon le niveau à bulle, est un mauvais ouvrier doublé d’un imbécile : l’eau va stagner dans les creux. Le trottoir doit être en légère pente vers le caniveau pour remplir sa fonction de trottoir, le benchmark sert de référence pour marquer cette pente. Pas en France – où l’on doit obéir : à la hiérarchie qui n’y connais rien, à l’abstraction scolaire du mot anglais mal compris ! Quand on ne comprend pas on imite, quand on n’est pas pénétré de l’esprit on régurgite la leçon mot à mot. « Je mets d’ailleurs au défi n’importe lequel des dirigeants des vingt premières banques européennes d’être capable de comprendre, et accessoirement de faire comprendre à ses administrateurs et actionnaires, ce qui se passe exactement dans ces boites noires de l’industrie financière que sont les départements d’ingénierie financière et de produits dérivés… » p.75. M. Bouton, PDG de la Société générale, l’a illustré à merveille lors de l’affaire Kerviel.

Édouard Tétreau prend le même exemple en analyse avec la « shareholder’s value », maladroitement conçue en français comme « créer de la valeur pour l’actionnaire ». Or on ne « crée » pas de valeur, on en a ou on en hérite, l’entrepreneur ne crée que de la richesse (du flux), pas de la valeur (du stock). L’analyste français, par ce concept mal compris, ne va donc s’intéresser qu’à l’actionnaire, à la distribution de dividendes, au retour sur investissement du portefeuille. Alors que la base de la richesse de l’entreprise, celle qui va permettre qu’elle soit durable et puisse investir pour générer du bénéfice (à répartir ensuite en partie aux actionnaires apporteur de capital), est mesurée par la rentabilité : le retour sur fonds propres en fonction du risque assumé. C’est cela qu’il faut analyser, pas la distribution.

Plus qu’un simple témoignage de ces années stupides, ce livre est une sociologie de l’entre-soi parisien où les gens d’un même milieu, sortis des mêmes écoles avec les mêmes concepts abstraits, baignant dans le même jargon anglo-saxon qu’ils comprennent mal, font du fric en toute bonne conscience en enfumant les clients – qui sont, au total, vous et moi, les assurés comme les retraités. Mais ce qui est vrai de l’analyse financière l’est aussi en d’autres domaines : les médias, l’engouement web, les capteurs solaires, en bref tout ce qui est trop à la mode et qui fait délirer comme, il y a 4 siècles, les bulbes de tulipes !

Édouard Tétreau, Analyste – Au cœur de la folie financière, 2005, Prix des lecteurs du livre d’économie 2005, Grasset, 283 pages, €4.96 (occasion) à 18.34 (neuf)

L’auteur de cette note a passé plusieurs dizaines d’années dans les banques. Il a écrit ‘Les outils de la stratégie boursière’ (2007) et ‘Gestion de fortune‘ (2009).

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